Je sais, j'abuse de publier une nouvelle fic sans avoir publié le dernier chapitre de celle en cours... Je suis dessus, il me prend du temps mais je l'oublie pas hein ! Et comme celui-ci a été écrit depuis un bail, j'avais envie de le poster, pour faire patienter... :)

Chapitre 1

Mais arrête de dire ça ! Je ne suis pas coincé enfin !

Oh si tu l'es.

Mais non !

D'apparence, Tetsu était l'image même du calme en toute circonstance. Le sang-froid personnifié, aurait-on pu dire. Et ce n'était pas tellement faux, disons qu'il était ainsi pour tout ce qui touchait de près ou de loin à son travail... Il en avait toujours été ainsi, même étant jeune, pour la moindre responsabilité qu'il pouvait avoir. Concernant sa vie privée en revanche, moins de monde était au courant car il ne se dévoilait pas non plus à n'importe qui, mais il pouvait être assez différent en fait. Il y avait des choses qu'il ne disait qu'à une poignée de personnes, comme tout le monde finalement... Des traits de caractère aussi, qui surgissaient plus facilement dans l'intimité. Ainsi pour ce qui le touchait lui, plus personnellement, il était moins mesuré parfois. Ou plus facile à toucher, du moins. Peut-être parce que lui tout seul, cela n'impliquait aucune autre responsabilité que la sienne, et aucune autre conséquence que pour lui-même ? Il devait probablement y avoir de ça.

Et pour ne rien arranger, s'il y avait bien une personne capable de le titiller, de le faire réagir, il s'agissait sans aucune doute de Ken. Cela ne ratait jamais. Avec lui, il perdait toujours patience et au final, le guitariste en faisait ce qu'il en voulait. Il le faisait rire même lorsque Tetsu était contrarié, il le faisait parler même quand cela n'allait pas très fort... et il l'agaçait toujours quand cela l'amusait, aussi. Cela avait toujours été ainsi entre eux, et il fallait bien dire que c'était aussi assez réciproque, tout comme la réelle affection et estime qui les liaient depuis leur rencontre, qui commençait à dater un peu... Et voilà que ce jour là, on était clairement dans le troisième cas. Pour une raison inconnue -du moins de Tetsu-, Ken avait décidé de l'embêter. Et une fois de plus, le leader avait réagi au quart de tour. Pas trop fort, car ils étaient quand même attablés à une terrasse de café avec un peu de passage autour, mais il réagissait... Mieux : il s'offusquait même de ce procès comme tombé du ciel sans raison, que son vieil ami semblait vouloir lui faire ici et maintenant... Et ledit ami en remettait même une couche, d'ailleurs :

Mais c'est pas bien grave, tu sais, puisque visiblement tu vis bien comme ça. Je trouve ça juste un peu dommage que de temps en temps, tu ne te laisses pas un peu aller. Ça te ferait du bien, de te lâcher un bon coup !

Mais je ne suis pas comme ça, enfin ! Je sais m'amuser et profiter. A ma manière...

Ta manière est bien différente de la mienne...

De mon point de vue, c'est pas si mal, ça, répliqua Tetsu avec un sourire de défi.

Mais tu sais au fond ce n'est pas si grave, je te le répète. Tu pourrais juste l'admettre, et on recommanderait un café en parlant d'autre chose, vu que les deux loustics ont l'air de vouloir être en retard... ajouta le guitariste après regardé sa montre.

Je n'admettrai rien de ce genre. Depuis qu'on se connaît, tu me vois comme ça. Comme un type bien propre sur lui, bien rangé, bien droit... Je ne suis pas aussi ennuyeux.

Ennuyeux, non, pas du tout. Coincé, ça...

Ce que tu peux être lourd...

Très bien, alors vas-y, fit Ken en souriant franchement. Cites-moi la dernière chose complètement dingue que tu aies faite ?

Complètement dingue ?

Ouais. Ce qui exclue tes excentricités vestimentaires d'un goût douteux. Ça, c'est devenu normal pour toi.

Tu m'énerves, grogna le bassiste en croisant les bras.

Tu pourrais juste l'admettre...

Non, ça me vexe. À t'entendre, je suis un vieux débris qui aime la vie en pantoufles. Je ne suis pas ce genre de gars. Je suis spontané et tout !

Ouais...

Bref. C'est pas grave...

Ce que je n'arrive pas à comprendre là-dedans en fait, ajouta finalement Ken, c'est le pourquoi. C'est vrai : tu es intelligent, doué, pas moche si j'en crois ce qui se raconte... Et tu assumes complètement tes choix de vie, alors...

C'est ta formule polie pour dire « gay » ? souligna Tetsu en baissant d'un ton cependant.

Oui. C'est classe, non ? Répondit-il, visiblement fier de sa trouvaille.

Moui...

Peu importe. Si encore tu en étais encore à la phase où tu essayais de t'accepter, là je comprendrai parfaitement ! Mais tu as dépassé ça depuis super longtemps, on le sait bien. Alors quoi, c'est juste la timidité qui te bloque ?

Que pouvait-il répondre à cela ? Cela nous est tous arrivé au moins une fois dans la vie, d'avoir quelqu'un qui nous fait un procès quelconque sur un sujet, de lui soutenir qu'il se trompe... et tout de même au fond de soi, sans vouloir l'admettre... de savoir qu'il n'avait pas complètement tort. Voire même un peu raison, en fait. Tetsu ne le reconnaîtrait jamais à voix haute bien sûr, et d'ailleurs Ken ne l'agacerait pas autant s'il savait que ce qu'il disait était totalement faux. Mais c'était la fierté qui parlait et Tetsu ne lâcherait pas le morceau là-dessus... En plus il savait comment cela allait finir ! L'agacement et l'orgueil le guideraient encore et il se laisserait emmener sur le terrain de Ken facilement, regrettant par la suite de s'être encore laissé manipuler bêtement par lui... Mais sur le moment, il ne pouvait pas faire marche arrière, surtout que ce qui suivit manqua de le faire suffoquer :

Et puis tu as peur de t'engager, ajouta tranquillement Ken, l'air de rien, alors avec ça, on n'est pas rendus. Tu n'auras pas d'aventure d'un soir parce que « tu n'es pas comme ça » si on t'écoute, et pas de truc plus sérieux parce que le « nous » te file une trouille...

Non mais tu es gonflé de venir me dire ça alors que comme modèle de stabilité, j'ai quand même vu mieux ! Lâcha Tetsu, trouvant hallucinant de recevoir des conseils là-dessus de sa part.

Ah je ne dis pas le contraire. Mais il se trouve que moi, je le vis bien.

J'ai pas peur de m'engager.

Ton nez s'allonge, Pinocchio, s'amusa Ken.

...

Et il boude maintenant.

Bon très bien, céda Tetsu à sa grande joie. Qu'est-ce que je dois faire pour te prouver que tu te trompes sur moi ?

Oh ? Tu es sérieux ? Demanda le guitariste, une lueur peu rassurante dans le regard à cet instant.

Oh oui ! Ça fait si longtemps que j'attends de te rabattre ton caquet !

Très bien... Quand tu y repenseras, souviens-toi bien que tu m'as cherché.

Tais-toi et dis-moi.

Hm... réfléchit-il, très amusé à l'idée de le voir encore perdre ses moyens. Et bien... Puisque tu veux faire le malin... Je propose de te désigner un type, n'importe lequel. Et tu vas y aller.

« Y aller » ?

Tu vas l'appâter. Pour un jour ou pour plus, c'est toi qui vois, dans les deux cas je retirerai ce que j'ai dit. Même si ce serait bien pour toi que ce soit pour plus longtemps, bien entendu.

C'est stupide, fit Tetsu, ne se voyant pas tomber dans un piège aussi grossier.

Déjà ? J'ai rarement gagné aussi rapidement.

Je n'ai pas dit non, fit-il aussitôt, piqué au vif par la remarque. Mais tu oublies quelque chose, toi qui est si brillant.

Quoi donc ?

« Un type, n'importe lequel... ». Réfléchis toi-même.

Comment ç... Oh, je vois ! Comprit Ken. Ah oui bien entendu, si c'est un hétéro, ça ne compte pas, je ne suis pas si mesquin et je ne vais pas te demander l'impossible. Tu auras droit à une seconde chance.

Tellement généreux...

Ca veut dire oui ?

Qu'est-ce que j'obtiens si j'accepte ? Demanda Tetsu avec méfiance, osant à peine croire qu'il allait parier là-dessus juste pour ne pas perdre la face.

Et bien un peu de neuf dans ta vie, déjà, c'est déjà pas si mal. Si ça marche, tu me remercieras. Et puis... Que dirais-tu de cette guitare que j'ai et que tu veux me piquer chaque fois que tu viens chez moi ?

Tu me la donnerais ? S'exclama Tetsu, une lueur de convoitise dans le regard.

Un pari est un pari. Si tu t'en sens capable... le titilla-t-il une fois de plus.

Ce que l'orgueil pouvait être, comme source de motivation... Tetsu en était doté d'une solide dose, il n'allait pas le nier, c'était perdu d'avance. C'était un peu le genre à dire « si, je peux le faire ! » juste parce que quelqu'un venait lui dire qu'il ne pouvait pas faire une chose, ou bien qu'il n'oserait pas. C'était un peu puéril en un sens, mais l'orgueil ne se commande pas. Et dans bien des cas, c'est un moteur puissant Tetsu avait toujours su y puiser de la force pour accomplir des choses difficiles au premier abord... Il était dommage que pour sa vie privée, il ne sache pas se dominer aussi bien. En attendant, Ken jubilait sans retenue, parce qu'il savait que son ami allait capituler d'ici 5, ou à la rigueur 10 secondes peut-être... Et effectivement.

Très bien. C'est idiot, mais si tu peux me foutre la paix avec ça après... Et je vais te prouver ce que je peux faire.

Oh je brûle d'impatience, t'as pas idée, se moqua-t-il.

Et tu me le choisis comment ?

Commençons par le premier qui passe. Pas trop jeune ni trop vieux, je suis dans un jour de bonté. Un type dans tes âges quoi, un brin efféminé pour être sûr...

C'est quoi ce cliché ?

Je plaisante ! S'esclaffa-t-il franchement.

Essaie au moins de m'en trouver un mignon. Tant qu'à faire...

Oh ! S'exclama Ken quelques secondes plus tard.

Quoi ?

Je crois que j'ai ce qu'il te faut.

Déjà ? S'étonna le bassiste.

C'est une terrasse de café, tu sais. Il y a du monde qui passe par ici, justifia Ken, sautillant presque sur sa chaise tant il semblait s'amuser. Et en l'occurrence, celui-là va passer derrière toi d'ici... quelques secondes...

Bon... Et bien allons-y... soupira Tetsu en décroisant les bras. Ce que tu me fais faire, quand même... Je me retourne ?

Salut vous deux ! Vous n'attendez pas depuis trop longtemps ? J'ai eu un mal fou à me garer dans le coin...

Au moment pile où il se retournait pour voir le mystérieux candidat, Tetsu reconnut la voix qui passait derrière lui pour venir se placer sur sa gauche. Hyde se planta sur le côté, à la recherche d'une chaise libre à piquer à une table à côté pour pouvoir se joindre à eux. Tetsu lui rendit son salut innocemment, toujours en chercher du regard quelqu'un qui devait déjà être passé puisqu'il n'y avait plus personne. Et ce ne fut que lorsque son regard croisa à nouveau celui de Ken, franchement hilare, qu'il réalisa presque avec horreur ce à quoi le guitariste pensait précisément à cet instant. Effaré, il le fusilla du regard.

Salut Hyde. Je suis ravi, vraiment ravi de te voir ! Gloussa Ken, qui trouva la coïncidence fabuleuse.

Tu n'y penses pas sérieusement ? S'écria Tetsu en regardant tour à tour Hyde, puis Ken.

Oh que si !

A quoi ? Demanda Hyde.

Mignon... le bon âge... Efféminé... Le pari est lancé, décréta simplement Ken dans un grand sourire.

De quoi ? De quoi tu parles ? Fit Hyde, ne comprenant rien à ce qui se passait ici.

Jamais, grogna Tetsu, moi vivant, jamais...