Le crépuscule infini de l'humanité

XXVI – Un nouveau début

" L'effort d'unir sagesse et pouvoir aboutit rarement et seulement très brièvement. "
Einstein


Note de l'auteur : L'écriture étant une activité majoritairement à sens unique, les commentaires des lecteurs sont toujours bienvenus. Tant sur la forme que sur le fond. Étant en entrainement permanent, c'est indispensable pour produire quelque chose qui est plaisant à lire, mais aussi à être écrit.

Personnages du chapitre

L'Union Terrestre

Warius Zéro : Nouveau Président de l'Union Terrestre, successeur de Marie Attia au poste
Marina Oki : Nouvel officier général dans la flotte de l'Union en reconstitution.
Lord Député Jader : Secrétaire particulier de Warius
Sénateur Gonzalez : Diplomate, ancien membre du Sénat avant guerre

L'équipage de 'l'Ombre de la mort'

Harlock : Capitaine de 'L'ombre de la mort'
Tochiro Oyama : Ingénieur de génie un peu surmené.
Mimee : Jurassienne suivant Harlock, et qui arrive parfois à l'agacer


Monsieur le Président, encore une chose…

Warius Zéro n'arrivait pas à se décider. Son uniforme d'ancien général rebelle avait perdu un peu de son lustre, sans doute du à ses nombreuses batailles dans lesquelles il avait trainé ses guêtres. De l'autre, le costume neuf taillé sur mesure de Président lui donnerait un air plus sérieux.

- Bah, après tout, ils m'ont élu, autant assumer jusqu'au bout.

Il endossa le soyeux tissu de soie d'Etron, dont le commerce avait enfin reprit avec la bordure à la fin de la guerre. Les bandes rouges et bleues qui barraient en diagonale achevaient de lui donner un air solennel. Il fut interrompu par quelqu'un qui toqua à la porte.

- Monsieur le Président ?

A la voix, Warius reconnu son secrétaire particulier, le lord Député Jader. Cet humain originaire de Mars avait été choisi sur un concours particulièrement difficile où il obtint des résultats impressionnants. Par contre, ses facultés intellectuelles manquaient d'une modération venue de l'expérience de terrain. Presque le contraire de Zéro, en somme.

- Oui, fit Zéro avec une pointe de lassitude
- Ah, avez-vous cinq minutes ? Monsieur le Président ?

Zéro avait envie de hurler que non, il n'avait pas cinq minutes, il n'avait pas une minute depuis le jour de l'investiture. C'est à peine si on l'avait laissé tranquille avec Marina le jour de leur mariage.

- Qu'est-ce qu'il y a, encore ?
- Vous avez le correctif au traité de commerce de la planète Xylon à signer. L'ambassadeur des nimbuloïdes renouvèle son invitation au gala de la lumière. Il faut répondre. La nouvelle promotion de cadet de l'Académie de Valane sera reçue la semaine prochaine. Vous devez prononcer un discours de trois minutes…

Le Président écoutait d'un air distrait la liste interminable de choses à faire. Vivement que le Sénat soit reconstitué pour le décharger d'un certain nombre de tâches. Mais ces élections là prenaient plus de temps à être organisées. Il ne pourrait pas compter sur un soutien avant quelques mois.

- … la culture des Doeds pointus est encore en baisse de sept pour cent. Les aquaculteurs demandent de nouvelles aides. Il faut approuver, ou pas, et trouver quel budget amputer pour financer. Les rapports de police font état d'une recrudescence des activités d'un certain Harlock. Vous devez décider s'il doit être poursuivi. Il faut…

Le nom d'Harlock déclencha un réflexe immédiat chez le Président. Il stoppa net son bavard d'adjoint.

- Quels rapports ?
- Euh… pour le pirate ? Rapport de police du système Pal aën. Multiples attaques d'un vaisseau identifié comme l'Ombre de la Mort de vaisseaux cargos suspects aux yeux des douanes. Plusieurs systèmes, dont les planètes Pal aën et Nerel, réclament sa tête. Pfiouu…. Rien que çà !
- Bon… euh... je remets çà à plus tard. Cela ne doit pas être si pressant.
- A votre guise. Peut-être pourrions-nous nous pencher sur les mouvements des passages stellaires qui…

Zéro voulait se pencher sur un café, ne rien entendre sauf la douce voix de sa chère Marina. Le lord Député ne remarqua pas le Président appuyer sur un petit bouton de son bureau. Au bout de quelques dizaines de choses à faire énoncées comme les cours de la bourse, quelqu'un d'autre toqua à la porte.

Sauvé mon vieux Zéro…

Les licteurs ouvrirent la porte et Marina Oki fit son apparition en nouvel uniforme de commandant en chef de la première flotte. Elle eut un petit sourire malicieux en voyant le lord député Jader la fixer et Zéro qui faisait de grands gestes explicites derrière lui. Son cher époux cherchait une échappatoire.

- Commandant euh, amiral Oki au rapport, mon ché… euh Monsieur le Président.
- Laissez-nous, Jader, ajouta Zéro.

L'homme regarda avec un air suspicieux le Président et du s'incliner.

- J'ose croire, Monsieur le Président, que l'amiral Oki n'est pas venue sur une injonction de votre part afin de vous soustraire à tous ces problèmes criants qui…
- Soyez assuré que la culture des Doeds pointus me préoccupe au plus haut point.


Une nouvelle menace

Marina attendit sagement que l'intrus se soit éclipsé pour embrasser langoureusement son nouveau mari. Après cet instant de réconfort très mérité, Zéro pris un air plus inquiet. Marina avait beau être sa femme, elle était le nouveau chef militaire de l'Union et allait à ce titre hériter d'une mission.

Zéro tira quelques notes confidentielles des activités dans le secteur 6 de la bordure, près d'un trou noir mal cartographié.

- J'ai reçu des rapports inquiétants et concordants sur les activités dans cette région. Certains postes avancés ne répondent plus, et d'autres signalent une nouvelle espèce intelligente inconnue.
- J'en ai entendu parler, acquiesça Marina. Mais ces secteurs sont hors de la juridiction de l'Union. Nous n'avons même pas de colonie fixe là-bas.
- Je sais. Mais certains ex alliés de la Résistance demandent à nouveau notre soutien.
- Ah… lesquels ?
- Les …Darok conclut Warius, visiblement gêné.

Ce nom arracha une crispation à Marina Oki. Elle serra les poings.

- Ces… faux-jetons ? ces… poules mouillées ? Ils se sont enfuis à chaque bataille, sans combattre, prétextant mille et une mauvaises raison pour ne pas venir ! Ils ont refusé de rejoindre l'Union dès la guerre finie et maintenant ils viennent nous demander de l'aide? Ils ne manquent pas de culot ces quadrupèdes verts !
- Je sais tout cela, Marina. Mais si il y a une menace de ce côté-là, tu comprends bien que nous ne pourrons jamais compter sur les Darok pour contenir quoique ce soit. Je ne sais même pas à quoi nous avons à faire.

Marina prit un air songeur, puis rectifia la position comme une militaire bien conditionnée.

- Quels sont vos ordres, Monsieur le Président ?

Warius savait que lorsque Marina se mettait à le vouvoyer de la sorte, elle désapprouvait son attitude. C'est sa manière de le disputer sans faire d'éclats de voix. La baiser tendre et câlin était bien loin désormais.

- Arrête çà Marina. Je veux juste que tu envoies une mission de reconnaissance avec une ambassade sur Darok-1. Je t'écrirai une belle lettre à remettre à leur Ministre, avec un beau tampon, de la cire et tout ce qu'il faut. Il faut montrer que nous sommes là.
- C'est inutile à mon sens, mais c'est toi qui décides.
- Il y a aussi de la politique dessous.

Marina n'aimait pas ce terme-là, car cela signifiait que son mari de Président en savait plus qu'il ne disait, mais qu'il devait garder certaines choses sous silence. A sa surprise générale, Warius se risqua sur une explication :

- Plusieurs systèmes neutres mais favorables à l'ancien Empire Mécanique sont autour du système Darok. J'ai peur que ne pas intervenir envoie un mauvais signal dans ce secteur et que l'Union soit perçue comme faible.

Je ne veux surtout pas que les restes de l'Empire de Prométhium trouvent une base arrière tranquille pour reprendre des forces.

- Bien. Warius, je te propose d'envoyer le "Flamboyant" dans ce cas, avec une escorte légère. Le dernier-né des chantiers navals fera sans doute son effet sur nos "amis".
- Mais … le"Karyu" ?
- Il est encore en cale sèche magnétique pour des mois. La séance de cuirassés tamponneurs de la dernière guerre lui a laissé de grandes séquelles. Autant prendre un autre vaisseau imposant et avec de la peinture neuve.
- Bonne idée. Tu veux y aller ou tu préfères envoyer quelqu'un d'autre ?
- Non, je peux m'en charger moi-même. Qui sera l'ambassadeur de l'Union ?
- J'ai pensé faire appel au sénateur Félipe Gonzalez.

Marina eut un sourire involontaire et se retint de rire. Le sénateur Félipe Gonzalez était un diplomate remarquable, mais c'était également un très bon vivant avec lequel ils avaient eu de bons moments de détente allant jusqu'au fous-rires.

- Au moins le voyage sera plaisant ! Je vais donner des ordres pour préparer les vaisseaux.


Un pirate aux avant-postes

Harlock écoutait distraitement la harpe de Mimee dans sa cabine. Il broyait du noir, périodiquement. L'alcool frelaté de Rishrn n'arrivait pas à l'enivrer assez pour oublier.

- Pourquoi ne lui avez-vous rien dit, demanda Mimee sans s'arrêter de jouer.
- Pourquoi me poses-tu cette question sans arrêt ? Je ne pouvais pas. Tu le sais très bien.
- Vous pouviez, mais vous n'avez pas voulu.

La harpe continuait son chant lancinant, tandis qu'Harlock rêvassait devant un hublot. Une voix dans le haut-parleur interrompit sa mélancolie.

- Capt'ain. Y'a encore un cargo de classe huit, sans signe de vie dans le secteur neuf. On fait quoi ?

La voix familière de Yattaran arracha le pirate à ses réflexions.

- Encore un, çà n'en finira donc jamais. Préparez le vaisseau pour une attaque, j'arrive.
- Bien, et dépêche-toi j'ai un tank à peindre, moi.

Les sirènes de l'Ombre de la Mort retentirent pendant qu'Harlock marchait d'un pas nonchalant vers la passerelle. Il passa devant la cabine de Tochiro qui travaillait depuis des jours et des jours, sans relâche. Le pirate s'arrêta un moment (après tout, un cargo désarmé ne représentait pas vraiment une menace).

- Tochiro, tu devrais te reposer. Que fais-tu ainsi depuis des jours ?
- Pas le temps…. C'est secret ! Va défourailler, moi j'ai du pain sur la planche.

Le ton n'admettait aucune réponse. Harlock regarda son ami et puis décida qu'il était libre de ses actions, comme tout le monde ici.

Tochiro esquissa un sourire lorsqu'il mit un nom sur la liasse de plans qu'il était en train de finaliser. Il commença par "Atlantis", puis effaça pour marquer "Arcadia".

- J'atteins la perfection, se dit-il.

En passerelle, l'équipage attendait fébrilement un ordre de leur capitaine. Harlock prit la barre et ne dit qu'un seul mot :

- Feu !

Les tourelles de l'Ombre de la mort visèrent les moteurs du cargo et une seule salve suffit à mettre hors service le lent bâtiment de commerce.

- Aucun signal de vie décodable, fit un pirate. Ce cargo est vide.
- Procédure habituelle, préparez le bras d'abordage.

Mimee avait délaissé sa harpe et se plaça discrètement derrière son capitaine. Il se retourna légèrement et l'interrogea du regard.

- Celui-là aussi, murmura-t-elle.

Harlock fit une mauvaise moue et prit ses armes favorites : un cosmodragon customisé par Tochiro et son antique gravity sabre.

- J'y vais seul avec Mimee. Pas de protestations.

L'intérieur du cargo était froid, désert et vide. Toute trace de vie semblait avoir disparu depuis des années. Les traces de rouilles, de mousse montraient un manque évident d'entretien récent. Mimee toucha la paroi de ses mains et eut un geste de recul.

- Il est contaminé, comme les autres…

Au détour d'une coursive, Harlock remarqua une table dressée, avec des restes d'aliments pétrifiés et pris dans la moisissure. Toujours aucune trace d'être vivant. Pas de cadavre, pas de mot, rien. Il commençait à se sentir oppressé.

- Partons, nous ne sommes pas en lieu sur ici.

Mimee ne se fit pas prier. De retour sur l'Ombre de la Mort, un pirate tendit un message intercepté de l'Union terrestre.

Mission d'ambassade vers Darok-1 lancée. Menée par cuirassé "Flamboyant". Commandant : amiral Oki. Ambassadeur plénipotentiaire : Sénateur Gonzalez. Arrivée prévue le 56F-Y.

Mon vieux Warius a enfin réagit à mes avertissements, se dit Harlock.

- Détruisez ce vaisseau, dit-il en partant de la passerelle.

Les pirates s'exécutèrent sans dire un mot. Le frêle cargo ne résista pas longtemps aux tourelles lourdes. Une fois l'affaire réglé, Harlock délaissa la barre.
Mimee accompagnait en silence son capitaine et attendit patiemment d'être seule avec lui derrière la lourde porte en bois de sa cabine.

- Encore un. Cela fera le septième en un mois, dit-elle.
- Je sais Mimee. Mais je ne peux rien faire de plus tant que je ne trouve pas de preuves. Warius ne me croirait pas.
- Pourtant, vous croyez vous.
- Moi je crois en toi. Et toi tu y crois, tu a vu ces choses.
- Et il me coute énormément de chercher à les revoir. Je fais cela pour vous et pour Zéro.

La jurassienne était vraiment mal à l'aise, et siffla deux bouteilles de vins gazeux de la Terre pour soulager son corps.

- Mince, Mimee ! Nos deux dernières bouteilles de champagne ! Tu exagères…


Planète Darok-1

Le "Flamboyant" imposait le respect à des parsecs à la ronde. Moderne, puissant, maniable, son aspect tranchait radicalement avec les "Karyu". Leur construction, décidée peu après la renaissance de l'Union Terrestre, était destinée à remettre sur pied une flotte bine mal en point. Surtout que les plans originels des classes Karyu étaient incomplets et ne permettaient pas encore de refaire un nouveau canon de Saint-Elme.

La planète Darok-1 était un trou perdu comme il en existait des milliers dans la bordure. Ce petit système abritait les Darok, petits êtres quadrupèdes verts ressemblants à des lézards. Assez froussards de nature, ils avaient préféré se rendre aux armées de Prométhium sans combattre plutôt que risquer un affrontement quelconque. Pourtant, leur armée possédait une valeur militaire correcte et ils auraient sans doute donné un peu de fil à retordre à l'ancienne Reine de métal.

- J'espère que ces gentils lézards vont nous proposer à manger dit une voix en passerelle.
- Ah… Sénateur Gonzalez, fit Marina assise sur le siège de Warius.

Le sénateur mâchouillait un chewing-gum, geste peu protocolaire mais autorisé uniquement hors de vue de tout étranger ou diplomate. Il n'était pas bien grand, au teint basané et cheveux un peu trop longs pour être nets. Mais il dégageait de cet homme une aura rassurante, comme un grand-père à qui on aurait volontiers raconté ses malheurs.

- Votre cuistot est remarquable, mais il ne sait pas faire des noix de Doeds pointus à la mode Martienne. Dommage.
- Ce mets devient très rare, le Président en sait quelque chose.
- Amiral, je dois quand même vous prévenir que je ne suis pas tout à fait rassuré d'aller voir ces reptiles. Ils ne sont pas d'une grande fiabilité et je crains toujours un piège.
- Je sais. Mais nous ne pouvions pas venir avec une flotte toute entière.

Un bip signala l'accroche de l'ordinateur à la bouée stellaire relais de Darok. Le voyage touchait à sa fin. Un officier se leva de son ordinateur.

- Amiral, je suis un peu perplexe. Je n'arrive pas à entrer en contact avec leur centre de navigation. Aucune fréquence universelle ne répond.
- Curieux… Pouvez-vous lancer un scan rapide des environs ?

L'officier s'exécuta puis poussa un petit cri de surprise.

- Il doit y avoir une erreur. Je ne détecte aucun signe de vie sur la planète ni aux alentours.
- De plus en plus curieux.

Marina prit son micro et se brancha en liaison avec ses deux escorteurs.

- Ici l'amiral Oki. Nous passons en stade d'alerte 1. Adoptez la formation 3. Vecteur d'approche A-7. Armes désactivées.
- Que craignez-vous ? demanda le sénateur.
- Peureux ou pas, il n'y a pas une trace de Darok vivant ici. Ce n'est pas bon signe.

Les moteurs à fusion du Flamboyant poussaient à pleine capacité et les petits escorteurs ouvraient la voix. Ils s'apprêtaient à entrer dans l'atmosphère iodée de Darok-1. Au bout d'un petit vol atmosphérique, les vaisseaux survolaient les plaines fertiles de la petite planète.

Aucune trace de vie Darok. Les villes semblaient prises dans une jungle indescriptible. Les spatioports semblaient abandonnés depuis des lustres.

- Y'a un truc qui cloche, fit le sénateur en mâchouillant un autre chewing-gum. Barrons-nous, çà ne sent pas bon.
- Pas question, rétorqua Marina. J'ai reçu une mission, et je compte bien l'accomplir. Préparez un atterrissage au point de coordonnée 45-TY-76.
- Je pense que votre idée n'est pas la bonne, mais vous êtes le patron ici.

Le sénateur laissa Marina distribuer ses ordres et songea qu'à défaut de Doeds pointus, il se contenterait bien de croustillants de Réaghi avec une sauce au jus de loyes pour son thé.

Le Flamboyant déploya ses monstrueux bras d'atterrissage de campagne et s'immobilisa en soulevant un immense nuage de poussières. Les escorteurs survolaient la zone, au cas où une force inconnue viendrait à attaquer le vaisseau amiral.

Marina décida d'envoyer quelques éclaireurs afin de se faire une idée plus précise de la situation. Les soldats partirent en gardant un lien radio constant avec leur base arrière. Au bout d'une heure, ils firent un rapport assez inquiétant à leur supérieure.

- Ici le groupe 2. Nous avons exploré la ville 76 de la carte. Pas trace d'être vivants, à part une espèce de jungle envahissante. Nous n'avons pas vu non plus d'animaux. Mais vous devriez venir voir quelque chose.
- Quoi ? Transmettez une image informatique.
- Euh… vous devriez vraiment venir voir. C'est… indescriptible. Je n'ai jamais vu çà.

Marina maugréa mais se dit qu'après tout, c'était son boulot. Elle laissa le sénateur apprécier les mets entreposés dans son coqueron personnel et fila avec une escorte vers les lieux indiqués.

Sur place, elle trouva ses hommes pétrifiés face à un immense mur où était gravé un texte d'une langue totalement inconnue. Les signes ressemblaient vaguement à des glyphes mayas, mais en plus anguleux. Un sous-officier scannait le mur avec un traducteur universel. Il fit une mauvaise moue.

- Le traducteur s'y perd. Il ne reconnait pas la langue, mais renvoie des mots complètement vides de sens.
- Avez-vous vérifié s'il ne s'agissait pas d'une panne matérielle ?
- Non, Amiral. Nous avons même testé trois détecteurs différents. Toujours le même résultat.

Marina s'approcha du détecteur et regarda les mots défiler sans aucun sens cohérent.

cœur vide rouge exode cycle éternel étoile soir délice absent ….

- Qu'est-ce que c'est que ce charabia ?
- Impossible de décoder la moindre chose, amiral.

Marina sentit son pouls s'accélérer, son bras se crisper. Quelque chose, là les observait. Elle se retourna mais ne remarqua rien de spécial. Ses hommes continuèrent à scruter le mur.

Imperceptiblement, une des lettres se mit à bouger légèrement, à l'abri des regards indiscrets puis s'immobilisa. Le traducteur modifia légèrement sa liste incompréhensible de mots.

cœur vide rouge exode cycle éternel étoile soir pirate absent ….