On a toujours le choix...
Et vous, pourriez-vous donner votre vie pour l'être aimé ?
Un jour normal, comme les autres. C'est ce que ce disait Lucy en allant au travail ce jour là. Sa couette au sommet du crâne remuait à chaque mouvement tandis que dans la rue encore calme au petit matin ses talons résonnaient.
Pourriez-vous sacrifier votre existence pour quelques instants de plus ?
La journée avait avancé à une vitesse folle. Alors qu'elle rejoignait ses amies pour le repas, un frisson la parcourut. Pourtant, elle l'ignora, allant manger sans s'attarder sur cette morbide impression.
Pourriez-vous passer une existence damnée pour le sauver ?
Il était 16 heures lorsque son téléphone sonna. Souriante, la jeune femme décrocha, faisant un signe à sa collègue afin que cette dernière patiente quelques instants.
Pourriez-vous vivre avec ce poid sur la conscience ?
Au fil de la conversation, son sourire se fana tandis que le sang quittait ses joues. Pâle comme un linge elle se leva, titubante, avant de sortir en courant, laissant en plan sa partenaire.
Pourriez-vous vendre votre âme au diable ?
Elle courut à en perdre l'haleine, arrivant finalement devant l'immense bâtiment blanc. Sans perdre une seconde, la blonde s'engouffra à l'intérieur avant de se précipiter à l'accueil.
Pourriez-vous brûler en enfer pour l'amour ?
Blanc. Il était là, allongé sur les draps blancs, de nombreuses perfusions le reliant à ces machines qu'elle haïssait. Le bruit régulier marquant les battements de son cœur lui vrillait les tympans, son propre cœur battant sourdement dans sa poitrine. Faiblement, elle se laissa tomber à genoux, saisissant la main inerte de son amant.
Pourriez-vous accepter un marché machiavélique pour sauver son âme ?
Lucy ne vit même pas le temps passer. Ses larmes s'étaient taries, son visage impassible regardait dans le vide. Elle écoutait le bruit du silence, tranché uniquement par ce son perçant. Le médecin qu'elle avait vue le lui avait dit, terrible sentence éternelle : Il ne passerai pas la nuit. Ses doigts jouaient doucement avec les plus des draps tandis que ses yeux glissaient le long de son corps. Un bête accident. Un ivrogne au volant. Et comme dans ces stupides histoires, comme dans tous ces faits divers dont l'originalité n'était pas le point fort, il s'en sortirait avec quelques sous à payer.
Pourriez-vous passer de l'autre côté de cette rive invisible ?
L'heure des visites étaient largement passée, mais les infirmières n'avait pas le cœur à la mettre dehors. La porte était fermée, personne n'en saurait rien... La jeune blonde regardait le mur blanc, ses yeux rouges se faisant lourd. Posant doucement sa tête aux côtés de son petit ami, elle ferma lentement les paupières avant de sombrer dans un sommeil sans rêves.
Pourriez-vous traverser le styx pour empêcher le destin d'accomplir sa route ?
Il faisait terriblement chaud. L'atmosphère était étouffante, la sueur perlait doucement sur son front, coulant le long de sa joue pour finir sa course sur les draps immaculés. Lucy entrouvrit les yeux, la respiration haletante. Il faisait aussi chaud que dans une fournaise. Elle regarda autour d'elle, curieuse. Pourtant, elle était toujours dans la chambre d'hôpital…
Pourriez-vous aimer la mort pour aimer la vie ?
Le regard de Lucy fit le tour de la petite pièce sombre. Les rayons blafards de la lune renvoyaient d'immenses ombres noires, dans lesquelles luisaient les lumières vacillantes des machines. Un mouvement attira soudainement l'attention de la blonde. Au pied du lit, une ombre massive semblaient veiller, accroupie sur le rebord du lit. En équilibre, elle ne semblait pourtant pas prête à tomber… Elle était apparemment le point culminant, celui qui dégageait ces hautes températures. Tout à coup, elle se mit en mouvement, rampant lentement sur le matelas avant de s'élever dans les airs.
Pourriez-vous marcher dans l'ombre de la Mort ?
Le corps tremblant, Lucy regardait silencieusement cette monstruosité. Un ricanement la sortit alors de sa torpeur. Lentement, dans un bruissement sinistre, un bras apparu à travers l'épaisse ombre noire. Un bras étrangement musclé, entouré d'une vapeur sombre. Alors qu'il s'approchait avec une lenteur calculée, le corps de Lucy agit avant son esprit. Elle s'élança en travers du lit, le bras la traversant comme si elle n'était que fumée. Pourtant, l'étrange chose s'arrêta.
Pourriez-vous tourner le dos à la vie ?
La sueur coulait lentement le long de sa nuque alors que la Mort, qu'elle-même avait reconnue comme telle, la détaillait de ses yeux perçant. Soudainement, elle recula, dans un froissement à peine perceptible. Un bruit sourd fit sursauter la jeune femme alors qu'une lumière orangée accroissait dans la chambre. L'ombre prit alors forme humaine. Une main sur la hanche, la seconde tenait un trident noir, que des flammes rouges venaient lécher de leurs langues brûlantes. Ses pieds ne touchaient pas le sol, posés sur un semblant de tapis enflammé. Un capuchon cachait son visage et tombait au sol, ne faisant qu'un avec les ombres. Lucy le compris soudainement. Ce n'était pas la Mort mais le Diable en personne.
Pourriez-vous perdre votre vie ?
Lentement, il s'approcha de la blonde, sa cape effleurant a peine le sol que les flammes, elles, léchait avidement. Il s'arrêta enfin devant elle. Il pouvait entendre les battements précipités de son cœur, sa respiration haletante, et pouvait clairement voir ses pupilles se dilater sous la terreur qu'il lui inspirait. Il lâcha alors un rire sarcastique avant que sa voix ne s'élève, glaciale comme une mer sans fin.
- Ta vie contre la sienne. Vendras-tu ton âme au diable ?
