Pour changer des OS, je poste une Fic un peu plus noire. Mais chut, je n'en dirais pas plus.

Je vous laisse donc prendre plaisir (du moins je l'espère) à la découvrir.

Bonne lecture et n'oubliez pas de me donner vos impressions.

xxx

In the shadow

C'est en Allemagne qu'elle était en déplacement pour raison professionnelle. Il s'agissait là d'un colloque médical dont le thème principal était le système immunitaire et ses éventuelles défaillances. Constitué d'un grand nombre de médecins représentant divers hôpitaux du monde entier, ce congrès avait été celui auquel elle n'avait pu dire non. Par ailleurs, elle avait beaucoup insisté sur le fait qu'il devait venir avec elle. Il y avait vu là une sorte de faveur, demande qui constituait à ce qu'elle puisse garder un œil sur lui en l'ayant à proximité. Pour elle, c'était surtout pour qu'il puisse mettre son talent de persuasion en œuvre, ce qui avait fonctionné puisque la quasi totalité de l'assemblée avait été stupéfaite de ses dires, bien que parfois arrogants. Quant au reste des représentants, ils ont étés quelque peu sidérés tant par son attitude antipathique et caustique que par ses propos souvent sarcastiques. Néanmoins, malgré certains détails déplaisants dont elle lui avait fait part, elle n'avait été globalement pas déçue de sa prestation.

Après un dîner en compagnie de cardiologues, allergologues et autres spécialistes de la santé, ils regagnèrent tous deux leur chambre d'hôtel. S'apprêtant à ouvrir sa porte, la jeune femme se retourna vers l'homme derrière elle.

Il me semble que votre chambre est en face.

Vous êtes sûre ? Je pensais que ce soir j'aillais avoir droit à vos faveurs ! Rétorqua-t-il aussitôt en lui lançant un regard charmeur.

Vous pensez mal.

Se regardant fixement dans les yeux, elle détourna le regard, mal à l'aise. Dans ce genre de situation, elle avait toujours perdu tous ses moyens face à lui. Avec un haussement de sourcils suggestif, il lui adressa un sourire provocateur avant de s'engouffrer dans sa suite. Une fois chose faite, elle finit par en faire de même.

Leur vol était prévu pour quatorze heures, ce qui leur laissait un peu de temps à tuer. Sortant de sa chambre, elle porta furtivement son attention sur la porte devant laquelle elle se trouvait à présent. Elle finit par s'en détourner en se disant qu'il devait certainement encore dormir et prit l'ascenseur. Le temps de cette fin de Septembre était tout à fait appréciable, sans compter qu'elle voulait également profiter un minimum des boutiques européennes avant de repartir pour Princeton. Sans trop savoir où ses pas allaient la conduire, elle traquait tout ce qui pouvait être chic et branché. Le reste n'avait pas beaucoup d'importance... Deux rues plus loin, elle s'arrêta devant une vitrine et décida qu'il était temps de se faire une idée fixe. Pas des plus déçus à sa sortie, elle poursuivit un peu plus loin et alla rendre visite à d'autres. L'heure tourna et lorsqu'elle jeta un coup d'œil à sa montre, elle se dit qu'il serait bon de rentrer à l'hôtel. Désorienté de part le lèche vitrine qui avait masqué tout point de repaire, elle décida de prendre le métro car il semblait être un bon moyen de revenir au bon endroit sans se tromper.

Feuilletant un magasine, elle sursauta au son d'une voix sur laquelle elle aurait été incapable de faire une erreur.

La pêche a été bonne on dirait !

House, c'est pas vrai ! Qu'est-ce que vous faites là, vous me suivez ? Il s'assit à côté d'elle et ne put s'empêcher de regarder en direction de sa poitrine avant d'accomplir son action.

Si moi je vous suis, alors toutes les personnes présentes ici aussi. Je croyais que les transports en commun étaient publics ! Elle ne dit rien, préférant se contenter de secouer la tête tout en se replongeant dans sa lecture.

Le silence s'installa avec par moment des regards en coin que lançait House sur la partie dévoilée de ses jambes. Non loin d'eux, un homme au visage séduisant et au sourire mensonger les fixait en prenant soin de s'attarder sur la jolie brune qui ne remarqua pas qu'elle fût dévorée du regard par un observateur quelque peu assidu. Contrairement à elle, House voyait très bien l'autre type en train de se rincer l'œil et cela ne lui plut guère. D'un geste spontané, il vint posé sa main au-dessus du genou de la jeune femme à la façon d'un couple entiché.

Mais qu'est-ce qui vous prend ? S'exclama-t-elle déconcertée par son attitude pour le moins inattendue.

Rassurez-vous, je ne suis pas en train de vous faire des avances. Bredouilla-t-il en retour entre des lèvres gardées légèrement pincées.

Elle le regarda presque ahurie sans comprendre la raison de son acte puis le vit sourire quand le gars plus loin tourna la tête, sortit l'article de presse calé sous son bras et l'ouvrit à une page qui devait probablement bien moins l'intéresser. Satisfait, il reporta son attention sur sa main qu'il avait toujours sur la jambe de la Doyenne et la retira lentement avant de fuir son regard, se racler la gorge et trouver un intérêt soudain à sa canne qu'il se mit à faire rebondir sur le sol.

Vous pouvez m'expliquer ce qui se passe ? Ignorant sa question, il stoppa toutefois les tapotements de sa canne.

Au loin, un brouhaha se fit entendre avant qu'un grand fracas ne prenne le relais en entraînant avec lui une secousse quelques millièmes de secondes plus tard.

Qu'est-ce que c'était ?

Les lumières se mirent à clignoter, les oreilles des passagers à bourdonner, le sol sous leurs pieds à trembler. Un son aigu, presque strident, se mêla à celui suave et plat de l'air circulant à toute vitesse dans le tunnel avant de le couvrir totalement. Des cris de panique vinrent s'ajouter au concerto en accompagnant le soliste qui jouait un air terrifiant. Cela dit, la cause de ce son qui n'avait plus rien de caverneux était sûrement encore plus effroyable que ce que certains auraient pris pour une boîte de fusibles qui aurait disjonctée. Les néons des plafonds s'éteignirent complètement juste avant qu'il n'y eût une seconde secousse, semblable à un séisme d'intensité de six sur l'échelle de Richter. La plupart des vitres explosèrent et quelques éclats de verre se plantèrent dans les chairs humaines. Il était désormais impossible de distinguer quoi que ce soit avec précision. Une fumée d'un gris sinistre s'infiltra par les ouvertures où le verre n'était plus. Derrière cette masse lugubre et étouffante, une couleur chatoyante d'un orange mordoré commençait funestement à se dessiner dans un crépitement caractéristique. L'épais manteau âcre et l'odeur de roussi firent plus ou moins reprendre conscience au diagnosticien qui était allongé dans un amas de verre et d'objets en tout genre. Se relevant, il toussa et grimaça lorsqu'il voulut ouvrir les yeux en grand. Il parvint à se dégager des gravas et chercha la Doyenne malgré la fumée anthracite qui lui brûlait l'intérieur des yeux et s'infiltrait dans ses poumons à chacune de ses inspirations. Une femme d'environ une trentaine d'années était à moitié assise sur le sol, une barre en métal lui ayant méchamment transpercé le thorax. Il poursuivit son chemin rempant en essayant de contenir au maximum la douleur qui s'élançait dans sa jambe droite tout en découvrant d'autres victimes que l'accident avait mutilé. Entre les cris de douleur et les gémissements plaintifs, son acuité auditive perçut des sons rapides et répétés, caractéristiques d'une suffocation. Il accéléra au mieux ses ondulations d'ophidiens et trouva la jeune femme adossée contre une issue de secours, maintenant inutilisable. Respirant difficilement et par intermittence, elle avait une main plaquée sur sa cuisse gauche. Il s'approcha et elle leva les yeux sur lui.

Vous n'avez rien ? Elle déglutit douloureusement et pressa contre elle une main sans force depuis laquelle des sillons sanguinaire commencèrent à se frayer un chemin entre ses doigts.

Laissez-moi regarder.

Ce n'est rien... Le dissuada-t-elle sans grande conviction.

Il s'approcha davantage et lui souleva la main très lentement. Un morceau de verre de la taille d'un poignard été planté dans l'extérieur de sa cuisse.

Il va falloir que je l'enlève.

Il se plaça à côté d'elle et posa une main sur son genou tout en saisissant fermement le bout de verre de l'autre. Les yeux dans les siens, il finit par tirer un coup sec sur le fragment tranchant. Dans un bref gémissement d'atrocité, elle lui étreignit le poignet de la main qu'il avait toujours sur sa jambe. Après avoir jeté ce qui avait provoqué l'entaille, il inspecta les dégâts de celle-ci pendant qu'elle tentait de reprendre une respiration plus calme et régulière sans lâcher la prise sur son poignet.

Ça n'a pas l'air d'être très profond.

Cependant, beaucoup de sang s'échappait. A quelques mètres, un homme d'affaires - du moins ce qu'il en restait - recouvert de brisures de verre aussi brillantes que des pépites de diamant gisait dans une marre de sang qui n'avait plus rien de sa couleur naturelle. House se dirigea en sa direction et dénuda la cravate qui ornait le cou de celui qui avait certainement dû laisser un bel héritage à sa défunte famille. Revenant vers sa patronne, il lui enroula le bout de tissu au-dessus de la plaie et le fit tenir par un noeud bien serré qui décrocha un faible grognement de la part de la jeune femme.

Vous saignez.

Pas autant que vous. En effet, il avait l'arcade entaillée sans parler de l'ulcère de belle taille qu'il avait au crâne et dont elle ignorait la présence.

Elle se perdit dans ses pensées et paraissait affligée par la catastrophe qu'ils venaient de vivre et qui pourtant n'était pas encore terminée. Regardant autour de lui, le diagnosticien ne vit que des corps immobiles, devenus inertes bien malgré eux, et prit conscience que les survivants n'allaient pas se compter par millier. Affaibli par ses propres contusions, il soupira et se laissa tomber en arrière. Jetant un coup d'œil vers elle, il constata avec une once d'effroi qu'elle grelottait.

Restez avec moi. A sa droite, il la colla contre son torse tout en lui frictionnant le dos.

Dans un horrible craquement qui se mit à résonner comme la foudre au loin lors d'une nuit d'orage, il sursauta et se rendit compte que les flammes gagnaient du terrain et aussi que cette masse opaque allait les asphyxier s'ils ne sombraient pas dans le brasier avant. Il cligna des paupières à répétition et secoua la jeune femme qui commençait doucement à s'assoupir contre lui.

Cuddy ? Hey ! Reprenez-vous, il faut qu'on s'en aille d'ici. Elle ouvrit lourdement les yeux et les plongea dans ceux de l'homme qui semblait inquiet pour ce qui allait suivre. Il se sépara d'elle et se mit difficilement debout en étreignant sa cuisse droite.

Vous pouvez vous lever ? Lui demanda-t-il alors qu'elle le voyait souffrir en silence. Comme accablée, elle se laissait rattraper par les évènements et sa réponse fut muette. Il lui tendit alors une main et elle s'en saisit machinalement. Fermement, il la soutint et fit en sorte d'éviter tout contact avec sa jambe blessée.

Ils s'engagèrent prudemment dans l'allée parsemée de cadavres pour le moins écoeurants et d'une hideur incontestable puis se dirigèrent vers la seule sortie du wagon que le diagnosticien avait plus ou moins détecté depuis l'homme méconnaissable auquel il avait retiré le bout de soie décoré de rayures obliques.

House, vous n'avez rien entendu ? Il tourna son visage vers elle et secoua négativement la tête au bout de quelques secondes.

Écoutez, j'ai entendu un bruit. On aurait dit... un chuintement étouffé. Cette fois, il se concentra davantage et entendit la même chose.

Le bruit provenait d'une banquette où était étendue une vielle dame au teint pâle et couvert d'égratignures superficielles. Peut-être était-elle encore en vie, sauf que non. En essayant de trouver son pouls, House avait constaté l'inverse. Vu la contraction de ses jugulaires à la palpation, elle était probablement morte d'un arrêt cardiaque. Toutefois, cette sorte de chuintement ne cessait pas. Il dégagea la pauvre femme sur le côté et découvrit que derrière cette dernière se trouvait un petit garçon qui ne devait pas avoir plus de trois ans.

Mon Dieu, c'est pas vrai ! Viens, n'aie pas peur. L'enfant lança à Cuddy un regard terrorisé mais n'hésita pas à venir se blottir contre elle.

Hormis le nez ensanglanté et une cicatrice partant de la tempe en se prolongeant sur la joue que le sang séché rendait parfaitement visible, il semblait aller bien ou du moins pas si mal que ça.

Venez, il ne faut pas rester là. Prenant le garçonnet dans ses bras, il passa devant et s'assura qu'elle pouvait marcher d'elle-même, ce qui semblait être le cas.

A une cinquantaine de mètres d'eux, une plaque de béton d'une importance titanesque s'était effondrée sur la coque métallique, ayant réduis peut-être l'équivalent d'un bon nombre de personnes à l'état de macchabée dont les tissus organique seront consumés par les flammes dévoreuses bien avant de commencer leur putrefaction. Néanmoins, l'odeur presque indécelable des effluves putrescentes se mêlait déjà à celle de l'explosion qui était à plusieurs parfums. A moins que ce ne fût qu'une impression, qu'une constatation moralement logique à la scène macabre qu'ils avaient sous les yeux et dont ils faisaient partis intégrante.

Ils s'extirpèrent enfin de cette carcasse de métal qui avait été autrefois une rame de métro digne de ce nom. Allant se mettre provisoirement en sécurité, ils durent esquiver les câbles se tortillant dans le vide tels des serpents crachant leur venin électrique. Plusieurs autres personnes se trouvèrent également dans le tunnel et certaines d'entre elles commencèrent à se démener pour trouver une issue. House s'assit non loin des deux autres rescapés et tenta de reprendre son souffle. L'air y était un peu plus respirable par ici et il en profita pour inhaler de grandes bouffées d'oxygène. Se massant la cuisse avec insistance, un rictus prit forme sur son visage avant que celui-ci ne se contorsionne sous l'effet de la douleur qui s'élançait de plus en plus dans tout son corps, se frayant toujours plus un chemin à travers son organisme par l'intermédiaire des nerfs qui se révélèrent être d'excellents conducteurs pour tout ce que le corps humain pouvait endurer dans une souffrance épouvantable.

Vous n'avez plus de vicodin ? Lui demanda-t-elle avec un pincement au coeur en ayant du mal à imaginer les efforts qu'il devait fournir pour tenter de supporter un tel degré de douleur.

J'ai dû l'égarer. Articula-t-il au mieux en essayant de tout faire pour ne pas lui montrer sa réelle souffrance.

Impuissante, elle détourna les yeux de désolation pour lui et prit le petit qu'elle rapprocha d'elle. Les larmes ruisselaient en silence sur ses joues et sa main droite n'arrêtait pas de trembler. Il se lova contre la jeune femme sans dire un mot et elle le serra contre elle.

Et vous, c'est comment ? Voulut-il savoir en se dirigeant vers elle.

Rassurez-vous, c'est largement supportable. Malgré ses propos, il préféra jeter un coup d'œil à ce qu'elle considérait comme étant sans trop de gravité. Il remonta légèrement le bas de sa robe et la sentit tressaillir sous le contact de ses doigts sur sa peau, tressaillement qui contrastait subtilement avec des frissons éloquents.

Mon intérêt est strictement professionnel.

La Doyenne sourit presque timidement quand elle le vit scruter minutieusement la partie qui devait être observée. En d'autres circonstances, elle en aurait probablement éprouvé une certaine forme de plaisir. Il n'y avait visiblement aucun signe d'infection, du moins pour le moment, et le sang avait fini par se coaguler autour de la plaie. Il entreprit ensuite de s'éloigner avant qu'elle ne le retînt par le bras.

Où allez-vous ?

Je dois aller voir s'il n'y a pas d'autres survivants. Ses yeux s'arrondirent de stupeur lorsqu'elle prit conscience qu'il risquait de ne pas avoir de seconde chance s'il venait à se produire une autre catastrophe.

N'y allez pas. Ne me laissez pas ici toute seule, je... House, non. Retenu captif par son regard désemparé d'où la terreur régnait en maître, il lui saisit le menton et plongea ses yeux irrités par la fumée dans les siens avant de déposer un baiser sur ses lèvres.

Je reviens... Il se leva et marcha en boitant plus qu'à l'habitude en direction de l'épave dans laquelle ils auraient très bien pu y rester.

Loin d'être tranquille, elle resserra un peu plus l'enfant contre elle et, le regardant, se rendit compte qu'il s'était endormi dans ses bras. Un fin sourire illumina furtivement son visage et elle passa une main dans ses cheveux. L'instant d'après, il y eut une deuxième explosion...

TBC