Disclamer : Rien n'est à moi hormis peut-être les caractère de Fabian et Gidéon ( et encore ).

Note : Les Prewett sont mes personnages préférés après Charlie et Bill et il y a bien trop peu de fix sur eux donc je contribu. J'espère que ça va vous plaire, moi j'ai pris beaucoup de plaisire à l'écrire :)


« Molly ?...

- Oui ?

- J'ai faim... »

Ma sœur me jette un regard furibond par-dessus son épaule. Regard auquel je réponds par un pauvre sourire que je veux taquin, sans y parvenir.

« Tant pis pour toi. Tu vas attendre, réplique-t-elle d'un ton sec. On ne mange pas tant que Fabian et Arthur ne sont pas revenus.

- Mais les gamins ont déjà mangés eux ! C'est pas juste ! Gémis-je.

- Mais enfin t'as quel âge Gid' ? Ce ne sont que des enfants ! Toi t'as déjà tes 30 ans bien sonnés alors conduit toi un peu en adulte ! »

Je lui adresse un sourire tordu par la peur.

« Quand j'angoisse, il faut que je mange.

- Et bien angoisse donc ! Toi et moi, on ne dîne pas tant qu'on ne sait pas où sont Arthur et Fabian. »

La fin de sa phrase se termine sur une note aiguë et je vois son dos se voûter. Doucement, je me lève de ma chaise et m'approche d'elle. Mon frère et mon beau-frère auraient dut rentrer depuis une bonne demi-heure au moins. Et en temps de guerre, on imagine très vite le pire. Moi aussi je suis inquiet. Terriblement inquiet.

Mais quand je vois le visage de ma sœur, figé par l'angoisse, je suis incapable de lui imposer ma propre peur. Moi je crains pour mon frère. Un peu pour son mari aussi mais surtout pour mon frère je l'avoue. Mais pas elle. Elle qui malgré son statut de petite sœur s'est toujours occupée de nous en prenant le rôle d'une aînée. Elle qui a récemment vu une amie devenir folle sous les coups des doloris. Elle qui a aujourd'hui six enfants à nourrir, bientôt sept. Elle donc, craint pour toute une famille. Non seulement pour notre frère mais aussi pour son mari et ses mômes. Que deviendraient-ils les gosses si leur père mourait ?

Sans exprimer ma propre angoisse, je passe mon bras autour de ses épaules et la sert contre moi. Ainsi, son dos contre mon torse et ses mains sur son ventre qui commence vraiment à devenir énorme, ma sœur fixe la plaine.

« Ne t'inquiète pas Molly. Ils vont bientôt arriver.

- Qu'est-ce que tu en sais ? Me demande-t-elle d'une voix rauque.

- Molly...

- Si ça se trouve, les mangemorts leur ont tendus une embuscade et ils sont en train de se battre, sans qu'on n'en sache rien. »

Elle n'a pas le droit de parler comme ça. Pas elle. Je ne veux pas la voir comme ça. Je veux retrouver la Molly de Poudlard. Celle qui nous aidait à faire des bêtises et même des fois, les organisait. Molly l'insouciante, Molly l'optimiste. Celle qui est là, sous mes yeux, n'est pas la petite sœur qui pensait qu'on pouvait toujours s'en sortir, quelle que soit la situation.

« Arrête... suppliais-je à voix basse.

- Si ça se trouve, ils sont blessés, morts, ou même torturés ! »

Mon cœur manque un battement. Si Molly a dit « torturés » en dernier, c'est parce que quand on voit l'état dans lequel sont Franck et Alice Longdubat, on se dit que finalement, la mort est peut-être préférable aux doloris.

Je ne supporte pas d'entendre Molly parler comme ça. Pourtant, sans rien dire, je la tourne face à moi et la sert plus fort. Nous restons un long moment silencieux avant que, sans aucuns signes précurseurs, ma sœur n'éclate en sanglot. Est-ce les battements désordonnés de mon cœur qui l'ont fait craquer ? Je ne sais pas. Ce que je sais par contre, c'est que l'image de mon frère et d'Arthur torturés à mort s'est imprimée devant mes yeux et m'apparaît maintenant comme la seule explication possible à leur absence.

Petit à petit, Molly se calme puis reprend la parole, d'une voix chevrotante :

« Gid'... Promet moi que tu ne me laisseras jamais sans nouvelles comme ça... »

Je pince les lèvres sans répondre. Au fond d'elle-même, elle sait bien que je ne peux pas lui faire cette promesse. Car je ne pourrais sans doute jamais la tenir, même si j'espère de tout mon cœur le contraire. Seulement, la guerre s'amuse à supprimer tous les espoirs, même les plus ténus. Quand des gens ont plus d'une demi-heure de retard, ça devient une demi-heure pendant laquelle une famille ne respire plus, une demi-heure pendant laquelle les cœurs ne battent plus. Pourtant, cet espoir, je veux le lui donner, le leur donner, à elle et ses enfants. Je veux qu'elle puisse vivre avec eux sans avoir peur de les perdre à chaque instant. C'est en grande partie pour ça que je suis entré dans l'Ordre. Alors, dans un souffle, conscient de mon mensonge et conscient qu'elle sait que je mens, je lui promets.

Nous restons un long moment silencieux à regarder la plaine sans que le moindre mouvement ne nous révèle la présence de notre frère ou d'Arthur quand soudain, une petite voix de gamin retentit dans notre dos :

« Maman ?... »

À ce doux appel, nous nous retournons et regardons Charlie qui, du haut de ses huit ans, nous observe avec circonspection. Rapidement, Molly essuie ses dernières traces de larmes mais mon neveu n'est pas bête. Je sais qu'il les a vus. Ma sœur me laisse ensuite pour s'approcher de son fils et le prendre dans ses bras.

« Qu'est ce qu'il se passe mon chéri ? Tu n'arrives pas à dormir ? »

Tout en s'agrippant a sa mère, Charlie me regarde, scrutateur. Puis, il se frotte le nez et parle à ma sœur, sans me quitter des yeux.

« Ils sont où papa et tonton Fabian ? »

Il n'est pas con ce gosse. Il sait très bien que sa mère va mentir et qu'elle ment bien. Par contre, il sait que moi, je n'y arrive pas. Que je n'aime pas ça. Que je ne sais pas mentir. Et il le voit bien Charlie, que je crève d'inquiétude. Ça se lit sur mon visage.

« Ils vont arriver mon cœur, ne t'en fait pas, répond sa mère. Ils sont juste un peu en retard. »

Il n'a pas l'air convaincu du tout le p'tit gras. Mais il ne dit rien et se contente de poser la tête sur l'épaule de sa mère, sans cesser de me fixer.

« On va aller dormir maintenant mon chéri. Tu fais un bisou à tonton Gid' ? »

De nouveau, Charlie hoche la tête et tend ses bras vers moi. Sa mère me le passe et je l'intercepte, tournant sur moi-même, dans une vaine tentative pour chasser mon angoisse et lui faire croire que tout va bien. Ça échoue sur tous les plans puisque mon angoisse est toujours là, bien ancrée dans ma poitrine et que dès qu'il est de nouveau dos à sa mère, il colle sa bouche contre mon oreille et murmure à toute vitesse :

« Tu viens me voir quand ils sont arrivés. Tu me promets ! »

Apparemment je n'ai pas le choix car Molly a déjà récupérée son fils et se dirige vers les escaliers. Le gamin m'adresse un dernier regard plein de sous-entendus. Si je ne le fais pas, il ne me le pardonnera jamais.

Quand ils ont disparus dans les escaliers, je me rassois doucement à la table et pose ma tête sur mes bras. L'inquiétude m'enveloppe à présent en entier. Qu'est ce qu'ils foutent ? Arthur ne fait même pas partit de l'Ordre ! Peut-être, mais sa présence seule aux côtés de Fabian le désigne comme un ennemis aux yeux des mangemorts.

J'ai beau m'inquiéter pour Fabian, je ne doute pas de sa capacité à se défendre. Mon frère sait se battre. Après tout, nous ne sommes pas considérés comme deux des plus grands sorciers de notre époque pour rien. Par contre, le cas d'Arthur est beaucoup plus préoccupant. Mon beau-frère n'a jamais été doué en duels. Il déteste les combats. Il se battrait bien sûr, mais sans grands espoirs et avec dégoût. Fabian, comme l'idiot valeureux qu'il est, serait bien capable de mourir pour le protéger et dans ce cas, Arthur, comme l'imbécile courageux qu'il est, s'acharnerait jusqu'à la fin sur les assassins de son beau-frère.

En songeant à la possibilité qu'ils soient peut-être déjà morts tous les deux, je pousse un misérable gémissement digne d'un gamin de quatre ans. Heureusement que les mômes dorment et que Molly est en haut. Je ne supporte pas de pleurer devant d'autres personnes. Mais là, je suis tout seul. Alors lentement, une goutte, puis deux, puis toute une fontaine, viennent déborder de mes yeux et couler comme des traîtresses sur mes joues. Qu'est ce qu'ils peuvent bien foutre ?

Je reste bien une dizaine de minutes immobiles quand un craquement sonore retentit dans la cour. Je réagis au quart de tour et sort en courant de la cuisine, baguette à la main. On ne sait jamais.

Je déboule dans le jardin en courant et me précipite vers les deux silhouettes qui se redressent lentement. Sans un mot, le visage fermé, je pointe ma baguette sur mon frère, qui, essoufflé, aide Arthur à remettre debout.

« Qu'est ce qui est rose et qui se balance de liane en liane ? Demandais-je d'une voix rauque.

- Un chewing-gum collé aux fesses de Tarzan. »

Dans un grognement soulagé, j'abaisse ma baguette et me précipite dans les bras de Fabian qui me sert contre lui avec un rire nerveux. Cette blague typiquement moldue ne peut pas être connue des mangemorts. C'est impossible. Et même si on la lui avait arrachée de force, ils n'arriveraient jamais à prononcer le mot « chewing-gum ». Alors je suis rassuré. C'est bien Fabian. J'enlace ensuite Arthur avec force, heureux de le voir entier.

«Qu'est ce qu'il s'est passé ?

- On a été suivit en sortant du ministère, me répond mon beau-frère en perdant le sourire. Ils étaient trois et on ne savait pas quoi faire.

- Alors on les a entraînés vers un coin isolé et on s'est battu, continue Fabian. On ne pouvait pas prendre le risque de les guider jusqu'ici. J'ai dis à Arthur de transplaner pour vous prévenir mais il n'a pas voulu.

- Il était hors de question que je te laisse seul avec trois mangemorts. » réplique vivement le concerné.

Je souris, reconnaissant à Arthur de ne pas avoir obéit à l'ordre de mon frère. Il ne serait sans doute pas revenu vivant autrement. Ou plutôt, il ne serait pas revenu tout court. Il a beau être fort, trois mangemorts, ça fait trop.

« Bref, reprend Fabian. Il nous a fallu un peu de temps pour nous en débarrasser mais nous voilà !

- Fabian Prewett et Arthur Weasley ! »

Avec un grand sourire, mon frère se tourne vers notre jeune sœur qui accoure vers nous. Si j'étais lui, je ne sourirais pas tant. Quand elle ajoute notre nom de famille à notre prénom, ce n'est jamais bon signe, il devrait le savoir. Arthur, lui, l'a bien comprit car il rentre soudainement la tête dans les épaules.

Molly se dirige d'abord sur notre frère et lui donne un violent coup de poing dans l'épaule.

« Hey ! Mais arrête ! J'ai rien fait ! S'écrit-il en bondissant en arrière.

- Vous n'êtes que des idiots ! Réplique-t-elle, folle de rage. Nous laisser comme ça, sans nouvelles, pendant trois quarts d'heure ! Vous ne vous rendez pas compte !

- On avait des mangemorts aux miches ! » Se défend Fabian.

Aussitôt, ce n'est plus de la rage que l'on voit sur le visage de Molly, mais de la profonde terreur.

« Des mangemorts! Mon dieu, vous n'avez rien ?

- Non ça va, ne t'inquiète pas mon cœur, la rassure son mari. Nous ne somme... »

Il n'a pas le temps de finir sa phrase, car ma sœur s'est jetée sur lui et l'embrasse avec passion. Je souris, attendris et me tourne vers mon frère qui marmonne à mi-voix :

« Ouai, moi j'ai les coups, et lui les bisous. J'dis qu'il y'a de la discrimination dans l'air. »

Je lui tapote l'épaule en signe de soutien et sourit à Arthur, encore tout étourdis. Molly, elle, prend la main de Fabian et le traîne vers la maison.

« Venez ! On va manger ! Après je vous ferez du thé. »

Je constate que mon frère sourit, comme moi, comme Arthur, comme Molly. Pas de morts à déclarer ce soir. Nous avons une nuit de répit relatif avant de replonger dans l'angoisse de la guerre.