Auteur : Flammula

Titre : A.F.P

Disclaimers : Tout est à Square Enix...sinon le yaoi qui n'appartient qu'aux fangirls xD Et l'idée est quand même de moi xD

Notes : Le titre de la fic s'expliquera dans le reste de la fic. Sûrement le prochain chapitre d'ailleurs. J'espère que vous aimez les histoires de guerre, de robots et de voyage dans l'espace x3 J'ai beaucoup écouté l'album "Final Fantasy : Voice of the Lifestream" pour écrire. Si ça vous intéresse de voir un peu...

Bonne lecture !


« L'Organisation XIII ?

-C'est ce que je viens de dire...

-C'est quoi ça ? Une secte ?

Le jeune homme soupira longuement avant de baisser les yeux sur sa tasse de café, se demandant s'il n'aurait pas dû prendre quelque chose de plus fort. Le garçon en face de lui le regardait avec une moue sceptique et un sourcil arqué. Il essuyait distraitement un verre à whisky portant le logo de la plus grande fabrique du continent. Ses yeux bleus fixaient son interlocuteur dans l'espoir de le faire céder... pour de plus amples explications, dirons-nous.

-En quelque sorte. On n'a pas beaucoup d'informations. Mais toi qui vois passer du monde, toutes sortes de types louches, si jamais tu entends quelque chose, j'aimerais que tu me préviennes.

-On dit s'il te plaît.

Le jeune homme serra la mâchoire et fronça les sourcils.

-S'il te plaît.

- Évidemment, les infos, ça se paie. fit le garçon avec un immense sourire, exaspérant son interlocuteur qui ne préféra pas répondre, mais qui termina son café, attacha rapidement ses cheveux d'argent en une queue de cheval et enfila son manteau.

Il laissa l'argent sur le comptoir et s'en alla.

-A bientôt. »

Le garçon le salua d'un signe de main, et s'occupa des derniers clients qu'il faudrait bientôt forcer à faire partir du bar. Il suait déjà à l'idée de devoir porter lui-même ces barriques d'alcool jusqu'au dehors parce qu'ils étaient trop soûls pour bouger seuls, comme d'habitude. Il se prendrait encore des coups, très certainement. Mais bon, c'était son lot quotidien, il avait l'habitude, et puis il était plutôt costaud. A part virer les piliers de bar, il avait parfois à faire avec des types qui cherchaient les ennuis à tout le monde, les bagarres étant assez fréquentes, même s'il arrivait en général à les maîtriser rapidement. Dans ce cas là, c'était la gérante du Septième Ciel (c'est ainsi que s'appelait le bar), Tifa, qui y mettait vite un terme. C'était une jeune femme très belle, enjouée et à la voix angélique : son commerce n'aurait pas pu s'appeler autrement. Cela dit, derrière cette apparence trompeuse de jeune femme fragile, c'était une tigresse, et il ne valait mieux pas la chercher. Elle mettait même les gros costauds au tapis.

Riku avait un jour fait le malin face à elle, il l'avait regretté. Elle lui avait mis la raclée de sa vie, et Dieu sait que l'inspecteur était loin d'être un gringalet stupide.

En parlant de Riku...

« Sora ! » appela une jeune fille, Youffie, qui venait vers le comptoir. C'était elle aussi une employée, la seule avec lui-même. Tifa n'avait jamais eu besoin de plus de personnel qu'eux deux, et encore, elle avait sûrement engagé Youffie parce que c'était une amie, et qu'elle avait vraiment besoin d'argent.

Sora leva les yeux vers elle tandis qu'il rangeait les derniers verres. Du coin de l'œil, il vit Tifa qui annonçait aux derniers clients qu'elle allait fermer.

« Qu'est-ce que voulait savoir notre cher policier cette fois ? demanda-t-elle avec un sourire en coin. -T'as déjà entendu parler de l'Organisation XIII ?

Pour toute réponse elle me regarda les yeux mi-clos, avec une bouche en cul de poule. Bien, elle ne savait pas.

-Une nouvelle marque de bâtonnets glacés ? fit-elle en haussant les sourcils.

Sora rit en secouant la tête.

-Ça ressemble pas du tout à un nom de glace ! Qui aurait l'idée d'appeler son produit comme ça ? A vrai dire, il n'était pas très précis, alors je n'en sais pas plus. Il ne voulait rien dire. »

Il haussa les épaules et s'étira, sentant déjà le poids d'une dure journée de travail s'envoler.

Cela dit, vivement qu'il puisse rentrer chez lui.

Mais avant ça, il devrait donner un coup de main à Tifa. Il tourna la tête vers l'entrée, où venait de disparaître leur patronne. Il ne restait déjà personne dans le bar... elle avait fait vite. Youffie regarda dans la même direction que lui. Tifa s'était donc vite débarrassée des squatteurs. Ça n'arrivait pas souvent mais cette nuit serait bénie, car elle s'était donnée la peine de faire le dur boulot elle-même. Elle leur fit signe de la main en revenant de l'extérieur et leur annonça qu'ils pouvaient rentrer, elle s'occupait de fermer pour aujourd'hui.

Sora et Youffie ne perdirent pas de temps, ils récupérèrent leurs affaires et sortirent du Septième Ciel en quatrième vitesse.

« Sois à l'heure demain, Sora! » Entendit-il avant que la porte se referme sur lui.

Il fit la moue. Il entendait ça assez souvent. Ce n'était pas de sa faute s'il lui arrivait toujours quelque chose en chemin... ou s'il se laissait facilement distraire...

Youffie le salua et fonça dans l'une des ruelles qui l'emmenait chez elle. Sora lui répondit évasivement et décida, contrairement à sa collègue, de prendre son temps pour rentrer, et profiter de l'air nocturne.

Il était deux heures du matin et les rues d'Illusiopolis étaient toujours agitées. Beaucoup de gens continuaient leurs allées et venues dans les rues et commerces encore ouverts. La ville ne dormait jamais. Le Septième Ciel fermait à cette heure-là parce qu'il tournait surtout de jour, du fait qu'il faisait restaurant et bar. Ça faisait des journées à rallonge pour ses employés, mais il fallait bien ça pour gagner sa vie. Malgré ça, Sora avait du mal à terminer le mois en mangeant à sa faim. Et puis la situation n'allant pas en s'améliorant, ça deviendrait sans doute de pire en pire.

Enfin bref, à deux heures du matin, il était temps pour lui d'aller dormir.

Sora leva les yeux au ciel. Il ne voyait que le haut des gratte-ciels et la pollution par la lumière artificielle l'empêchait de distinguer les étoiles. La lune elle-même ne se montrait que quelques fois. Le ciel nocturne ne risquait pourtant pas de lui manquer, puisqu'en fait il ne l'avait jamais vu. Mais comme il se l'imaginait, d'après ce qu'il pouvait voir à la télé, sur internet ou dans les livres avec des illustrations, il lui faisait un peu peur. On disait que le ciel était immense, même infini. Certains le décrivaient comme s'ils pouvaient s'y perdre ou s'y noyer. Sora avait toujours pensé que leur description était assez effrayante, il ne voudrait pas s'y perdre sans qu'on puisse venir l'y chercher. Cette impression ne l'avait jamais quitté, et c'est pour cette raison aussi qu'il n'avait jamais regretté de ne pas pouvoir le voir facilement. Aussi avait-il du mal à comprendre tous ces gens qui voyageaient dans l'espace en navigummi avec autant d'indifférence que s'ils étaient en voiture. Cela ne voulait pas dire que Sora n'aimait pas aller dans l'espace, c'était juste qu'il ne pouvait pas rester indifférent. Il préférait tout de même les courses sur la terre ferme.

Pendant sa rêverie, l'odeur de l'air avait un peu changé, et ce fut en respirant les effluves montant du sol, pas tellement agréables, que Sora se rendit compte qu'il ferait le reste du chemin sous la pluie. Il leva de nouveau la tête au ciel et vit arriver les gouttes. Elles commençaient déjà à s'écraser sur le sol autour de lui, et d'autres tombèrent sur son front, sa joue, ses yeux. Il les frotta pour enlever l'eau et se maudit d'être aussi bête. Il commença à courir, n'ayant pas prévu de parapluie avant de partir ce matin.

Les voitures glissaient à toute vitesse au-dessus du sol, leurs essuie-glaces se mettant automatiquement en route. Les grands panneaux lumineux et les affiches publicitaires électriques continuaient de fonctionner malgré l'averse qui s'intensifiait, puisqu'ils ne craignaient pas l'eau. Les machines s'étaient enclenchées et déployaient leurs dômes de plexiglas pour mettre à l'abri les rues exclusivement piétonnes. Les gens, eux, continuaient de marcher dans cette ville à la pointe de la technologie sans s'étonner de ce qu'ils voyaient. L'habitude. Il n'y avait que Sora pour continuer à s'extasier devant tous ces 'gadgets'. Pourtant il avait grandi ici, à Illusiopolis.

La pluie tombait dru et il était trempé jusqu'aux os quand il arriva à son appartement. Il entra la clef électronique dans la serrure, et entendit le bruit caractéristique des robots qui déverrouillaient la porte d'entrée. Sitôt la porte poussée, la lumière se mit automatiquement en marche. Il ferma à double tour et alla se sécher.

Après avoir pris une douche chaude et enfilé des vêtements secs, il déplia son lit, et, avant de se coucher, observa une dernière fois les lumières de la ville. Il ne pensait à rien de particulier. Simplement, peut-être, à cette sensation d'ennui qui le poursuivait depuis quelque temps maintenant. Un poids lourd dans la poitrine, une lassitude exaspérante, d'autant plus qu'il ne la comprenait pas. Il soupira, appuya sur un bouton qui ferma les panneaux qui recouvraient les vitres et se plongea sous ses couvertures.

Sora n'avait pas toujours été seul dans cet appartement. Mais cela faisait déjà un moment que Kairi était partie vivre sur l'Ile du Destin, très loin d'ici. Elle avait préféré mettre fin à leur relation plutôt que de rester vivre à Illusiopolis. Sora en avait eu le cœur brisé. Ils étaient restés amis pourtant, et avaient échangé des messages de temps à autre, même si cela le rendait encore plus triste. Finalement il avait décidé de laisser tomber, et c'en fut fini de cette amitié. A présent, plus aucune lettre ne voyageait depuis l'autre bout de la galaxie. S'ils avaient été plus rapprochés, si les voyages en navigummi n'avaient pas été si chers, peut-être en aurait-il été autrement.

Il aurait pu éventuellement la suivre, mais lui aussi avait choisi de jouer la carte de l'égoïsme et avait opté pour la solution de séparation. Il avait préféré rester, s'accrocher à ses rêves plutôt qu'à leur histoire.

Sa place était dans la grande métropole, là où il pouvait exercer sa passion, nourrir ses ambitions et réaliser ses rêves. Ce qu'il voulait plus que tout, c'était participer aux courses.

Aux courses de navigummi.

Les vaisseaux les plus sophistiqués étaient là, les plus grands mentors étaient là, les pilotes les plus doués. Il n'avait aucun avenir ailleurs : seul Illusiopolis lui offrait la possibilité d'atteindre son but. Pour commencer, il n'aurait jamais trouvé un travail qui le payait aussi bien ailleurs -même si vraiment, c'était encore bien peu- et il avait besoin de bien en gagner car il mettait beaucoup de côté pour acheter un jour le meilleur vaisseau conçu et vraiment commencer les courses.

Kairi n'avait jamais compris, c'était dommage.

Sora avait eu du mal à se faire à cette idée, mais il avait dû se résoudre à une vie sans elle. En fait, il avait toujours du mal. Voilà six mois qu'elle était partie, et il sentait encore le poids de son absence sur son cœur. Trouver quelqu'un d'autre ne pressait pas. Et il lui faudrait cette fois une personne capable de le comprendre. Avec un peu de chance, ils suivraient un parcours commun, et pourraient s'entre-aider. Il savait bien que c'était un peu idéaliste, et aussi, il ne voudrait pas tomber amoureux de sa concurrence directe, mais enfin, il imaginait que dans tous les cas, ce serait mieux pour lui et sa future compagne. De toute façon, c'était seulement dans l'hypothèse qu'ils n'auraient pas des centres d'intérêts totalement différents.

Ce genre de réflexions, Sora se le faisait souvent alors qu'il rentrait du Septième Ciel et tentait de s'endormir. Tentait, car le sommeil rechignait tout le temps à pointer le bout de son nez, même quand il était épuisé.

Le jeune homme soupira et décida de se lever. Peut-être que le sommeil viendrait s'il le trompait, en lui faisant croire qu'il ne le cherchait plus. Morphée se montrait certainement contrariant par principe. Il mettait ainsi son esprit de contradiction à l'épreuve. Ça fonctionnait parfois, d'autres fois, il passait des nuits blanches. La solitude le travaillait sans doute un peu trop.

Il s'assit sur son lit et attrapa le contrôleur qui traînait à ses pieds. Il mit ensuite en marche le petit écran qui s'alluma sur la chaîne préprogrammée -la seule que Sora regardait en fait- qui était celle des courses de vaisseaux. Des versions améliorées de navigummi filaient sur l'écran, laissant sur certaines prises de vue à peine le temps à la caméra d'enregistrer leur passage.

Le commentateur louait la 'conduite exceptionnelle' de Cid Highwind et sa parfaite maîtrise du Shera, son module.

Sora sourit en voyant le vaisseau s'enfiler dans un passage étroit et semer ses adversaires en faisant s'écraser contre une paroi, parmi les obstacles, les drones qui le collaient de trop près.

Quand Cid Highwind était en course, les organisateurs se mordraient les doigts en pensant à la facture qu'ils auraient à payer pour tous ces drones, s'ils ne détenaient pas la poule aux œufs d'or -nommée Cid- : ce n'était qu'un investissement au final.

Ce pilote fascinait même ceux qui ne s'intéressaient pas à ce sport : quand il participait aux courses, les gradins étaient toujours bondés, l'audimat toujours au plus fort.

Sora regardait les rediffusions des courses parce qu'il travaillait presque chaque fois qu'il y en avait. Mais même lorsqu'il avait été sur place, ou devant sa télé lors des directs, il appréciait de revoir les actions, etc. Le jeune homme tendit le bras pour attraper son téléphone qui n'était pas très loin... quelque part sous le lit... puis il composa un numéro qu'il connaissait par cœur à force de le faire.

On décrocha très vite.

« Sora, est-ce que dormir est un concept qui t'échappe ? »

Il rit et on lui répondit par un soupir à l'autre bout du fil.

« Léon, je sais très bien que tu ne dormais pas toi non plus.

-Qu'est-ce que tu crois ? Je suis humain, je te rappelle.

-Tu as vu la course de Cid ?

-Tu sais bien que j'étais à l'atelier, et débordé.

-Bien sûr. Et c'est d'ailleurs pour cette raison que je sais que tu es aussi devant la rediff'.

Sora entendit un soupir, mais il lui sembla que c'était un rire camouflé...très léonesque.

Léon était un vieil ami... Enfin, vieil... Sora avait fait sa connaissance sept ans auparavant, lorsqu'il avait été à l'atelier Gummi de Cid pour lui demander de le prendre comme apprenti coureur. Cid avait refusé. Il ne comptait pas enseigner à qui que ce soit à piloter, et il avait déjà quelqu'un pour l'aider niveau mécanique. Ce quelqu'un était Léon, arrivé depuis peu mais assez doué pour que Cid n'ait aucune envie de s'en séparer. Le pilote avait même avoué un jour que c'était lui-même qui avait demandé à Léon de rester. Quelqu'un qui connaissait aussi bien la mécanique que l'électronique et la robotique, Cid l'avait gardé. Pourquoi le jeune homme n'avait pas cherché à avoir un job plus important ? C'était un mystère.

Sora avait longtemps insisté, même harcelé Cid, mais rien à faire.

Au final, il s'était retrouvé à l'école « Gummi College » et avait appris comme tout le monde. Pour lui, apprendre auprès d'un maître aurait été idéal et bien plus utile que l'école mais bon. (ndla : non, je travaille pas pour le gouvernement et je fais pas de pub pour l'apprentissage, même si ça y ressemble xD) Il n'avait pas obtenu son apprentissage, mais au moins l'amitié de Cid. Et en particulier celle de Léon.

L'homme ne manquait jamais une course. Il travaillait avec Cid à l'amélioration de son engin et il avait besoin de voir les courses pour évoluer. C'était au moins la raison officielle qu'il donnait. Celle cachée étant qu'il adorait voir Cid courir, même s'il ne l'admettait pas devant la personne concernée.

-Kairi est encore responsable de ton insomnie ?

-Tu as des nouvelles idée pour améliorer Shera, alors ?

-J'imagine que ça veut dire oui...

-Regarde ça ! Il est fantastique, c'était une manœuvre parfaite ! Dit Sora en continuant de garder le sujet « Kairi » éloigné, et Léon dut s'y résoudre.

-Il se fait vieux.

-Quoi ? Il n'y a rien à redire sur son mouvement.

-Au contraire. Ouvre les yeux : il devient trop vieux pour la compétition et il en a conscience. Il a perdu confiance en ses capacités, ses actions sont hésitantes.

-Je... Je n'ai rien vu.

-Ouvre les yeux.

Il lui disait souvent ça : 'ouvre les yeux.', mais Sora voyait rarement où il voulait en venir, et ça le frustrait. S'il voulait lui aussi devenir un pilote hors pair, il devrait voir les choses sous le même angle que Léon. Obtenir le même sens de l'observation. Il n'apprendrait jamais rien, même en regardant toutes les courses s'il était incapable de voir ce genre d'erreurs.

-Je ne vois jamais ses erreurs, comment je pourrais apprendre et devenir moi aussi un bon pilote ?

-Peut-être que tu l'idéalises un peu trop.

Léon n'ajouta rien, et Sora n'osa pas lui demander de s'expliquer, il avait peur d'avoir l'air encore plus bête. C'était parce qu'il s'agissait de son idole, alors Sora n'arrivait pas à observer les courses de manière objective ? Ça lui ferait donc manquer des erreurs... « Ce n'est pas de l'hésitation, il calcule tout », c'était ce que son inconscient devait dire.

-Pourquoi est-ce que tu ne prends pas la relève ?

-Je ne pilote pas, je répare.

-Pourquoi Cid ne veut pas enseigner à un plus jeune qui pourrait suivre ses traces ?

-C'est une longue histoire, Sora. Il a ses raisons.

Sora soupira, et tandis qu'il regardait les navigummis défiler sur le circuit et affronter les drones programmés pour les ralentir, il sentit la langueur du sommeil s'abattre sur sa tête et alourdir ses paupières.

-Cid a gagné haut la main, un drone a détruit l'aile droite du Shera. Tu ferais mieux d'aller dormir et de pas attendre la fin.

-Oui...de toute façon tu viens d'me spoiler, je vais pas insister...tu as déjà vu la course ?

-Non, idiot. Je te rappelle que c'est moi qui répare. Et j'ai passé la nuit dessus pendant qu'il se faisait soigner.

-Ah, évidemment. J'aimerais voir comment il a rattrapé le navigummi et je vais au lit. »

Il y eut un silence. Léon soupira : il venait de dire à Sora de ne pas attendre la fin, et si Cid avait gagné malgré son accident, c'est que cela s'était passé près de la ligne d'arrivée. Le vieux était doué, mais pas au point de réussir à rouler presque toute une course avec un engin à moitié détruit. Il n'insista cependant pas, Sora était fatigué puisqu'il ne comprenait plus rien, il s'endormirait sans même le vouloir. Le plus âgé souhaita une bonne nuit à son ami qui lui répondit avant de raccrocher.

Et Léon avait eu raison, Sora ne vit ni l'incident, ni la fin, parce qu'il sombra dans un sommeil profond. Ne détectant plus aucun mouvement, la maison éteignit tout appareil électronique qui fonctionnait.

Il se réveilla le lendemain au bruit que faisait sa voisine de palier. Il ouvrit un œil et soupira. Huit heure et demie du matin, il n'avait pas assez d'heures de sommeil et savait très bien qu'il n'arriverait pourtant pas à se rendormir. Aerith Gainsborough était une jeune femme incroyablement douce et gentille, délicate. Mais quand il s'agissait de se réveiller, c'était une autre histoire. Elle avait le réveil dur et lorsqu'elle se rendait compte qu'elle était en retard au travail, elle se mettait presque à retourner son appartement pour se préparer. Sora se réveillait avec elle presque à chaque fois. Et lorsqu'il la croisait, plus tard, il se demandait comment elle pouvait réussir à remuer autant et être aussi bruyante, car cela ne correspondait absolument pas à son caractère.

Les gens ont toujours de drôles de secrets, cachés derrière leur masque social.

En un bond, Sora sortit de son lit, frissonna quand l'air froid put atteindre son corps sorti de son doux abri de couvertures. Tiens... d'ailleurs il ne se rappelait pas s'être réinstallé confortablement sous sa couette avant de s'endormir. Encore un acte somnambule ? Mais peu importait.

Il se dirigea vers sa mini cuisine et mit la bouilloire en route. Il sortit les petits pains qui lui restaient, un sachet de thé et une tasse-thermos. En très peu de temps, un semblant de petit déjeuner fut prêt et il attrapa le tout pour ensuite glisser en quelques secondes vers sa porte d'entrée, la déverrouilla et fit deux pas dans le couloir pour tendre la nourriture à sa voisine qui sortait de chez elle pile à ce moment. Sora la salua avec un immense sourire.

« Bonjour Aerith, bonne journée et ne te fatigue pas trop au travail.

-Sora ! … Merci. »

Elle prit le petit-déjeuner que lui donnait son voisin, le remerciant encore chaleureusement, les joues roses de gêne mais aussi de gratitude.

Tout ce bazar qu'elle faisait en se levant, et il n'y avait jamais une minute consacrée pour avaler un morceau. Quand Sora s'en était aperçu, il avait décidé de donner un petit coup de main à la jeune femme et lui préparait systématiquement de quoi manger. Elle était toujours très surprise, et ne manquait jamais de le remercier en l'invitant à manger de temps à autre. Sora n'attendait rien en retour, il faisait cela juste parce qu'il appréciait vraiment Aerith. C'était devenu une amie après tout. Seulement, elle voulait toujours lui rendre la pareille, elle était toujours tellement surprise de le trouver sur le pallier à lui tendre de quoi manger un peu, alors que c'était devenu une habitude (cela dit, elle n'était pas non plus en retard tous les matins).

Une chose de bien avec Aerith était qu'au moins, elle ne s'habituait pas aux gestes de bonté et était toujours reconnaissante ; sans jamais finir par trouver ça normal ou allant de soi, et ainsi devenir ingrate.

Sora la regarda partir avec un sourire puis rentra chez lui. Alors qu'il se préparait son propre petit-déjeuner, il étouffa un bâillement et se dit que s'il voulait vraiment rendre service à sa voisine et à ses heures de sommeil, il devrait plutôt trouver un réveil matin plus efficace et lui offrir.

C'était curieux, quand il y repensait : il n'avait aucun point commun avec elle, et pourtant ils avaient réussi à se lier d'amitié. Enfin, aucun point commun, excepté le fait qu'ils habitaient dans le même immeuble, au même étage.

Elle était biologiste, spécialisée dans la génétique ainsi que dans la création de potions et remèdes à base de plantes cueillies sur un tas de planètes différentes. Et elle en connaissait un rayon dans son métier. Elle n'était pas spécialement fan des courses de navigummi, et encore moins des tournois du Colisée (que Sora appréciait tout de même beaucoup). Quitte à suivre un sport, elle préférait encore le Blitzball, mais à vrai dire, ils pouvaient rarement en parler, parce que tous les deux ne suivaient pas assez les matchs.

Bah, Sora n'allait pas demander à une fille de se passionner pour ce genre de choses. Oui, exactement, c'était une vision... plutôt misogyne. Pourtant, c'était vrai, non ? Les filles ne s'intéressaient que rarement à ce genre de sport... un peu trop violent peut-être ?

Et voilà, dit comme ça, Sora passait pour une brute. Alors qu'il était vraiment loin de l'être. C'était encore l'effet d'une confrontation avec une fille. Surtout lorsqu'elle était délicate comme Aerith. Face à elle, on avait toujours l'air d'un rustre, alors que vraiment, Sora était même plutôt... bah... non... rien.

C'était un homme, un vrai.

Youffie serait dans sa tête à entendre ce genre de pensée, elle éclaterait de rire et se ferait plaisir en lui broyant le bras de lui demander s'il n'avait oublié de grandir un peu, histoire d'être un peu plus viril et musclé.

Disons qu'il était plutôt du genre crevette, et à vingt ans, ça devenait dur à vivre.

Il vendrait sa mère pour avoir un physique comme celui de Léon. (Même si ce serait dur pour lui de la vendre puisqu'elle était morte depuis longtemps. Qu'est-ce que c'était que cette expression, d'ailleurs ?) c'est vrai quoi, personne ne vous prenait au sérieux si on vous confondait avec votre sœur. Enfin bon, il n'avait quand même pas été confondu avec sa sœur... sûrement parce que la coupe de cheveux empêchait la confusion.

Bon sang, c'était déprimant.

Sora mit de côté ses pensées plutôt négatives, ce n'était pas dans ses habitudes de se morfondre ou de trop se plaindre, même intérieurement. Et tout seul. Enfin bref. Il décida de sortir de son appartement trop petit, puisqu'il ne pouvait plus dormir, et d'aller rendre visite à Léon et Cid. Surtout Cid. Il arriverait bien l'attendrir un peu aujourd'hui aussi pour essayer de piloter pendant une ou deux heures avant d'aller travailler.

Il ne fallait jamais bien longtemps pour aller d'un endroit à l'autre dans Illusiopolis, les transports en commun étaient plutôt rapides, qu'il s'agisse de voies souterraines ou extérieures. Mais Sora les utilisait le moins possible, il avait horreur de ça : trop de monde, trop de vitesse et trop de pression. Les gens se bousculaient, étaient désagréables envers les autres et le plus triste, c'est qu'on pouvait les comprendre et leur donner raison, parce qu'on savait très bien qu'ils réagissaient mal quand on empiétait sur leur espace vital, qu'on les collait à des inconnus et qu'on les faisait suffoquer dans des boîtes de métal toujours trop petites pour le nombre de gens qu'elles étaient censées contenir. De jour comme de nuit, il y avait toujours beaucoup de monde, et pendant les heures de pointe, c'était pire que tout. A ce qu'il paraît, ça avait toujours été comme ça, depuis la création des transports en commun, et si les moteurs et les conteneurs avaient évolués, les intérieurs aussi, on ne pourrait jamais rien changer au nombre de personnes qui les empruntait. Et vraiment, le plus dérangeant, c'était d'être à peine capable de respirer au milieu de tout ce monde. Surtout quand certains sentaient atrocement la transpiration, ou quand trois ou quatre mégères étaient regroupées, toutes parfumées pour être senties à des kilomètres à la ronde. Les différents parfums mélangés, vous donnait un cocktail indigeste et très efficace pour vous asphyxier. Et pour rester dans la poésie du moment, il arrivait parfois que des gros dégueulasses ne soient pas capables de se retenir et embaument le véhicule de leur parfum intestinal, si délicat.

Alors non merci, Sora pouvait s'en passer. Il marchait le plus possible, et en s'y prenant bien, il pouvait aussi aller très vite. Il avait également un F-board* qui lui permettait de se déplacer rapidement, en zigzaguant entre les voitures ou même entre les passants. Comme tous les autres véhicules, sa planche glissait au-dessus du sol et rien ne la raccrochait pour le ralentir. Et puis, il l'avait un peu trafiquée pour qu'elle soit plus performante. Entre ce qu'il avait pu récupérer à l'école et ce qu'il avait pu acheter à petit prix à l'atelier de Cid, il avait réussi à en faire un exemplaire unique. La meilleure de tout Illusiopolis, c'était sûr. Ça ne valait pas un Gummi mais c'était tout de même quelque chose.

C'était d'ailleurs ce dernier moyen de transport qu'il utilisait pour se rendre à l'atelier de Cid, qui se trouvait en retrait du centre ville, près de l'immense circuit de courses de navigummis. C'était assez éloigné de chez Sora, mais pas assez pour qu'il monte dans ces trains qui glissaient sur un seul rail, pendus dans les airs au-dessus de la ville, ou qu'il s'enfonce sous terre, il aimait la lumière du jour, merci.

Après s'être préparé pour la journée, il attrapa son F-Board et sortit de son appartement.

Les rues étaient aussi animées que lorsqu'il avait quitté Le Septième Ciel cette nuit. Il y avait seulement les enfants et ados qui se rajoutaient au décor.

Sora ne perdit pas de temps et mit sa planche sur le sol. Il démarra lentement, le temps de s'écarter un peu des trottoirs les plus fréquentés, et rejoignit son itinéraire favori : les petites rues que personne n'empruntait parce qu'elles serpentaient à travers la ville, en formant un dédale où il était facile de se perdre, même avec un bon sens de l'orientation. Le moyen le plus efficace de s'en sortir était de les connaître par cœur. Ça avait été le but de Sora pendant quelques semaines. Il s'y était perdu plus d'une fois, mais à présent, ce labyrinthe ou son appartement, c'était à peu près la même chose. (Oui, on peut également comprendre que son appartement était loin d'être bien rangé, mais qu'il arrivait quand même se retrouver dans son bazar.)

Les rues bondées laissées derrière lui, un sourire en coin se dessina sur ses lèvres. Oh oui, il allait se faire plaisir. Il descendit sur son nez les lunettes qui étaient jusqu'à présent posées sur sa tête : à la vitesse où il irait, il valait mieux ne pas risquer de se prendre une poussière dans les yeux. Il positionna correctement ses pieds, plia les genoux, et au coup de talon répondirent ses machines faites-maison qui le propulsèrent dans l'une des rues étroites qu'il aimait tant.

Son champ de vision se réduisit considérablement, les obstacles arrivaient incroyablement vite, et s'il n'avait pas si souvent le souffle coupé par la vitesse, il rirait à gorge déployée. Il slalomait, passait dessus, dessous, filait sur les murs comme il n'aurait jamais pu le faire en allant plus lentement, prenait des virages secs en ralentissant à peine. Sa course effrénée effraya le peu de passants qu'il croisa, renversa quelques poubelles, pancartes de publicité et autre affiches de commerçants pour la plupart habitués et qui juraient pour la forme. Dans ces moments-là, Sora était trop emporté par le plaisir que lui procurait la vitesse pour se soucier de ces pauvres âmes qui se trouvaient sur son chemin. Tant qu'il ne blessait personne, il n'y avait pas de quoi s'en faire.

Il lui fallut un quart d'heure pour arriver au circuit de courses Gummi. Il s'arrêta avec un dérapage qui déplaça assez d'air pour faire s'envoler un groupe de Mogs au complet (Ils étaient sur un chantier de rénovation). Plusieurs « kupo » d'indignation et excuses (de la part de Sora) plus tard, le jeune homme passa le portail principal, son F-Board de nouveau sous le bras.

Il traversa la grande cour qui précédait l'entrée du circuit, mais au lieu de passer par la grande porte -qui était de toute façon fermée- il se dirigea vers l'atelier ouvert. Une pancarte moderne et clignotante indiquait « Gummi Shop ». Sora passa entre les bolides qui se trouvaient là pour être réparés -complets ou en pièces détachées. La porte coulissante d'un grand garage était ouverte et il jeta un coup d'œil dans l'atelier à l'intérieur. Des blocs Gummi étaient entassés ici et là, ainsi que des outils, et le vaisseau que Cid avait utilisé pour la course de la veille trônait fièrement au milieu de la salle. Contre le mur du fond, s'étalait l'ordinateur, et tout un tas de systèmes électroniques. Dans un coin, sur une petite table, était posé un petit déjeuner encore fumant qui témoignait de la présence d'un des deux mécanos. Sora posa sa planche contre un mur et s'avança près du Shera.

Léon sortit comme un diable de sa boîte, de la cabine du pilote, et Sora eut si peur qu'il eut du mal à se retenir de crier.

« Bon sang, Léon ! Quelle frousse !

-Salut, Sora. Désolé.

Léon eut un micro sourire qui n'échappa pourtant pas au jeune homme. Désolé ? Sora était persuadé que son ami avait adoré le faire sursauter. Qu'il l'ait fait exprès ne le surprendrait même pas. Mais le Léon était comme ça, il préférait jouer l'innocent.

-Qu'est-ce qui t'amène ?

-J'avais juste envie de te rendre visite, répondit Sora avec un sourire candide.

-Comme toujours, fit Léon sur un ton sceptique, en descendant du Gummi.

Il jeta un dernier coup d'œil global et se dirigea vers sa tasse de café chaud.

-Alors tu viens de terminer les réparations ?

-Oui, je me suis levé tôt pour ajuster quelques derniers détails.

-Oh, tu as dormi quoi ? Trois heures ? Demanda Sora en fronçant le nez. Léon laissa échapper un léger rire en voyant sa grimace.

-Cid est comme ça, un peu exigeant.

-Un peu..., Fit Sora en haussant un sourcil. Donc..., ajouta-t-il avec un sourire qui aurait fait le tour de sa tête. Tu vas le tester à présent, non ?

Léon plissa légèrement les yeux, sachant déjà ce qu'allait lui demander le garçon. Il ne répondit pas, mais but une gorgée de sa boisson, mordit dans son croissant. Sora était patient, cela dit, et il attendit en le fixant, sans jamais cligner des yeux. Léon eut un soupir exaspéré.

-Je vais le tester, oui.

-Oh, Léon, laisse-moi piloter le Shera, Cid m'a déjà laissé faire. Et cette fois, ce serait pour une bonne cause, pour vérifier si tout fonctionne bien.

-Justement, vu l'accident d'hier, je préfère vérifier moi-même s'il fonctionne. Il y avait beaucoup à faire, je ne suis pas si sûr que tout

-Léon, je sais très bien que tu ne testes les véhicules qu'une fois que tu es sûr de toi et qu'il ne reste que des réglages mineurs. Et puis, on sait tous très bien que tu es un génie qui fait jamais d'erreurs, hein ?

-Sora, les flatteries ne marchent pas. Et je fais des erreurs comme tout le monde.

Le ton de Léon montrait clairement qu'il commençait déjà à perdre patience, mais Sora n'abandonna pas pour autant. Il savait qu'il pouvait le faire flancher.

-S'il te plaît, Léon. Je suis capable de te dire ce qui va ou pas, tu le sais.

-Là n'est pas la question, grogna-t-il.

-Je serai prudent, c'est promis. »

Le mécano grogna de nouveau, mais c'était pour donner son accord. Il savait que Sora lui rendrait la vie impossible s'il ne le laissait pas piloter, et il n'avait ni l'envie ni la patience de le supporter. Il ne fallut pas plus de temps au jeune homme pour crier de joie, et pour se précipiter vers le vaisseau de Cid. Il attrapa un casque, l'enfila ainsi que ses lunettes, et mit les moteurs en marche sans plus tarder. Après quelques recommandations, Léon se dirigea vers l'ordinateur au fond de l'atelier, et ouvrit le sas qui se trouvait juste en dessous de l'appareil. Ce dernier flottait à présent dans le vide et Sora fit un petit signe de la main à son ami avant d'appuyer sur la commande qui fit descendre le Shera dans le souterrain qui devrait déboucher plus tard sur la piste de course. Il prit son temps dans les tunnels, et ne sentit son cœur accélérer qu'à partir du moment où il se trouva devant la porte qui s'ouvrait sur le circuit. L'excitation lui picorait l'estomac et ses joues lui faisaient mal à force de sourire. Il ne pouvait pas s'en empêcher, pourtant, piloter avait toujours cet effet sur lui. Il vérifia rapidement son tableau de bord, ses réglages... puis poussa un cri de guerre en même temps qu'il poussait les leviers qui le propulsèrent sur le circuit. Circuit qu'il avait pour lui seul.

Plus loin, derrière l'écran d'ordinateur qui retransmettaient les images filmées par les caméras sur la piste, Léon se passait une main sur le visage en soupirant.

Sora fit plusieurs tours de piste, tournant pendant une bonne heure et demie avant de rejoindre de nouveau le garage. Il avait testé pas mal de manœuvres (tout en s'attendant à retrouver un Léon au visage livide en rentrant) pour faire son travail de vérification correctement, mais aussi pour se faire plaisir parce que ça ne lui arrivait pas souvent. De retour à l'atelier, Léon l'accueillit avec un regard meurtrier et une furieuse envie de lui mettre des coups (très certainement). Sora fit mine de rien et leva le pouce.

« Parfait !

Léon se radoucit à peine.

-Tu m'avais promis d'être prudent.

-Je l'ai été, fit Sora avec une moue.

-Si quelque chose avait mal fonctionné...

-J'aurais été en mesure de m'en sortir et même d'arranger le problème.

Sora fronçait maintenant les sourcils, clairement mécontent qu'on doute de ses capacités. Depuis le temps, Léon savait. Léon était probablement le seul à avoir conscience... et connaissance de ses capacités, et pourtant il continuait de douter. C'était assez vexant. Et frustrant.

Seulement voilà, le mécano ne pouvait pas s'empêcher de s'inquiéter, d'autant plus qu'il doutait encore plus de ses capacités à lui. Il aurait pu commettre une faute qui se serait retournée contre Sora, tout doué qu'il soit.

-Et puis t'as fait un travail impeccable... la seule chose que j'ai à dire, c'est que les commandes sont trop dures au goût de Cid.

Les épaules de Léon s'affaissèrent en même temps qu'il laissa son inquiétude de côté. Il croisa les bras avec un air pensif.

-Vraiment ? Je vais les assouplir alors. »

Sur quoi il se mit directement au travail. Sora le regarda faire en souriant. Au moins, Léon n'avait pas remis en question son jugement.

Comment savait-il que Cid aimerait des commandes plus souples ? En réalité, même si le pilote lui avait toujours refusé sa place d'apprenti ou de lui enseigner quelques techniques de pilotage, il n'avait jamais rechigné à lui donner quelques conseils, ou même à lui parler de ses goûts en particulier. C'était également pour cette raison que Léon n'avait jamais pris comme excuse « Cid ne voudra jamais que tu touches son Gummi. », parce qu'il savait que le vieux pilote, sans l'admettre clairement, aimait avoir l'opinion de Sora sur les modifications qu'il apportait au Shera, et qu'il le laissait lui-même prendre les commandes. Parfois.

« Bordel de merde, Sora, espèce de p'tit con !

Quand on parle du loup.

-T'étais obligé d'encore faire chier ces putain de Mogs ?

-Salut, Cid ! Répondit Sora en souriant, même s'il savait que ça ne ferait pas passer la colère du pilote.

-Ils m'ont cassé les oreilles avec leurs « kupo » et plaintes à cause de ton sale comportement. Ça te casserait une jambe de faire attention à eux pour une fois ? Ajouta-t-il avec humeur.

-Pardon, j'arrivais trop vite, j'ai eu du mal à freiner, je voulais pas leur faire peur. »

Cid grommela encore deux, trois injures mais ne fit pas plus de remarques. Léon, lui, se concentrait le plus possible dans son travail et retenait tant bien que mal le sourire que provoquait en lui l'image d'un Cid entouré de Mogs mécontents. Le vieux pilote posa sa caisse à outils à côté de son bolide et sortit une cigarette qu'il alluma sûrement plus par habitude que parce qu'il en avait besoin. Sora souffla sur la fumée qui se rapprochait trop de lui tandis que Léon lançait un regard réprobateur qui disait « Pas au-dessus des machines, bon sang ». Mais comme il lui avait dit au moins vingt mille fois, que ça ne servait plus à rien de le répéter et que de toute façon Cid était une tête de cochon qui prendrait l'excuse qu'il était le boss pour décider où il fumait, il ne dit rien à voix haute.

« Alors gamin, les réparations donnent quoi ? Demanda-t-il à Léon, les sourcils froncés et le souvenir des Mogs loin derrière.

-Elles sont finies. Le Shera fonctionne très bien, fit calmement le mécano.

-Merci, p'tit génie. J'ai eu chaud aux fesses ce coup-ci.

-Sora a aidé, ajouta le mécano, en sortant du vaisseau une fois ses réglages finis. Il fit signe à Sora de monter dedans pour tester les commandes, ce que le jeune homme fit.

-Ah ouais ? Fit Cid. T'as encore risqué ton cul en conduisant comme un niqué ? Demanda Cid avec un grimace.

-Comme d'hab', m'sieur. » répondit Sora avec un sourire.

Il mit l'engin en route, Léon et Cid s'écartèrent et il fit quelques mouvements courts avant d'arrêter de nouveau les moteurs. Il fit un signe affirmatif au mécanicien, et redescendit. Le vieux pilote poussa un grognement et alla s'installer à son ordinateur.

Léon regarda son patron et croisa les bras.

« Alors cet immense navigummi à vérifier ?

Cid pesta, mais Léon comprit que ce n'était pas à cause de sa question.

-Les mioches, on est dans de beaux draps.

Comme le pilote se prit la tête dans les mains en s'affalant presque sur son ordinateur, les deux autres échangèrent un regard mi-confus, mi-inquiet. Avant de commencer la course, la veille, Cid avait été appelé par la Shinra elle-même pour un travail de vérification d'un navigummi important. Cid avait été emmené pour des soins à l'hôpital à cause de son accident, mais comme il n'avait rien eu de grave, ils l'avaient laissé sortir et il s'était rendu à son rendez-vous avec les ingénieurs Shinra comme prévu.

-Un problème ? Demanda Léon.

-Et comment ! … Ils l'ont appelé le « Bahamut ». Ils voulaient savoir s'il serait opérationnel pour les mois à venir.

-Cid..., commença Léon, mais il fut coupé avant de poser sa question.

-C'est un navire de guerre, fiston. Un putain de navire de guerre.

Un silence lourd tomba sur l'atelier. Sora n'osait pas parler, il avait des tas de questions à poser, mais il avait peur des réponses. Léon, lui, semblait plongé dans ses pensées.

-Comme si les Sans-cœur suffisaient pas.

-Quoi ? Fit le mécano et décroisant les bras et en serrant les poings. Ce n'est pas un vaisseau défensif ?

-Que dalle. Ce vaisseau n'a rien à voir avec la défense contre ces satanés Sans-cœur. Attends toi à voir débarquer tes anciens potes les Turks, ils vont pas te laisser tranquillement dans ton coin.

-Quoi ? Les Turks ? Léon-, s'étonna Sora.

-Qu'ils viennent. »

Léon empêcha par son départ que Sora lui pose des questions. Il avait l'air vraiment nerveux alors que Cid semblait complètement abattu. Sora voulut encore interroger le pilote, mais il fut stoppé dans son élan quand celui-ci lui intima de se taire. Il lui expliqua aussi qu'il ne devait pas aller crier sur les toits ce qu'il venait d'entendre. Le pilote avait normalement juré de tenir cette entrevue secrète. Sora dut se contenter de ce qu'il avait déjà entendu, sans plus.

D'accord pour la guerre qui était en préparation. Même s'il ne comprenait pas pourquoi exactement, les tensions étaient palpables depuis quelques temps entre les gouvernements. Et surtout, les groupes terroristes plus actifs. Comment expliquer cela ? C'était un combat pour celui qui établirait sa domination économique, culturelle... et idéologique. Il y avait beaucoup de raisons qui se cachaient derrière les disputes incessantes entre les grands des sociétés. Sora n'en connaissait pas le tiers. Ce qu'il savait, c'est qu'il n'avait aucune envie d'être mêlé à tout ça. Il ne voulait vraiment pas se trouver au milieu de leurs chamailleries débiles. Et pourtant, les autres citoyens et lui le seraient certainement.

Mais, et cette histoire de Turks ? Pourquoi Léon devrait s'attendre à les voir débarquer ? Apparemment il ne connaissait pas son ami aussi bien que ce qu'il croyait. C'était normal après tout... Tout le monde avait ses secrets.

Les Turks était un groupe dirigé par la Shinra Corporation. Un corps d'élite qui s'occupait... du sale boulot. A ce qu'on disait, ils étaient chargés d'espionner, de supprimer les gêneurs, et tout ce genre d'innocentes occupations. En fait, même si personne ne le formulait clairement, il était de notoriété publique qu'ils représentaient le groupe agissant dans l'ombre de la mafia qu'était en réalité la société Shinra. Sora détestait reconnaître l'existence de ce genre de personnes, mais qu'y pouvait-il ? Chaque société avait ses vices. Ce qui l'ennuyait encore plus, c'était de penser que Léon avait à faire à ces types ; et ça l'inquiétait aussi, évidemment.

Pour ce qui était de ces fameux Sans-cœur...

La calamité de ce monde. Ce serait très facile de résumer le problème en disant qu'il s'agissait de créatures étrangères à notre galaxie, qui seraient venues nous envahir parce qu'elles ne trouvaient plus de quoi se nourrir chez elles.

Maintenant, pour l'explication plus complète...

Sora avait un jour posé la question à Léon, puis à Aerith. Ils lui avaient tous deux répondu à peu près la même chose. Ils avaient commencé par un cours de géographie et d'histoire, même si Sora ne comprenait toujours pas pourquoi ils avaient dû commencer comme ça.

Leur galaxie avait été nommée il y a bien longtemps « Kingdom Hearts ». Pourquoi ? On ne s'en souvenait plus vraiment. Peut-être que les savant pourraient répondre à cette question. Il s'agissait donc d'un système solaire qui était constitué de quatorze planètes, et de leurs satellites, qui gravitaient toutes autour de l'étoile en fusion qu'ils appelaient comme ailleurs, Soleil. En plus de ces planètes, existait une immense base spatiale, qui, si elle n'avait été faite par l'Homme, aurait pu aussi prétendre au titre de planète. Ses constructeurs l'avaient baptisée « Monstro » à cause de sa taille immense. Les gens qui vivaient dessus étaient pour la plupart des scientifiques de plein de branches différentes, et des militaires qui veillaient sur la base et protégeaient les recherches. Les satellites des planètes étaient rarement habités. Tout le monde savait que deux d'entre eux étaient des repères pour les pirates de l'espace, mais on n'avait jamais su lesquels exactement. Sauf si on était soi-même pirate, évidemment. Ces satellites s'appelaient soi-disant « Port Royal » et « Pays Imaginaire ».

Un autre satellite habité était nommé « Ville de Traverse ». Si vous vouliez devenir Pirate, c'était là que vous pourriez trouver des recruteurs. Mais il n'y avait pas que ça : la Ville de Traverse était un lieu où se retrouvaient tous ceux qui étaient paumés. Ceux dont la maison avait été détruite par les Sans-cœur, ceux qui avaient été chassés de chez eux par les gouvernements totalitaires, ceux qui recherchaient des amis disparus, ou ceux simplement qui ne se sentaient plus à leur place sur leur ancienne planète. Les réfugiés et demandeurs d'asile, les sans-le-sou, les traîne-savate, les brigands. Les gens y étaient le plus souvent de passage. Certains finissaient par s'y installer définitivement, mais c'étaient parce qu'ils étaient trop fatigués pour chercher plus loin. Quand on arrivait d'une autre galaxie, les navigummis s'arrêtaient à la Ville de Traverse. Comme elle était au beau milieu de Kingdom Hearts, c'était le meilleur endroit de transition pour ce genre de voyageurs. Et puis c'était la planète où il était le plus facile de se poser, vu le peu de réglementation qu'il y avait. C'était aussi le lieu de rencontre idéale quand on voulait rester discret. Et le meilleur endroit pour trouver des informations sur à peu près tout ce qui se passait jusqu'au delà de Kingdom Hearts.

Presque tout le monde connaissait son existence. Tant qu'on ne faisait pas partie des hautes sphères. De par sa nature... plutôt anarchique -elle n'avait pas de gouvernement à proprement parler, même si elle avait un minimum d'organisation : il y avait des habitants assez importants pour tirer les ficelles de tout ce petit trafic- elle n'avait jamais été officiellement répertoriée dans la liste de planètes, satellites ou bases spatiales habitées. Elle pouvait donc facilement passer inaperçue pour quelqu'un qui n'avait jamais mis les pieds dans les bas quartiers ou qui ne connaissait la galaxie qu'à travers les livres. Sora, par exemple, avait entendu parler de la Ville de Traverse en surprenant la conversation d'un de ses clients, au Septième Ciel. L'inspecteur qui venait régulièrement lui tirer des informations avait bien compris que le bar était le lieu idéal pour trouver ce qu'on cherchait. Cependant, il n'avait apparemment encore jamais entendu parler de la Ville de Traverse. Et par esprit de camaraderie, parce qu'il se sentait plus proche des pauvres types de cette ville que d'un policier, Sora n'avait jamais partagé cette information.

Et enfin il y avait, à l'autre bout de Kingdom Hearts, une étoile morte nommée « La Fin du Monde ». On disait que c'était par là que les Sans-Cœur avaient envahi la galaxie. On ne savait pas d'où ils venaient exactement, juste qu'ils arrivaient de loin et étaient à la recherche d'un endroit à coloniser. On supposait qu'ils avaient épuisé les réserves de leur planète d'origine et s'étaient retrouvés dans l'obligation de voyager jusqu'à l'endroit le plus peuplé pour survivre.

Car les Sans-Cœur se nourrissaient du cœur des gens. C'est d'ailleurs ce qui leur avait donné leur nom : on racontait que s'ils étaient tellement désespérés d'attraper des cœurs et de les avaler, c'était parce qu'eux-même n'en avaient pas. Ils étaient arrivés il y a très longtemps sur l'étoile au bout de la galaxie, et avaient tout détruit sur leur passage, jusqu'à aspirer l'énergie même de cette étoile dont on ne se souvenait plus le nom aujourd'hui. C'était quelque chose qui ressemblait à « La Terre du Départ » dans ces eaux-là, mais on n'en était pas sûr.

Une chose était certaine : ces créatures étaient extrêmement dangereuses, et elles étaient parvenues à envahir la galaxie entière, s'étaient même développées et étaient devenues plus puissantes. On avait vu arriver au départ ces petits Sans-Cœur qu'on appelait les Ombres, et puis ils avaient gagné en puissance et avaient adopté d'autres formes. On avait difficilement trouvé de quoi les battre, mais à un moment de l'histoire, certaines personnes avaient réussi à les ralentir, voire les repousser pendant un période assez longue pour qu'on ait le temps de construire des protections et des défenses contre ces monstres. C'est ainsi que la plupart des villes s'étaient vues équipées d'un bouclier qui les repoussait. Si vous quittiez les villes, vous étiez sûrs de croiser des armées de Sans-Cœur. Les planètes étaient en général petites, et on n'avait construit qu'une seule ville, très, très grande. Le reste était inhabité, détruit et, à dire vrai, infesté de Sans-Cœur qui tentaient sans cesse de briser les boucliers de protection.

Ces défenses n'étaient évidemment pas infaillibles, des créatures noires parvenaient régulièrement à les passer, et c'est alors qu'entraient en scène les gardiens de la ville. Youffie et Tifa en faisaient partie, ainsi que Léon, même s'il ne s'occupait pas du même secteur. Dans une autre zone encore, Zack Fair, membre du Soldat qui était une unité d'élite de la Shinra Corp., et petit ami d'Aerith, s'occupait de surveiller que ces immondes bestioles ne viennent pas priver les citoyens d'Illusiopolis de leur cœur. La seule différence entre Zack et les trois autres amis de Sora, c'est qu'il faisait ce job à plein temps. Les membres du SOLDAT étaient aussi envoyés ailleurs évidemment, mais la plupart du temps, il travaillaient à débarrasser la ville des Sans-Cœur qui y entraient clandestinement.

Par contre, si une guerre éclatait... Zack serait certainement de ceux qui partiraient au front.

Sora pensa à Aerith. Elle n'accueillerait pas la nouvelle avec joie. Même si Zack n'avait pas été concerné, elle n'aurait évidemment pas aimé entendre parler de guerre en préparation ; mais avec son petit ami qui risquait d'y participer activement, ça l'inquièterait d'autant plus.

Sora avait quitté l'atelier Gummi de Cid depuis un moment, et son F-Board sous le bras, il avait marché en direction du Septième Ciel. Trop occupé par ses réflexions, il avait préféré faire au moins le début du chemin à pied. Il ne monta sur sa planche qu'une fois qu'il réussit à se débarrasser de ses pensées de Sans-Cœur, de guerre, et autres réjouissances.

A la surprise de sa patronne, il arriva à l'heure au Septième Ciel. Youffie arriva même après lui, mais elle prétexta la chasse aux Sans-Cœur pour justifier le fait que Sora l'ait doublé, pour une fois.

Le reste de la journée, et la soirée furent très calmes.

L'inspecteur se montra ce soir-là encore.

« Encore après ta secte ? Fit Sora en lui servant un cocktail au lieu du café habituel.

-Pour cette fois, je viens simplement passer le temps et décompresser. Et j'oublierai l'Organisation.

-Franchement, Riku, je pourrais mieux t'aider si j'en savais un peu plus. Tu sais, les gens donnent rarement de titres ou de noms quand ils discutent ici. Ils ne veulent pas se faire chopper. Mais si tu me dis de quoi il retourne, je pourrai toujours grappiller quelques infos ici et là.

Riku leva ses yeux aigue-marine vers Sora et le fixa quelques secondes, avant de les replonger dans son verre en soupirant.

-Si je pouvais, crois-moi que je le ferais.

-Bon sang, me dis pas que t'en sais si peu...

-C'est pas ça, répondit l'homme aux cheveux argentés avec un rire amer. Ce qui m'empêche d'avancer, c'est que je dois enquêter en dévoilant le minimum de détails. Et franchement, le moindre fait entourant l'Organisation est un secret d'État.

-D'État ou de la Shinra ?

-C'est du pareil au même ici, tu sais, Répondit-il en haussant les épaules.

-T'as raison... et j'ai pas spécialement envie de me mêler de leurs affaires, à ceux-là.

-Tout le monde est dans ton cas. Et ceux qui connaissent l'Organisation les craignent encore plus que la Shinra. Je crois que cette affaire va soit m'être retirée, soit mal tourner.

-Woah, sois pas si pessimiste, le réprimanda Sora avec une moue.

Riku sourit à peine, leva son verre à la santé de son interlocuteur et le descendit d'un trait. Sora eut un peu pitié de lui. On l'avait mis là-dessus pour se débarrasser de lui, ou quoi ?

-Et alors, toi, Riku, tu travailles pour la police d'État, hein? Pourquoi ce sont eux qui s'occupent du gros truc qu'ils donnent l'impression d'être, cette Organisation XIII ?

-L'État ? Nan, je suis du SOLDAT.

-Vraiment ? Fit Sora, les yeux ronds. Et... tu connais Zack Fair par hasard ?

-Ouais, de vue. On est pas de la même classe, tous les deux. Tu le connais d'où ?

-Fiancé d'ma voisine. Expliqua vite fait Sora en haussant les épaules. Il reprit avec un air confus. Alors, quand je t'appelais « l'inspecteur », en fait, j'étais à côté de la plaque.

-Non, c'est vraiment mon titre.

-Boh, j'y comprends rien, bouda Sora, ce qui eut au moins le mérite de faire rire Riku.

Le jeune homme s'écarta de son client « l'inspecteur du SOLDAT », pour aller servir un autre bien moins « prestigieux » mais qui payait pourtant tout autant, puis il revint vers Riku et lui sourit en lui servant un autre verre.

-Tiens, celui-là est cadeau.

-C'est gentil, merci. Ça fait combien que je bois ? Fit Riku en regardant le verre comme si c'était lui qui allait lui répondre.

-Sept. Hey, heureusement que t'es pas de service, rit le barman en se servant un verre à lui-même.

Riku siffla le sien assez rapidement et quand il sentit que celui-ci était peut-être le dernier qu'il supporterait avant d'avoir vraiment envie de dormir, il paya Sora.

-T'es sûr ? Pour une fois que t'en profites.

-Merci, mais c'est bon. » fit l'inspecteur qui pour tout avouer, se servait de cette excuse pour parler avec Sora.

Et Sora l'avait bien senti depuis un moment. Ce n'était pas non plus comme si Youffie n'avait pas prétendu un vingtaine de fois que Riku venait chercher ses infos ici rien que pour le voir. Aussi, sa curiosité parfois maladive l'avait poussé à profiter un peu de la situation, ce soir-là. Après tout, c'était toujours à peu près de cette manière qu'il avait réussi à grappiller des détails sur telle ou telle chose, pour ensuite les raconter à Riku. Pour une fois, il aurait un bon retour pour ses services... : de vraies infos.

Il s'accouda sur le comptoir et posa son menton dans ses mains en coupe. Il regardait l'inspecteur qui avait l'air très intéressé par le fond de son verre. Quand celui-ci se décida à lever les yeux vers le serveur, il eut un temps d'arrêt en se rendant compte qu'il était fixé du regard. Il se racla la gorge, un peu perturbé, disons plutôt... gêné.

« Riku, commença Sora en se penchant pour rapprocher son visage de celui de l'inspecteur. Donne moi juste un détail, je suis sûr que je peux t'aider efficacement. Donne-m'en juste les moyens.

-Je..., commença l'argenté puis s'humidifia les lèvres. Ce sont des cyborgs. Ils se retournent contre leur fabriquant, mais on ne sait pas précisément ce qu'ils comptent faire... je dois en apprendre le plus possible pour les arrêter. »

Sora approuva de la tête, comme pour faire comprendre à Riku qu'il ferait son possible pour l'aider.

Des Cyborgs... voilà qui était dit. Alors c'était ça que cachait la Shinra ? Ils avaient fini par se rebeller contre les anciens interdits, et cela se retournait contre eux. Maintenant, ils se retrouvaient à devoir effacer les traces de leurs erreurs... Sora espéra un instant que les Cyborgs les débarrassent de ces abrutis de la Shinra. Mais si cela entraînait plus que la simple chute de la compagnie ?

Sora offrit un de ses plus beaux sourires à Riku et le laissa pour aller s'occuper d'autres personnes. Riku resta au comptoir encore un moment, sûrement le temps de faire passer le plus gros des effets de l'alcool. Il était de l'avis de Sora qu'il n'était pas prêt de le revoir boire...

.o°O°o.

Les nuages noirs déversaient des trombes d'eau, formant un épais rideau de pluie qui empêchait quiconque de voir à plus de vingt mètres. De temps à autres, un éclair illuminait l'air, tout devenait bleu l'espace d'une seconde, puis la nuit redevenait d'encre.

Les gouttes s'écrasaient sur le sol, les murs des maisons et sur les vitres des fenêtres avec un bruit sourd : un battement rapide qui martelait les tympans, interrompu seulement par la voix rauque du tonnerre. Le vent s'engouffrait par la fenêtre entrouverte, et faisait se soulever et se balancer tout ce qui se trouvait accroché à l'intérieur de la pièce, provoquant une symphonie de percussions.

Les bourrasques qui s'engouffraient dans la maison emportaient avec elles la fraîcheur de la nuit, le froid de la pluie et peut-être même quelques particules électriques que la foudre éparpillait dans l'air ambiant. Sans doute que c'était l'alliance des deux qui donnait la chair de poule, et faisait frissonner le jeune homme.

Roxas, tel était le nom qu'on lui avait donné, était recroquevillé dans un coin de la pièce, la tête enfouie dans ses genoux que ses bras entouraient. Il tremblait comme une feuille.

Il ne s'était pas donné la peine d'aller fermer la fenêtre lorsque l'orage avait commencé. La foudre était tombée sur l'immeuble où il vivait et avait provoqué des courts-circuits qui avaient fait basculer le réseau électrique sur les réserves, et lui était aussitôt parti se réfugier dans son coin.

Bien sûr, s'il se faisait surprendre, il inventerait n'importe quelle histoire pour expliquer sa position, et si on lui faisait remarquer ses tremblements, il dirait que c'est le froid.

Ensuite il faudrait expliquer pourquoi il n'avait pas fermé la fenêtre pour éviter que l'eau et le vent n'entrent. Et il ne saurait sans doute pas quoi dire.

Heureusement pour lui, il n'aurait pas à se rendre ridicule, parce qu'il n'y avait personne dans les environs qui risquerait de le trouver là. Et il disposait d'une trentaine de minutes avant qu'on commence à le chercher. Ça suffirait sûrement à l'orage, et il se serait arrêté d'ici là.

En réalité, il dura encore une heure. Le pays avait cette particularité de subir de longs et puissants orages. C'était un comble pour Roxas d'en avoir si peur. Il aurait dû s'y habituer, à force, mais rien à faire.

Donc, il ne se leva pour aller fermer la fenêtre et empêcher le froid de continuer à s'engouffrer dans la pièce qu'une fois sûr que le tonnerre ne gronderait plus,. Il se disait que l'électricité reviendrait très vite à présent, et ce fut effectivement le cas. La lumière de la pièce où il se trouvait apparut de nouveau, et à peine quelques secondes après, sa mère entra. Elle portait sa blouse blanche, comme lorsqu'elle l'avait quitté quand l'orage avait éclaté.

« Bien Roxas... on va reprendre les tests, viens que je réinstalle les électrodes.

Roxas retourna auprès d'elle sans broncher, tentant au maximum de contenir ses tremblements. Mais le docteur Lucrécia se rendit compte de ce détail et fronça les sourcils en plongeant son regard dans celui de son fils.

-Tu vas bien, Roxas ?

-J'ai... juste un peu froid. Je suis torse nu, après tout.

-Oui... »

Sceptique, la femme remit tout de même les appareils de mesure sur le corps de Roxas. Elle lui fit un signe de la tête et Roxas ferma les yeux pour se concentrer. Quelques secondes plus tard, la machine enregistrait des réactions dans le corps du jeune garçon tandis qu'un rai de lumière se métamorphosa dans sa main en une sorte d'épée, qui avait la forme d'une grande clé. Une seconde apparut dans l'autre main du garçon.

Le docteur Lucrécia ouvrit de grands yeux, tandis Roxas levait sa nouvelle arme devant ses yeux.

Au même moment, on toqua à la porte, et sans attendre de réponse, un homme aux cheveux rouges entra dans la pièce. Ses yeux verts s'arrêtèrent directement sur les armes de Roxas.

Le blond accueillit le nouvel arrivant avec un sourire ravi, tandis que sa mère était soudainement devenue tendue.

« Axel..., fit le docteur Lucrécia, mais l'homme lui accorda à peine un regard.

-Ça alors... tu peux faire apparaître deux Keyblades, fit-il à l'adresse de l'adolescent, ...Intéressant. »

Roxas fut plutôt fier de les montrer à Axel. Lucrécia, elle, aurait souhaité que le roux ne l'apprenne jamais.

Si l'Organisation XIII venait à le savoir...

Fin chapitre 1


*F-Board : Pas de roues comme les skateboards, le F est pour Flyingboard. :3