Salut à tous !

J'avais dit à mes lecteurs de mon autre fanfic principale, Le Feu et la glace (sur Fairy Tail), que je ne commencerai pas à publier cette histoire avant de boucler une autre fanfic secondaire, mais voilà, je n'ai pas pu résister. Parce que voilà, en fait, j'ai commencé cette histoire il y a quelques semaines, et j'ai terminé FFXV il y a peu et pour tout vous dire, je suis toujours sous le coup de l'émotion... Alors même si cette histoire n'a pas grand-chose à voir avec le jeu, les personnages, eux, reflètent la manière dont je les ai perçus.

J'ai très envie de vous proposer cette histoire, qui m'a faite replonger dans les affres de l'adolescence. Pour l'instant, je ne sais pas vraiment où je vais, je me suis juste aperçue que les personnages de Final Fantasy XV m'inspiraient beaucoup. Ils m'ont donné envie de raconter cette histoire, un texte plutôt personnel, et qui n'a pas grand-chose en commun avec les fanfics que j'écrivais jusque-là (à part le fait que c'est du yaoi, on ne se refait pas, et je n'en démords pas, les personnages de FFXV s'y prêtent particulièrement bien!).

J'ai un peu le trac à l'heure de publier ce texte, pour tout vous dire. N'hésitez pas à me livrer vos impressions, je me fais toujours un plaisir de vous lire, et je serais très curieuse de savoir ce que vous en pensez.

Enjoy :)


PROLOGUE

Je ne veux pas le savoir. Tout le monde a des excuses, tout le monde a quelque chose à objecter. S'il fallait écouter les gens, s'il fallait essayer de comprendre, on serait propres.

[Antigone, Jean Anouilh]

Insomnia la bien nommée palpitait de la lumière orangée des réverbères, comme autant de lucioles tremblotant dans la brume fine qui noyait la ville.

Noctis se détourna du panorama impressionnant des immeubles et monuments imposants de sa ville natale et se laissa tomber dans le canapé. Dans l'appartement que son père louait pour lui afin de le rapprocher de son lycée, le silence était palpable. La lumière du plafonnier, impitoyable, tombait sur le vaste bazar du séjour. Noctis n'avait même pas le courage de se lever pour aller l'éteindre. Il avait toutes sortes de divertissements à portée de main, mais au lieu de prendre un manga, sa manette de jeu vidéo ou sa tablette, il resta les yeux dans le vide, à attendre que le sommeil veuille bien revendiquer la suprématie sur sa conscience d'adolescent qui palpitait de doutes, de terreurs et de douleurs. Comme chaque soir, il se contenta d'observer les fissures presque invisibles du plafond en priant pour que demain, il se réveille dans une autre vie.

Cette vie ne pouvait pas être la sienne. Cet avenir qu'on lui rappelait sans arrêt ne pouvait être qu'un mirage, une illusion inventée par des adultes bouffis de principes et de certitudes.

Si un quelconque futur existait, alors ce serait loin des certitudes arides, arbitraires et toutes-puissantes, loin des lois qui forçaient les souverains de Lucis à renoncer à leur propre énergie vitale pour le 'bien commun', qui les forçaient à devenir un symbole et à abdiquer leur propre personne.

Noctis disposait de tout ce qu'il voulait. Le luxe, le confort, la sécurité. Mais il aurait donné n'importe quoi pour échanger tout ça contre la liberté. Il n'y avait qu'une seule chose qu'il ne regrettait pas.

Ignis et Gladio.

Ces deux personnes étaient son monde entier. Il savait bien que ses vieux amis auraient donné leur vie pour lui. Mais il savait aussi pourquoi : parce qu'il était le prince héritier. Au fond, est-ce qu'ils l'aimaient vraiment, ou bien est-ce qu'ils aimaient leur devoir ?

Noctis n'avait même pas envie de répondre à cette question. Rien que d'y penser, ça lui donnait la nausée et des envies de sauter par la fenêtre.

Quand il entendit une clef tourner dans la serrure de la portée d'entrée, son premier réflexe fut de jeter un regard paniqué sur les reliefs de repas, bouquins et autres bouteilles de bière vides qui traînaient dans son appartement de lycéen princier.

Il se traita aussitôt d'abruti : quelle importance ? Ce qui comptait, là, tout de suite, c'était plutôt de savoir ce qu'on pouvait bien lui vouloir à cette heure de la soirée.

Il réfléchit à toute vitesse : seuls Gladio et Ignis possédaient la clef de cet appartement.

Cette idée ne fit qu'augmenter sa panique : il allait encore se faire engueuler. Mais merde, c'était pas une heure pour avoir de la visite !

Noctis se rua dans le vestibule, seulement pour faire face à un Ignis échevelé, les lunettes légèrement de travers sur l'arête de son nez fin. Et... qui sentait l'alcool.

Hein ? Ignis qui picole et se pointe à une heure du mat' chez moi ? Je me suis réveillé dans une dimension parallèle, ou quoi ?!

Ignis le regarda de travers derrière le verre de ses lunettes. Il entra maladroitement et referma la porte d'un coup de pied. Noctis se figea : ces manières ne ressemblaient pas à Ignis, toujours en contrôle, toujours raisonnable, toujours poli.

« Ignis ? » tenta-t-il d'une voix timide.

Ce dernier ôta ses lunettes et se massa l'arête du nez.

« Noct... dit-il d'une voix légèrement rauque. Qu'est-ce que tu fiches encore debout ?

— Et qu'est-ce que tu fiches chez moi ?! » répliqua aussitôt le prince.

Ignis hésita. Ses yeux balayèrent le salon derrière eux, sans enregistrer le moindre détail. Il rangea ses lunettes dans la poche avant de sa veste et murmura :

« Je voulais juste... Je ne sais pas trop. Voir si tu allais bien. »

Noctis fixa son aîné.

Voir s'il allait bien ?

« Tu veux dire, voir si j'étais en train de me tuer au travail et venir me rappeler mes devoirs de prince héritier, non ? »

À sa grande surprise, Ignis secoua la tête d'un air las.

« Non... » murmura-t-il.

Noctis ouvrit la bouche pour parler, mais s'aperçut qu'il avait oublié ce qu'il voulait dire.

À cet instant, Ignis l'attrapa par les épaules et le poussa sans ménagement contre le mur.

« Noct... murmura-t-il d'une voix cassée, son visage penché tout près du sien. C'est mon devoir de te protéger. De te donner la meilleure vie possible. J'ai... j'ai peur d'avoir échoué. »

Il baissa les yeux et haleta doucement, comme s'il avait couru dans les escaliers.

Noctis en resta stupéfié. Il ignorait totalement qu'Ignis avait de tels états d'âme.

Puis, il repensa à ces dernières semaines et la honte lui enflamma les joues.

Il avait séché les cours, raté ses derniers contrôles, sauté des repas, avait fait la fête et s'était couché à des heures indues. Bien sûr qu'Ignis se faisait du souci.

La vérité, c'était que Noctis n'allait pas bien, pas bien du tout, mais cela, il n'était pas sûr qu'Ignis le sache.

« Qu'est-ce que tu racontes, Ignis ? balbutia-t-il. Que tu gardes un œil sur moi, d'accord, mais tout ça, c'est pas tes putain de devoirs, et tu le sais très bien ! C'est pas ta faute si je m'entends pas avec mon père... »

Les traits d'Ignis se tendirent sous l'effet d'une souffrance que Noctis ressentit comme une crispation dans ses propres entrailles. Il détestait ça.

« Ignis, reprit-il d'une voix étranglée, je sais que je vous déçois tous, tous les putain de jours de ma vie... Mais s'il te plaît... C'est pas ta faute... »

Sa gorge se noua. Il était surpris par l'intensité de ses propres émotions. Il refusait qu'Ignis endosse le poids de ses échecs personnels.

« C'est pas ta faute, répéta-t-il. Je veux juste... Je ne veux pas succéder à mon père. Rien de ce que tu diras ou feras ne changera jamais rien à ça. Tu ne m'as jamais fait défaut, Ignis. »

Celui-ci prit une inspiration tremblante, puis regarda Noctis dans les yeux.

« Pardonne-moi, Noctis. »

Alors, ses lèvres fondirent sur les siennes. Noctis retint son souffle. Le baiser s'imprima en lettres de feu dans sa conscience, dans son corps d'adolescent. Une chaleur intense et bénéfique le parcourut et avant qu'il ne s'en rende compte, il serra les poings dans le dos d'Ignis, le poussant vers lui. Mais celui-ci recula, s'arrachant brutalement à son étreinte. Noctis chercha son regard, et y trouva une panique qui le contamina aussitôt.

« Quoi ? murmura-t-il. Ignis, qu'est-ce que...

— Je n'aurais jamais dû faire ça, » l'interrompit froidement son mentor.

Il ne poursuivit pas, mais ne s'en alla pas non plus.

Noctis soutint longuement son regard, cherchant dans ses yeux un indice. Ce qu'il venait de faire... était tellement inattendu et en même temps... Ça avait réveillé en Noctis la conscience d'une soif qu'il ignorait avoir. Pendant le bref moment où les lèvres d'Ignis s'étaient posées sur les siennes, sa solitude avait volé en éclats. Pendant quelques secondes, il s'était senti bien. Désiré. Aimé. Il en tremblait encore de tout son corps. Mais Ignis ne bougeait plus. Évidemment, il n'aurait jamais fait ça s'il n'avait pas trop bu ce soir, et s'il n'était pas visiblement aussi déprimé. Ça allait à l'encontre de tout ce qu'il était censé incarner pour Noctis.

Le prince sentit une pointe de colère percer sa poitrine. Ce n'était pas lui qui avait commencé ce jeu-là. Ignis n'aurait peut-être pas dû, c'était vrai. Mais il l'avait fait. Quelles que soient ses raisons. Noctis avait d'ailleurs du mal à croire qu'Ignis le trouve attirant au point de vouloir l'embrasser, mais c'était bien ce qui s'était passé ! Et peu importait si ça bouleversait tout ses repères, si ça changeait absolument tout à la relation qu'ils avaient entretenue jusqu'ici. C'était déjà trop tard. Ignis l'avait embrassé, et Noctis voulait plus. Beaucoup plus.

Le prince attrapa son mentor par le col de la veste et le tira vers lui pour presser ses lèvres contre les siennes. Il ne suffit que de quelques secondes pour qu'il sente sa bouche et son corps et se détendre contre lui, puis ses mains trembler sur ses hanches. Noctis les agrippa et guida ses doigts sur les bords de son t-shirt. Le tissu glissa sur sa peau, dévoilant son abdomen maigre d'adolescent peu désireux de se nourrir correctement, puis son torse noueux, avec les quelques muscles hérités d'un entraînement qu'il négligeait comme tout le reste, ces temps-ci. Il termina le mouvement en faisant passer le vêtement par-dessus ses épaules, puis glissa les mains sous la chemise impeccablement repassée d'Ignis et aventura ses doigts sur sa poitrine lisse, raidie par l'anxiété et le désir. Quand il le sentit de nouveau s'éloigner de lui, il dégagea l'une de ses mains et agrippa la nuque d'Ignis pour rapprocher son visage du sien. Il l'embrassa à pleine bouche, refusant de le laisser se dérober à ce qu'il avait commencé.

Son corps tressaillit de contentement quand il sentit les mains d'Ignis sur ses fesses et sur ses cuisses, désespérées d'explorer son corps, qui palpitait comme si son cœur affleurait sur toutes la surface de son épiderme. Pendant quelques instants suspendus, ils s'étreignirent, s'agrippèrent, s'embrassèrent.

Et de nouveau, Ignis recula.

« Je n'aurais pas dû venir. »

Sa voix vibrait de panique contenue.

Et cette fois encore, Noctis refusa de le laisser lui échapper. Il posa les deux mains sur la poitrine d'Ignis et le poussa violemment. Son aîné heurta le mur opposé du vestibule et y resta tétanisé, les pupilles agrandies par la peur, le désir et la nuit.

Face à lui, Noctis déboucla sa ceinture et laissa son pantalon glisser sur ses hanches. Il observa encore Ignis, constata qu'il ne fuyait toujours pas, puis passa les pouces sous l'élastique de son boxer et le fit descendre le long de ses cuisses. Un moment, il demeura immobile, le souffle court, épinglé par le feu sombre des yeux d'Ignis. Maladroitement, il se baissa pour retirer ses chaussettes et se débarrasser de son pantalon et de ses sous-vêtements qui gisaient sur ses chevilles. Il espéra que ce bref moment d'embarras n'enlèverait pas le feu dans les yeux d'Ignis. Il repoussa ses vêtements d'un coup de pied et regarda de nouveau son aîné, entièrement nu dans la lumière électrique du couloir, livré au regard de son ami et protecteur, qui avait joué à peu près tous les rôles dans sa vie, sauf celui d'amant.

Alors que le regard d'Ignis s'égarait sur son corps, ses yeux se firent plus clairs, mais en même temps, plus vides. Noctis ne parvint pas à soutenir son regard. Il attrapa sa main et l'entraîna dans sa chambre.

Il dut encore se soumettre à une petite session de tue-l'amour, le temps de débarrasser son lit des livres, emballages vides et ustensiles de cuisine qui y traînaient, puis s'allongea sur les draps, une prière dans les yeux. Il observa Ignis, sa grande silhouette qui se découpait dans l'encadrement de la porte, dans la lumière électrique du couloir, son visage invisible dans le contre-jour. Sa chevelure en désordre, sa chemise un peu froissée qui dépassait de son pantalon... C'était tout le contraire de lui... Et en même temps, il se pouvait bien que Noctis ne l'ait jamais vu aussi vrai de sa vie.

Il ne dit rien. Il se contenta de se rehausser sur l'oreiller et d'écarter légèrement les cuisses, une main se promenant sur son ventre, depuis le taillis sombre de ses poils pubiens jusqu'au sommet de l'estomac. Il entendit distinctement un soupir étouffé. Et Noctis s'aperçut qu'il n'en avait plus rien à foutre si c'était de la déception qui perçait dans cette expiration lasse. La nuit autour d'eux était terrible, écrasante, immense. Aucun d'eux n'avait envie de la traverser seul. De cela, Noctis avait la certitude.

« Tout ce qui s'est déjà passé... » murmura-t-il sans même savoir comment il allait terminer sa phrase. « Tout ce qui peut se passer maintenant, tout ce qui se passera demain, Ignis... Je te l'ai déjà pardonné. »

Ignis pencha la tête et Noctis crut voir une larme rouler sur sa joue.

Le prince se leva et alla chercher son autre prince charmant, celui né d'une illusion, celui qui n'existait que pour une seule et unique nuit. Une nouvelle fois, il lui prit la main, et recula doucement, l'entraînant dans son sillage. Quand il sentit l'extrémité du matelas heurter l'intérieur de ses genoux, il s'arrêta et prit Ignis par la taille pour le faire asseoir au bord du lit.

Puis, il tâtonna autour du bouton de son pantalon, mit quelques embarrassantes poignées de secondes à trouver comment le faire céder, puis il tira brutalement sur le tissu. Ignis, presque mécaniquement, se souleva du lit pour que Noctis puisse lui enlever son pantalon. Au bout d'une série de mouvements empruntés et craintifs, le prince finit par réussir à mettre son amant à nu. Ignis le laissa faire, sans bouger. Noctis évita soigneusement son regard pendant toute l'opération. Enfin, il s'agenouilla entre ses cuisses et avala sa verge en entier. Il se força à la retenir au fond de sa bouche en refoulant les hoquets, juste parce qu'il avait tellement envie de montrer à Ignis qu'il lui donnait son consentement, qu'il avait envie de ça, qu'il avait envie de... de lui.

Il sentit ses doigts se refermer dans une étreinte douloureuse sur ses cheveux en bataille, tandis que le bout de sa verge appuyait au fond de sa gorge, mais il se força à continuer. Il ne voulait pas qu'Ignis parte. C'était la seule chose qu'il savait. La seule chose qui importait.

Petit à petit, il se détendit, et ses lèvres, son palais et sa langue apprirent à apprivoiser la queue qui glissait dans sa bouche. Il ne prit même pas garde au filet de salive qui glissa entre ses commissures, gouttant sur les testicules et l'intérieur des cuisses d'Ignis. Il voulait lui donner du plaisir, lui prouver qu'il n'avait pas besoin de se sentir coupable.

Il avait détesté Ignis. Et sous certains aspects, il le détestait toujours. Mais c'était aussi la seule personne qui venait voir ce qu'il devenait dans cet appartement plein de vide, la seule personne qui s'assurait chaque jour qu'il ne s'était pas ouvert les veines dans sa baignoire en marbre. La seule personne qui n'avait jamais renoncé à lui. Qui le supportait même quand il faisait absolument tout pour qu'on le haïsse.

Même si c'était idiot, c'était tout cela qu'il essayait d'exprimer pendant qu'il pompait sa queue, les larmes affluant au coin de ses yeux, à moitié étranglé. Il avait l'intention de continuer jusqu'au bout, jusqu'à la délivrance.

Mais avant que cela n'arrive, Ignis posa deux doigts sous son menton et lui releva la tête. Noctis plongea brièvement son regard dans les yeux de son mentor, qui contenaient à cet instant toutes les ténèbres du monde. Il ne savait comment interpréter ce regard intense, effrayé et triste. Il ne voulait pas voir ce regard. L'appréhension lova ses courbes glacées dans son estomac. Ignis allait le repousser. Il allait certainement être dégoûté par son attitude. Quelqu'un comme lui... ne pourrait jamais supporter quelqu'un comme Noctis.

Mais Ignis se leva et redressa Noctis dans le même mouvement. Il le saisit par la taille et le pressa contre lui. Il posa son menton sur son épaule et le serra jusqu'à l'étouffer. Noctis s'apprêtait à protester quand ses mains se décalèrent plus bas sur son corps tandis que son souffle s'emballait, sifflant dans ses oreilles. Malgré lui, Noctis parla de nouveau :

« Quoi qu'il arrive, Ignis... Je ne pourrai jamais t'en vouloir. »

La voix étouffée d'Ignis vibra contre son cou.

« Noct... »

Le prince arrêta de bouger, incertain. Il n'avait pas la moindre idée de ce qui se passait dans la tête d'Ignis. Il ne voulait juste pas qu'il souffre.

« Tu n'as rien à craindre de moi, dit-il comme s'il avait besoin de s'en convaincre. Ni hier, ni demain, et surtout pas aujourd'hui. Je sais... qu'on est pas censés faire ça. Mais je m'en fous. Laisse-moi cette nuit, Ignis, laisse-moi juste cette nuit. Laisse-moi, une seule fois, être ce que tu as toujours été pour moi... Laisse-moi être ton refuge. »

Les doigts d'Ignis se crispèrent douloureusement sur ses omoplates et Noctis accueillit pleinement la sensation. Il renversa son amant sur le lit et ne lui laissa pas le temps de réagir avant de ramper sur lui pour lui mordre les lèvres. Il glissa une main entre eux et prit leurs verges dans sa main droite pour les presser l'une contre l'autre. Il joua du poignet, se surprenant à gémir en sentant sa queue tressaillir contre celle d'Ignis.

« Ne m'abandonne pas, Ignis... Je sais que c'est cruel de le dire, mais c'est toi qui as commencé. Tu ne peux pas me laisser maintenant, c'est trop tard. »

Il sentit son partenaire parcouru d'un frémissement, et soudain, il se retrouva plaqué le dos sur le matelas, son mentor le surplombant. Ignis s'empara de sa bouche, la fouilla, son bassin pressé contre le sien. Noctis refoula un gémissement qui se perdit entre les lèvres d'Ignis. À moitié fasciné, il explora du bout des doigts la surface du dos de son amant, de la courbe gracile de sa nuque au creux de ses reins, jusqu'à l'affleurement très discret de ses fesses, puis entre ses cuisses, jusqu'à sentir le renflement tiède de ses testicules.

« Noct, dit Ignis d'une voix un peu plus assurée. Il n'y a pas de ticket retour pour ce qu'on est en train de faire.

— Ça m'est égal.

— Est-ce que tu es sûr de savoir ce que tu demandes ? »

Cette question refroidit Noctis.

« Et comment je pourrais ? Je suis vierge. »

Il regretta immédiatement son agressivité quand le visage d'Ignis se froissa.

« Non... Je veux dire... je suis sûr. J'ai juste un peu peur. Parce que je ne l'ai jamais fait. »

Ignis le regarda, impénétrable.

« Je comprends. »

Puis, il se détacha de lui, provoquant un bruit mouillé quand leurs peaux brillantes de sueur se séparèrent.

« Je sais que ce n'est pas le summum du romantisme, mais c'est nécessaire. Attends-moi une seconde. »

Et il se leva et disparut dans le couloir.

Et puis quoi, encore ? Encore l'une de ses obsessions de bien faire les choses ? Noctis enragea pendant qu'il attendait son amant, en sueur, plein de désir et de terreur, entre ses draps d'adolescent.

Ignis revint rapidement avec une bouteille à la main.

« Ça sera plus facile comme ça », expliqua-t-il avec un vague sourire d'excuse. Presque aussitôt, le doute ressurgit dans ses yeux, profond et noir comme une nuit sans lune. Mais Noctis était fatigué de demander.

« Ignis. Est-ce que tu veux faire ça, oui ou non ? »

Le silence bourdonna dans la chambre du prince, et celui-ci sentit à nouveau le regret lui mordre la poitrine. Il décida que les mots ne valaient pas grand-chose pour excuser sa brutalité, et il se leva pour aller serrer son amant dans ses bras. Il caressa le haut de son dos d'une main tremblante.

« Je te l'ai dit : tout est pardonné d'avance. Mais je ne suis pas sûr... De pouvoir supporter que tu m'abandonnes maintenant. J'ai besoin de toi. »

Ignis lui rendit son étreinte.

« Je sais... » murmura-t-il. Sa voix était à peine plus qu'un sanglot.

Noctis recula et prit son visage entre ses mains.

« Ignis. On en a envie tous les deux. Oublie ce que tu crois devoir faire. Oublie tout. Je voudrais seulement... que tu ne voies que moi. »

Ignis posa une main sous son menton et lui releva la tête. Le feu sombre était revenu dans ses yeux.

« C'est le cas, Noctis, dit-il d'une voix basse, vibrante. Je ne vois que toi. »

Le prince se raidit, se laissant envoûter par la musique que ces mots éveillait en lui, hypnotiser par l'intensité brûlante du regard d'Ignis, puis par ses lèvres qui se refermèrent sur les siennes, brusques et avides.

Puis, il rompit le baiser et retourna s'allonger sur son lit.

« T-tourne-toi... » balbutia Ignis en le voyant faire.

Il s'exécuta aussitôt. Il laissa le temps au regard de son amant de dériver sur les courbes et les angles de son corps, frémissant à la simple idée de ces yeux qui se repaissaient de ce qu'ils n'auraient jamais dû voir. Il tressaillit en sentant le matelas s'enfoncer sous les poids d'Ignis, puis quand ses doigts humides et poisseux se glissèrent entre ses fesses. À son tour, le doute l'assaillit : était-ce bien ce qu'il voulait ? Trop tard pour reculer. Tu l'as demandé, tu as presque supplié.

Il sursauta quand il se sentit pénétré. C'était ce qu'il voulait, et pourtant, c'était la sensation la plus étrange qu'il ait jamais expérimentée. D'humeur aventureuse, il laissa les doigts l'explorer, le palper, le cerner. Il se mordit la jointure de l'index, incertain quant à la façon dont il devait qualifier ses sensations. Cependant, il ne fit rien pour arrêter Ignis, pas plus qu'il ne l'encouragea. Il se recueillit en lui-même, seulement attentif à ce qu'il éprouvait, observant ses réactions pour savoir s'il était capable d'encaisser ça. Et il fut presque surpris de découvrir qu'il le pouvait. Et même, qu'il le voulait.

Il ondula du bassin pour frotter sa queue dans les draps moites, déshabillant en lui les réticences et les timidités qui tenaient encore son corps entre leurs doigts froids. Il ne voulait plus rien de tout cela. Tout ce qui lui ordonnait de ne pas céder appartenait au domaine de sa vie quotidienne de prince qui devait bien se tenir. Tout ce qui l'incitait à s'abandonner, au contraire, faisait partie de la vie qu'il espérait pouvoir mener un jour. Même s'il se rendait bien compte que donner sa virginité à son mentor n'était pas une très bonne façon d'aborder ce nouveau chemin. Il ne pouvait plus réfléchir. Plus il sentait avec intensité le contact de ses doigts en lui, plus il se prenait à espérer davantage. Il puisait même un réconfort étrange et un peu malsain à l'idée que c'était Ignis, entre tous, qui le touchait ainsi.

Le fil de ses pensées s'interrompit quand Ignis retira ses doigts et lui attrapa les mains avant de les plaquer sur le matelas. Avec une expertise suspecte, Ignis utilisa seulement son bassin et le bout de sa verge pour trouver l'ouverture étroite et s'enfoncer en lui avec une force qui le fit hoqueter et agripper brutalement les doigts qui enserraient les siens. Le râle qui vibra dans la poitrine d'Ignis pénétra ses côtes tandis qu'il poussait sa queue en lui, écartant des choses dont il ignorait jusque là qu'elles pouvaient être aussi mobiles, aussi plastiques. Il poussa un cri de surprise, de douleur et de choc. Ignis demeura enfoncé en lui, sans bouger, jusqu'à ce que Noctis remonte lentement le bassin pour mieux apprivoiser le contact de sa verge.

« Ignis... » murmura-t-il d'une voix cassée.

Son amant répondit par un lent coup de rein, élargissant et écartelant Noctis, épinglé sur le lit sous lui. Son souffle se bloqua dans sa gorge, puis se relâcha dans une plainte aiguë.

« Noct... Est-ce que ça va ? »

Tellement typique d'Ignis. Noctis passa en revue ses possibilités de réplique, aucune ne lui sembla adéquate. Au lieu de parler, il leva encore le bassin, déterminé à réussir à absorber toute cette queue au fond de ses entrailles. Certes, il ne se sentait pas vraiment à l'aise, et il avait mal. Mais encore une fois, il ne voulait pas qu'Ignis l'abandonne. Il voulait ressentir tout. Il voulait abdiquer son corps comme il était censé abdiquer son âme pour le royaume. Juste pour une nuit. Sentir la personne qu'il respectait et aimait le plus s'emparer de lui, profiter de lui, s'enfoncer en lui jusqu'à en extraire la jouissance ultime. Il serra les dents et joua du bassin jusqu'à ce qu'il entende les soupirs affaiblis qu'il attendait, ceux qui témoignaient de la reddition de son adversaire. Il s'acharna, le bas-ventre en feu.

Et enfin, Ignis abandonna. Il lui mordit l'épaule et oscilla du bassin, le désir impérieux gonflant toutes ses veines, répandant une chaleur que Noctis accueillit avec joie. Ignis se contracta dans son dos, écrasant ses mains dans les siennes. Ses hanches se balancèrent avec violence jusqu'à lui en ôter le souffle, mais une part de lui aima cette brutalité, parce qu'il n'avait besoin que d'une chose : qu'on cesse de le considérer comme une chose précieuse.

L'orgasme d'Ignis lui arracha un cri de douleur. Mais quand il s'immobilisa en lui, la verge dressée dans ses entrailles, un sentiment assez proche de la satisfaction fourmilla le long de ses nerfs. C'était probablement complètement égoïste de sa part. Mais enfin, il avait su retenir le désir de quelqu'un plutôt que son intellect. Et cette personne était Ignis... il avait vaincu Ignis.

Celui-ci se retira avec douceur, mais il arracha quand même un cri assourdi de douleur à Noctis. Le prince roula sur le dos, les jambes écartées, le souffle court. Il garda les yeux fermés. Il ne voulait rien entendre, rien savoir. Juste retenir la palpitation étouffée de l'orgasme de son partenaire qui continuait à agiter ses entrailles.

Mais une minute lui suffit à se sentir forcé d'ouvrir les yeux. Parce que la détresse d'Ignis, il la sentait qui lui prenait à la gorge, désespérante, acide et brûlante.

« Noct... » murmura son amant d'une voix qui fit sombrer son cœur dans sa poitrine. Tu as dit que tu me pardonnerai... Mais je ne crois pas que moi, je pourrai. »

Noctis ravala ses larmes.

« Ok, dit-il d'une voix à peine audible. Dans ce cas, fais-moi une dernière faveur. »

Une question muette emplit le silence.

« Attends demain, reprit Noctis. Accepte-moi cette nuit, cette nuit seulement. Et je serai tien. Cette nuit seulement », répéta-t-il en refoulant le sanglot qui étranglait sa trachée.

Un nouveau silence crispa la nuit, puis la voix d'Ignis s'éleva, chaude et douce.

« D'accord, Noct. Cette nuit seulement. Ce sera toi et moi. »

Noctis se blottit dans ses bras, avide de se lover dans sa chaleur, dans son étreinte protectrice. Ignis le serra doucement contre lui en lui caressant les cheveux.

« Noct... Quand tu as dit que tu avais besoin de moi... Qu'est-ce que tu voulais dire par là ? »

Le prince modifia légèrement sa position, mais ne releva pas la tête. Quand il parla, ce fut d'une voix étouffée, le visage blotti contre la poitrine d'Ignis.

« Je ne sais pas pourquoi tu es venu me trouver ce soir, mais moi... Je me sens seul, Ignis. Terriblement seul. »

Son amant eut un profond soupir.

« Je sais, Noct... je sais. C'est pour ça que je suis venu. Je m'inquiète pour toi, pour ta santé, pour ton éducation, pour tout ça... Mais je m'inquiète aussi pour ton cœur. Je sais que ça ne va pas. »

Alors, les sanglots que Noctis refoulaient depuis des heures, depuis des jours, depuis des mois, se libérèrent enfin. Il pleura longtemps, comme un gamin, pendant qu'Ignis le berçait dans ses bras.

« Je serai toujours là pour toi, dit Ignis d'une voix douce. Quoi qu'il arrive. Quoi qu'il puisse se passer entre nous. Je ne suis pas si dévoué à toi parce que c'est mon devoir, Noct. Je tiens à toi. »

Ces mots d'affection déclenchèrent une nouvelle série de sanglots. Noctis s'accrocha à Ignis de toutes ses forces, comme s'il représentait la seule chose qui l'empêchait de sombrer. Et cette nuit-là, c'était probablement le cas.

Plus tard, quand les sanglots s'apaisèrent, Ignis recommença à l'embrasser. Plus doucement, cette fois, plus profondément. Noctis gémit. Il se sentait totalement vulnérable, mais à la différence de tout à l'heure, il n'avait plus peur. Et Ignis non plus, semblait-il. Demain, il y aurait des centaines de questions, l'incertitude, le regret, peut-être... sans doute. Mais pour l'heure, ils bénéficiaient de l'interlude de la nuit.

Noctis se pressa contre son amant, sentant se réveiller en lui une soif immense, un désir tapis dans son bas-ventre, brutal et exaltant. Une nouvelle plainte franchit ses lèvres moites des baisers d'Ignis quand sa main se referma sur sa queue, à la fois douce et ferme. Ignis commença par le caresser lentement, avivant la sensibilité de ses terminaisons nerveuses, puis il accéléra peu à peu le mouvement, sans cesser de l'embrasser. Noctis s'arracha à sa bouche pour prendre une grande bouffée d'air, le bassin pris dans un étau de plaisir. C'était juste... tellement différent des sensations qu'il éprouvait quand il se masturbait. C'était beaucoup plus intense, et il s'en sentait bizarrement bouleversé. Il enfonça ses ongles dans les biceps d'Ignis. Ses hanches se soulevaient d'elles-mêmes, répondant à chacun des mouvements de son amant.

« Ignis... » murmura-t-il d'une voix perdue, la deuxième syllabe interrompue par les lèvres chaudes de son mentor. Il se laissa aller dans ses bras, il s'autorisa à se perdre dans le plaisir, ses gémissements vibrant dans la bouche d'Ignis. Il se tordit sur les draps, à moitié de tourné vers son amant. Il passa une jambe entre les cuisses d'Ignis, une main posée sur ses fesses. De nouveau, il s'arracha au baiser, le souffle court, et renversa la tête sur l'oreiller. L'orgasme était sur le point d'exploser dans son bas-ventre. Il poussa un cri qui s'étrangla quand son souffle se bloqua dans sa gorge, et la jouissance se libéra enfin, foudroyante. Sa semence lui éclaboussa le ventre et la poitrine et il se figea, submergé par la sensation d'apaisement intense qui fourmillait dans tous ses membres. Les lèvres d'Ignis se posèrent de nouveau sur les siennes, un effleurement plein d'une tendresse presque insupportable.

Il se passa une dizaine de minutes silencieuses, mais cette fois, la détresse avait battu en retraite. L'interlude de la nuit n'était pas encore terminé, il les protégeait encore. Et tous deux avaient le besoin désespéré de s'y abandonner.

Ils se rapprochèrent de nouveau, cédant à une attraction irrésistible. Ils avaient besoin de se toucher, de sentir la présence de l'autre, de se baigner dans sa chaleur, de rechercher le contact de ses mains et de ses lèvres. Ignis bascula par-dessus Noctis, se pressant contre lui, sa bouche écrasant la sienne. Le prince resserra les cuisses sur l'arête de ses hanches, prêt à le recevoir de nouveau en lui. Il n'était pas seulement prêt, réalisa-t-il dans la confusion de ses pensées embrumées par le désir et l'émotion. Il avait besoin de lui, besoin de le sentir en lui.

Ce fut presque plus douloureux que la première fois, mais en revanche, la souffrance s'estompa peu à peu au fil des minutes, parce que Noctis savait à quoi s'attendre et se trouvait plus détendu, plus réceptif. Et parce qu'Ignis le baisait plus doucement, débarrassé de l'anxiété avide qu'il avait montrée plus tôt dans la soirée. Maintenant, il s'enfonçait en lui en savourant chaque instant, chacun de ses coups de reins comme un hommage rendu au corps étendu sous le sien. Noctis haletait, fasciné par la sensation presque autant que par l'idée de se faire pénétrer par cet homme qui avait toujours veillé sur lui, qui avait donné le meilleur de lui-même pour le protéger et le préparer à l'âpreté de l'existence. Noctis éprouvait le désir profond, le besoin de le remercier pour tout ce qu'il avait fait pour lui. Confusément, il sentait que c'était l'une des raisons qui le poussaient à lui ouvrir son corps, à lui donner la clef de son intimité, de ses moments les plus vulnérables.

Il se cambra sur les draps, souleva le bassin, la tête rejetée en arrière. Son corps pulsait et vibrait doucement, ses soupirs s'entremêlaient aux ténèbres. Le plaisir montait en lui par vagues, chaque fois qu'Ignis s'enfonçait en lui.

« Noct... » murmura son aîné, mentor et ami. Sa voix était étrange, oscillant entre la surprise et l'émerveillement.

Le prince sentit son ventre se contracter juste à la tonalité sourde de cette voix. Il agrippa les fesses de son amant et le poussa en lui, laissant échapper un long soupir vibrant. Il était en train de transcender son corps, comme si celui-ci ne lui appartenait plus, tout en éprouvant la sensation bouleversante de ne jamais l'avoir si bien habité, de n'avoir jamais été autant lui-même. Il s'aperçut qu'Ignis ne bougeait pratiquement plus, le laissant trouver son propre rythme, explorer la forme et les dimensions de son désir, sculpter son plaisir. Quelque chose changea en lui, la jouissance se déplaça, contracta ses entrailles. Il ouvrit brusquement les yeux, submergé par une crispation de plaisir si puissante qu'il eut la sensation d'y perdre un morceau de lui-même. Au moment où la jouissance culminait, il accrocha le regard d'Ignis et s'abandonna à lui, se noya dans son feu sombre.


Quand Noctis se réveilla le lendemain, le soleil inondait sa chambre. Sans grande surprise, Ignis était parti. Il chercha son portable à tâtons, puis se rappela qu'il l'avait laissé dans le salon. Il se leva en grognant, le corps raide et douloureux. Il traversa le séjour et repêcha son téléphone dans les tréfonds du canapé. Il alluma l'écran : il était plus de midi. Puis, une odeur sucrée de pâte chaude attira son attention. Il se tourna vers le comptoir de la cuisine américaine et y découvrit une assiette remplie de pancakes. Ses préférés.

À côté de l'assiette, il y avait un mot d'Ignis.

« J'ai appelé le lycée pour t'excuser. Personne ne viendra t'ennuyer aujourd'hui. »

Noctis put pratiquement lire l'hésitation de son mentor dans le blanc entre cette phrase et la suivante.

« Appelle-moi. Ignis. »