Pairing : Gojyo/Hakkai

Rating : T

Disclaimer : UA dans les Etats-Unis des années 70, pendant la guerre du Vietnam. Rien à moi.

Déserteur

Partie 1

Washington D.C., USA, 1969

Une goutte de sueur quitta le bout du nez de Gojyo et alla s'écraser sur le sol dallé entre ses pieds nus. L'officier de recrutement en face de lui le fixait de haut en bas et de bas en haut, avant de regarder la fiche santé qu'avait établis les médecin du bureau.

« Vous avez toutes les conditions requises. Bienvenu dans l'armée, Monsieur Sha. »

Gojyo grogna.

« Et même si je vous dis que je suis un psychopathe bouffeur de foie, ça ne marchera pas ?

-Tant que vous avez vos deux jambes. Répliqua l'homme en appliquant le tampon officiel sur la fiche de Gojyo. »

Ça y était. Gojyo venait d'être recruté de force dans l'armée, pour participer à cette putain de guerre en Asie.

Un mois plus tard…

Gojyo jeta son sac sur son nouveau lit. Une couchette pourvue d'un matelas épais de trois centimètre maximum avec des barres de fer et des couvertures qui sentait le moisi. Il fusilla du regard le sac kaki qui avait roulé du lit et s'était écrasé sur le sol en béton.

Pourquoi fallait-il que tout soit contre lui ?!

Il ramassa son sac et le posa violemment sur le matelas. Il venait d'arriver à la caserne de Seattle, après un voyage en car interminable de plusieurs heures, traversant tout le territoire américain, coincé entre une trentaine de gars paumés comme lui, tous vêtus de treillis informes. Ils avaient une soirée pour ranger leurs affaires dans les armoires qui leur étaient destinés.

Gojyo prit son portefeuille et en vida le contenu sur la couverture et s'assit à côté. La première chose qu'il jugeait bon de faire, c'était de mettre de l'ordre dans le pli de cuir bourré jusqu'aux coutures de choses inutiles. Et s'il avait quelque chose qui appartenait à quelqu'un, autant lui envoyer tout de suite, avant que ça ne soit impossible…

Gojyo jeta pas mal de papier où étaient inscrits des numéros de téléphone, des cartes de visite de restaurant ou de boutique, des paquets d'allumettes vide, ect…

Il retourna alors son portefeuille et quelques photos s'échappèrent d'un poche qu'il avait oubliée.

Il se pencha et les ramassa. Une photo de lui tout enfant et sa mère, morte dans un accident de voiture cinq ans plus tôt, une autre de ses potes de lycée et la troisième…

La troisième montrait deux jeunes adolescents assis sur un banc. Le premier était lui-même et l'autre…

Il avait oublié son nom. C'était pourtant son meilleur ami, quand ils étaient gosses, avant que Gojyo ne déménage avec sa famille pour DC. Le roux se gratta la tête en tenta se retrouver le nom du brun assis à côté de lui sur le cliché.

« Oh, Hakkai. » Fit soudainement une voix derrière lui. Il fit un bond et se retourna, l'air mauvais. Un garçon apparemment plus jeune que lui, environ dix-huit ans, les cheveux bruns clairs et les yeux candides, souriait en le regardant, un sourcil haussé.

Ses yeux clairs étaient plein de vie. Gojyo essaya de ne pas les imaginer complètement éteint par les horreurs de la guerre.

Il aboya presque : « Quoi ?

-Le type sur la photo. Je le connais. C'était mon voisin il y a de ça quelques années. Puis un an avant que les recrutements ne commencent, il a déménagé en Suède.

-En Suède ? Répéta Gojyo, interloqué ? Pourquoi en Suède ?

-Hakkai a toujours eu le don de sentir les saloperies venir. Je pense pas que ça été délibéré, mais la Suède est, par chance, un pays neutre. Bien que du fait qu'il soit américain, il a du être appelé au bureau.

Gojyo hocha la tête. Les souvenirs se remettaient peu à peu en place.

Hakkai avait été son voisin et ami, une sorte de gamin un peu décalé de la norme, toujours calme et solitaire. Pendant que les autres garçons du quartier jouaient au cow-boys et aux indiens, il lisait assis sur un banc. Comme Gojyo n'avait jamais beaucoup aimé les lourdeaux, il s'était un jour assis à côté du brun et avait entamé la discussion.

Comme l'avait dit le jeune soldat, Hakkai avait toujours eu une sorte de don pour sentir les mauvais événement. Peut-être avait-il décidé de disparaître du territoire américain pour éviter d'aller au front…

Personne ne voulait y aller.

Il fut tiré de ses réflexions par la voix du soldat, toujours debout à côté de lui :

-Je m'appelle Gokû Son. Dit-il en tendant la main, un sourire amical aux lèvres. Gojyo leva les yeux sur lui et serra la main tendue.

-Gojyo Sha.

Gokû sourit et posa ses fesses sur la couchette voisine gauche de Gojyo :

-On est voisin de chambrée, alors j'espère qu'on va bien s'entendre. » Ajouta-il en s'allongeant en travers du lit. Gojyo chercha une menace dans ces paroles, mais seul perçait la sincérité.

°°°°

Gojyo ne devait pas être envoyé au front dans l'immédiat. Il passait ses journées dans la salle de musculation et le soir, il réfléchissait en regardait la photo de lui et Hakkai.

Cette photo commençait à faire remonter beaucoup de souvenirs et de sensations en lui. Il avait presque complètement oublié son ancien ami mais aujourd'hui, l'envie de plus en plus pressante de le revoir l'assaillait.

Il ne voulait pas rester ici. Il ne resterait pas ici.

Il faisait tourner la photo jaunie lorsque Gokû bondit, comme à son habitude, derrière lui.

-Hey !

-Wha ! Nom de… Arrête de sauter derrière les gens comme ça je te l'ai déjà dit ! Râla Gojyo en reposant la photo. Gokû suivit du regard ses mains et fit un geste du menton.

-Tu la regarde souvent. Ça fait remonter de vieux souvenirs ?

-Plus ou moins. Mais surtout…

Gojyo se pencha et chuchota quelque chose à l'oreille de son ami. Celui-ci le regarda avec de grands yeux, l'air choqué. Il secoua la tête.

-Tu peux pas faire ça. Chuchota-t-il à toute vitesse

-Et pourquoi pas ? Gronda Gojyo sur le même ton et en roulant des yeux, vérifiant si personne ne les écoutait. Gokû secoua de nouveau la tête.

-C'est pas patriotique.

Gojyo haussa les épaules.

-Me dis pas que tu crois à cette merde. T'as envie d'aller patauger dans la boue sous les bombes ?

-Non. Mais on m'appelle au front, alors j'y vais. C'est une question de principe et d'honneur.

-Tss. N'importe quoi.

-Ce que tu veux faire est contraire à l'éthique. Tout le monde va te cracher à la geule si tu le fais.

-Et alors ? Je m'en fous. J'ai plus de famille, pas de vrais amis, et l'opinion publique, je me torche avec.

-Gojyo !

-C'est la vérité. J'ai pas envie de crever là-bas, j'suis encore trop jeune.

Il pointa du doigt le visage de son ancien ami sur la photo.

-Je vais aller chez lui. Je serais en paix.

-T'es complètement citré. Jamais tu le retrouveras dans un grand pays comme ça. Et si ça se trouve, il y est déjà au front, ou bien il a une famille, bla bla bla…

-Il avait une femme quand il est parti de votre rue ?

-Non. Une sœur, mais elle est allé vivre en Floride.

-Très bien.

-Il se souvient de toi ?...

-…J'en sais rien.

-T'as pas d'adresse, pas de numéro de téléphone, pas de plans, rien et tu crois pouvoir le retrouvé ? Complètement barjo.

Gojyo haussa de nouveau les épaules.

-Je vais étudier à la bibli. Même si c'est pas vraiment mon fort. Ricana-t-il. Gokû le considéra d'un air las. Il se leva et ajouta avant d'aller s'allonger sur sa couchette, dos à Gojyo :

-C'est de la folie. »

°°°°

Toute la semaine suivante, Gojyo la passa effectivement à la bibliothèque de la caserne, peu pourvue en livre (Elle n'aurait pas fait le bonheur d'Hakkai), mais lui fournissant toutes les infos nécessaires. Politique, langue, marché de la Suède.

Il établit sur des feuilles quadrillées qu'il gardait cachées dans son portefeuille, contre la photo d'Hakkai, un plan précis et numéroté étape par étape de ce qu'il voulait faire.

La semaine prochaine, il allait avoir sa première permanence. Il en profiterait pour mettre son plan à exécution.

Il allait d'abords prendre un bus pour rejoindre Seattle. Puis il se changerait dans les toilettes des hommes et prendrait un autre bus pour Vancouver, et de là, un car pour retourner à DC. Et là, il prendrait l'avion pour aller en Suède.

Ensuite, il aviserait.

°°°°

Une semaine plus tard…

Gokû regardait tristement, assis en tailleur son amie en train de fourrer ses affaires dans son sac. Il y avait discrètement glissé un jean et un tee-shirt civil.

Le plus jeune soupira, ce qui fit lever la tête au roux. Sans ralentir la cadence, il dit d'un ton sec : « Je sais que tu désapprouves. Mais sache une chose. Je m'en fous. Je t'ai proposé de venir avec moi. T'as refusé, alors va te faire voir.

Un lourd silence s'abattit entre les deux soldats. Gojyo continuait de remplir son sac et quand il eut fini, il ferma avec un grand bruit de fermeture éclair. Il garda les yeux baissés sur le sac rebondi d'affaires jusqu'à ce que Gokû parle de nouveau.

-Je pars sur le front demain.

La tête de Gojyo fit un bond vers le yeux, les yeux exorbités. Gokû affichait une mine triste. Gojyo ouvrit et referma la bouche plusieurs fois avant de bafouiller :

-Pourquoi tu ne m'as rien dit ?

Le brun haussa les épaules.

-Ça aurait changé quelque chose ? T'aurais juste eu des remords, et t'aurais hésité. Fais ce que tu as à faire.

Gojyo contempla longuement son ami. Celui-ci avait le regard déterminé et froid.

-Ok. Je t'enverrais une carte une fois arrivée.

-T'as intérêt. J't'en enverrais une du Nam.

-Ça marche. »

Et Gojyo jeta la bandoulière de son sac sur son épaule, avant de quitter la chambre sans un regard en arrière.

À suivre…

À vrai dire, que je suis largement inspiré d'un texte étudié en anglais. Bien que la fin sera très différente de cette fic.