Je changerais les noms. Je changerais les temps. Non. Plus personne ne peut changer les temps. Ils sont perdus. Plus personne ne peut rattraper le temps perdu. Le temps qu'on n'aura plus. Ce matin il a plu. Papa est tombé. Dans la boue. Il a explosé de rire. Ce matin papa a explosé de rire. Et les éclats me perforent encore le cœur. Il a cueilli une fleur. Rose, évidement. Une rouge vient de lui pousser sur le sein gauche. Ses pétales se répandent. Ses pétales perdent les pédales. Le rouge coule à flot. Maman pleure. Et les éclats me perforent le cœur. Je changerais les noms. Je changerais la conjugaison. Je garderais le mien. Rose Weasley. Je m'appelle Rose Weasley. Écoutez ! Rose Weasley. Je m'appelle Rose Weasley. Qu'ils ne disent pas que j'étais des leurs comme ils l'ont dit de Merlin. Je m'appelle Rose Weasley et je ne verrais pas mon père se faire enterrer. Ron Weasley m'avait pourtant tant aimé. Je leur rappellerai. Un jour, je leur rappellerai.
Dites-leur que je m'appelle Rose Weasley.
C'était pourtant une si belle matinée… Une qu'on avait pas eu depuis avoir quitté le nord de la France, il y a quelques années. J'aurais dû me méfier de ce soleil qui n'en finissait pas de briller. Dans un monde où Lord Voldemort a gagné, il n'y a pas de bonheur en univers Weasley. Il ne faut pas que je me remette à pleurer. C'était mon anniversaire. Onze ans. Maman ne pouvait s'empêcher de sourire, Hugo courrait partout et papa, papa, papa est-ce qu'il avait même arrêté de sourire ? Pas quand le corps d'Harry Potter est tombé cette fatale soirée, pas quand il a entendu que toute sa famille s'était faite massacrée, pas quand maman a failli se vider de son sang quand elle a accouché d'Hugo dans la vétuste salle de bain de notre ancien appartement. Pas une fois ses dents se sont desserrées. Bien sûr il a pleuré. Mais à moi, à moi il a toujours souri.
Il me faisait danser sur la table qu'il avait fait lui-même à la moldu, comme un homme, comme un grand - quand on a entendu la première explosion. Il n'avait pas sa baguette, elle était dans mes cheveux, barrette de fortune, baguette d'infortune. La force du choc de l'explosion l'a fait passer par la fenêtre et son corps est tombé dans le jardin d'asphalte. Un millier de bouts de verres et moi seule avec une bout de bois entremêlés de mèches rousses, face à cinq hommes masqués vétus noir. Je ne sais pas ce que maman a entendu en premier, l'explosion, la vitre brisée, ma voix éclatée, mais elle a couru comme une âme perdue. Hermione Granger, rien ne lui fait peur. Tout irait bien. Hermione Granger, rien ne lui fait peur. Maman est là, tout ira bien. Maman. Elle n'a pas regardé la fenêtre. Elle savait déjà. Elle a toujours su que rien n'irait bien. Mais elle m'a souri. Papa ne pouvait plus.
«
- Eh bien, messieurs, je crois qu'on a le jackpot. Un traite à son sang mort et une pute de sang de bourbe pour s'amuser. Merlin, on ne sait jamais ce que ces premières années sangs purs vont nous apporter ! Qui commence ?
La voix est grave, désagréable. Dégout inimaginable. Maman ne répond pas et l'envoie pulvériser l'horloge de grand-mère. Elle a toujours chassé les cauchemars sans un regard. Elle se place devant moi. Bouclier humain. Les quatre autres ombres s'avancent menaçantes. Les monstres sont sortis de sous mon lit. J'implore Morgane qu'Hugo soit toujours dans le sien. Je ne peux pas perdre un rire de plus. Le duel, ou du moins cette parodie, cette exécution, cet assassinat groupé est une torture à regarder. Maman ne tiendra plus longtemps. Elle m'implore de monter les escaliers. Comme si un morceau de bois pouvait me protéger mieux que toi. Je ne partirais pas sans elle, je partirais avec elle. Une autre ombre masquée apparaît. Il n'y a plus d'espoir. Maman soupire. Quand arrêtera-t-elle de se battre ?
- Pas mal, Granger. J'avais peur d'arriver trop tard pour le spectacle, mais je suppose qu'il ne faut pas sous-estimer la sorcière la plus douée de sa génération.
Elle trouve la force, je ne sais où, je ne saurais jamais d'où elle tire toute cette force, de lui cracher la bouche en sang :
- Crève, Zabini.
- Oh voyons, douce Granger, comment je te sauverais alors ?
Les mangemorts se sont retournés comme un seul homme, hydre immonde, trop tard pour parer le sort du dénommé Zabini. Une fois pétrifiés, froidement, sans même enlever sa cagoule, il envoie un éclair vert dans chacune de leurs poitrines. Je m'en souviendrai toujours, je crois. La main presque froide de maman dans la mienne et le regard vert glacé de cet homme. Ma vie à un fil et un regard. Quand je pense à lui, je pense toujours à la première fois où j'ai vu son visage. Il détesterait ça. Il déteste tout ce que je fais. Vaniteux comme il est, il détesterait que je me rappelle de lui et de ses cheveux noirs crépus en bataille, ses yeux verts sans émotion, sa peau foncée ruisselante de transpiration. Même comme ça, cet enfoiré restera le plus bel homme du monde.
- Qu'est-ce que tu cherches Zabini ?
- Ton mari déjà. Histoire de parler à quelqu'un d'à peu près sensé.
- Cherche le dans la cour, c'est là où tes petits copains ont laissé son cadavre.
- Ron Weasley est mort ?
- Ron Weasley est mort.
Elle a un rire dément, sa main quitte la mienne, le sang coule toujours sur son visage. Seules les larmes le diluent. Bientôt elle ne sera plus que ça, larmes et sang. Hermione Granger n'a jamais peur. Hermione Granger pleure. Zabini a pali. Il ne me regarde pas.
- Merde. Elle va me tuer.
Autre rire de démence sans clémence.
- Qui ? Qui se soucie de lui ? À part moi, à part nous. Je n'ai pas su le protéger. Je n'avais que lui. Que lui. Qui se soucie de lui ? Qui ?
- Ressaisie toi, Granger. Tu as une fille. Tu ne peux pas te laisser crever.
- Un fils. Une fille et un fils.
- Double merde.
- Je te prierais d'éviter les gros mots devant ma fille.
- Comptez sur Hermione Granger pour se soucier de politesse à la fin du monde. Crois-moi, elle va entendre pire où elle va.
Elle s'est relevée, toutes traces de douleurs physique effacées. La perte, pour un instant, oubliée. Les doigts sur sa baguette serrée.
- Ma fille ne va nulle part. Elle reste avec moi.
- Ta gosse va à Poudlard. Chaque enfant de onze ans envoie inconsciemment un signal magique à l'école, c'est comme ça que les mangemorts vous ont repéré. Le seigneur des ténèbres a bien sur modifié le signal pour qu'il ne trouve que les enfants de sangs assez pur. Le petit, tu peux le garder, mais elle, elle vient avec moi.
- Dans tes rêves, Zabini.
- Crois-moi, mes rêves n'incluent pas d'élever une gamine Weasley. Mais Daphné ne me laisserait pas la confier à qui que ce soit d'autre pour les vacances d'été…
Il y a un éclair de quelque chose qui devait ressembler à de la joie qui passe dans le regard de maman. Quelque chose qui n'existe plus. Le souvenir d'un temps perdu et de noms déchus. Elle murmure :
- Daphné Greengrass est en vie ?
- Malheureusement. Daphné Zabini, maintenant. Malheureusement.
- Je ne te laisserais pas ma fille pour autant.
- Alors il faudra la tuer. Elle a la trace. Le lord la retrouvera partout où elle ira. Où vous irez. Je peux l'enlever de ton fils, on a trouvé un moyen pour les moins de onze ans. Il est trop tard pour elle.
- Qui on ?
- Je ne peux pas te dire, Granger.
- Alors c'est une impasse. Je ne peux pas te laisser ma fille, Zabini.
- Ecoute, Granger, je sais qui tu étais, mais je ne sais pas qui tu es. Tout le monde vous croyait morts, Weasley et toi. On vous a vu tomber. On vous a tous vu crever. Merde j'étais là quand Daphné a sorti vos corps des décombres ! Je ne sais pas comment et pourquoi vous êtes en vie. Je ne sais pas qui vous avez trahi…
Elle a couru vers lui et a planté sa baguette sous sa gorge. Il ne peut plus bouger. Elle va le tuer.
- Ecoute-moi, écoute-moi bien. Tu n'as pas le droit de venir dans ma maison habillé en mangemort et insinuer à deux pas du corps encore chaud de l'amour de ma vie qu'il aurait pu trahir sa famille. Tu n'as pas le droit de ne serait-ce qu'une seconde de penser qu'un jour j'aurais pu trahir Harry. Est-ce que tu as la moindre idée de ce que c'est pour moi de vivre sans lui chaque jour ? La moindre idée ? Non, tu n'as jamais aimé que ta jolie petite gueule et celle de Daphné quand tu t'ennuyais. J'ai perdu la meilleure partie de moi-même cette nuit-là. J'ai tout perdu. Je ne te laisserais pas prendre mon honneur, ni mon cœur, tu ne prendras pas ma fille.
- Quand tu avais seize ans, tu as acheté une potion d'amour. Tu l'as gardé dans ta valise sans jamais l'utiliser. Tu as dit que c'était pour toi. Pour tomber amoureuse de quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui t'aimerait.
-Que quoi ?
Elle a lâché son emprise mais garde sa baguette levée.
- Comment je pourrais savoir ça, Granger ? Tu es occlumen. Tu as raconté cette histoire à une personne seulement.
- Impossible. Ils nous ont dit… Ils nous ont dit qu'elle était morte… Tous et elle la première. Le Lord lui-même… Il l'a… Sans Harry, elle était…
- C'est Halloween, Granger. Les morts reviennent. Je te croyais morte aussi.
- Non, Ron, pas maintenant, il aurait dû… Elle ne peut pas… On aurait su… si on avait su… Ron est mort, alors elle… Ron est mort…
- Ginny Weasley est en vie. La révolution est en vie. J'en fais partie. Laisse-moi ta fille.
Elle n'a pas hésité. Pas une seconde. Je lui en ai longtemps voulu. Je lui en veux encore. Ça aurait pu être un piège. Mais après tout, j'étais morte quoiqu'il arrive. S'il y avait une seule chance que je puisse survivre… Oh, maman. Comme ton cœur a dû se briser. Elle a mis ma main dans la sienne. Écrit le sort pour Hugo. Embrassé mon front. Rappelé à Zabini qu'elle pouvait tuer sans baguette. Embrassé mes doigts.
Et Zabini m'a emmené. Il ne m'a même pas laissé l'embrasser, cet enfoiré. Je ne lui pardonnerais jamais.
J'avais pour seule bagage la baguette de mon père. Pour seul poids ses yeux, la couleur de ses cheveux et le reste d'une preuve qu'il a un jour été heureux.
C'était tout une autre vie au manoir Zabini.
Ma rentrée à Poudlard n'était pas avant près d'un an, dix mois à passer sur les hauteurs d'Italie avec les Zabini. Ce que Blaise n'avait pas dit à ma mère, c'est qu'il avait une fille de mon âge. Adastré. Je n'ai jamais su ce que Daphné lui a dit avant mon arrivée, ce qu'elle lui a ordonné pendant que je me faisais inspecter par le Lord noir et son armée, non je ne le saurais jamais. Elle a dû lui dire de me protéger. Elle n'a jamais failli, Adastré. Jamais. J'étais une étrangère. Une pièce rapportée. Une refugiée, que le Lord noir m'avait appelé. Une brebis égarée à mater. Une de ces enfants de traitres à leur sang que Poudlard allait sauver. Reformater. Pour tous, j'étais un danger, un investissement pour le passé. Pas pour Adastré.
Pour cette fille unique, j'étais sa sœur. J'ai eu beau hurler que non, lui dire de s'en aller, que j'avais déjà une famille, qu'elle n'était rien pour moi, elle est restée. Cette morveuse bien trop belle, qui se croyait supérieure au lord noir lui-même, elle s'est battu pour moi. Il n'y a rien qui lui résiste. Même pas moi. Elle a dû hériter cela de Daphné.
Tante Daphné. Je n'ai jamais rencontré ma vraie tante, la Ginny. La sauveuse. Longtemps, j'ai cru que Blaise, Blaise tout court, pas oncle Blaise, avait menti à maman, que Ginny était vraiment morte.
Un soir d'été, avant la rentrée, pourtant, Daphné m'a mise sur ses genoux pour défaire mes tresses rousses et en embrassant mon front elle a murmuré : « Blaise peut le faire pour sa putain de révolution et cette chère Ginny, moi je prends soin de toi pour Hermione. Il te faudra être forte, ma petite. Si je pouvais, je te garderais tout près de moi. Toutes les deux, Adastré et toi. Tout près de moi. Un jour, peut-être. Il te faudra faire attention, là-bas. Tu as l'apparence d'une Weasley mais tu as le cœur d'Hermione. Il te faudra avoir l'âme d'une Zabini. Il y en aura d'autres des comme toi, des fils de traitres arrachés à leurs famille, tu voudras tous les sauver. Retiens toi. Protège toi. Il te faudra rester en vie pour revoir ta mère. Sois froide, sois insensible, sois dure, mon doux amour. Tu peux faire ça pour moi ? »
Comment lui dire non ? Qu'est-ce que tu veux que je te dise Daphné ? Merde à tes nuits blanches à essuyer mon front luisant de cauchemars ? Merde à ta fierté quand je te souris ? Merde à la reconnaissance ? Merde. Tu dors dans des draps de soie quand ma mère tord dans le froid. Tu me parles de mon cœur, tu m'appelle mon amour. Tu n'es rien pour moi. Tu collabores juste à mon malheur. Tu n'es rien pour moi. Et pourtant, ma tête tient juste sur ton cœur. Comment lui dire non ? Je n'ai pas répondu. Je n'aurais fait que mentir, on le savait toutes deux. Ginny est en vie, maman et Hugo aussi. Un jour… Peut-être.
Les Zabini ont veillé à me cacher des regards curieux pendant cette année. Blaise me protège tellement des iris des autres, qu'il ne me regarde jamais. Il ne fait que rarement attention à moi. Parfois, ses yeux croisent les miens et il a l'air surpris que je sois encore là. Étonné que j'ai survécu jusque-là. Quel enfoiré. Seuls les Malfoy m'ont vu. Astoria est la sœur de tante Daphné et Drago le meilleur ami de Blaise, ils ont deux grandes filles et un fils qui a mon âge. Scorpius. Si Blaise me dédaigne, je crois que pour Scorpius, je ne vaux pas plus que la boue sous la semelle de ses chaussures en peau de dragon. Je lui ai volé Adastré. Il ne l'avouera jamais. Il déteste la partager. Je lui ai piqué son jouet. Lui aussi pourtant à un frère adoptif que je n'ai pas encore vu.
S'il savait… Je les échangerais tous. Les robes de velours, les câlins de Daphné, les jeux d'Adastré, la chambre aux tentures dorées que Zabini m'a donné, ma vie toute entière, tout ça contre un sourire d'Hugo. Blaise ne m'a pas laissé l'embrasser. Je ne lui pardonnerais jamais.
Voldemort m'a tout pris et Blaise Zabini a souri.
Ils ne regardent que moi. La Weasley. La première depuis dix-huit ans. On les pensait éradiqués. Nom en voie d'extinction. Bien sûr personne ne dit rien, personne n'ose encore, pas à côté de Zabini. Blaise est l'un des plus grand général de l'armée de Voldemort. On ne se moque pas de sa famille. Mais on regarde, on troue mon dos d'Iris et j'implore la déesse Isis. Sans rien dire, il pose sa large main sur mon épaule, je m'arrête de trembler. Il continue nonchalamment de parler avec le père de Scorpius. Tante Daphné nous donne ses dernières recommandations avant de nous faire monter dans le train pour Poudlard. Les regards, elle, elle a l'habitude. Astoria ébouriffe tendrement mes cheveux. Je n'arrive pas à lui rendre son sourire. Adastré glisse sa petite main dans la mienne et je la serre de toutes mes forces. Scorpius et ses sœurs sont déjà dans le train.
Il est temps d'y aller. Mes jambes ne répondent plus. Ce soir je vais revoir Voldemort. Un an que je le vois tous les soirs dans mes cauchemars. Papa, lui, je ne le verrais jamais plus que là. Mes jambes ne répondent plus. Une voix murmure à mon oreille, presque tendrement : « ne te fais pas tuer, morveuse ». Je n'ai pas le temps de me retourner que Blaise s'est déjà relevé comme si de rien n'était. Je ne peux pas lui donner le plaisir de trébucher. Il faut avancer.
J'ai dormi pendant tous le trajet. Adastré pense que son père a dû glisser une potion de sommeil dans mon jus de citrouille, ce matin. Elle jure que personne n'est passé dans notre compartiment, mais mes affaires ont été rangé à la hâte. Elle ne pourra pas me protéger indéfiniment. Elle me fait peur parfois, on dirait Gabrielle.
Gabrielle Delacour était une amie de la famille de mon père, ma marraine. Elle était la seule personne que mes parents connaissaient en France, elle les a aidé à se cacher, c'est elle qui a fait accoucher maman d'Hugo et moi. Et un jour elle est partie. Sa maison en fumée. Ses draps en sang. Les mangemorts faisaient leurs premières percées dans le nord de la France. Nous avions fui. Elle était partie. La première, elle était partie. Hugo était tellement petit. Des nuits et des nuits il a appelé « ga'belle », elle n'est jamais revenue. Voldemort m'a tout pris. Il n'aura pas la peau dorée d'Adastré.
J'avais raison. Ils sont bien venus pour tout saccager quand je dormais. Il m'ont coincé dans un couloir pendant qu'Adastré était partie voir Scorpius et ses sœurs Iphigénie et Andromède. Ils ont déchiré ma robe. Comme si ça pouvait me faire quelque chose. Comme si on pouvait encore me faire quelque chose. Ginny est en vie, maman est en vie, Hugo est en vie, moi aussi. Je me le répète à l'infini. Ils peuvent taper, ils peuvent hurler, ils peuvent insulter. Je n'ai plus d'endroits où me percer. Je suis déjà blessée. Allez, tirez. Tirez. Il n'y a plus de trous à faire. Ils finissent par se lasser, pour cette fois, et s'en vont en riant. Je suis seule.
Adastré me rejoint pour la traversée en bateau et ne dit rien de ma robe déchirée ou des bleus dont je suis parsemée. Elle serre juste les dents, tout se paye en son temps. Scorpius et deux autres garçons sont avec nous sur la barque qui nous transporte vers Poudlard. Je n'aurais jamais dû tourner le dos. Je devrais mieux savoir. Tante Daphné m'avait dit de faire attention. Même cet enfoiré de Blaise m'avait demandé de rester en vie. Je n'aurais jamais dû tourner le dos. Ils m'ont balancé dans l'eau. En plein milieu du lac déchainé. La vie n'a jamais essayé que de me tuer.
C'est drôle ce calme. Plus besoin de ne rien faire. Plus besoin de respirer. Juste se laisser porter. Bientôt je ne serais plus. Peut-être que papa me sourira. Il n'a jamais su faire que ça. Peut-être que maman ne le sentira pas. Daphné et Adastré vont me manquer. Elles s'en remettront. Je sens comme une main sur mon épaule, réminiscence de celle de Blaise un peu plus tôt. Cet enfoiré, le voilà débarrassé. J'ai presque envie de me battre pour encore le gêner. Presqu'en vie… Tout est calme ici. Ça ne fait presque plus mal.
J'entends mon prénom hurlé par une voix étrange et non étrangère. Ancienne ritournelle. On dirait papa quand il chantait les hirondelles. Elle est bien trop jeune cette voix. Je ne suis pas morte. À croire que je suis bonne à rien. Des yeux noisettes me regardent ébahis. Un garçon trempé d'à peu près mon âge me fait face. Il a un grand sourire et des cheveux bruns extrêmement bouclés. Je me retourne pour voir à qui il sourit et il me prend dans ses bras en murmurant :
«
- Rosie… Merlin, j'ai cru que tu étais morte.
- Ne la sers pas trop fort, Tom, tu pourrais attraper la Weasleyite aiguë.
Cette voix nasillarde et trainante, je la reconnaitrais n'importe où… Scorpius Malfoy. C'est drôle comme il a l'air pale à côté des murs blancs, de ce que je devine être l'infirmerie.
- Scorpius. Jure moi que tu ne l'as pas poussé.
La voix de Tom, si douce, devient menaçante.
- Je ne suis pas stupide. C'est Yacksley qui l'a jeté au lac. Cet abruti, aucune finesse.
- Le festin est terminé ?
- Oui, notre cher maitre nous a livré un beau et grand discours sur la grandeur de son ancêtre Serpentard et son unique maison et a disparu.
- Ne plaisante pas comme ça, tu n'es plus au manoir Malfoy ici. On pourrait t'entendre.
- Tu me parles de prudence ? Tu crois qu'on n'a pas remarqué ton absence ?
Le sourire de Tom rétrécit et non pour la première fois j'ai envie d'arracher les yeux de Malfoy.
- Il a dit quelque chose ?
- Non. Il t'a cherché du regard. Les Carrow lui ont assuré que tu arriverais bientôt et il a répondu que personne n'avait de pouvoir sur son héritier à part lui.
Tom a un petit sourire et Malfoy lève les yeux aux ciels.
- Il est tard Scorpius, je vais te raccompagner.
Il s'avance vers lui mais Malfoy ne bouge pas.
- Tu es sur que tout va bien ? Tu ne t'es pas fait mal en plongeant ? Qu'est-ce que tu faisais au bord du lac de toute façon ?
- Je ne pouvais pas laisser mon tout petit frère arriver sans comité d'accueil.
- Ahahhaha, très drôle.
- Allez, on y va. À moins que tu veuilles demander aussi à Rose comment elle va ?
Malfoy rougit violemment et baragouine que non ça ira. Tom se tourne une dernière fois vers moi et me dit en riant :
- Jeune fille, pour vous plus de bain de minuit ! Et si quelqu'un t'embête encore, dis-lui que tu es sous la protection de Tom Malfoy, héritier du seigneur des ténèbres. Ça devrait les calmer. Grouille toi Scorpius, Iphi et Andro doivent être mortes d'inquiétude. Enfin vu leurs prénoms elles devraient préférer être mortes tout court.»
À partir de là, il était assez simple d'en savoir plus sur Tom Malfoy. Il était le centre d'intérêt de tout Poudlard. Tout le monde connaissait son histoire. Tout le monde à part moi.
À sept ans, il avait fait, dans une colère magique, exploser l'orphelinat moldus dans lequel il était élevé attirant ainsi les radars de Voldemort. Coïncidence, pur hasard, ou destin, l'orphelinat du petit se trouvait à deux rues de celui où le lord noir avait grandi. On ignorait tout de la provenance du petit, jusqu'à son prénom. Voldemort lui avait donné le sien. Le mettant ainsi au-dessus des autres mais en dessous de lui, en léguant un prénom qu'il jugeait indigne de lui. Tom présentait des pouvoirs magiques incroyable pour son âge, on avait confié son éducation au jeune couple Malfoy comme signe d'une faveur retrouvée, mais tous savait qu'il était le protégé du lord noir. C'est à lui qu'il appartenait réellement.
Tom et ses grands yeux noisettes, Tom et ses sourires à double fossettes, Tom et ses farces qui font tourner toutes les têtes, Tom mon sauveur, Tom l'héritier du démon. J'ai essayé de ne pas l'aimer, j'ai essayé.
Merlin, j'ai tout tenté. Il est impossible de ne pas aimer Tom Malfoy quand il veut se faire aimer de vous. Impossible. Il ne s'est pas laissé vaincre par mes silences, comme Adastré avant lui, il a persévéré. C'était trop simple pour ces deux-là de se faire adorer. Je les déteste autant que je les aime. Parfois, malgré moi, je me sens plus proche de Scorpius Malfoy.
Bien sûr, il n'a pas à subir les insultes des autres ou les cours de dressages pour traitres à son sang de Bellatrix Lestrange, mais comme moi, il est seul dans le noir. Je me demande ce que c'est de grandir dans l'ombre de l'héritier du monde sorcier. Comme tout le monde, Scorpius n'a pas le choix, Tom, il ne peut que l'adorer. Mais qu'est-ce qu'il doit le détester.
Blaise m'a écrit.
« Belette,
Ne traine pas avec Tom. C'est dangereux.
Daphné t'embrasse »
Je ne l'ai pas écouté. Parfois, quand je regarde Tom et qu'il ne me voit pas, je me demande si je n'aurais pas dû. Il y a quelque chose, quelque chose que je ne pourrais pas expliquer. Quelque chose qui ne sonne pas juste chez Tom. Une foutu symphonie désaccordée. Didi dirait que je parle comme une idiote amoureuse.
Didi c'est la seule personne que je connaisse à détester Tom. Didi c'est pas son vrai prénom. Je ne peux pas penser à son vrai prénom, ils ne peuvent pas savoir tout ce qu'elle fait. Ils la tueraient. Je sais que parfois ils fouillent mes pensées. Didi c'est une tornade. Didi elle a un an de plus que moi, mais elle est tellement forte et dure, elle a mille ans Didi. Elle a le sang pur mais elle le viderait sur le sol sans soucis pour arrêter toutes ces tueries. Elle est la seule personne à détester Tom et il lui rend plutôt bien. Une fois elle m'a dit, en riant, qu'un jour il la tuerait. Tom n'est pas comme ça, que je lui ai dit. Tom n'est pas comme ça. Elle m'a dit : Tu verras, tu verras, un jour il nous tuera. Il n'est pas comme ça ? Il n'est pas né comme ça. Mais regarde qui l'a élevé… Il n'a pas le choix, moi je me suis rebellée, lui c'est un petit chien. L'héritiers du pitbull. Nos disputes l'amusent. Aujourd'hui. Demain, quand je ne le ferais plus rire, il me tuera. Rosie, Rosie, Rosie, tout ce qu'ils font, toi tu ne sais pas. Je les ai vu, Rosie. Je les ai vu. Et puis tu es à moitié amoureuse de cet idiot, alors tu ne vois pas. Tom est dangereux. Je te protègerais, Rosie.
Je ne lui ai pas dit qu'à part elle et lui personne ne m'appelait Rosie. Parfois, j'ai l'impression qu'il y a autant de gens prêts à mourir pour moi que de personnes prêtes à me tuer. J'aimerais tous les sauver. Être comme Didi, sauver le monde et puis moi-même. Mais j'ai laissé mourir mon père. Je suis celle qui tue, celle pour qui on meurt. Qui jamais ne pleure.
Didi a raison. Tom est le diable. Mais Lucifer a toujours eu le plus beau sourire. Quitte à mourir…
L'ancienne tour de Serdaigle est mon endroit favoris du château. Personne n'y grimpe jamais, à part Adastré quand j'oublie de venir diner. Bien sûr, les professeurs savent que j'y suis. Les professeurs savent toujours où on est. Ils ont récupéré l'ancienne carte d'Harry Potter.
Quand j'étais petite, maman avait des cauchemars où elle revoyait sans cesse sa mort, comment ils ont trainé sa dépouille dans tout Pré-au-Lard. Il avait de grands yeux verts que personne n'avait pensé à refermer. Papa disait que c'était comme s'il voyait encore tout ce qui se passait. Il ajoutait qu'Harry n'avait jamais été très bon pour fermer les yeux sur quoi que ce soit. Et son sourire se tendait. Comme s'il attenait sa limite. Qu'il risquait de se briser. Comme il me manque.
Je ne devrais pas penser à ça. Après tout, j'ai eu une très belle matinée.
Je ne l'ai pas vu rentrer. Il passe une main dans ses cheveux blonds ébouriffés par sa course dans les marches et me fixe en reprenant sa respiration. Le petit lord Malfoy, comme l'appelle Tom. Je ne sais pas comment Didi peut penser tout ce mal de Tom alors qu'elle voit comment il regarde son frère et ses sœurs adoptifs. Il y a tant d'amour dans ses yeux quand il regarde la silencieuse Iphigénie ou la vibrante Andromède… Quand il voit Scorpius. Comment ce garçon pourrait être dangereux ? Celui devant moi, avec sa froide détermination et ses yeux bleu-vert glacés, pourquoi pas. Il respire le danger. Ce n'est pas de lui dont je vais me venger. Mais le danger je le reconnais, je l'ai à la peau tatouée.
Scorpius parle enfin :
«
- Ada m'a dit que tu serais là.
- Elle déteste qu'on l'appelle comme ça.
- Oui, mais moi j'ai le droit.
- Laisse-moi deviner. Parce que je suis une Weasley et toi un grand Malfoy ?
- Parce que c'est ma cousine et toi tu es une étrangère.
- Elle dit à tout le monde que je suis sa sœur.
- Les Zabini ont toujours eu le cœur trop mou.
- Tu as déjà rencontré Blaise Zabini, dis-moi ?
- Il t'a bien recueilli, non ?
- Ils n'avaient plus de chats à l'animalerie.
- Du coup, il a pris ce qui ressemblait le plus à une vielle chouette paraplégique prise dans un incendie?
- Tu me dis toujours les choses les plus tendres, Malfoy.
- Qu'est-ce que tu veux, c'est un don.
- Pourquoi est-ce que tu me cherchais ?
Silence. Il s'assoit sur le rebord de la fenêtre et pose sa tête contre la fenêtre. Je suis plus grande que lui. Même assise. Je suis plus grande que lui. C'est quelque chose qui l'agace. Le petit Malfoy n'a pas encore commencé sa croissance.
- Tom était inquiet, personne ne t'a vu depuis le repas de midi.
- Et pourquoi il n'est pas venu lui-même ?
- Oh mademoiselle est déçue que le beau chevalier n'est pas escaladé la tour pour venir la sauver ?
- Assez. Je me retrouve avec son âne bâté.
- Tu sais, tu devrais faire attention, les sentiments que tu as pour mon frère son dangereux.
- Le disque est rayé, Malfoy. Mes parents sont morts, sans la protection des Zabini et de Tom, je le serais aussi. Alors si Tom veut me faire du mal, il n'a qu'à cesser de me parler. Crois-moi, on me tondra le crâne et on me jettera de cette tour sans que personne ne dise un mot.
- On te sauverait.
- Qui on ? Toi ?
- Je ne sais pas. Adastré. Didi ?
- Didi serait bien trop occupée à se disputer avec Tom pour remarquer quoique ce soit.
Il a un petit rire.
- Tom n'est pas venu parce que Didi l'a provoqué en duel, visiblement, la couleur rose que ses cheveux abordaient n'était pas naturelle.
- Si les Carrow la voient, ils vont la torturer toute la soirée.
- Tom ne les laissera pas voir.
- Je pensais qu'il était dangereux ?
- Pour toi. Pas pour elle. Son nom la protège.
- Le mien est sacrilège.
Nouveau silence. Scorpius se lève et se tourne vers moi :
- C'est toi qu'on va torturer si tu arrives en retard au festin d'Halloween.
- Je n'ai pas faim.
- Eh bien bons doloris Weasley ! Ah et joyeux anniversaire !
- Comment tu sais ? Qui a…
- Aucune importance. Je n'ai pas de cadeaux pour toi comme je ne t'aime pas, mais pense à moi le 23 juillet.
- Je ne vais pas te souhaiter ton anniversaire juste parce que tu m'as souhaité le mien Malfoy ! »
Il fait mine de ne pas m'entendre et descend les escaliers en riant.
J'ai eu douze ans ce matin. Il pense tous que je suis amoureuse, certains idiots me verront même heureuse. Je prépare ma vengeance. Les livres de maman me l'ont dit. Le diable n'a jamais su résister à une vierge à l'air étourdie.
Je m'appelle Rose Weasley, à voir mon air enamouré, ils l'auraient presque oublié.
Comme à Noël, Daphné inspecte mes bleus et mes cicatrices les lèvres pincées. Blaise sourit et dit que ça va la rider, elle l'envoie balader sans desserrer les dents. Je suis toujours vivante. C'est déjà ça, mais ça elle ne le comprendrait pas. Elle s'imagine sans doute que ma mère lui demandera des comptes le jour où elle me retrouvera. Elle se trompe. Personne ne lui demandera rien. On m'a oublié. Mon père est mort. Ginny Weasley est un fantôme. Lord Voldemort règne sans partages et a un héritier à la force magique surdimensionnée et aux yeux noisettes impossible de ne pas adorer. Ma mère m'a abandonné. Hugo doit m'avoir oublié. Rose Weasley n'est qu'une ombre. La guerre est perdue. Personne ne me retrouvera. Je suis perdue.
Blaise a décidé de me vider un peu plus. Chaque jour, pendant deux heures, il rentre dans mon esprit et repasse chacune de mes humiliations. Je n'arrive jamais à le bloquer, ça semble l'amuser. Cet enfoiré. Aujourd'hui, il est si près de Gabrielle. Je vois son sourire et ses boucles d'argent. J'entends son rire. Il y a quelque chose en moi, quelque chose en moi, qui ne veut pas qu'il la voit en entière. Qu'il voit tout ce qu'il me reste d'elle. Il m'a pris ma vie. Je ne veux pas qu'il la voit. Pas Gabrielle. Je veux la garder en moi à l'éternelle.
Je crois que j'ai hurlé. Ce ne sont plus mes souvenirs mais les siens. Ce n'est pas son visage mais celui de Daphné. Avant et maintenant. Un millier de Daphné. Et lui toujours à coté, allongé. Comme s'il n'y avait jamais qu'à elle qu'il avait pensé.
Il a un petit rire, jamais décontenancé et coupe la connexion aussi sec.
«
- Dis-moi, qu'est-ce que tu ne voulais pas que je vois ? Ton amoureux Malfoy et toi vous avez passé la première base ?
- Je ne sors pas avec Tom !
- À ça, crois-moi, je sais, notre cher apprenti lord noir ne voudrait pas te toucher. Je parlais de l'autre Malfoy.
- C'est pas mon copain !
Sa main se lève toute seule comme pour ébouriffer mes cheveux puis il retient son geste, pétrifié, c'est pourtant nonchalamment qu'il me dit :
- Parfois, j'oublie à quel point tu es jeune.
- C'est toi, tu es vieux.
- Eh ! Insolente. Je crois que tu es prête. Enfin. Il était temps. Merci Merlin, tu as hérité du cerveau de ta mère.
- Prête pour quoi ?
- Tu verras demain. Ecoute-moi. Tu vois la force avec laquelle tu as bloqué ce souvenir ? Il faudra qu'avec la même force tu protèges ce que tu verras demain. Tu t'entraineras là-bas. Personne à Poudlard ne doit le savoir, tu m'entends personne. Pas Didi, pas Tom. Personne.
- D'accord. Adastré viendra avec nous ?
- Non. Elle passera la semaine avec Andromède Malfoy. Si n'importe qui te demande, tu étais avec elles.
- Andromède me couvrira ?
- Elle a fini sa scolarité et elle fait partie de la résistance.
Il balance ça comme si ça ne voulait rien dire. Comme si elle ne pesait rien cette résistance. Qu'elle n'était qu'une désillusion en persistance. Il tue chacune de mes espérances.
- Une Malfoy ? Dans la résistance ?
- Que veux-tu, grandir avec l'héritiers du démon, ça créé des vocations. Andromède est sure. C'est tout ce que tu as à savoir.
- Mais Tom l'adore ! S'il savait…
- Tu es sincèrement entrain de plaindre le fils adoptif de Lord Voldemort, Rosie ?!
- Non… Je…
- Bien. Va te coucher, demain on se lève tôt. »
C'est drôle. Il m'a appelé Rosie.
Blaise est d'affreuse humeur, tante Daphné me dit que cela n'a rien à voir avec moi, c'est juste que ce matin il a trouvé un cheveux blanc. Elle me déchire le cœur quand elle dit des choses comme ça. C'est tellement quelque chose que papa aurait pu dire. De ses blagues je ne peux plus rire.
Daphné noue l'écharpe autour de mon cou et dépose un baiser sur les lèvres de son mari. Le geste est tendre. Je ne l'ai vu qu'une fois tendre avec lui. Passionnée, effrontée, entrain de l'embrasser, oui, toutes les journées. Mais tendre qu'une seule fois. Un matin, quelques mois après mon arrivée, où il avait débarqué le thorax ouvert sur la table de déjeuner. Bien sûr, elle l'avait insulté, pourtant son bras elle n'avait cessé de le caresser. Je crois qu'on va au danger.
Distraitement, je demande à Blaise quel jour on est, il m'accorde son premier sourire de la journée et toujours Serpentard me répond : eh bien, le 23 juillet.
Daphné me dit à dans une semaine et soudain j'ai peur, je pensais ne partir que pour la journée. Si Blaise me laissait ? Adastré n'est pas là pour me protéger. Il pourrait…
On arrive au milieu d'un champs de tournesols. Les fleurs sont tellement hautes que je ne vois plus rien. Blaise ne lâche pas ma main. Le contraste de sa peau brune contre la mienne me rassure. Je suis idiote. Blaise ne me laissera pas. Il aurait trop peur de comment Daphné pourrait le tuer.
Ce n'est pas elle que je vois tout de suite. C'est lui. Il court tellement vite. Un éclair. Un flash rouge et il est dans mes bras. Je lâche la main de Blaise qui dans un geste étrange, comme brulé, la frotte contre sa cape. Il a perdu deux dents de devant. Il ne doit plus pouvoir manger les glaces qu'il aime tant. Et puis je les vois les grands yeux de maman. Elle me serre tout contre elle. Elle pleure et mes yeux restent secs. Ils sont en vie. Ils sont en vie ! Je me tourne vers Blaise, il regarde le ciel. Il compte les étoiles dans la lumière du soleil.
« Tu as une semaine, Granger. Une semaine. Ne fais rien d'insensé. Je ne me casse pas la tête à la protéger pour que tu la fasses tuer. Quant à toi belette, embrasse ton petit frère et sois sage »
Il se retourne pour transplaner. J'attrape sa main et j'enlace son torse, il dépose un baiser que je sens à peine à la naissance de mes cheveux.
« Sois sage ou je raconte à ta mère que tu es amoureuse du fils Malfoy »
Je me souviens. Ce premier retour. Ce premier été. Le plus dur. J'ai supplié maman de ne pas me laisser y retourner. Je l'ai imploré. Pour la première fois en deux ans j'ai pleuré. Blaise n'a pas sourcillé. Il avait l'air aussi malheureux que moi de ces retrouvailles. J'ai crié. J'ai hurlé. Hugo, des bras de maman, lançait des coups de pieds. J'aurais pu me calmer, pour lui, j'aurais pu me calmer. Je ne l'ai pas fait. Elle, lui, ils me renvoyaient me faire tuer.
Alors quand je suis rentrée et que j'ai trouvé Adastré allongé sur mon lit, le regard dans le vide et qu'elle m'a dit en guise de bonjour : « Rose, je crois que je suis amoureuse », je ne l'ai pas écouté.
Je n'ai pas fait attention. En silence, se préparait la révolution.
Hello !
D'abord belle année ! Enterrons définitivement cette ténébreuse 2015. Bienvenue à toi 2016.
Je reviens avec ce projet un peu fou. J'avais écrit entièrement cette histoire qui fait trois chapitre et je l'ai perdu. Je ne vous dis pas la déception… J'en recommence donc l'écriture et j'ai l'impression que rien ne va, que rien n'est clair que l'autre version était beaucoup mieux, mais c'est toujours ainsi. Le point positif c'est que l'histoire est entièrement écrite dans ma tête. Je peux, par exemple, vous dire que le second chapitre sera sur les 6e et 7e année de Rose et qu'il sera beaucoup plus noir. Ici Rose est encore une enfant, vous n'imaginez pas ce que son adolescence lui réserve.
J'espère que cette histoire vous plaira,
J'attends vos réactions,
À très bientôt,
A-L
