Vivre et non survivre

Salut à tous. J'espère que cette histoire vous plaira. Inutile de préciser que tout appartient à JK Rowling, n'est-ce-pas ?

Résumé : La guerre est finie. Harry a survécu, méritant une fois de plus son surnom. Cependant, vivre s'avère plus difficile que de survivre, surtout quand la culpabilité s'y mêle. Mais il n'est pas le seul Snape a lui aussi survécu. Pourront-ils surpasser sept années d'animosité ? Pourront-ils surtout trouver la paix ? Mentor fic.


Le réveil du guerrier.

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Un étrange silence régnait depuis bientôt deux jours entre les murs du château, ou du moins, ce qu'il en restait. Des gravas s'amoncelaient dans quelques couloirs, les pièces étaient ravagées et, en dépit de quelques rayons lunaires qui jouaient à se réfléchir sur les vitres des grandes fenêtres, la vie semblait avoir déserté l'enceinte de Poudlard. Même les tableaux n'avaient jamais été si silencieux.

La guerre avait définitivement pris fin trois jours avant, mêlant larmes et rires, vivants et victimes. Puis les heures avaient défilé en même temps que les journalistes, ceux qui ne voulaient pas croire sans avoir vu de leurs propres yeux, et ceux qui venaient récupérer un enfant, un parent ou ami, sain et sauf avec de la chance ou avec moins de chance… Les blessés avaient été rapatriés à Ste-Mangouste. Le patronus de Kingsley Shacklebolt était apparu de temps en temps pour les tenir informés sur le « nettoyage » du ministère ou sur l'arrestation de quelques mangemorts ou partisants de Voldemort.

La nouvelle s'était ainsi répandue à travers toute l'Angleterre, et tandis que la fête battait son plein aux quatre coins du pays, le silence quant à lui, s'était abattu sur Poudlard.

OOOOO

La démarche encore mal assurée, le teint encore plus pâle que d'ordinaire mais le visage toujours aussi impassible, Severus Snape entra lentement dans l'infirmerie alors que les premières lueurs de l'aube illuminaient la pièce.

Quelques lits avaient été métamorphosés en canapé et étaient majoritairement occupés par des rouquins endormis. Toute la famille Weasley était présente, excepté Fred, dont l'enterrement avait eu lieu la veille. Hermione Granger, les yeux bouffis, dormait, entourée des bras de son petit ami. Neville était lui aussi présent et même Minerva Mcgonagall s'était assoupie dans un fauteuil. La fatigue, la tristesse et l'inquiétude se lisaient sur tous les visages.

Sans se préoccuper plus de ce petit monde, Severus avança jusqu'au fond de la grande salle où des rideaux entouraient un lit. Il observa un long moment ce garçon blême qu'il avait tant honni durant toutes ces années.

Cela faisait cinq jours que Harry Potter avait détruit le plus grand mage noir de tous les temps et cela faisait cinq jours qu'il était inconscient. Il s'était effondré, à bout de forces, quelques secondes après avoir porté le coup fatal à Voldemort et l'inquiétude avait vite étouffé les cris de joie des personnes présentes. S'il n'y avait pas eu ce torse qui se soulevait faiblement, on aurait pu croire que le garçon-qui-avait-survécu avait cessé de l'être pour de bon.

Severus ne savait pas trop ce qu'il ressentait ou plutôt, trop de sentiments contradictoires agissaient en lui : du soulagement, de voir que le garçon n'était pas (encore) mort et qu'il n'avait pas failli à sa promesse de protéger le fils de Lily; de l'appréhension, sachant que Potter connaissait à présent tous ses secrets; de l'irritation, pour avoir montré des signes de faiblesse dans la cabane hurlante, un trou béant dans sa gorge; et une rancœur qu'il ne parvenait pas s'expliquer.

Le plus troublant était qu'il n'arrivait plus, comme avant, à associer le garçon qui reposait paisiblement dans ce lit avec celui de l'adolescent fier de sa célébrité et encore moins avec l'image arrogante de James Potter. C'étaient les mêmes traits mais quelque chose avait changé, au point qu'ils semblaient maintenant totalement différents. Et pour la première fois, il voyait quelques ressemblances avec Lily, outre que les yeux, et cela le dérangeait encore plus.

Perdu dans ses pensées, Severus eut un sursaut lorsqu'il prit conscience de deux émeraudes qui le fixaient.

« Po... Potter ? », bégaya-t-il, ce qui n'était absolument pas dans ses habitudes.

Ne sachant pas comment agir, il ouvrit la bouche pour sortir un de ses habituels sarcasmes sur la paresse de Potter qui daignait enfin ouvrir les yeux, mais la referma aussitôt. Il essaya de se convaincre que sa fatigue en était l'unique cause. Il était toujours convalescent après tout.

« Comment vous sentez-vous ? » dit-il finalement d'une voix neutre.

« Que s'est-il passé ? » demanda Harry dans un faible murmure.

Severus l'examina quelques secondes avant de répondre. Il était visiblement perdu et le désormais ex-espion doutait même que le garçon sache à qui il parlait.

« Vous ne vous en rappelez pas ? Le Seigneur des ténèbres, vous l'avez affronté et vous l'avez vaincu. C'est fini. »

« Oh ! alors… c'était réel… »

Il n'y avait pas la moindre trace de joie ou de soulagement dans la voix d'Harry et Severus n'avait même pas besoin d'user de la légimencie pour savoir ce qui se passait dans la tête du jeune homme. Ils avaient remporté la guerre, le mage noir était vaincu, ils étaient libres. Mais à quel prix ? Au nom de combien de victimes innocentes ? Fred Weasley, Dumbledore, Fol-œil, Lupin, Tonks, Colin Crivey, Dobby… pour ne citer qu'eux. Oui, ils avaient remporté la victoire; mais celle-ci avait un goût amer.

« Comment vous sentez-vous ? » demanda pour la deuxième fois Severus, sortant ainsi Harry de ses sombres réminiscences.

« Heu… fatigué », répondit Harry, la voix toujours aussi faible.

« Je vais prévenir Madame Pomfresh de votre réveil… Essayez de vous reposer, vous êtes encore très faible », déclara le potioniste.

Harry eut à peine le temps d'hocher la tête qu'il s'endormit aussitôt. Severus l'observa encore de longues secondes avant d'aller chercher l'infirmière.

A suivre…