Étant donné qu'on survit peu dans Game of Thrones, et que même ceux qu'on adore sont soumis à des théories de mort, j'ai décidé de lancer ce concept : Les Morts Éventuelles. En gros, un chapitre, un personnage, un genre de mort.

Ce premier OS est sur Littlefinger (j'aime cette teigne), et si vous appréciez et que vous voulez un personnage/une mort en particulier, n'hésitez pas à m'en suggérer. Quant aux epics pixel battle, une suite pourrait se faire, si je trouve l'inspiration ^^

Quoi qu'il en soit, bienvenue dans les Morts Éventuelles. Bonne lecture !


1

Lord Petyr Littlefinger Baelish

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur

Et qui êtes-vous, dit le fier seigneur,
Pour que je doive m'incliner si bas ?
Rien qu'un chat d'une autre fourrure,
Et voilà ma vérité vraie.

Découvrir le jeu des trônes fut pour Petyr une exaltation incomparable dans les premiers temps.

Le moindre de ses coups, il l'avait effectué avec la stupeur d'un enfant manipulant de nouveaux jouets. Le moindre des échelons qu'il grimpait l'abasourdissait davantage que le précédent. Ce chemin qu'il traçait sans y penser, il voulait en voir le bout. Alors il s'était progressivement élevé dans un monde qu'il avait déjà amplement apprécié mieux que n'importe lequel de ses semblables. Sans jamais dédaigner la misère de sa condition d'origine, il s'en était façonnée une plus acceptable. Prudemment, bien sûr, et à sa manière.

Pourtant, la situation lui avait déjà échappé. Oh, pas tant que ça, seulement à l'occasion. Son enfance désastreuse aux Eyriés. Tyrion le bernant en lui faisant miroiter le titre de seigneur d'Harrenhal. Une cruelle facétie de Cersei pour prouver sa domination. Lord Eddard. Quelques coups maladroits qu'il avait su rendre avec panache. Après tout, c'était pour prendre son destin d'origine à contre-pied qu'il avait choisi de s'élever. Alors, inverser la tendance, multiplier les ironies, rendre un maître misérable et un simple pupille seigneur du monde… il y jouait volontiers, à ce jeu-là.

Fourré d'or ou fourré de rouge,
Un lion, messire, a toujours des griffes,
Et les miennes sont aussi longues et acérées
Qu'acérées et longues les vôtres. »

Et voilà qu'il se trouvait de nouveau, inopinément, là où aurait dû être sa place. Lui qui avait réussi à fuir Port Réal, avec entre les mains l'une des personnes les plus précieuses à ses yeux, retournait encore parmi des maîtres et trop peu d'intrigues. Sauf qu'en l'occurrence, il était plus désavantagé qu'avant. Plus désavantagé qu'en étant de pauvre naissance parmi une famille de nobles. Plus désavantagé encore que dans une cour grouillante, avec des alliances à faire, une utilité à se trouver et une route à improviser. Plus désavantagé, car tout le monde, à présent, le connaissait. Tout le monde le haïssait. Et plus personne ne tendrait l'oreille pour écouter l'oiseau moqueur chanter. Sansa mise à part, peut-être

Ainsi parla, parla ainsi,
Le sire de Castamere,

Était-ce pour cela, ou pour ses propres raisons ? Lord Snow l'avait-il vu venir ou jouait-il seulement un jeu des trônes hasardeux ? Petyr avait beau connaître l'esprit d'un candide navrant du jeune homme, tellement semblable à celui des feux lords Stark, il ne pouvait s'empêcher, tandis qu'on lui passait la cote de mailles et l'antique heaume au blason de son grand-père, il ne pouvait s'empêcher de penser… Encore un mariage qui va me coûter.

Ainsi parla, parla ainsi,
Le sire de Castamere,

Mais personne n'irait demander pitié pour lui.

Mais les pluies pleurent en sa tanière,
Et plus personne ne l'entend.

Quand Jon l'éjecta d'un revers du haut des murailles, sous les cris et les applaudissements, sa chute dura longtemps. Le regard tourné vers l'horizon défilant, il sourit. La montée avait été laborieuse, mais tout de même… quelle vue magnifique.

Oui, les pluies pleurent en sa tanière,
Et nulle âme ne l'entend plus.