Disclaimer : One Piece appartient à Eiichiro Oda, seuls mes OCs m'appartiennent.
Elle avait rêvé, cette nuit. Comme toute les autres d'ailleurs.
Toutes les nuits, elle rêvait.
Elle rêvait d'un monde de paix, d'un monde sans guerre, sans violence, sans crimes, sans haine...
Elle rêvait d'un monde silencieux.
Elle rêvait qu'elle se trouvait dans un champ de tournesol avec le ciel bleu au dessus d'elle et la lumière éclatante du soleil qui l'entourait.
Elle rêvait du parfum chaud des fleurs qui lui tournait la tête.
Elle rêvait qu'elle courrait, qu'elle sautait, qu'elle tombait...
Elle rêvait de l'eau fraîche de l'océan, du courant allant et venant, du sel lui piquant le nez et de l'écume se mêlant à ses cheveux.
Elle rêvait qu'elle s'échouait sur une plage et que le sable glissait sous ses doigts sans un seul bruissement.
Elle rêvait.
Chaque nuit.
Et chaque matin, elle se réveillait.
Elle se réveillait et ouvrait les yeux sur un monde violent, bruyant, rempli de conflits et de combats...
Un monde parfait.
Kelly vint l'aider à boucler les multiples attaches de son corset.
Kelly, c'était la servante chargée de répondre à tous ses besoins, sa confidente, sa source d'informations en ce qui concernait tous ce qui pouvait bien se passer sur l'île.
Kelly était jeune, peu expérimentée quant à exécuter les ordres à la lettre, mais elle disposait d'une capacité qui la rendait unique parmi les autres servantes : elle connaissait le langage des signes.
Qualification extrêmement utile quand on se doit de veiller au confort d'une personne ne pouvant émettre un son.
Echo était muette de naissance, avait 28 ans et occupait une place toute particulière au sein de la "famille".
Echo recrutait les esclaves. Elle se rendait là où le vent du commerce soufflait et s'enfonçait dans les tréfonds de l'humanité, là où même le mot "humain" n'a plus lieu d'être. Elle tendait la main à ceux qui en valait la peine.
Parfois, elle devait chercher des personnes en particulier, parfois, elle laissait juste son instinct détecter ceux possédant un bon potentiel et les ramenait avec elle, à Dressrosa.
Echo ne séjournait jamais plus de deux jours de suite au palais royal, c'est pourquoi elle était traitée comme une invitée dès qu'elle y revenait, après souvent des semaines de navigation.
Elle était toujours en mouvement à cause de sa tâche et on ne la voyait jamais plus de quelques heures au même endroit sur GrandLine et même à Marie-Joa si on l'envoyait là bas...
"Où allez-vous cette fois ci ?" demanda Kelly qui, tous les matins où sa "Cho-sama" était présente, faisait joyeusement la conversation tout en serrant les nombreux liens qui maintenaient ses lourdes bottes en place.
la muette attachait sa chevelure rousse en une queue de cheval lorsqu'elle répondit par un haussement d'épaule.
Elle ne savait pas. Elle ne savait jamais.
Elle s'accordait aux demandes et aux désirs du "maître". Elle allait là où il lui demandait d'aller et évoluait selon ses envies, s'adaptant à ses humeurs.
Un caractère changeant étant difficile à satisfaire, Echo savait faire preuve d'ingéniosité pour toujours remplir son contrat. Ceci étant la raison pour laquelle elle faisait partit des agents secondaires les plus anciens, les 90 pour-cents d'entre eux venant confiant mais repartant en morceaux ou - au mieux - traumatisés.
Ce n'était pas le cas de la rouquine qui, au contraire, affichait toujours cette bonne humeur caractéristique de la maison et faisait preuve d'une grande volonté lors de chacune de ses missions.
Quand Kelly en eut finit avec ses chaussures, Echo se leva avec entrain et la remercia du regard, lui indiquant d'un signe de main qu'elle pouvait se retirer - ce qu'elle fit après s'être légèrement inclinée.
La recruteuse se retrouvant seule, elle inspecta une dernière fois sa tenue complète dans le miroir, vérifiant chaque attache de ceinture, puis se sourit à elle même.
Il était temps d'aller se présenter devant Joker...
On ne pouvait pas s'adresser librement au jeune maître. Simple question de hiérarchie mais aussi de bon sens.
Le mieux était d'attendre que lui même vous adresse la parole, ce qui, en soit, risquait d'arriver inévitablement si vous résidez souvent dans les étages supérieurs du palais. (Bien qu'il prenne également un malin plaisir à effrayer les nouveaux venus rien que par sa présence.)
Les seules personnes pouvant l'interpeller le plus souvent sans gêne étaient les membres de son propre équipage et une très petite minorité de personnes.
Echo faisait partie de ceux possédant ce rare privilège mais n'en usait pas. Tout d'abord parce qu'elle ne pouvait pas héler qui que ce soit, ensuite par respect.
Lorsqu'elle attendait un ordre de mission ou souhaitait signaler son départ de l'île, elle se plaçait simplement sur le coté et, étrangement, il semblait ressentir immédiatement sa présence et l'invitait à s'approcher.
Généralement, elle le trouvait sur la grande terrasse principale, assis au soleil non loin de la piscine où se baignait de sublimes créatures lui jetant des œillades en coin qu'il ignorait royalement. Mais, ce jour là, on l'envoya à son bureau où elle le trouva installé nonchalamment, dictant une lettre à une scribe tout en plaisantant avec elle, ne se retenant pas de la reluquer de haut en bas.
La porte était entre-ouverte. La jeune muette se contenta de se poster devant le battant et patienta un court instant.
"Entre." finit par lancer le roi, ayant une fois de plus deviné sa présence.
Il avait ce timbre grave et voilé qui lui était propre. Les "r" étaient légèrement roulés et certains sons nasillards sur leur fin évoquaient un passé de fumeur. Un vibrato charismatique qui se faisait tour à tour moqueur, joueur ou menaçant mais qui vous charmait toujours, vous hypnotisant et vous tenant suspendu à chaque syllabe...
Le jeune maître parlait très peu à Echo, ce que tous le monde trouvait étonnant, lui étant facilement bavard, mais la jeune femme ne percevait en effet la voix du corsaire que lorsque celui ci savait qu'elle ne pouvait pas le voir.
Autrement, il communiquait par signes.
C'était encore une chose que personne ne s'expliquait et pas même Echo ne savait vraiment pourquoi il s'efforçait d'utiliser en permanence le langage de sourds et des muets pour s'adresser à elle, là où tout le monde se contentait d'employer leurs cordes vocales.
La rousse ignorait où il avait apprit et comment, mais elle ne relevait jamais une seule erreur dans l'exécution de ses mouvements, à croire qu'il parlait auparavant couramment cette langue si spéciale...
Il mouvait, tordait, agitait et pliait ses doigts avec aisance, ses larges mains paraissant douées d'une conscience propre tant elles étaient souples et fluides dans leurs gestes.
Tu es prête à partir ? s'enquit-il, un large sourire aux lèvres, comme à l'accoutumée.
Elle ne l'avait jamais vu en colère, et on le disait redoutable lorsqu'il perdait son sang froid... Mais, devant la muette en tout cas, il était toujours rieur et exubérant, à l'image du royaume qu'il dirigeait.
Echo lui répondit qu'elle était toujours prête à reprendre la mer. Elle replaça rapidement une mèche derrière son oreille et demanda prudemment si elle devait se rendre à un endroit particulier ou s'il aimerait qu'elle ramène des individus spécifiques.
Il réfléchit un instant, regardant distraitement la scribe mâchonner sa plume d'écriture tout en relisant ses notes, avant de poser de nouveau son regard sur la recruteuse.
Surprend moi.
Il avait éludé la question d'un mouvement négligé de sa main gauche mais la rouquine remarqua un geste discret de sa main droite... Geste qu'elle seule pouvait comprendre.
Une mimique qu'il exécutait de son index et de son auriculaire et qui rappelait à Echo qu'elle savait exactement ce qui faisait plaisir au roi.
Elle eut un sourire entendu et inclina légèrement la tête, montrant qu'elle avait compris.
Sur cet échange silencieux, elle sut qu'elle pouvait s'en aller et quitta la pièce le pas léger.
La muette referma le lourd battant derrière elle. Son bateau l'attendait sur le port et c'était une belle journée de printemps sur l'île...
Elle irait traverser RedLine le lendemain dans l'après-midi.
Elle se sentait d'aller faire un tour aux Sabaody.
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