Et si Klink connaissait le Front de l'Est plus que son entourage ne l'imagine...
Le Front russe, ennemi juré et cauchemar des soldats. Même pour les Allemands. Le colonel Wilhelm Klink en savait quelque chose, il en était un des très rares rescapés. Et bien qu'il en soit ressorti en un seul morceau physiquement, mentalement il en fut traumatisé. D'atroces cauchemars le poursuivaient chaque nuit. Autant pour ce qu'il avait fait et subi, que pour ce qu'il y avait vu. Enfin "fait"...c'était Klink, donc les rares fois où il accomplissait quelque chose avec succès ne méritaient pas d'éloges. Il avait beau être d'une vanité agaçante, mais au fond de lui il se considérait comme un minable. Un homme qui rate tout, mais comment diable en était-il parvenu au grade de colonel? L'armée allemande manquait de personnel, bien évidemment. Voilà pourquoi elle l'avait promu alors qu'il était naïf et bête à manger du foin. Même les soldats du Stalag 13 se moquaient de lui et s'étaient portés volontaires pour l'exécuter. Autant dire que les prisonniers du camps eux pouvaient se moquer de Klink ça ne déclencherait jamais rien chez lui. Mais ses propres hommes...il était la risée du Stalag.
Une chose ou à vrai dire une personne le faisait tenir debout. Il était son ennemi certes, mais sa compagnie lui faisait du bien sur tout les plans. Même quand il se servait de lui pour nuire aux nazis. Il lui parlait correctement, ne l'insultait pas et ne le menaçait jamais. Ils pouvaient parler de tout et de rien, ça détendait l'atmosphère. Aussi quand il faisait mine de vouloir lui parler juste pour draguer la secrétaire en chemin. Il ignorait ouvertement qu'il était son prisonnier et avait l'audace de lui dire les choses en face: le colonel Robert Hogan.
Depuis un certain temps maintenant il ressentait non sans une certaine honte une amitié sincère envers cet Américain. Le fait n'était sûrement pas réciproque mais il était là.
POV Hogan
Il le masque bien mais sous ses grands airs ce bon vieux Klink n'a pas une très haute estime de lui-même. Je le comprends, il n'a rien à faire parmi les nazis. Et c'est une bonne chose, il est gentil, non raciste, pas vulgaire et je ne lui connais aucune once de violence. Il a juste l'habitude de se rendre ridicule, enfin involontairement. On lui a fait les quatre cent coups et il ne nous a même pas fait exécuter. C'est quelqu'un de bien. Inconsciemment je veille sur lui car je suis sûr que sinon plus de la moitié de ses hommes aurait déjà tenté un mauvais coup contre lui. Ils le détestent, mais eux sont de vrais nazis: méprisables, mal élevés, désagréables, des erreurs de la nature, quoi. Klink je l'adore je pourrais lui faire faire n'importe quoi. Et puis il est mignonnet et amusant, sans le vouloir bien sûr. Il est un peu comme un enfant qu'il faut protéger du monde qui l'entoure. En tout cas j'aimerai bien savoir ce qui l'a rendu si soupe au lait. Peut-être l'a t-il toujours été...en plus c'est air benêt ça lui donne un côté attirant. Eh oui je suis spécial je sais mais c'est ce qui fait mon charme. Ah ben tiens le voilà notre gentil colonel. Oups! ou bien il trop a bu hier ou alors il a très mal dormi parce qu'il a vraiment la tête dans le...
FIN POV
- Hé alors colonel bien dormi cette nuit?" Carter avec son grand sourire ne pouvait décemment pas laisser les gens se réveiller à leur manière.
Le concerné ne répondit pas à cette politesse matinale, une lueur étrange dans les yeux, et une fois l'appel effectué et les prisonniers dispersés, s'en retourna dans son bureau. Hogan piqué par la curiosité demanda à aller le voir. Après avoir flirté avec Fräulein Helga comme il se doit, il vit Schultz entrer dans le bureau.
- Bonjour Schultz, vous ne faîtes pas votre ronde? Ah au fait il est de mauvais poil, Klink?
- Oooooh colonel Hogan ne m'assommez pas de questions comme ça dès le matin, par pitié.
- Holàlà mais qu'est-ce que vous avez tous aujourd'hui? Couchez-vous plus tôt ça vous changera l'humeur, mon cher.
Schultz soupira et ajouta:
- J'ai très bien dormi cette nuit Hogan, comme un bébé mais OUI je me suis couché tard.
Un bruit de casse provenant du bureau de Klink se fit entendre. Schultz, Hogan et Helga alertés se regardèrent inquiets. Hogan proposa à la seule dame de sortir le temps qu'eux ne se renseignent à propos de cet éclat. C'est alors que Hogan remarqua une expression de crainte sur le visage du sergent.
- Ne vous en faîtes pas Schultz, il a du bêtement se casser la figure comme toujours," tenta t-il de le rassurer.
- Je n'en suis pas si sûr herr colonel, il s'énerve et ne veut voir personne quand il est dans cet état.
- Dans quel état? Ohéééé Schultz?
- Je n'en ai aucune idée colonel je l'ai vu juste une fois comme ça. Il m'a jeté un regard qui m'a fait fuir tout de suite.
- Quoi comme regard? Oulà j'ai compris...il avait enlevé son monocle?!" tenta Hogan pour détendre l'atmosphère.
- Non il est très agressif et il a peur aussi, Hogan. Après vous avez raison, peut-être a t-il juste chuté.
Le plus gradé congédia le sergent et d'une voix assurée lui promit de "régler le problème", puis sans plus de cérémonie toqua doucement avant d'entrer dans le bureau de Klink. Ce qu'il vit le choqua. Le colonel était prostré dans un coin, se frappant sur les tempes. Il semblait délirer, les yeux fermés avec force et le corps tout entier tremblant. Il tenta une approche en douceur, et lui parla lentement:
- Colonel?
- ...
- Klink? Tout va bien?
Il se risqua à poser une main sur l'épaule de son ennemi, qu'il sentit sursauter à ce contact. Le colonel Allemand se releva dans un état de terreur, se coupant avec les bouts de verre restés sur le bureau et regardant partout autour de lui. Il paraissait être en pleine hallucination. Hogan était plus qu'inquiet désormais, il semblait ne plus le voir et se débattre contre quelque chose d'autre. L'Américain s'avança et lui prit les épaules, il devait le ramener à la réalité.
- Colonel c'est moi, Hogan. Regardez-moi! COLONEL KLINK.
Crier fut une mauvaise idée, cela accentua son énervement et il flanqua une droite incontrôlée à Hogan, qui vacilla sous le coup. Ne sachant plus quoi faire il le retourna, le prit par les épaules et le serra contre lui dans l'espoir de l'apaiser. Au bout d'une minute qui parut durer une éternité Klink finit par se calmer mais tremblait toujours. Celui-ci s'effondra en gémissant et suppliant. Hogan ne savait plus où se mettre. C'était donc si grave que ça?
- Tout va bien, je suis là calmez-vous shhhht.
De telles circonstances auraient pu faire croire qu'il était drogué mais ce n'était pas du tout son genre. Un hurlement à l'extérieur indiquant que Carter et Newkirk avait provoqué du grabuge leur fit brusquement relever la tête. Voyant Klink prêt à repartir dans sa spirale, Hogan prit les devants. Il desserra sa prise sur ses épaules mais l'assit contre lui, attendant que sa respiration se fasse moins saccadée. Si une personne mal intentionnée avec osé s'en prendre à SON Klink, elle allait le payer très cher. Parole de Robert Hogan. Il ne sut pas si c'était le fait d'avoir l'Allemand blotti contre lui ou ses pensées qui vagabondaient trop, il se rendit compte qu'il avait déposé un baiser dans le cou de Klink. Il se gifla mentalement avant de se murer dans le silence. Il espéra que le colonel Allemand était dans les vapes à ce moment là. Il avait réussi à le calmer au moment où Schultz devait avoir décidé de savoir où en étaient les humeurs massacrantes de son supérieur. Il entra doucement mais Hogan lui fit doucement signe de repartir. Décidément cette journée démarrait bien niveau embarras. La tête de Schultz valait vraiment le coup d'œil.
Deux ou trois minutes plus tard, Klink avait repris ses esprits mais peu enclin à parler enfouit sa tête dans ses bras et murmura un faible "allez-vous en Hogan". Sa voix avait changé, Hogan le remarqua: il pleurait. Sans doute avait-il honte de s'être laissé aller ainsi. Hogan bougea, pas pour s'en aller mais se poster face à l'autre homme.
Klink releva la tête, une expression indescriptible sur le visage. L'Américain tenta le tout pour le tout, autant aller droit au but. Il s'assit face à lui, le regarda dans les yeux et l'obligea à en faire autant.
- J'ignore ce qui vous arrive colonel, mais vous êtes dans tous vos états et si vous ne dîtes rien je ne pourrai pas vous aider, dit Hogan d'un ton compatissant.
L'Allemand le dévisagea un instant avant de répondre:
- Personne ne le peut Hogan". Il avait bizarrement insisté sur le premier mot.
- Essayez au moins de m'en parler alors. Si vous voulez que ça reste entre nous, ça restera entre nous. C'est un problème du genre professionnel ou personnel?
- Les deux, répondit Klink d'une voix quasi inaudible.
Puis il reprit avec un effort surhumain:
- Je fais beaucoup de cauchemars en ce moment. Toujours le même d'ailleurs, c'est tout.
- Oui tout, enfin ce n'est pas à cause de ça que vous vous défoulez sur le premier venu, si?
Sur ce coup il n'obtint aucune réponse. Donc il avait visé juste.
- Vous êtes probablement surmené, vos supérieurs schleus vous mettent la pression c'est normal. Ils vous menacent d'envoyer la Gestapo? ou encore de vous expédier sur le Front russe?
À ces derniers mots le colonel Klink fut pris d'un violent sursaut.
- Doucement! je suis désolé. Alors c'est ça qui vous effraie tant? Pourtant vous savez bien que ce sont des menaces en l'air, jamais ils ne vous enverrons là-bas. Alors pourq...
Hogan réfléchit tout à coup et tiqua. Comment un endroit inconnu pouvait provoquer un tel délire? à moins que cet endroit ne soit pas si inconnu. Il sut tout à coup.
- Vous revenez de là-bas. C'est bien ça? s'enquit-il prudemment.
Incapable de prononcer le moindre mot, Klink approuva d'un léger hochement de tête. Le regard fixé sur le plancher, une dernière larme coula le long de sa joue. Hogan s'avança et l'essuya doucement de sa main droite. Il avait entendu parler du tristement célèbre Front de l'Est. Et il ne souhaitait pas ça à un homme comme Wilhelm Klink. Il se releva lentement et tendit la main au colonel, qui la lui prit. Il le releva doucement tout en le maintenant afin d'éviter une rechute douloureuse au sol.
- Ça va mieux? demanda l'Américain. "Parce que si je reste trop longtemps dans votre bureau les autres vont croire que vous me torturez et ils vont rappliquer".
Un petit rire s'échappa de l'officier Allemand. Hogan en fut soulagé, ça faisait du bien à voir. Pas qu'il ne souriait jamais, mais c'était rarement de bonne augure chez Klink.
- Oui ça va beaucoup mieux, enfin sauf pour ce mal de tête qui arrive, répondit-il avec une moue.
- Très bien alors". Hogan sourit avant de se tourner vers la porte.
- Hogan! l'interpella l'autre homme.
Celui-ci le regarda un instant avant de lui dire, non sans mal:
- Merci à vous. Un mince sourire fut décelé sur les lèvres de Klink, ce qui plut à Hogan.
- De rien colonel et ne vous en faîtes pas, ça restera entre nous.
Lui envoyant un sourire en retour, il disparut par la porte. Finalement la journée ne s'annonçait pas si mal.
Alors qu'en avez-vous pensé? je posterai très bientôt la suite.
