Bon ,voilà...
Je sais que j'avais dit le 12 février et que j'ai dépassé un peu le délai et je m'en excuse mais je suis rentrée à 22H du travail et après, je voulais... euh.. manger(?) et répondre à toutes les rewiews que j'avais en retard, ça ne m'aurait pas semblé correct sinon de publier autre chose et comme vous le savez peut-être, je me suis cassé le poignet et donc, je ne tape plus que d'une main, ce qui n'est pas facile quand on est pas gauchère de nature... si, si, essayez, vous verrez.
Bref, une nouvelle histoire mais je vous préviens, c'est une suite, celle de "Guérir pour aimer" et si vous n'avez pas lu cette fic, vous n'y comprendrez pas grand chose... Comme pour le premier volet, il y aura notre couple favori en vedette mais aussi une foule de persos secondaires dont ceux développés dans GPA mais aussi ceux qui s'étofferont et prendront de l'ampleur et bien sûr, vous aurez des réponses aux questions en suspens, de nouveaux mystères et bien sûr et surtout, de la souffrance! Oui, martyrisage de persos ici, âmes sensibles s'abstenir mais je tiens à préciser que comme pour GPA, je donnerais des indices dans les chapitres pour que vous deviniez la véritable histoire... qui ne se dévoilera qu'au tout dernier chapitre, pour garder le meilleur pour la fin...
Il y aura une vingtaine de chapitre mais ne vous attendez pas à ce que je publie chaque semaine, cette fic sera terminée, comme toutes mes fics mais je ne peux pas assumer un tel rythme de parution donc ce sera mensuel, désolée.
Comme toujours, si on en est là, c'est la faute à Masashi Kishimoto et homophobes, passez votre chemin, pas la peine de vous blesser vos pupilles car ici présence de lemon masculin... dès le premier chapitre! Profitez-en, il n'y en aura pas beaucoup...
Les rewiews:
Les rewiews sont le carburant du stylo de l'auteur mais c'est donnant-donnant c'est pour cela que j'y réponds toujours (même si parfois, je me laisse déborder et réponds en retard, gomen). Je répnds donc pour :
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□ Les anonymes : directement sur mon profil.
Trêve de blabla, bonne lecture!
A la croisée des chemins
Chapitre 1
Passé présent
Sasuke sourit de satisfaction en entendant la porte d'entrée s'ouvrir. Naruto était à l'heure pour une fois. Un léger bruit lui indiqua que le blond rangeait ses chaussures, une habitude qu'il avait bataillée ferme à lui faire acquérir. Néanmoins, la guerre était encore loin d'être gagnée étant donné le temps qu'il passait encore à repasser derrière Naruto pour ramasser ses affaires mais il avait fini par s'y faire même s'il était hors de question de l'admettre et encore moins de renoncer à lui faire apprendre ce que le mot « rangement » signifiait. Et puis, le blond s'était quand même (un peu) amélioré avec le temps. Il retourna à la cuisson de ses ramens, faisant semblant de ne pas avoir remarqué l'arrivée de son amant. Il avait toujours horreur de ce plat mais l'expression rayonnante de Naruto valait bien quelques sacrifices de temps à autres après tout…
Il avait fini par apprendre à faire quelques plats avec Naruto même si on ne pouvait pas qualifier ça de « cuisine » mais il le faisait pour soutenir le blond et c'était la meilleure des raisons. Les horaires de garde de ce dernier à l'hôpital ne lui permettaient que rarement de se mettre aux fourneaux et il semblait naturel à Sasuke de s'impliquer dans les tâches ménagères au même titre que Naruto tentait de passer l'aspirateur ou de faire le ménage de temps en temps, lorsque Sasuke était absent (pour le houspiller sur sa manière de faire après et recommencer derrière lui…). Ils le faisaient surtout pour que le peu de temps qu'ils passaient ensemble ne soit pas consacré à ces activités fastidieuses mais à leur vie de couple.
Ça avait été difficile au début avec le côté maniaque du brun et totalement désinvolte du blond même s'ils avaient déjà vécu « ensemble ». De plus, ils n'étaient d'accord sur rien et même l'ameublement de l'appartement avait fini par prendre des allures de bataille rangée alors que personne, ni Tsunade ni Itachi n'étaient plus présents pour faire tampon dans leurs caractères bien trempés. Ils avaient eu de nombreuses disputes et la fatigue aidant, ils en étaient arrivés une fois aux mains. Ça avait été la goutte de trop. Ils s'étaient soignés en silence avant de se regarder dans les yeux. Naruto s'était excusé et Sasuke l'avait embrassé. Après cela, ils avaient enfin pris le parti de discuter. Ils avaient appris à faire des compromis. Ça marchait plus ou moins bien mais ils faisaient tous deux des efforts pour ne plus se laisser gâcher la vie avec des détails insignifiants. Et le manteau que le blond avait sans doute abandonné à la va-vite sur un accoudoir du fauteuil du salon en était un. Un agaçant détail mais un détail quand même auquel Sasuke décida de ne pas prêter attention.
Il fit également comme s'il n'entendait pas l'approche aussi discrète que celle d'un éléphant dans un magasin de porcelaine de son blond. C'était une sorte de jeu entre eux et, par anticipation, il éteignit le feu sous sa casserole, couvrit le plat et attendit que le blond n'entame son « attaque ». Effectivement, une minute plus tard, deux grands bras musculeux vinrent enlacer la taille fine, lui faisant pousser un léger soupir d'aise alors qu'il se reposait sur le torse ferme, tête dans le creux de la nuque de Naruto. Le blond embrassa le front pâle et l'une de ses mains s'attarda sur la joue. N'y tenant plus, Sasuke se retourna et vint quémander un baiser qui lui fut aussitôt accordé avant de se laisser entraîner jusqu'à la chambre à coucher. Leur chambre.
Sasuke fut installé avec précaution sur le lit de style européen, plus confortable à leur goût que les futons traditionnels et se laissa déshabiller. Pas besoin de mots, le jeu était une partition qui se jouait avec les gestes et les regards. La parole eut été une fausse note dans cette harmonie parfaite. Sasuke se sentait bien. Désiré, choyé. Il avait mis longtemps avant d'accepter d'être « en dessous » et il avait énormément appréhendé. La première fois de Naruto lui avait fait peur et ils avaient mis plusieurs semaines avant d'aller jusqu'au bout mais il avait voulu rendre à Naruto ce que celui-ci lui avait donné. Le blond s'était montré doux et patient avec lui, jamais il ne s'était plaint ou n'avait rechigné lorsqu'il désirait arrêter et échanger les positions. C'était d'ailleurs la marque de fabrique du blond quand ils faisaient l'amour.
Sasuke, lui, était impatient, passionné, il découvrait et redécouvrait chaque fois le corps de son amant avec fébrilité. Il se laissait chaque fois emporter par l'envie, le besoin de ne plus faire qu'un avec celui qu'il aimait, sa possessivité et son besoin de marquer Naruto comme sien pour oublier sa crainte de voir un jour Naruto lui échapper. Il lui faisait l'amour comme si sa vie en dépendait et le plaisir qu'il faisait naître sous ses doigts était l'assurance de l'amour qu'il lui donnait. Il ne savait pas comment faire autrement pour lui prouver. Avec Naruto, c'était différent. Sasuke se laissait complètement aller, il s'abandonnait totalement et cessait de chercher à tout maîtriser. Il ne l'avouerait jamais mais il se sentait merveilleusement bien ainsi. Naruto le traitait comme s'il était fragile, une chose précieuse dont il fallait prendre soin et il adorait ça.
Naruto le rassurait ainsi, cela apaisait les inquiétudes quasi permanentes qu'il portait et la tension qu'il accumulait dans son travail. Le blond était sa soupape de sécurité, son point d'ancrage. Il était fort pour lui quand il n'arrivait plus à l'être mais il savait également que Naruto avait besoin également d'être celui qui donne pour combler le manque et la frustration qu'il ressentait parfois dans son métier quand il avait l'impression d'avoir failli. Alors Sasuke devenait celui sur qui il reportait toute son exigence, auquel il offrait amour, protection et réconfort quand souvent il devait se contenter d'examens professionnels, de diagnostics impersonnels et d'enchaîner les patients sans prendre le temps de les connaître. Bien sûr, Sasuke savait qu'il n'en était rien en réalité mais Naruto avait cette idée ancrée profondément en lui qu'il n'en faisait jamais assez.
Ils se complétaient parfaitement ainsi à son avis. Leur couple, c'était un mur entre le monde et eux. Un élément stable, une sérénité. Il se laissa dénuder comme une poupée sans volonté sous les mains expertes de Naruto et ses prunelles céruléennes voilées par le désir. Une fois entièrement nu sur le couvre-lit en satin sombre, son corps frissonna autant de froid que d'anticipation mais il ne bougea pas. Cette attitude passive surprendrait ceux qui le côtoyaient mais il savait que Naruto ne le ferait pas attendre longtemps. Comme de fait, le blond se dénuda rapidement et l'espace d'un instant, Sasuke eut envie de le gronder pour balancer ses vêtements en tas de chiffons sur le sol. Pourtant, il ne laissa pas échapper un mot car un corps athlétique à la peau dorée occupait dorénavant toute son attention et toutes ses pensées. La chaleur de cette chair vint se coller à lui. Naruto s'était étendu sur lui mais ça ne le gênait pas. Au contraire. Leurs hampes brûlantes se frôlèrent dans le mouvement… Leurs visages se faisaient face, leurs nez se frôlant. Les océans bleus se plongeant dans leurs homologues d'onyx.
Naruto lui avait dit qu'il aimait particulièrement la couleur de ses yeux ce que Sasuke ne comprenait vraiment pas. Il avait les yeux noirs comme une majorité d'asiatique, cela n'avait rien d'exceptionnel selon lui. Quand il le lui avait dit, le blond s'était contenté de secouer la tête avec un sourire. Il lui avait simplement répondu qu'il les trouvait beaux parce qu'il aimait lire dedans tous les sentiments que Sasuke n'osait pas lui confier. Parce que c'était ses yeux et pas ceux d'un autre. C'était l'un des rares moments où ils s'étaient avoués leurs sentiments. Naruto et lui ne se disaient pas des mots d'amour à tout va mais il y avait des choses qui leur échappaient parfois et qui étaient bien plus précieuses que des millions de « je t'aime ». Naruto était naturellement pudique à s'exprimer sur ses sentiments tandis que Sasuke avait peur qu'en laissant ses mots s'échapper trop souvent, ils ne risquent de se vider de leur substance. Et finalement, ce n'était pas nécessaire à leur bonheur.
Un baiser sur l'extrémité de son nez lui arracha un léger sourire. Un autre sur ses lèvres le fit discrètement pouffer, entraînant un rire franc et clair de Naruto qui illumina sa face expressive et dont Sasuke se gorgea avidement. Le blond se redressa légèrement à la force de ses bras, le privant de sa chaleur mais des lèvres et une langue ardente se chargèrent de faire augmenter sa température interne et de le réchauffer sérieusement. La gorge et cet endroit particulier entre le cou et la clavicule fut voluptueusement pris d'assaut avant que le voyage ne se poursuive en direction de la poitrine et des deux bouts de chair rosée qui se firent attentivement bichonnées avant d'être délaissées au profit du ventre et de son creux qui fit l'objet d'une attention toute particulière.
Sasuke se tenaient aux draps à présent, les froissant au rythme de ses soupirs et de ses gémissements. Il ne tentait pas de rendre la pareille, il savait d'expérience que Naruto prenait son plaisir en l'entendant et en le voyant se tordre sous les tendres caresses qu'il lui prodiguait. Il ne se pressait pas, les préliminaires pouvaient durer très longtemps avec le blond qui le faisait jouir au moins une ou deux fois avant de le prendre à proprement parler. Ils étaient loin de leurs débuts hésitants. Ils avaient appris ensemble comment se donner du plaisir et lentement, ils avaient osé de plus en plus de choses avant de laisser place à leur imagination et à leurs envies. Au final, c'était la confiance qu'ils avaient l'un dans l'autre qui faisait que leurs rapports étaient si bons. Pas de secrets, pas de mensonges, pas de gêne.
Alors que le blond s'occupait de son érection pour le mener à la jouissance, il repensa vivement à la première fois où cette caresse buccale lui avait été prodigué, le visage rouge de gêne de Naruto, ses gestes maladroits et sa mine un peu déconfite quand il s'était retrouvé aspergé de sa semence. Un souvenir mémorable mais il s'abstint de se remémorer sa propre expérience, tout aussi peu glorieuse… alors qu'il se laissait aller à se répandre dans la bouche de son amant. Un doigt préalablement lubrifié vint tâtonner l'orifice tentateur et Sasuke frémit d'impatience, écartant largement les cuisses pour que le blond vienne prendre ce qui lui était dû mais l'intrus se contenta de masser la zone nervurée. Une caresse agréable mais insuffisante selon Sasuke. Après une première jouissance, il en voulait plus et il savait comment faire pour l'obtenir sans trop de difficulté. Il se releva et trouva les lèvres douces et se lança dans un baiser passionné, partageant le goût âcre de son plaisir, rendant son amant pantelant avant de lui murmurer droit dans les yeux :
- Viens. S'il te plaît.
Les intonations gémissantes et presque suppliantes firent leur office et les doigts entreprirent de détendre le brun de l'intérieur pour le préparer à la venue du blond. Néanmoins, les gestes étaient toujours tendres et attentionnés et Sasuke ne pouvait que se laisser aller et profiter de ces marques touchantes d'affection. Quand il se sentit suffisamment prêt, il se releva et se positionna de lui-même à quatre pattes, les fesses audacieusement relevées et les jambes largement écartées. Il aimait avoir le contact de la poitrine du blond contre son dos, appréciant cette chaleur qui l'enveloppait et ses bras qui l'entouraient comme dans un cocon. Et puis, les sensations étaient aussi décuplées et, de plus, Naruto pouvait également le masturber ainsi.
Néanmoins, le blond ne le pénétra pas de suite. Les mains douces et larges se posèrent au creux de ses reins et entreprirent un lent massage jusqu'à la naissance de ses fesses. Il fut partagé un instant entre la frustration (agrémentée d'une légère mais alors très légère envie de meurtre) et le plaisir que lui procurait cette délectable caresse à laquelle vint se superposer une autre. En effet, Naruto plaça son sexe entre ses fesses et se frotta langoureusement contre lui, oscillant entre la masturbation de leurs hampes l'une contre l'autre ou contre son anus. Il gémissait sans retenue, haletant. C'était tellement bon de sentir leurs chaires si douces et pourtant si dures se frotter d'une façon tellement impudique. Il sentit qu'il allait venir de nouveau mais soudain, tout s'arrêta, faisant s'échapper un très peu discret et parfaitement ulcéré grognement vocal :
- Nom de Dieu, Naruto !
Naruto tenta de dissimuler son rire face au regard plus que noir du brun plus que frustré. Il était manifestement d'humeur mutine et le pire, c'est que si Sasuke perdait aisément la tête dès que Naruto le touchait, l'autre se maîtrisait parfaitement quand il dominait. La preuve, il n'avait toujours pas joui. Néanmoins, il se fit bon prince et après un baiser de réconciliation, les doigts explorateurs reprirent leurs caresses intérieures, au grand soulagement de Sasuke. L'autre main s'affairait toujours à le masser tandis que les lèvres et la langue brûlante s'occupaient également de tracer des parcours compliqués dans son dos. La chaleur prodiguée le faisait se sentir extrêmement détendu et à la fois profondément excité.
Les bruits de leur activité résonnaient d'une manière si obscène… Ces contacts suintants, peau contre peau, leurs respirations erratiques donnaient à la scène un goût d'interdit véritablement grisant. Il soupira de bien-être lorsque le blond entra enfin en lui, incisant doucement sa chaire de sa présence imposante. Il faillit se répandre de suite. Cette sensation d'être empli, comblé, était à chaque fois une redécouverte voluptueuse. Il aimait vraiment le sexe du blond, cette verge tendue pour lui, pour lui faire du bien. Naruto le laissa profiter avant de se mouvoir. Lentement. Trop à son goût.
Ses hanches se balancèrent d'avant en arrière pour accélérer le rythme mais des mains puissantes, accompagnées d'un rire taquin, stoppèrent le mouvement, frustrant Sasuke qui ne put s'empêcher de grommeler. Comme pour se faire pardonner, l'amplitude des va-et-vient s'accrut brusquement et sa prostate, jusque là seulement effleurée, fut abruptement sollicitée. Les coudes de Sasuke lâchèrent et son visage retomba sur le matelas tandis que l'oreiller étouffait son cri de pur bonheur. Se remettant de cette brusque poussée d'émotion, le brun tourna sa face rougie vers Naruto, constatant la moue attendrie de celui-ci, ce qui le fit sourire amoureusement.
En effet, Sasuke savait qu'à cet instant précis il paraissait particulièrement délicat et frêle, loin de son image habituelle de raffinement et de maîtrise de soi qu'il offrait en permanence à l'extérieur. Et il savait aussi que Naruto aimait cette expression tout comme lui-même aimait se laisser aller à la lui offrir. Elle n'appartenait qu'à ces moments précieux d'intimité, c'était le lien avec cette promesse que Naruto lui avait faite avant même qu'ils ne se rencontrent : le protéger et le rendre heureux. Et Dieu, qu'il y parvenait bien !
Naruto le fit venir une nouvelle fois avant de s'abandonner à son tour dans le corps de son amant. Il l'essuya doucement pour ensuite les entraîner à l'intérieur du lit et le serrer contre lui. Durant ce bref instant post-orgasmique, ils eurent envie d'imaginer que le reste du monde n'existait plus car ici, tout était absolument parfait. Juste eux deux. Ici, Naruto pouvait tout donner à Sasuke et le voir être lui-même. Ici, ils étaient heureux et rien ne se mettait entre eux. Pas de tabous sociaux, pas de cachotteries, pas de métiers stressants et envahissants. Juste le bonheur d'être dans les bras l'un de l'autre. Pourtant, comme cela arrivait parfois alors qu'il se disait que tout était parfait, tellement parfait, Naruto se mit subitement à angoisser mais déjà Sasuke, qui avait anticipé, lui rendait son étreinte et répondit à la question muette :
- Rien ne nous séparera. Jamais.
Sasuke regarda son ange s'endormir, rassuré. Le sujet était toujours sensible, même près de six ans après. Il serra les dents et son visage se durcit. Tout ça, c'était de Sa faute et il n'avait pas encore vraiment pardonné. Il resserra son emprise sur le blond et se blottit encore plus contre son épaule. Ils avaient trop soufferts. Mais plus jamais il ne permettrait qu'une telle situation se reproduise. Plus jamais.
o0o0o
6 ans plus tôt
Sasuke avait regardé Naruto dormir pendant un long moment avant que ce dernier ne s'éveille. Il avait un peu craint sa réaction par rapport à ce qu'ils avaient fait et des conséquences qui en découleraient car il n'y avait plus de retour en arrière possible. Le fragile équilibre de leur relation fraternelle venait de basculer définitivement. Mais Naruto n'avait pas semblé se poser autant de questions car il s'était contenté de lui sourire puis de l'embrasser. Il avait un peu grimacé quand il avait fallu se lever mais à part ça, il n'avait pas montré signe d'une quelconque inquiétude. Sasuke ne pouvait pas en dire autant. Il avait alors plein d'interrogations. Comment l'annoncer à Jiraya et Tsunade ? Comment allaient-ils le prendre ? Et devaient-ils leur en parler maintenant ou attendre ?
Ils s'étaient douchés et Sasuke avait senti monter l'angoisse jusqu'à ce que Naruto ne l'enlace fortement contre lui et ne lui murmure tendrement qu'il l'aimait à l'oreille et que le reste, il s'en fichait. Il avait alors esquissé un petit sourire et avait saisi la main tendue de Naruto avant de descendre l'escalier. Leurs tuteurs étaient rentrés alors qu'ils s'habillaient et d'après les bruits qu'ils avaient entendus, ils avaient dû commander chez le traiteur le dîner du soir. Tout semblait parfaitement normal, rien n'avait changé. Pourtant, quand ils ouvrirent le shoji menant à l'espace dédié aux repas, ils virent aussitôt que quelque chose n'allait pas.
Jiraya avait la mine sombre et les yeux rougis de Tsunade montraient qu'elle avait pleuré. Jiraya leur désigna silencieusement leurs coussins et ils s'installèrent, visiblement inquiets et échangeant des regards furtifs pour se rassurer mutuellement. Ce devait être très grave. Cela pouvait être dû à beaucoup de choses : le travail de Jiraya était plutôt dangereux et il s'était fait autant d'amis que d'ennemis influents au cours du temps ou peut-être qu'ils avaient des problèmes financiers, des mauvais placements boursiers ou quelque chose dans ce genre là. Ou pire : quelqu'un était peut-être mort ? Sasuke pensa immédiatement à Itachi et son angoisse se renforça malgré la pression discrète de Naruto dans son dos. Néanmoins, lorsque Jiraya prit enfin la parole, d'un ton cassant, et qu'il leur révéla l'objet de leurs soucis, ils tombèrent de haut :
- Nous savons ce qui s'est passé entre vous… ce que vous faites… ensemble. Le visage parcheminé se contracta de dégoût alors que Tsunade essayait, sans toutefois y parvenir vraiment, de retenir ses larmes. Le vieux reporter reprit en soupirant. C'est sans doute de notre faute, on n'a pas été suffisamment présents pour vous et on a sans doute manqué d'attention. De plus, on n'aurait jamais imaginé… ça. Mais on va réparer ça. Vous êtes trop proches et vous passer trop de temps ensemble, tout ce qu'il vous faut, c'est un peu d'espace et tout rentrera dans l'ordre, annonça Jiraya, satisfait.
Sasuke ne put s'empêcher de réagir et de mettre les pieds dans le plat, oubliant toute diplomatie ou précaution :
- Naruto et moi, nous nous aimons, il n'y a rien de mal à ça !
Ce fut Tsunade, la voix brisée, qui répondit, ses yeux fuyant désespérément leurs visages :
- Vous vous aimez, nous ne le nions pas cependant, vous êtes encore jeunes et vous avez reporté votre besoin naturel… d'affection sur la personne qui était la plus proche de vous sans compter que votre passé commun vous a sans doute poussé à… ça et… Tsunade s'effondra en sanglots, ses nerfs venaient de craquer une nouvelle fois.
- Ce que nous voulons dire, reprit fermement Jiraya, c'est que nous sommes vos tuteurs et même si officiellement, nous ne sommes que ça, nous nous sentons comme vos parents et que notre devoir est de tout faire pour que vous soyez heureux et cette… relation, il cracha le mot avec une mine écœurée, doit cessée et le plus tôt sera le mieux.
- Vous ne pouvez pas nous séparer ! Hurla Sasuke hors de ses gonds alors que Naruto, abasourdi, ne pipait mot.
- Dois-je te rappeler que tu es mineur Sasuke ? Et en liberté surveillée grâce à moi ? Déclara durement Jiraya. Je fais ce qui doit l'être et tu dois m'obéir. Tu iras vivre dès à présent chez Itachi. Nous l'avons prévenu et il t'attend. Un taxi va arriver dans quelques minutes pour t'emmener chez lui.
Sasuke se leva d'un bond, la fureur l'aveuglant :
- Vous n'avez pas le droit de nous faire ça ! On n'a rien fait de mal ! Il avait les larmes aux yeux.
- Sasuke, murmura faiblement Tsunade, c'est pour votre bien. Tu verras que vous nous remercierez plus tard et que…
- Vous remerciez ? Je vous préviens, si vous essayez de nous séparer, je ne vous considérerais plus jamais comme mes tuteurs et je ne remettrais plus les pieds dans cette maison !
A ce moment, le taxi manifesta sa présence. Il y eut encore des hurlements et Tsunade monta à l'étage pour préparer le bagage que le brun se refusait à faire avant de redescendre pour intervenir juste à temps, empêchant Sasuke de mettre son poing dans la figure de Jiraya alors que Naruto les suppliait de se calmer. Sasuke saisit la poignée de son sac et, sans doute pour leur faire un pied de nez, embrassa Naruto en lui promettant de revenir le chercher bientôt. Il ne jeta même pas un dernier regard à ses tuteurs et entra fièrement dans le taxi qui l'attendait. Il ne se retourna pas pour apercevoir une dernière fois le visage du blond ravagé par les larmes qui se dégageait de l'étreinte maladroite de Tsunade pour ensuite aller s'enfermer dans sa chambre désormais à moitié vide. Ça aurait été trop dur à supporter.
Il n'avait craqué qu'une fois qu'Itachi lui avait ouvert, complètement paniqué par l'appel de Jiraya et son discours. Kakashi s'était fait discret et s'était contenté de fournir du thé et quelques biscuits avant de s'éclipser. Il avait longuement pleuré, entendant sans les écouter les mots de réconfort de son aîné. Il ne comprenait pas comment tout avait pu basculer si rapidement et si totalement. Il se doutait bien que les choses seraient difficiles mais pas à ce point. Qu'allait-il faire maintenant ? Et Naruto ? Comment allait-il ? Et qui allait s'occuper de lui ? Lui, il avait Itachi mais Naruto ? Cela ne fit qu'accroître son appréhension et il ne réussit pas à s'endormir de la nuit malgré l'épuisement qu'il ressentait. Itachi l'avait installé dans la chambre bleue, celle qu'il n'aurait jamais cru occuper un jour.
Au matin, il avait fait le point et avait décidé de tout faire pour que lui et Naruto soit de nouveau réuni même s'il ne savait pas encore comment s'y prendre. Il attendit qu'Itachi, qui s'était couché tardivement pour le soutenir moralement, ne se lève mais ce fut Kakashi qui apparut en premier. Celui-ci s'apprêtait à faire demi-tour pour le laisser seul quand Sasuke l'invita à rester. Kakashi prépara le petit-déjeuner en silence et Sasuke lui en fut reconnaissant. Il se força à avaler un peu de nourriture mais ne put faire plus que de prendre quelques bouchées avant de renoncer, son estomac se rebellant. Il se rappela longtemps de la conversation, courte mais instructive, qu'il eut avec Kakashi à ce moment là.
- Tu ferais mieux de te dépêcher pour aller en cours, lança l'argenté, l'air de rien, le nez plongé dans son livre de seconde zone.
- Aller en cours ? Répliqua Sasuke, désabusé. Tu crois vraiment que j'ai la tête à ça ?
- Je croyais pourtant que tu voulais revoir Naruto… Rétorqua l'autre doucement.
Et cela fit tilt dans l'esprit du brun. Ils pouvaient peut-être les empêcher de vivre sous le même toit mais ils ne pouvaient pas les empêcher de se voir à sur leur lieu d'études. C'est là que Sasuke s'était félicité intérieurement d'avoir choisi la même Université que Naruto parce que, même s'ils n'étaient pas dans les mêmes filières, ils étaient sur le même campus et les occasions de se voir seraient nombreuses. Cela ragaillardit un tant soit peu le brun qui sourit avec reconnaissance à l'argenté qui lui fit un clin d'œil complice. Itachi entra à ce moment précis dans la cuisine pour surprendre l'échange et s'il fut surpris, il n'en laissa rien paraître. Il expliqua à Sasuke qu'il allait se renseigner pour connaître les droits et les recours juridiques possibles dans la situation actuelle et qu'il lui en ferait un bilan dès ce soir. Sasuke le remercia puis fila se préparer pour rejoindre sa faculté.
Il connaissait l'emploi du temps de Naruto par cœur et se rendit directement à l'amphithéâtre où se tenait le premier cours de la semaine du blond. Il ne commençait lui-même que deux heures plus tard et il savait que le blond aurait au moins une heure de libre avant son prochain cours. Il devint presque fou à attendre que la classe s'achève et il se précipita presque dans la salle avant de se reprendre et de laisser passer la masse des étudiants avant d'entrer lui-même dans la pièce désormais quasiment vidée de ses étudiants. Mieux valait ne pas se faire remarquer étant donné la situation actuelle. Il vit son amie Sakura qui soutenait tant bien que mal un Naruto manifestement mal en point, le visage fermé, les yeux hagards et cernés fixés sur sa table.
Cette vision lui fit mal au cœur et il s'avança à grands pas pour le rejoindre. Dès que les yeux cobalt rencontrèrent les siens, un peu de leur éclat naturel revint mais il était pâle et terni tandis que les larmes roulaient doucement sur les joues tannées. Sasuke le serra contre lui et lui murmura maladroitement combien il était désolé, que tout allait s'arranger et que ce n'était qu'un mauvais moment à passer, qu'ils seraient bientôt de nouveau ensemble et qu'ils oublieraient très vite cette histoire. Il n'était sûr de rien mais il fallait qu'il le dise, autant pour se rassurer lui-même que Naruto. Le blond s'accrochait à lui comme s'il craignait de le voir partir avant de se calmer un peu. Sakura s'était tenue à l'écart, sentant que les évènements devaient être graves pour provoquer une réaction pareille chez Naruto. Celui-ci ne pleurait jamais. Du moins, elle ne l'avait jamais vu pleurer et pourtant, elle le connaissait depuis longtemps. Quand elle l'avait vu arriver ce matin, elle avait aussitôt deviné que quelque chose ne tournait pas rond mais il était vrai que même un aveugle l'aurait remarqué.
Elle osa enfin poser la question qui la torturait depuis que le blond était entré dans l'amphithéâtre ce matin. Il n'avait pas ouvert la bouche, n'avait pas répondu à ses questions et s'était installé sans mot dire. Il avait semblé ne pas être physiquement présent et avait pris ses notes de façon machinale, sans prêter attention au discours du professeur. Sasuke, qui tenait toujours Naruto dans ses bras lui expliqua en quelques mots la scène qui s'était déroulée la veille et cela révolta la jeune fille qui leur promis qu'elle ferait tout ce qu'elle pourrait pour les couvrir. Elle leur affirma que tout ceux de leur groupe en ferait probablement autant et qu'ils s'arrangeraient pour leur permettre d'être ensemble régulièrement et protéger ces rencontres auprès de leurs tuteurs.
Sasuke lui octroya alors l'un de ses rares sourires tandis que Naruto la remercia d'un hochement de tête ému mais hélas, le temps passa vite et il fut bientôt l'heure pour Naruto et Sasuke de se séparer. Ce fut un moment particulièrement difficile même s'il n'y eut pas de pleurs. Naruto se détacha de Sasuke et ils se dirent au revoir simplement. Ils ne purent pas s'embrasser car les étudiants envahissaient de nouveau l'espace. Sasuke était inquiet. La crise de panique de Naruto était encore très récente, il restait fragile et d'après ce que le blond lui avait confié de son passé, il savait qu'il se sentait responsable, qu'il était tiraillé entre l'amour qu'il avait pour lui et celui qu'il avait pour Jiraya et Tsunade. Pour Sasuke, ils avaient été sa famille d'accueil mais pour Naruto, ils étaient sa famille tout court. Faire un choix n'était pas dur, c'était cruel. Pourtant, Sasuke sentait qu'à terme, il aurait à le faire et il redoutait ce moment.
Qui Naruto sacrifierait-il ?
o0o0o
Les mois qui suivirent furent particulièrement pénibles pour Sasuke. Il n'y avait aucun recours juridique, Naruto était sous la tutelle de Jiraya et Tsunade et devait se plier à leurs exigences. Sasuke, lui, avait été confié à celle d'Itachi jusqu'à sa majorité ce qui, d'une part, le libérait de l'autorité de ses tuteurs et lui donnait plus de liberté de mouvements malgré sa liberté surveillée mais d'autre part, fermait tout lien administratif avec Naruto qui n'était même plus son frère de tutelle. Itachi non plus n'avait pas réussi à discuter avec la famille des deux garçons. Jiraya était intraitable. Il disait que ce n'était qu'une phase de l'adolescence qui passerait d'elle-même et qu'ils oublieraient quand ils seraient adultes et qu'il avait même déjà entrepris des démarches pour un futur omiai avec Naruto.
Naruto était de plus en plus pâle et renfermé surtout que le contrôle de Jiraya était très restrictif. Il faisait en sorte de venir le chercher ou d'envoyer un taxi le chercher dès la fin de ses cours et le week-end, il ne pouvait aller nulle part sans que Tsunade ou lui ne l'accompagne. Malgré la bonne volonté de ses amis, Sakura et Gaara en tête, les deux amants n'avaient que rarement l'occasion de se voir mais si Sasuke était mal, Itachi était néanmoins auprès de lui et, avec l'aide de Kakashi, ils l'empêchaient de sombrer mais pour le blond, il en allait tout autrement. Quasiment chaque jour, Jiraya et Tsunade lui faisaient la leçon. C'était une erreur de jeunesse, ils avaient mal interprété ce qu'ils ressentaient l'un pour l'autre et ils s'en rendraient compte plus tard. Ils leur pardonnaient aussi pour ce manque de discernement possible à l'adolescence.
Tsunade consacrait leurs séances d'analyse à lui faire prendre conscience qu'il avait reporté sur Sasuke son besoin d'aimer et d'être aimé ce qui tournait au dialogue de sourd plus qu'à une thérapie bienfaitrice et le blond régressait fortement. De plus, Tsunade insistait en disant que Sasuke n'étant pas très sociable de nature mais très proche de lui, il était presque naturel qu'ils aient confondus sentiments fraternels et amoureux. Au bout d'un moment, Naruto n'avait plus rien dit, plus rien réfuter. Il se contentait d'écouter. Il ne jouait plus de piano et ne parlait quasiment plus, sauf à Sasuke. Physiquement, il faisait peine à voir. Il avait abandonné le sport car la fac ne lui en laissait plus le temps et comme chaque sortie était étroitement surveillée, il ne mettait quasiment plus le nez en dehors de la maison.
Il se laissait dépérir, c'était évident mais Jiraya et Tsunade refusaient de lui lâcher un peu de leste, pensant la phase temporaire. Les amis du blond avaient rapidement été démasqués dans leurs tentatives d'aider les amants à se rencontrer et maintenant, Naruto ne pouvaient plus les voir qu'à domicile. Ils étaient tous extrêmement inquiets et Sasuke était fou de rage. Il avait supplié le blond de venir vivre avec lui chez Itachi mais Naruto lui avait rappelé qu'à part attirer des ennuis à son frère et à lui-même, cela ne donnerait rien car il était toujours mineur. Sasuke ne voyait pas de solution. Noël et la Nouvelle année étaient passés. Ils n'avaient pas pu se voir de toutes les vacances et s'étaient échangés leurs cadeaux par l'intermédiaire de Sakura. Sasuke avait offert un calendrier à Naruto où il avait entouré la date du dix octobre avec une note disant qu'il l'attendrait et qu'il ne fallait pas perdre espoir. Naruto, lui, avait offert une photo d'eux qu'ils avaient prises le jour du dernier anniversaire du blond et il l'avait mise dans la statuette du loup qu'il avait sculpté pour Sasuke autrefois.
Mais les cadeaux ne pouvaient remplacer l'absence.
Fin janvier, les choses allaient de mal en pis. Naruto n'était plus que l'ombre de lui-même. Il semblait résigné. Lui et Sasuke se voyaient trop peu pour que leurs quelques moments passés ensemble suffisent à combler le manque. Même Jiraya et Tsunade ne pouvaient plus nier l'état de délabrement du blond mais à part le contraindre à manger, ils ne pouvaient pas le forcer à aller mieux et il était toujours hors de question de céder. C'était dans l'intérêt des garçons avant tout, n'est-ce pas ? Toutefois, Tsunade commença progressivement à changer d'avis. Elle avait regardé d'anciens albums et le contraste entre le jeune homme épanoui d'avant et celui, renfermé et perdu, de maintenant était saisissant. Au départ, quand Jiraya lui avait raconté ce qu'il avait surpris, elle avait été tellement choquée qu'elle l'avait laissé prendre en main la situation.
Après, elle s'était remise en question. Qu'avait-elle mal fait ? Où avait-elle pêché ? Elle s'était reprochée ses absences qui avaient obligé ses enfants à se reporter l'un sur l'autre. Elle s'était dit que les signes étaient pourtant évidents et qu'elle avait fermé les yeux et qu'elle aurait pu l'empêcher. Elle se pensait responsable. En parallèle, son esprit rationnel avait cherché l'explication théorique et psychologique qui avait conduit à ce résultat mais les réponses ne lui donnaient pas la solution à ce qu'elle vivait dans son cœur en voyant l'état de sa famille. Sasuke était parti et elle ne l'avait plus revu. Il lui manquait. Et quand elle regardait Naruto, elle ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable. Mais elle avait continué à soutenir Jiraya parce qu'au final, ils devaient avoir raison, non ?
Au fil du temps pourtant, ses convictions s'étaient étiolées. Etait-ce la lassitude dans le regard de Naruto ? Les vêtements qui devenaient trop grands ? Les résultats scolaires trop parfaits ? Le sourire devenu souvenir du blond ? Le fait qu'il ne parle plus, qu'il ne joue plus ? Naruto les fuyait. Ils n'avaient plus de discussions, seulement des sermons. Elle avait fini par prendre l'initiative de prendre contact avec Itachi et ils avaient convenu d'un rendez-vous. Elle avait craint sa réaction. Après tout, il était homosexuel et à l'époque où elle l'avait reçu, elle s'était crue tolérante. N'avait-elle pas promis de l'intégrer à sa famille ? La situation d'Itachi ne la touchait pas comme celle de Sasuke et Naruto car Itachi n'était pas son enfant seulement… Elle avait peur de l'affronter après ce qui s'était passé. Elle s'était attendue à des reproches voire des cris et des insultes. Surtout en considération de ce qu'Itachi avait subi lors de son propre coming out, cela lui aurait presque semblé mérité. Pourtant, il n'en avait rien été.
Itachi lui avait souri gentiment et patiemment, il l'avait écouté. Il avait entendu ses doutes, ses regrets, l'aveu de sa culpabilité et son angoisse pour la santé mentale et physique de Naruto. Itachi lui avait raconté ce qu'il en était de Sasuke, comment il vivait sans Naruto. Ses colères, ses peurs, sa déprime. Ils avaient beaucoup parlé, notamment d'homosexualité et Itachi lui avait demandé ce qui la gênait vraiment : le fait de ne pas avoir de petits-enfants ou que cela ne soit pas acceptable socialement ? Elle n'avait pas su quoi lui répondre. Il avait conclu en lui demandant de réfléchir au fait que Naruto pourrait très bien se marier avec une femme sans pour autant avoir d'enfants mais que cela n'incluait pas non plus qu'il serait forcément heureux. Qu'est-ce qui était vraiment important finalement ?
Mais ce qui l'avait finalement marqué le plus au travers du récit d'Itachi, c'est qu'elle avait dû admettre que Naruto et Sasuke pouvaient vraiment s'aimer. Ce n'était pas une possibilité qu'elle avait considéré tellement elle était restée fixée sur leur fraternité alors s'aimer « d'amour » était une donnée nouvelle. Itachi n'avait rien demandé en partant, ni de permettre à Sasuke et Naruto de se voir ou même de se parler au téléphone. Rien. Il l'avait laissé face à sa propre conscience. Au début, elle n'avait rien fait. Au plus, les séances de Naruto n'étaient elles plus devenues que des longs moments de silence où le temps s'écoulaient avec la lenteur de l'habitude.
Lorsqu'elle avait commencé à y voir plus clair, elle avait voulu comprendre. Elle avait cessé de vouloir faire dire à Naruto qu'il n'aimait pas réellement Sasuke. A la place, elle lui demanda comment il pouvait être sûr de l'aimer comme on aime un amant. La réponse l'avait surprise. Déjà, parce qu'il y avait eu une réponse alors que le blond ne prenait même plus la peine de lui parler depuis un moment, attendant passivement qu'elle en ait fini avec lui et ne le renvoie dans sa chambre. Ensuite, parce qu'elle n'avait pu mettre en doute la véracité de ce qu'il disait. Il l'avait regardé dans les yeux, le visage creusé par la douleur, et avait déclaré :
- Au début… quand j'ai commencé à ressentir ces choses que je ne devrais pas ressentir pour Sasuke, j'ai paniqué. J'ai tout fait pour rejeter tout ça, pour le nier, parce que je ne trouvais pas ça naturel. Pas normal. J'ai bien vu aussi que Sasuke se comportait différemment, que son regard sur moi, sur nous, avait changé et ça m'a fait peur. J'ai tout fait pour relativiser ses sentiments qui me mettaient mal à l'aise et faire en sorte que nos rapports restent fraternels.
Il l'avait fixé intensément, comme s'il voulait réussir à lui faire comprendre par son regard ce que sa bouche ne parvenait pas à faire avec des mots :
- Et puis, je me disais aussi que je voulais une famille normale, pour être comme tout le monde et que Sasuke méritait ça aussi seulement… on n'était pas heureux à faire semblant. Je suis sorti avec Hinata puis Tenten et Sasuke a couché avec pas mal de filles mais aucun de nous deux ne les avaient jamais vraiment désirés. Quand je vois Sasuke, c'est un autre moi, mon miroir. On se ressemble, on se comprend et je ne nierais pas que notre lien a joué dans notre relation. Pourtant, c'est bien plus que notre histoire commune qui nous a rapproché. Avec Sasuke, je me sens aimé mais j'ai surtout l'impression d'être… à ma place. Tu sais, comme si j'avais enfin le droit d'aimer et d'être aimé en retour sans avoir peur d'être rejeté ou…je sais pas…qu'il se passe un truc de mauvais, quelque chose comme ça.
Il se tut un instant avant de poursuivre :
- Avec Sasuke, on se comprend mais aussi – il hésita à ce moment là – on se désire. Ce que je vais te dire va probablement te choquer mais lorsque j'ai vu Sasuke nu pour la première fois, ça m'a semblé naturel. Ça n'avait rien de rebutant ou de honteux contrairement à ce que je croyais. Il était un homme comme moi. Il me voulait et je me suis rendu compte que moi aussi. Ça ne nous a pas paru anormal même si ça a été dur à accepter. Parce qu'on s'aimait et qu'on voulait se le montrer.
Il s'interrompit, embarrassé, avant de reprendre :
- Après… je me suis enfin senti complet. Sasuke m'aime vraiment, il a patienté et m'a laissé le temps pour me décider. Lui n'avait pas de doutes sur ses sentiments. C'est pour ça que j'ai totalement confiance en lui. Mais te dire ou t'expliquer comment ou pourquoi je l'aime, c'est tout simplement impossible. Il n'y a pas de mots pour le décrire, ce ne sont que des sensations. Un manque, un vide qui ne prend fin qu'avec le contact rassurant de sa main ou de son sourire.
Il lui lança un regard en coin, un peu triste :
- Tu sais que Sasuke sourit vraiment beaucoup quand il n'est qu'avec moi ? Et il parle aussi…
Naruto chercha ses mots pour tenter de lui faire saisir la portée de ce qu'il disait :
- Je t'aime ne veut pas dire grand-chose, la seule chose que je sais c'est que je ne suis entier qu'avec Sasuke. Être sans lui c'est comme… une hémorragie que rien ne vient stopper, c'est quelque chose qui vous fait mal sans arrêt… J'ai mal en permanence depuis qu'il est parti.
Elle avait écouté attentivement mais elle avait encore une question à poser pour vraiment se faire une opinion et prendre sa décision :
- Et moi et Jiraya, qu'est-ce qu'on représente pour toi ?
Il la regarda avec tendresse et un air profondément désolé avant de répondre :
- Tu es ma mère. Jiraya est mon père. Vous êtes ma famille mais si ta question est de savoir qui je choisirais au final, n'ait pas de doute que je le choisirais, lui. J'ai déjà vécu sans parents mais je ne pourrais plus survivre sans Sasuke.
Il s'était levé sans la regarder et s'apprêtait à s'en aller quand elle lui attrapa la main et déclara doucement :
- Qu'il en soit ainsi alors. Je parlerai à Jiraya. Je… je veux que tu sois heureux Naruto, et Sasuke aussi. C'est… ce qui compte au final, c'est ce que je veux pour mes garçons. Pour ma famille.
Et Naruto, pour la première fois depuis quatre mois, lui avait souri.
Par la suite, elle avait repris contact avec Sasuke, même s'il lui fallut un long moment pour se faire pardonner son attitude. Elle s'arrangea pour que les jeunes gens se rencontrent discrètement mais Jiraya refusait toujours d'entendre raison et comme il était le chef de famille, il avait toute autorité. Elle aidait donc les garçons derrière son dos. Son mari avait même été jusqu'à faire venir des jeunes filles à la maison pour en vanter les qualités lors de rendez-vous arrangés auxquels le blond ne pouvait se soustraire mais durant lesquels il ne faisait montre de rien d'autre que la politesse minimum. Jiraya avait fini par lui reprocher de ne faire aucun effort et s'était emporté contre sa propre femme qui le trahissait et ne faisait rien pour aider à « guérir » Naruto car Tsunade s'était fermement opposée à ces parodies de rendez-vous amoureux. Un soir, ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase :
- Il est hors de question que j'accepte ou même tolère ça sous mon propre toit ! Hurlait Jiraya.
Il était rentré plus tôt du travail et avait trouvé Naruto et Sasuke enlacés sous le regard complice, quoiqu'encore un peu gêné, de Tsunade. Sasuke avait été renvoyé illico, inquiet, mais Tsunade lui avait fait signe qu'elle s'en chargeait. Il était temps qu'elle reprenne les choses en main. Sasuke et Naruto étaient ses fils à elle aussi et elle allait lui faire entendre raison à cette tête de pioche !
- C'est aussi mon toit, je te signale ! Avait-elle répliqué, tentant de garder son calme.
- Et tu approuves ? Cria t'il.
- Oui, avait-elle répondu, simplement.
Jiraya l'avait alors regardé longuement et il sut qu'il n'aurait pas le dessus. Il avait alors contemplé le visage abattu de Naruto avant de déclarer, le mépris inscrit fermement sur son visage :
- Alors va-t'en. Je ne veux plus te voir. Fais-ce que tu veux. Moi, je m'en lave les mains mais ne reviens plus ici et ne m'adresse plus la parole. Tu préfères vivre cette vie ? Tu aimes te faire défoncer le cul et bien vas-y ! Tonna Jiraya. Je ne t'en empêcherais pas mais ne compte plus sur moi pour payer tes études ou le reste. Tu n'es plus rien pour moi.
Sans un mot, Naruto monta prendre ses affaires pendant qu'il entendait Tsunade se disputer avec son mari pour qu'il change d'avis, allant jusqu'à le menacer de le quitter mais il restait inflexible. Il prit ce qui comptait pour lui : les cadeaux de Sasuke, quelques vêtements, ses affaires de cours et descendit. Tsunade se jeta dans ses bras, lui demandant de prendre son mal en patience, qu'avec le temps, Jiraya reviendrait sur sa décision. Il la remercia de son soutien et lui promit des nouvelles avant de sortir rejoindre son bien-aimé qui s'était attardé un peu plus loin en entendant les cris.
La victoire avait un goût amer pour les amants. Itachi les avaient invités à s'installer dans la chambre bleue et à rester autant qu'ils le voudraient malgré le manque d'intimité que cela lui conférait avec Kakashi. La cohabitation s'était curieusement bien déroulée. Les garçons essayaient de se faire discrets, de laisser des soirées de libre au couple tandis qu'ils sortaient retrouver leurs amis. Ils partagèrent le petit appartement de l'aîné des Uchiha jusqu'à la majorité de Sasuke qui l'affranchit de la tutelle de son frère, lui permettant d'user de son héritage pour acheter un appartement près de celui d'Itachi.
Ce fut Sasuke qui paya les études de Naruto mais dès que celui-ci commença à gagner de l'argent lors de ses gardes à l'hôpital, il insista pour payer sa part de l'appartement et rembourser petit à petit Sasuke malgré les protestations de ce dernier. La vie reprit son cours et Tsunade leur rendait régulièrement visite même si Jiraya maintenait sa décision. Ses relations avec sa femme étaient devenues houleuses et ils s'étaient même séparés quelques temps avant de reprendre la vie commune. Néanmoins, malgré leurs différents, ils s'aimaient et Tsunade ne désespérait pas de le faire changer d'avis un jour.
Il leur avait fallu un long moment pour que les séquelles physiques de la séparation disparaissent mais ce fut encore plus long avant qu'ils ne se réveillent plus en pleine nuit, angoissés après un cauchemar, touchant l'autre pour s'assurer qu'il était bien réel et se murmurant inlassablement qu'ils ne seraient plus jamais séparés. Naruto le serrait alors dans ses bras pour lui prouver qu'il ne le quitterait plus jamais. Ils n'avaient refaits l'amour que lorsque Naruto avait atteint sa majorité. Le blocage venait essentiellement de Sasuke qui avait associé sexe et séparation avec Naruto. Ce dernier n'avait émis aucune objection, serrant simplement le brun contre lui, acceptant sa possessivité comme ses craintes. Naruto semblait serein en comparaison. Il donnait l'impression que si Sasuke était bien alors il l'était aussi, en résonance. Alors quand vint le moment de son anniversaire, le soulagement de Sasuke fut sa libération. Plus personne ne pouvait les séparer, ils vivaient ensemble et plus rien ne se mettrait entre eux ou ne ferait obstacle.
Cette situation avait été très inconfortable à vivre pour tous les deux. Naruto avait pris sur lui pour rassurer Sasuke, complètement paniqué à l'idée de pouvoir perdre son amant et ce, chaque jour jusqu'à la majorité de celui-ci. Il avait fallu que Naruto lui permette de savoir presque à chaque moment de la journée où il était et leurs forfaits respectifs avaient explosé. N'importe qui aurait trouvé ça étouffant et invivable mais le blond avait toujours répondu présent, devançant même le brun en l'appelant et en lui envoyant texto sur texto. Cela s'était calmé naturellement aux vingt ans de Naruto. Néanmoins, comme ce soir, il arrivait qu'il ne devienne celui qui doive consoler et rassurer. Sasuke n'était pas très à l'aise dans le rôle de celui qui console mais il le faisait pour Naruto. Tout semblait aller pour le mieux. Leurs vies étaient établies, ils avaient des métiers qui les passionnaient et des amis fidèles. Ils étaient heureux.
Pourtant, on ne peut échapper toujours à ce qui nous fait peur et il est des choses qui finissent toujours par nous rattraper.
o0o0o
Allongés sur leur lit, profondément endormis dans les bras l'un de l'autre, ils ne se doutent pas des sombres évènements qui se préparent et auxquels ils ne pourront échapper. Naruto ne peut être fort que parce que Sasuke a besoin de pouvoir laisser tomber son masque d'impassibilité pour se sentir aimé et protégé mais il doit lui-même occulter cette part d'ombre qui sommeille en lui. Parce qu'à deux, leurs faiblesses deviennent une force. Ils sont chacun la béquille de l'autre en espérant que celle-ci ne les laissera jamais tomber…
Vous rendez-vous compte à présent combien tout cela est précaire ? A quel point vous seriez perdus et désorientés si vous deviez vous retrouvez seuls ? Vulnérables. Vous avez voulu oblitérer le passé, le laisser de côté et vous n'avez pas compris la leçon qu'il fallait en tirer. La prochaine risque d'être plus douloureuse encore à accepter… Profitez de la chaleur dans laquelle vous baignez, appréciez chaque seconde que vous passez ensemble et du goût de ces tendres baisers échangés car viendra bientôt le moment de les chérir à la croisée des chemins…
Voilà!
Je sais que certains trouveront étrange la vulnérabilité de Naruto mais il ne faut pas oublier son bagage psychologique et traumatique très lourd qui ne peut que le bouleverser quand la stabilité et son point de repère tombent en même temps surtout quand il culpabilise de cette situation.
Au fait : devinez-vous quel est le métier de Sasuke?
J'espère que ça vous a plus, prochain chapitre le 12 mars normalement. Un avis? Vous savez quoi faire. Je réponds toujours, parfois avec du retard mais je réponds.
A+
