Titre : Gentlemen sorciers
Auteur: Suzan
Note : Je m'excuse platement d'avoir torturé les personnages de Joanne Kathleen Rowling – en toutes lettres parce que j'avais oublié ce que signifiait J et K.
Avertissement : Ce texte mets en évidence des relations entre adultes de tous sexes. Ce ne sera pas pour tout de suite, l'histoire demandant à être développée, mais vous voilà prévenus !
Résumé : Après la fin de la guerre, Harry Potter décide de retrouver son parrain et de reprendre les titres de sa Famille. Vingt-six leçons pour apprendre l'art de la politique et des tractations. HP/SR/PP HG/TN SB/DM
NDA : Bonjour à tous et re-re-re bienvenue dans cette fiction !
Il m'aura fallu presque dix ans pour écrire cette histoire, la relire, la modifier et finalement vous la livrer telle qu'elle est aujourd'hui.
Cette fiction a commencé en 2010 et la version de départ était un poil décevante à la relecture et surtout, peu construite. En un mot comme en cent, il y avait quelque chose qui clochait. Dans les premières versions, tous les couples étaient formés par la magie veela ce qui nous éloignait beaucoup de l'atmosphère que je souhaitais rendre in fine. Si cela vous intéresse, la version originale Improbable n'est pas sorcier est disponible sur mon profil pour encore quelques temps.
De fait, et comme vous allez le voir, ce côté de l'histoire a été épurée pour laisser la place à une intrigue que j'espère plus consistante. Les premiers chapitres se ressemblent (disons les cinq premiers) avant que l'intrigue ne change radicalement.
Quelques petits pré-requis avant de commencer la lecture : Sirius et Remus sont en vie dans cette fiction ainsi que Nymphadora Tonks et Fred Weasley, entendu que leur mort a été vécue comme une aberration personnelle. Et comme l'imaginaire est le lieu où personne ne meurt jamais…
Leçon n'°1 : De l'utilisation des contrats d'alliance
Harry descendit l'escalier du 12, Square Grimmaurd, terriblement mal à l'aise dans sa robe de sorcier en taffetas bleue nuit rehaussée de surpiqûres en or. Outre la peur de se prendre les pieds dans sa robe un peu trop longue – merci Sirius – il se savait en retard. En effet, son parrain l'attendait en bas, un sourire aux lèvres en voyant son filleul dans la tenue de Lord que son père avait à peine eu le temps de porter. Lui-même arborait une superbe robe de sorcier aux armoiries de la famille Black. Harry poussa un soupir de soulagement au moins Sirius n'avait pas l'air agacé de son retard.
- Harry, es-tu prêt ? Demanda son parrain avec une voix terriblement haut perché. Nous devons arriver à temps pour entendre Neville annoncer ses fiançailles chez Lady Londubat, finit Sirius, imitant à la perfection Lady Greengrass, la pire des commères que ce monde ait connu. Sans exagération.
- Oui, je suis prêt, annonça le jeune homme avec un sourire, passant mécaniquement le revers de sa main sur sa robe pour la lisser.
Sirius lui sourit, constatant avec fierté les progrès effectués par son protégé. Après avoir passé ses ASPICs de justesse, le jeune homme avait récupéré la fortune et le titre de la famille Potter pour financer l'effort de guerre. Aujourd'hui le Survivant était devenu le Sauveur et si Harry se serait bien passé du titre, le reste de la population sorcière en était ravie. Persuadé que le passage de son parrain derrière le voile n'était pas une fatalité, il avait employé sa célébrité ainsi que ses connexions avec le Ministère de l'après-guerre pour financer des recherches sur cet artefact magique.
Les Langues de Plomb avaient ainsi pu découvrir le purgatoire que proposait cet objet, dont la fonction était soudain devenue plus claire. L'Arche permettait de se débarrasser des sorciers puissants ou encombrants, les bannissant dans un espace où le temps ne s'écoulait pas de la même façon et où l'ennui n'était pas un vain mot.
Ramener Sirius Black de l'Arche avait pris pratiquement quatre mois, pendant lesquels Harry avait assisté aux différents procès d'après guerre, tout en visitant les amis et les familles des blessés ou des disparus. Le retour de son parrain avait métamorphosé le jeune homme. La chute récente du Seigneur des Ténèbres avait laissé des traces dans toutes les institutions du monde magique. Harry s'était senti dépassé par la tâche qui attendait Lord Potter.
Sirius, blanchi à la capture de Pettigrow, avait lui-même récupéré la fortune et les titres de la famille Black afin d'instruire son filleul sur le fonctionnement de la société à laquelle il appartenait. Les cours de gestion, d'étiquette, histoire et de politique étaient devenus leur quotidien depuis quelques temps, tentant de combler les lacunes qu'une éducation moldue avait créées. Aucune apparition publique n'avait été effectuée jusqu'à ce que le Survivant soit un Lord Potter correct, selon les appréciations d'Andromeda. Cette dernière avait été transfigurée par le retour de son cousin et la réintégration dans la famille Black. Sa fille et elle avaient vu leurs difficultés quotidiennes se dissoudre avec le soutien de Lord Black. Le projet de Sirius était d'établir son filleul et de jouer le rôle qu'on lui avait toujours refusé. Il introduirait Harry en société et l'aiderait à construire des alliances mais également à pérenniser l'influence et les biens de la famille Potter.
Le Ministère de la Magie l'avait réhabilité publiquement et dédommager grassement de cette monumentale erreur judicaire. Tous ces évènements faisaient d'Harry et de son parrain les meilleurs partis de l'aristocratie sorcière anglaise. Sirius en était bien conscient et il allait surveiller les intérêts de son filleul de près.
Alors qu'ils montaient dans la calèche, il lui fit un sourire en le prévenant :
- N'oublie pas les leçons d'Andromeda. Si tu rencontres un noble, on doit d'abord saluer la personne en utilisant son titre avant d'engager une discussion. C'est une question de respect. On pourrait te provoquer en duel pour un outrage pareil, insista Lord Black un demi sourire aux lèvres.
- Tu penses vraiment qu'on provoquerait en duel le terrible Survivant, le Sorcier le plus puissant du monde sans compter l'Homme au sourire le plus charmeur d'après Sorcière Hebdo ? Ironisa le Survivant en souriant.
- Non, répondit Sirius dans un rire. Mais sait-on jamais ? Je préfère prévenir que guérir.
- Et depuis quand ? Lança Harry goguenard.
- Depuis...
Le regard du sorcier se fit fuyant et Harry s'en voulut d'avoir poussé son parrain à se remémorer cette terrible expérience. L'Arche était un souvenir horrible pour l'homme. Il revivait sans cesse ses erreurs passées que ce soit avec ses amis ou même Harry. Lorsqu'ils avaient réussi à le sortir de là, Sirius n'avait plus jamais été le même. Une scissure de plus était présente dans son regard et son comportement était moins téméraire mais toujours aussi loufoque.
-… Mais passons. Toute l'aristocratie sorcière sera à cette soirée. Neville a pu reprendre le titre de son père à sa majorité puisque celui-ci... n'est plus en état de l'assumer. Maintenant qu'il a reçu la fortune et les titres de sa famille, il peut faire sa demande en mariage. Toi aussi tu devras en faire une dans quelques temps. A moins que tu ne préfères te faire harceler…
- Merci j'ai donné, répliqua Harry, ses yeux verts pétillants.
Il avait reçu des tonnes de lettres d'admiratrices et d'admirateurs pour le demander en mariage. La moitié de ses propositions étaient intéressées uniquement par le statut du Sauveur, la seconde par le rang et la fortune des Potter.
- De plus, reprit Harry, je ne serai pas le seul à me faire aborder... Vous n'échapperez pas à l'Honorable Daphnée Greengrass, Lord Black.
- Croyez-vous Lord Potter ?
- Absolument !
Des rires retentirent alors que la calèche atterrissait devant le Manoir de campagne de la famille Londubat. Neville lui-même vint les accueillir les attirant dans une étreinte fraternelle puis se reprit :
- Sirius, Harry, je suis ravi que vous ayez répondu à mon invitation et de votre présence ce soir.
- C'est un plaisir Neville, répondit Harry dans un sourire.
- La salle de réception vous attend derrière moi. Je suis désolé mais le devoir m'appelle, s'excusa leur ami en avisant des sorciers et sorcières entrer dans sa propriété. Nous nous reverrons durant la soirée.
Neville prit congé en un sourire et les deux Lords avancèrent jusqu'à la salle indiquée. Elle était superbement décorée : le mariage parfait entre la sobriété anglaise et l'élégance que requérait un pareil évènement. Les invités se déplaçaient çà et là commentant le décor et patientant avant de passer à la salle à manger.
A peine entrés, Sirius se fit aborder par la jeune Daphnée Greengrass qui souhaitait l'entretenir. Harry lui fit un sourire moqueur mais continua d'avancer tranquillement parmi la foule, en quête d'une relation à saluer. Il se fit arrêter par un groupe de trois personnes au détour d'un fauteuil.
- Lord Potter, susurra une voix qu'il connaissait bien, ravi de vous voir à cette superbe réception.
- Lord Prince, Lord Malefoy, Honorable Malefoy, ravi de vous revoir, les salua Harry en tentant de conserver un visage neutre.
Devant lui se tenaient les trois personnes qu'il avait le plus détesté après Voldemort lui-même : Severus Rogue, Drago et Lucius Malefoy. Harry se demanda pendant un instant comment cette soirée pourrait être pire. Il s'était attendu à beaucoup de choses pour sa première parution en public mais pas à une telle embuscade.
Il savait pourtant tout ce que ces trois hommes avaient fait pour leur cause. Severus Rogue avait été un espion pendant des années. Lucius et Drago Malefoy s'en étaient tirés grâce aux témoignages de son ancien professeur de potions et du sien.
Aujourd'hui il était revenu de la guerre et ses rancœurs n'étaient plus les mêmes. Il avait analysé tout ce qui avait pu se passer pendant le conflit avec son parrain, Andromeda et un psychomage. Il avait remercié Drago dans une lettre interminable de ne pas l'avoir dénoncé lors de cette terrible soirée – sans jamais avoir eu le courage de lui envoyer. Il avait payé la dette qu'il avait envers eux en leur évitant la prison, ils étaient quittes. En ce qui le concernait, il n'avait aucunement envie de feindre un intérêt poli en attendant de pouvoir couper court.
Il nota néanmoins les regards que coulaient Drago dans toutes les directions, se tenant sur le qui vive. La guerre avait laissé ses traces sur tout le monde et il s'admonesta à plus de patience en voyant le visage d'ordinaire si composé de son vis-à-vis agité de légers tics.
Sirius aperçut son filleul dans une situation inextricable. Décelant un danger potentiel dans cette rencontre, il s'excusa auprès de l'Honorable Greengrass et slaloma gracieusement entre les fauteuils en chintz du salon de réception. Ce n'était pas vraiment le moment que ces Serpentards de malheur viennent taquiner son filleul, il pourrait avoir la mauvaise idée de transformer cette soirée en évènement potterien. Si c'était le cas, il n'osait imaginer les remontrances d'Andromeda sur le sujet. Elle pouvait se montrer aussi implacable que feue sa mère lorsqu'elle le désirait. Il se plaça à la droite de son filleul et esquissa un sourire de façade.
- Bonsoir Lord Black, enchaîna Lucius Malefoy suite à la subite présence de Sirius.
- Bonsoir Lord Malefoy, Lord Prince. Que nous vaut l'honneur de votre conversation ? demanda-t-il avec une pointe d'ironie, assez subtile pour qu'une personne n'ayant pas été élevée dans ce milieu ne l'entende.
- Je dois demander une faveur à votre filleul, Lord Potter, émit Lucius Malefoy en gardant un visage implacable.
- Laquelle je vous prie ?
- La famille Malefoy et la famille Black ont un contrat d'alliance et ce, depuis de nombreuses générations. Chaque famille s'engage à choisir un époux ou une épouse de l'autre lignée pour peu que l'individu soit d'un rang convenable et sans attache antérieure. Dans ce but, nous avons pris contact avec Lord Potter, comme il se doit, pour faire part de nos intentions et organiser une entrevue. Nous venons requérir un nouveau partenaire.
Sirius encaissa l'information sans rien laisser paraître et remercia pour la première fois depuis longtemps l'éducation des Black. Sa mère était peut être une horrible mégère mais elle lui avait appris à acquérir un masque et des manières en société qui permettaient de sauver ce genre de situations. Ainsi Lucius Malefoy souhaitait marier son héritier dans la famille Black. Les informations relatives à son arbre généalogique jaillirent dans son esprit, lui permettant d'analyser rapidement à qui Lucius destinait son fils. Seule sa petite cousine Dora pouvait être d'un rang assez élevé pour être considérée.
- Une personne a-t-elle votre préférence ? S'enquit Sirius, tentant d'en apprendre plus.
- En effet, acquiesça Lucius Malefoy. Vous, Lord Black.
Harry essayant de contenir son choc mais ses oreilles devinrent furieusement rouges. Lord Prince dans sa tenue guindée avait l'air d'avoir gobé un citron. Drago lorgnait le sol comme s'il n'était pas question de son éventuel mariage. Sirius, quant à lui, se maîtrisa mieux, sourit aux trois Serpentards assemblés et répondit :
- Bien. Pourquoi ne viendriez-vous pas prendre le thé dans notre maison londonienne ? Demain après-midi, cela vous conviendrez-t-il ?
Pendant qu'il fixait ce rendez-vous, il fit apparaître un parchemin indiquant l'adresse du Square Grimmaurd.
- Absolument, acquiesça le sorcier blond en prenant le morceau de papier que lui tendait Lord Black. Cette adresse est la vôtre je suppose ?
- En effet. La maison est sous Fidelitas. Comme je suis le représentant de ma propre famille et que Lord Potter sera mon témoin direct, je vous attendrai demain. Sur ce Messieurs, bonne soirée.
Il prit Harry par la manche et l'emmena vers la salle à manger du Manoir Londubat où le repas serait bientôt servi. Il essaya de paraître moins déstabilisé qu'il ne l'était et pourtant il avait l'impression de s'être pris une enclume dans la figure. Avisant un serveur, il se saisit d'un verre de Whisky Pur Feu et le but d'une traite. Conscient qu'un second n'améliorerait pas son état, il se planta devant le plan de table afin de repérer leurs sièges.
- Sirius qu'est-ce que ça veut dire ?
Son parrain mit quelques secondes à réagir à la question ce qui acheva d'inquiéter Harry. Il était conscient qu'une tuile de la taille du Pays de Galles venait de s'écraser sur leur tête. Néanmoins toute cette histoire lui paraissait tellement improbable qu'il n'arrivait pas à y croire. Sirius finit par se ressaisir. Ils s'assirent tous deux le long de la grande table en attendant l'arrivée des autres invités. Il se pencha vers son filleul pour que leur conversation reste discrète :
- Tu te souviens de mon explication sur les us et coutumes des sorciers aristocrates ? Interrogea Sirius.
Se doutant que la question était purement rhétorique, il encouragea tout de même son parrain en hochant la tête.
- Bien, il suffit de savoir que dans la haute noblesse et parmi les familles dites « sacrées » siégeant au Magenmagot de nombreuses alliances ont été réalisées. Comme Andromeda a du te le préciser il en existe vingt-huit recensées dans le livre de Teignous Nott, auxquelles tu peux ajouter huit autres qui sont arrivées un siècle plus tard au Conseil des sorciers. Souvent tombés en désuétude, ces contrats obligent les familles à certaines actions : de protection vis-à-vis d'une Maison moins importante, de non agression pour entériner la fin d'un conflit ou encore de mariage entre les membres des deux clans concernés. A l'époque où ces contrats été respectés et donc monnaie courante, la famille Black comptait non moins d'une trentaine de membres en lignées directes, portant le nom et sous l'autorité du chef de famille et plus d'une centaine en lignées indirectes, adultérines ou encore affiliées. Tout cela pour te dire que ma famille était puissante et respectée dans ce milieu et qu'en l'espace de deux décennies nous avons perdu la quasi-totalité des membres en lignées directes.
- C'est pour cela que ces contrats ne sont plus respectés ? Faute de membres ?
- Tout à fait, répondit Sirius en chuchotant rapidement. Les années de guerre n'ont pas aidé à la fécondité et même s'il est tabou chez les sorciers d'agresser les femmes depuis les chasses aux sorcières, la guerre ne les a pas épargnées. Nous sommes à l'origine peu féconds dans ce genre de familles : les liens consanguins ont affaibli notre sang. Nous le savons aujourd'hui grâce aux importations moldues mais à l'époque cela ne posait aucun problème de marier des cousins.
- Ce qui veut dire ? Reprit Harry d'une voix peu assurée.
Le silence se fit entre eux. Sirius réfléchissait à sa prochaine déclaration et Harry s'empêchait de façon méritoire de vociférer tout ce qu'il savait. Le jeune homme décidait de mettre en application un concept récemment appris – prendre sur soi. Il avait jugé la chose absurde peu de temps auparavant mais en voyait à présent l'utilité. Faire un scandale lors de la soirée de fiançailles de Neville n'était pas l'idée du siècle.
- On a marié des cousins, parfois même des frères et des sœurs pour garder les héritages et surtout un sang aussi pur que possible. Les mariages homosexuels s'ils ne sont pas encouragés ne sont pas déconseillés ou mal vus dans la société sorcière : il y a eu des époques ou notre seuil de population a été si critique que nous avons du faire des aménagements légaux. Deux hommes peuvent se marier, ils engendrent à l'aide d'une femme, généralement mariée également, liée à la famille grâce à des procédés magiques ou naturels. Ainsi une femme pouvait enfanter pour plusieurs lignées et les Maisons perduraient à travers les siècles. Note, ça n'a pas vraiment arrangé notre histoire de consanguinité.
Harry pressentit que la tuile qui venait d'échouer dans leurs vies était finalement de la taille du continent européen entier. Il avait le même pressentiment lorsque Voldemort préparait un mauvais coup, c'est dire. La mine de Sirius confirma son impression et il attendit que le ciel lui tombe sur la tête.
- Sirius arrête de te perdre dans les détails, que cela signifie-t-il pour nous ?
- Si Lucius veut marier son fils dans la famille Black, je n'ai aucun pouvoir de l'en empêcher. Il existe deux membres qui peuvent convenir en l'occurrence : Dora Tonks et moi. Si Lucius m'a choisi c'est que sa famille est dans une position politique délicate depuis la fin de la guerre, mais je ne saurais pas te dire ce qu'il a derrière la tête avant les négociations pour le contrat de fiançailles.
- Tu es en train de me dire que tu envisages sérieusement de te lier à vie avec un Malefoy ! Se récria vivement Harry. Drago Malefoy ! Le sorcier le plus couard au monde, sans compter mon ennemi personnel à l'école !
- Baisse d'un ton, rétorqua Lord Black en voyant des personnes s'asseoir deux sièges plus loin. Je n'ai pas le choix. En reprenant les titres de ma famille, j'ai également fait serment de respecter les alliances et contrats en cours. Je ne peux casser une alliance sans un outrage valable et je dois remplir les obligations sous peine d'être destitué de mes biens, banni de ma propre famille et spolié de ma magie, fus-je le Lord en titre.
Harry se prit la tête entre les mains. La situation allait de mal en pis.
- Je te signale que ce n'est pas toi qui es bloqué avec lui, c'est moi. Alors tu vas me mettre de côté vos rivalités ridicules…
- Ridicules ? Chuchota furieusement le jeune homme. Je trouve ça fort de café de la part d'un homme qui se bat toujours contre son ennemi de jeunesse ! Attends que je sois marié à Rogue, on verra ce que tu en diras !
- Merlin t'en préserve Harry, soupira le sorcier dépité. Je serai peut être lié à vie avec lui, sans aucune possibilité de recul, mais ce pourrait être également une chance…
Apercevant le nombre d'invités qui s'installaient auprès d'eux, Sirius reprit doucement :
- Mais je ne crois pas que ce soit le moment et le lieu pour en parler. Nous verrons cela tout à l'heure d'accord ?
Harry n'eut pas le choix. Il fit abstraction de la nouvelle, reportant à plus tard l'heure des explications. Les invités étaient quasiment tous attablés et son voisin de droite avait décidé de l'entretenir sur son désir de carrière. Une fois tous les invités installés, Neville prit possession de sa chaire. Il se leva et déclara :
- Ladys et Lords, Mesdames et Messieurs, Miss et Honorables, je suis heureux de votre présence à ma table en cette soirée.
Une salve d'applaudissements polis répondit à sa déclaration.
- Cette invitation avait deux raisons d'être : passer une agréable soirée en votre compagnie pour fêter le solstice et vous annoncez mes fiançailles avec Miss Hannah Abbot. Nous nous marierons d'ici la fin de l'année et j'espère que chacun de vous pourra être présent…
Un véritable engouement se fit sentir dans les applaudissements et la jeune fiancée se mit à rougir subitement tandis que son père, Lord Bertram Abbot se levait pour recueillir les félicitations de la tablée.
- Merci beaucoup. Je vous souhaite à tous un très bon appétit, finit Neville avant de se rasseoir et de crouler à son tour sous les éloges.
Harry était heureux pour son ancien camarade de dortoir. Il leur souhaitait tout le bonheur que la vie pouvait leur apporter. Neville l'avait énormément aidé en maintenant la résistance à Poudlard à ses côtés puis en lui expliquant comment injecter une partie de la fortune Potter dans l'effort de guerre. Il avait été le trésorier, le confident, la personne patiente qui avait commencé à débroussailler et à peindre un portrait de la société dans laquelle il allait vivre. Neville avait été un véritable ami. Harry était heureux qu'il ait pu trouver l'apaisement avec Hannah après leurs adolescences chaotiques.
Une fois les assiettes garnies, son voisin de droite – un cousin des Greengrass et des Malefoy à il ne savait combien de degrés – mangeait trop pour parler, Sirius tenait une conversation avec une des nombreuses filles de Lady Selwyn à sa gauche, Harry put écouter les commentaires qu'avaient suscité la nouvelle à loisir.
- Augusta a fait les choses en grand, elle a invité tous les gens de bonne naissance... De plus Harry Potter et Sirius Black sont présents. Ce sont des amis personnels de Lord Londubat, pépia la première commère, Isla Shafiq.
- J'ai toujours pensé qu'il se marierait avec la parente des Malefoy, la jeune Luna Lovegood, ajouta la seconde, qu'Harry ne reconnut pas.
- Oh non, la pauvre fille est tellement lunatique – pour ne pas dire dérangée, grinça Lady Shafiq, qu'elle ne saurait pas tenir une maison même si les Lovegood ont encore quelques biens. De toute façon, il est apparent que ce n'est pas un mariage arrangé. La fiancée n'a aucun titre et même si son père siège au Magenmagot, elle n'a pas de fortune propre. Les Abbot ont fourni à l'effort de guerre et il ne leur reste pratiquement plus rien. On ne peut pas parler d'une véritable mésalliance, mais… Elle devra être à la hauteur, devenir une Lady n'est pas donnée à toutes...
Harry regarda autour de la table, seules les familles respectables et de « bonne naissance » étaient présentes : des Lords et leur famille comme les Malefoy, les Macmillan, les Flint, les Nott, les Parkinson, les Greengrass ainsi que les représentant des Prince, des Potter et des Black. Les trente six familles siégeant au Magenmagot – ou plutôt celles dont les lignées n'ont pas été éteintes par deux guerres successives – et une bonne partie des représentants du Ministère, si Harry jaugeait bien les personnes attablées.
Puis venaient la haute bourgeoisie comme les Zabini mais aussi les Zeller, les MacLaggen et tant d'autres... Tout le gratin était là, les riches et ceux qui essayaient de paraître ainsi. Les nobles, les Sang-Purs, certains Sang-Mêlés pour les convenances… Augusta s'était donnée du mal pour que la société accepte ce mariage. Des fiançailles moins cérémonieuses avaient eu lieu en privé, et Harry avait pu féliciter comme il se devait son ami. Sa présence à un tel événement permettrait d'accréditer la position du jeune couple – d'autant que c'était sa première apparition publique depuis la chute du Lord Noir. Il le savait et en était ravi pour eux.
Harry retint un soupir en sentant des dizaines de regards sur sa nuque. Il était la visée de quasiment toutes les jeunes filles à marier de la réception, ce qui le rendait quelque peu nerveux.
La fin de la soirée arriva vite. Sirius se leva, Harry dans son sillage, pour rejoindre Neville dès que les digestifs furent servis afin de le féliciter une nouvelle fois. Ils l'étreignirent et saluèrent Hannah, les assurant de leur présence au mariage. La calèche arriva et ils purent enfin refermer la porte du grand monde, se détendre et se parler à cœur ouvert. Après quelques instants de silence que chacun tira à profit, Sirius se lança :
- Je t'écoute Harry...
Ce fut le mot de trop pour le jeune homme qui avait réussi à se contenir – et plutôt bien – durant toute la soirée. L'improbabilité de la chose lui revint en pleine tête et il se mit à vociférer dans la voiture libérant tout ce qu'il avait sur le cœur depuis l'annonce de la nouvelle.
- Je ne comprends pas Sirius, tu viens d'apprendre que tu seras lié, peut être à vie à un Malefoy, bordel ! Et tu ne réagis même pas. Tu prends cela comme s'il n'y avait aucun problème. Mais c'est Malefoy ! Lui et sa famille sont nos ennemis depuis toujours ! S'ils sont là c'est parce que Rogue a témoigné en leur faveur et que j'ai eu le malheur de faire pareil !
- Harry, surveille ton langage, l'enjoignit son parrain en décidant de lui parler d'autre chose le temps qu'il digère la nouvelle. Tu ne peux plus parler comme ça maintenant que tu es Lord Potter. Ta famille a entretenu son prestige grâce à chacun de ses descendants. Tu as cette responsabilité maintenant, dit-il d'une voix douce.
- La famille ?! Il s'agit bien d'elle ! Sirius ! Je te parle d'avenir, d'amour et tu me parles de mon langage ?!
- Arrête Harry ! Coupa son parrain plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu. Je sais ce qu'il va se passer. Je connais les Malefoy, s'ils sont venus nous voir c'est qu'ils sont sûrs de leur fait. Je jetterai un coup d'œil sur le contrat d'alliance, mais je ne doute pas qu'il soit…
- Pardon ? demanda Harry d'un ton stupéfait. Tu leur fais confiance ?
- Non Harry, je ne fais pas confiance à Lucius Malefoy pour ma vie ou la tienne, mais c'est un père et comme ressortissant d'une famille de sang-pur, il a les intérêts de son héritier à cœur. S'il a demandé ma main – celle du Lord en titre – et non celle de ma cousine c'est qu'il y a une raison. Il cherche à obtenir pour son fils un avancement social, élément compréhensible depuis que la fin de la guerre a ruiné leur influence politique et financière. Cependant il y a quelque chose qui cloche…
- Comme le fait que ce soit ton cousin par exemple ? Ironisa Harry avec un sourire mauvais.
- En fait, si je me souviens bien, je suis son grand-cousin, nous sommes liés par ma mère qui était la sœur de son grand-père, répondit son parrain d'une petite voix.
- Sirius !
- Navré, mais la consanguinité n'est pas un argument pour empêcher les mariages aristocrates malheureusement. Nous sommes plus éloignés que bien des couples dans ma famille à travers les siècles, en étant cousins issus de germain. Nous sommes liés au sixième degré, ayant un bisaïeul en commun.
- Trop aimable de ta part de défendre ta future union, cingla Harry.
Un silence s'étira dans l'intimité de la calèche. Lord Black commença à angoisser, même s'il ne laissait rien filtrer sur son visage. Les hurlements, il y était habitué. Le mauvaise humeur, les dénégations, tout cela était l'apanage des Potter lorsqu'une situation ne tournait pas à leur avantage mais le silence, Sirius ne savait pas qu'Harry pouvait se taire.
- Harry, ça va ? Questionna-t-il, inquiet.
- Ca me scie une jambe mais j'ai l'habitude... Ricana le Sauveur.
Ils atteignirent le Manoir Black dans un calme absolu qui annonçait une tempête potterienne de la plus belle eau selon son parrain. Une fois le seuil franchi, Harry alla s'enfermer dans sa chambre et comme tout bon jeune homme énergique qui se respecte, il claqua la porte.
Sirius soupira. Il s'y fera... enfin peut être.
Petit point étiquette : Au Royaume Uni d'après ce que j'ai compris les filles des earls (comtes) sont appelées Lady + leur prénom tandis que les fils ont le titre de courtoisie « Honorable ». Les fils aînés des ducs peuvent être appelé Lord + un titre moins important que celui de leur père, tandis que les cadets peuvent avoir Lord + prénom.
Bref partant du principe qu'on n'attache pas la famille à une terre dans le monde magique mais à un clan, une magie et un sang, il existe des Lord + Nom de famille, et les héritiers du titre de façon général sont appelés « Honorables » qu'ils soient filles ou garçons. Les autres sont appelés par Lord ou Lady + leur prénom. Exemple de la famille de Daphnée Greegrass dont elle est l'héritière : l'Honorable Daphnée Greegrass et Lady Astoria, ses parents sont Lord et Lady Greengrass. Si Astoria se marie à un homme en dessous de sa condition sociale elle gardera son titre de jeune fille. En revanche si elle se marie à un Lord, elle prendra le nom de famille de celui-ci. Quant à Daphnée, elle deviendra Lady Greengrass à la mort de son père et transmettra le titre à l'un de ses enfants, son mari étant considéré comme Consort Greengrass – titre qu'il ajoutera à ceux qu'il possède déjà s'il en a. Exemple : Lord Travers, Consort Greengrass et Lady Greengrass-Travers – elle ne sera que Consort si son contrat de mariage l'y autorise. Vu que la société sorcière est un poil rétrograde, elle ne le sera pas automatiquement.
J'espère que la lecture vous a plue. N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé de ce « petit » chapitre de 10 pages et 5000 signes… (déjà !)
Comment trouvez vous Harry ? Et Sirius ? Que se cache-t-il derrière cette demande ?
La suite au prochain chapitre ! Publication à prévoir chaque semaine – le lundi pour bien commencer la semaine.
