C'étaient des oiseaux.
Ils pouvaient s'envoler dans les airs, uniques maîtres du ciel de roche du monde souterrain. Ils étaient les seuls à évoluer sous ce dôme, uniques oiseaux de ce ciel perpétuellement sombre.
Grâce à l'équipement tridimensionnel, ils pouvaient se déplacer aussi facilement que ces êtres libres. Le vent, créé par leurs mouvements, qui s'engouffrait dans leurs cheveux, remplissait leurs poumons. Le léger bruit strident, dû au vent et aux mécaniques bien huilées des machines, qui sifflait à leurs oreilles. Et leur cœur, qui battait dans leur poitrine comme un cheval au galop, fou, vivant. Tellement vivant. A tel point qu'il en devenait douloureux.
C'était une liberté qu'ils prenaient, alors qu'ils étaient enchainés au monde souterrain. Celle de voler, de conquérir cette terre inconnue qui se trouvait au dessus de leur tête. Encore plus haut que ce toit, que cette cage de pierre. Un univers entier qu'ils ne connaissaient pas. Alors ils en prenaient un avant-goût, là.
Ils prenaient un tour d'horizon de ce qui pouvait les attendre là-haut. Ils testaient ce que c'était, de voler comme des oiseaux, plus haut que tous les hommes. Les voir se débattre au sol, alors qu'eux évoluaient au dessus d'eux, observant leur silhouette petite, si petite. Presque insignifiante. D'en haut, la vision du monde changeait. Il n'y avait pas de forts, de faibles, de riches, de pauvres, juste une armée de points, une foule de formes.
Mais ce n'était qu'une liberté limitée. Ils étaient les plus libres dans ce monde, mais ce monde était fermé, était clos, était isolé. Ils n'avaient pas l'occasion de voler dans un monde sans ce plafond de pierre. Ils n'avaient que cet air. Ils n'avaient qu'un vent artificiel. Ils n'avaient pas la pleine liberté.
Ils étaient comme des oiseaux, destinés à voler, mais enfermés.
Ils étaient des oiseaux sans ailes.
