« Aoba, tout va bien ? »
Non, ça ne va pas bien. Pas du tout bien. Il avait de nouveau ces maux de tête qui lui vrillaient le crâne depuis de longues minutes maintenant. il se retenait de se prendre la tête entre ses mains et de se masser les tempes. Ile ne pouvait pas prendre ses médicaments pour ne pas inquiéter Kôjaku – ce qui apparemment avait complètement raté -. Il essayait de paraitre normal, mais cela n'avait pas marché. Piteusement, il avait secoué la tête en signe de négation.
Ils étaient tranquillement installés chez le plus jeune, à parler tranquillement de tout et de rien, assis tranquillement sur son lit. Il trouvait ce moment calme très agréable, il ne voulait pas tout gâcher – encore une fois – avec ses problèmes. Mais il finissait toujours, irrémédiablement, à avoir ces fichus maux de tête. Et à vouloir le dissimuler. Et à finir par inquiéter son entourage. Dont Kôjaku. Ses mains s'étaient serrées sur le drap, la tête baissée, dans ses pensées. Sa vue se brouillait un peu. Il commençait à entendre des grésillements désagréables. Il entendit à peine un soupir, et la phrase qui avait suivie. Mais il avait très bien sentit deux mains chaudes encadrer son visage et le relever vers un grand sourire doux et compatissant. Il avait vu les lèvres remuer en un « Aoba » lent. Puis il avait sentit les doigts bouger sur ses tempes en des cercles. C'était apaisant. C'était si apaisant…
Sous le massage, il avait fermé les yeux, appréciant l'attention. Sa tête c'était un peu allégée, mais ce n'était toujours pas ça. En un instant, le coiffeur l'avait deviné. Sans mots, sans gestes. Doucement, il enleva ses doigts du visage du bleuté, le faisant rouvrir les yeux, avant de se faufiler, en demandant à Aoba de ne pas bouger, dans le dos de ce dernier. Il avait tenté de suivre son mouvement en tournant la tête, mais bien vite, à cause de sa tête lourde, un vertige le prit et l'en empêcha. Il sentait la présence de Kôjaku dans son dos, avant que celui-ci ne pose sa main sur son front pour le tirer en arrière. Sa tête se retrouva installée sur son oreiller coincé sur les jambes croisées du plus âgé, et les doigts fins de ce dernier de nouveau à s'afférer sur ses tempes. Au dessus de lui, il souriait doucement, les yeux légèrement plissés. Sur ses lèvres, il devinait un « repose-toi », « tout va bien ». Bercé par tout ça, il commençait à somnoler. Il se sentait bien. Il se sentait si bien…
« Aoba, tu sais que tu peux compter sur moi. Nous sommes amis. Repose-toi sur moi, au lieu de tout endurer seul. »
Il hocha la tête, tout cotonneux.
« Désolé, je parle alors que tu dois te reposer. Bon sommeil, Aoba. »
Et avant qu'il ne s'endorme bel et bien, ses yeux papillonnant de plus en plus, il sentit contre son front une paire de lèvres poser un rapide baiser.
