Titre : L'homme chocolat

Genre : yaoi avec lemon, Harry / Draco. Probablement 6 chapitres assez courts.

Résumé : Des insomnies et des faims nocturnes réunissent Malfoy et Potter dans la cuisine de l'école. Un cocktail explosif... ou pas ?

Rating : M

Disclaimers : Harry, Draco et le reste autour appartiennent à JK Rowling.

Note : nous utilisons les termes anglais suivants: Slytherin (Serpentard), Gryffindor (Gryffondor), Hogwarts (Poudlard), Headboy (Préfet en chef)


- J'ai faim ! -

Les félins ont leurs habitudes, leurs rituels. Observez les chats. L'air de rien, même s'ils essayent de brouiller les pistes en changeant d'endroit pour leur sieste, si vous commencez à bouger leur coussin favori de place ou à mettre leur gamelle dans un autre coin de la pièce ou pire, à changer l'heure de la pâtée… vous vous exposez à de graves représailles!

Et si les Gryffindors ont pour emblème le lion, ça n'est pas pour rien…

Harry Potter, Celui Qui à Survécu, cumulait du haut de ses 16 ans et demi les charges de sorcier très doué, Attrapeur et Capitaine de quidditch extrêmement doué et adolescent en pleine croissance. Alors, même ce qu'il engloutissait à table lors des repas pourtant copieux d'Hogwarts ne le contentait pas plus de quelques heures, surtout quand il avait des peines de coeur. Dans des moments comme ça, comme les bébés, il mangeait toutes les quatre heures, sauf quand il dormait. Et comme il se couchait souvent tard pour finir ses devoirs en retard – malgré les recommandations et réprimandes d'Hermione - il avait pris l'habitude de descendre discrètement aux cuisines se faire une petite collation.

Jusqu'au jour où… l'impensable se produisit!

Par un froid soir de fin novembre, Harry rêvait d'un sandwich au poulet et au fromage fondu en poussant la porte de la cuisine quand il vit de la lumière. Ce ne pouvait pas être les elfes de maison qui dormaient à cette heure de la nuit. Et au pire, un elfe n'aurait pas allumé de bougies! Alors, qui pouvait être là? Le gryffy, toujours sous sa cape d'invisibilité, se glissa sans bruit dans la pièce et resta ébahi devant le spectacle qui s'offrait à lui.

Draco Malfoy, le plus Slytherin des Slytherins, l'hautain petit blond platine qui se pavanait aux côtés de Zabini comme s'ils étaient deux icônes de la mode, celui-là même qui se vantait de tout maîtriser et de ne pas se comporter comme un animal, «contrairement aux Gryffindors»… Hé bien, Draco Malfoy soupirait de plaisir en dégustant une énorme cuillère de crème chantilly.

Contrarié, Potter fit volte face et quitta la cuisine. Pas question d'attendre que Monsieur Malfoy ait fini de manger! En remontant à la Tour Gryffindor, Harry se dit qu'il aurait dû lui enfoncer son joli nez dans la coupe de chantilly pour lui avoir gâché sa collation.

ooOOooOOooOOoo

Trois soirs plus tard, Harry grogna encore en entrouvrant la porte. Malfoy était encore là, comme les nuits précédentes, dégustant avec un plaisir apparent une énorme part de gâteau à la crème.

Pourquoi ce mec ne parait naturel que quand il mangeen cachette ?, se demanda Harry.

Visiblement, le Slytherin avait les mêmes horaires que lui et ça commençait à l'énerver au plus haut point. Cette fois-ci, il ne remonterait pas se coucher le ventre vide. Et comme changer ses habitudes était impensable…

«Tu crois qu'en te cachant tu grossiras pas?», demanda Harry en retirant d'un coup sa cape.

Malfoy sursauta et repoussa son assiette, comme si l'éloigner pouvait faire croire au visiteur nocturne que ce gâteau passait par là, l'air de rien, mais que dans tout les cas il n'avait rien à voir avec lui.

«Voila ce que c'est quand on mange que trois haricots verts au dîner, continua crânement Harry en venant s'asseoir en face du slythy. On a un gros creux à 2 heures du mat', après…

- Je ne te demande pas ton avis, le lionceau, cracha Draco en guise de réponse. Qu'est-ce que tu fous là, de toute façon!»

Harry se leva et s'approcha de l'autre étudiant, un sourire mystérieux aux lèvres.

«J'ai… faim…, susurra-t-il, puis il effleura la joue pâle de Malfoy avant de le pincer très fort. Hé bien, c'est rembourré!

- Ne me touche pas!»

Draco repoussa d'un geste violent la main de l'autre Attrapeur et il le fusilla de son pire regard. Ce qui fit d'autant plus sourire Potter.

«Sinon quoi? Tu me bouffes? Je suis très bon à la chantilly et à la glace.

- Je ne mange pas n'importe quoi, grimaça Draco, dédaigneux.

- Et pourquoi tu pioches en cachette?»

Les lèvres fines du Slytherin se pincèrent dans une moue contrariée.

«Je… ne me cache pas.»

Cette réplique qui se voulait dure et lourde de menaces tomba un peu à plat vue la situation dans laquelle Draco se trouvait. Un ange passa, puis un billywig, puis un farfadet. Harry ne répliqua même pas et se contenta de hausser les épaules avant de partir en quête de nourriture. Draco le suivit des yeux, le regarda prendre un bol de chantilly dans un des immenses frigos et revenir s'asseoir en face de lui. Avec les manières typiques d'un gryffy à moitié sang-de-bourbe, Harry s'adossa au mur derrière lui et trempa son doigt dans la crème, mangeant à même le bol. Dégoûtant… Pourtant, quelque part, ce doigt qui disparaissait dans l'immensité délicate et légère de la chantilly puis se glissait entre les lèvres gourmandes fascinait Draco et il ne pouvait le lâcher du regard.

«J'ai une question pour toi, Potter: comment tu fais pour manger dans la nuit avec tout ce que tu as englouti au dîner? T'as un estomac sans fond? Ou le ver solitaire, peut-être, ajouta-t-il avec un sourire mauvais.

- Ouais, on peut dire ça. J'ai un ver énoooorme, gloussa Harry. Tu veux le voir?

- T'es écoeurant…

- Non, j'ai 16 ans, je suis jeune et con et fier de l'être. Toi, t'es trop coincé du cul.

- Je t'emmerde, Potter.

- Mais tu profites pas! Regarde! Tu manges en cachette, certes. Mais tu manges dans une assiette avec des couverts. Tu te sers jamais de tes doigts?»

Harry posa son bol sur la table et le poussa vers son camarade.

«Vas-y, tu peux y arriver.»

Draco fixa le bol un instant. Oui, certaines habitudes sont difficiles à changer. Qu'est-ce qui serait le plus fort dans le combat intérieur qui le troublait? Son éducation droite et son statut de Sang Pur à défendredans chacun de ses actes ? Ou l'irrépressible besoin de répondre illico presto à tout défi lancé par cet animal de Potter?

Avec un air décidé, Draco arracha le bol des doigts du Gryffindor en face de lui et il trempa, non sans délicatesse, son index dans la crème. Oui, elle avait la douceur qu'il lui avait imaginé. Sans plus se soucier de son adversaire, il porta son doigt à ses lèvres et le suça avec lenteur et délice. Ce petit con de Potter avait raison: c'était encore meilleur comme ça. Mais il aurait préféré être avadakévadré sur place que de l'avouer!

Il essuya son doigt dans son mouchoir brodé après un dernier coup de langue discret sur ses lèvres pour effacer toute trace éventuelle du «méfait». Harry avait suivi toute l'opération avec un sourire grandissant.

«Alors, satisfait? lui dit froidement Draco.

- Ouais! T'es enfin bandant!

- … P… Pardon? s'offusqua le Slytherin en rougissant.

- Ben… Quand t'es préchi précha t'es plutôt… banal. Là, tu fais un peu moins fadasse et c'est sexy.

- Fadasse? Tu t'es vu avec tes cheveux encore plus mal arrangés que ton balai et tes lunettes tout le temps cassées? Je suis peut-être fadasse mais toi, tu as l'air d'un gueux. Et crois-moi, être sexy à tes yeux est le dernier de mes soucis!

- Et c'est quoi, tes soucis?»

Pour la troisième fois de la soirée, Draco se laissa surprendre et un court instant, laissa transparaître ce qu'il ressentait en détourant les yeux. Il se reprit immédiatement et sortit un «: «Je suis un Malfoy, je n'ai pas de soucis» atone.

«Mouais, si tu le dis…, commenta Harry. C'est pour ça que tu manges en cachette. Parce que tout va bien.

- Potter, depuis quand on se parle, toi et moi? Tu crois que parce qu'il est 2 heures et qu'on est dans la cuisine, on va changer nos habitudes?

- On se parle depuis… dix-sept minutes, Monsieur le psychorigide, répliqua Harry après un regard à sa montre. Alors, si tu ne veux pas parler, moi je vais le faire. Pour une fois que quelqu'un est là, et même si c'est que toi… J'ai une grosse peine de cœur. Et la nourriture m'aide à traverser cette période émotionnellement éprouvante. Moui, je comble un manque affectif et sexuel.»

Draco pencha la tête sur le côté pour mieux scruter la personne en face de lui. Etait-ce vraiment Harry Potter? Il se demanda si Goyle ne lui avait pas fait une blague en se polynectarisant en Potter puis il se rappela que ce crétin était incapable de faire cette potion.

«Potter, tu te fous de moi ou… tu te fous complètement de moi, demanda-t-il enfin.

- Je me suis vraiment fait larguer et… je le vis bizarrement. La nourriture, c'est cool dans ces moments là. Tu comprends, je peux pas en parler…

- A tes amis, tu veux dire?

- Ouais, c'est un peu compliqué.»

Draco se découpa une deuxième part de gâteau et, après un instant d'hésitation, reposa sa fourchette à dessert pour manger à la main. Le petit doigt en l'air, il dégusta la première bouchée. Ce délicieux dessert valait bien une discussion débile avec Potter.

«Ceci dit, je ne vois pas en quoi ça me concerne, tes problèmes. Tu veux que je te conseille, peut-être?»

Le ton cassant tranchait royalement avec l'apparente gentillesse de la proposition. Cependant, Harry esquissa un sourire en observant le pédant Slytherin donner moult coups de langues délicats – très sexy, d'ailleurs – pour récupérer les miettes de gâteaux qui s'échappaient.

«Je te regarde et mes soucis s'envolent.

- N'importe quoi, grinça Draco en secouant la tête. Je suis habitué à t'entendre dire des conneries mais celle-là, c'est la meilleure.

- Je peux en dire des plus énormes mais ça me ferait perdre ma crédibilité.

- Vas-y, fais-moi rire.

- Toi aussi tu compenses une peine de cœur?»

Vraiment, ce petit con de lionceau avait le don pour dire des trucs décontenançant. Draco avala précautionneusement, posa sa part de gâteau, s'épousseta les doigts et repoussa l'assiette.

«Non, répondit-il simplement.

- Tu peux les lécher, sourit Harry en montrant les mains de Draco.

- Pourquoi? Ça t'excite de me voir me lécher les doigts?

- Ça pourrait. Je suis triste mais pas frigide.»

Le cerveau de Draco fit une pause afin de faire le point. Potter n'avait jamais caché sa préférence. Mais Draco était plus que discret sur ce sujet. Personne ne savait avec qui il sortait et ses partenaires étaient réduits au silence absolu par la crainte de représailles ou mieux, par un petit Vœu Incassable. Alors pourquoi cet idiot de rouge et or lui faisait du rentre dedans depuis tout à l'heure? Ok, il est de notoriété publique que les gays se reconnaissent entre eux… Et après tout, peut-être était-ce aussi agréable de frayer avec son ennemi que de manger avec ses doigts. Ça devait même être un met des plus succulents… Et puis, Potter était plutôt tout à fait dans les goûts de Draco – même si jusqu'ici il ne l'avait jamais envisagé comme partenaire sexuel.

Draco se leva donc et rejoignit Harry sur son banc. Quasiment collé à lui, il prit sa main et trempa son doigt dans la chantilly. Sans quitter les yeux étonnés de son adversaire, il fit courir sa langue sur son doigt avant de l'engloutir pour le sucer langoureusement. Quand il eut fini, il relâcha la main et esquissa un sourire sexy et amusé.

«Alors, t'as mangé ta langue? le nargua-t-il.

- Ça te dit un moment de pur sexe avec moi, là, tout de suite et après on n'en reparle jamais?

- Avec ou sans chantilly? ronronna Draco.

- Avec! s'emballa Harry, n'osant croire à la chance qu'il avait.

- Ce que tu es mignon, sourit Draco, moqueur. Et après, j'épancherai mon cœur en te racontant mes malheurs puis tu rediras tout à tes amis et toute l'école sera au courant. Vaste programme…

- Tu deviendrais enfin populaire, tu devrais sauter sur l'occasion.»

La conversation était revenue à un ton normal: un échange de piques acerbes et bien senties. Draco s'écarta un peu de Harry et récupéra son assiette.

«Etre populaire… Il faut être gryffy pour vouloir l'être.

- Non, non! On ne cherche pas à être populaire: on l'est parce qu'on est cool.

- Ce qui m'intéresse, c'est le pouvoir. Et je l'ai déjà. La popularité, c'est bon pour les gens comme toi. Depuis quand t'as pas baisé pour te rabattre sur ton pire ennemi ni cool ni populaire?

- Un certain temps. Tiens, passe-moi du gâteau.

- Tu vas grossir à manger comme quatre, le railla le slythy.

- Je grossis pas, moi.»

Harry, tout à la dégustation de son gâteau, ne remarqua pas le tressaillement de Draco.

«Monsieur Potter à vraiment de la chance: populaire et une constitution parfaite, répliqua-t-il amèrement. Je vais finir par être jaloux. Bientôt, je vais vouloir être ami avec Weasmoche et la Sang-de-bourbe?

- Hein? De quoi tu parles?

- De rien!»

Draco ponctua sa phrase et repoussant violemment son assiette de l'autre côté de la table. A quelques centimètres près, celle-ci et son contenu à la crème finissaient en miettes au sol… Harry était perdu. Il vannait constamment Malfoy et souvent méchamment… et là, il avait réussi à le vexer à mort sans savoir comment! Il se retint de glousser en voyant son ennemi de toujours bouder, préférant la jouer diplomate pour connaître le secret de Draco.

«Allez, dis-moi… ça te fera du bien d'en parler.»

Toujours le silence boudeur.

«Il n'y a pas grand monde au courant pour ma rupture, tu sais…»

Draco soupira. Il détestait les mecs lourds et Potter était le roi des éléphants. Enfin… côté éléphant…

«J'ai… J'ai pris du poids ces derniers temps, lâcha enfin Draco. Je ne sais pas si c'est à cause de l'hiver ou… j'en sais rien, mais ça m'énerve! Je suis censé tout contrôler et… je suis tout serré dans mes pantalons! Je ne supporte pas ça! Même Blaise l'a remarqué, c'est même lui qui m'a… conseillé pour mes repas. Seulement… je ne tiens pas.

- Il a conseillé les pâtisseries dans la nuit? se moqua gentiment Harry.

- Non, crétin! J… J'ai trop faim. Entre les révisions et les entraînements, je n'en peux plus. Je suis pitoyable.

- Mais t'as pas grossi, dit Harry en soulevant le pull et la chemise de Draco pour palper son ventre, le faisant sursauter violemment. Ton ventre est toujours plat et joliment musclé. T'es tout ferme», musarda-t-il.

Sa main glissa du ventre à la hanche puis à une fesse. Le Slytherin se dégagea en râlant.

«Hé, me pelotes pas, tu veux?

- Je te tâte, je te pelote pas. Je m'y prendrais différemment, sinon… Comme ça par exemple.»

Avec un sourire, il se rapprocha et caressa le bas du dos de Malfoy.

«Potter, tu veux te manger un pain? grinça Draco froidement. Cela dit, pas étonnant que tu te sois fait plaquer si tu pelotes comme ça.

- Je fais pas ça quand je suis pris. En tout cas, Zabini s'est foutu de toi, t'as pas pris un gramme. Je l'aurais vu et je l'aurais balancé devant tout le monde pour t'humilier si ça avait été le cas.»

Draco réfléchit un court instant. Ça se tenait. Potter n'avait aucune raison de se taire alors que Blaise avait beaucoup d'avantages à dire ce genre de choses. Ce connard allait le regretter si Draco arrivait à prouver ce sale coup! Le Slytherin reporta son attention sur le rouge et or.

«Et toi tu ne comprends rien. Quand je t'ai parlé de pelotage, ce n'est pas du fait de le faire mais de la façon de le faire.»

Harry retint un petit rire et attira Draco contre lui. Il ne savait pas à quel jeu le Slytherin jouait, mais lui trouvait ça fun. Et s'il pouvait en profiter un peu pour oublier son ex-petit ami, tant mieux.

«Tu veux un cours privé? demanda Draco non sans une petite étincelle de luxure dans le regard.

- Ouais, je veux bien.»

Avec douceur et sensualité, Draco laissa sa main explorer le flanc puis la hanche de son camarade, puis la laissa glisser sur la fesse ferme.

«Tu es trop brusque quand tu fais ça. T'es peut-être un lion mais pas une bête, si?»

Il enlaça Harry et sa deuxième main pétrit plus sauvagement l'arrière train de l'Attrapeur rouge et or.

«Tu es cruel, gémit Harry. Je suis sûr que tu vas me laisser sur ma faim.»

Draco esquissa un fin sourire et s'écarta effectivement de son camarade. Il se leva.

«Les meilleurs plats sont ceux qui mijotent longtemps et qu'on doit réchauffer. Bonne nuit, lionceau, dit-il en partant vers la porte de la cuisine.

- Attends! Ça veut dire que tu n'es pas contre que je te… courtise?

- Dans cette cuisine, nous ne sommes pas comme ailleurs, on est d'accord. Tire tes propres conclusions.

- Je préférerais tirer autre chose, si tu me permets l'expression.»

Draco grimaça pour éviter de rire, préférant éviter pour le moment de montrer à Potter qu'il le faisait rire. Et voulant à tout prix éviter de lui montrer qu'il était ravi de lui faire autant d'effet.

«Pour le moment, va prendre une douche froide et va te coucher, ça te fera du bien.

- A demain, alors!

- C'est ça, à demain. Et n'oublie pas la chantilly.»

Dans un dernier sourire, le Slytherin quitta la cuisine, laissant un Harry très rêveur devant son bol de chantilly.


Prochain chapitre : Goûter au chocolat