Voilà ma première fiction sur Stargate :

Tout d'abord, le contexte de l'histoire : Vous verrez des incohérences, mais vous comprendrez à la fin de votre lecture, promis ;)

Jack prend sa retraite huit ans avant le début de cette fiction, laissant sa place de général à Sam.

Il n'y a pas d'autres grand changement je crois... Mais n'hésitez pas à faire signe si il y a encore de l'ombre ;)

Bonne lecture !

~/*A*\~

L'homme, dans la soixantaine, peut-être un peu moins, était assis négligemment sur son canapé, les pieds croisés sur la table basse en bois, une Guinness dans la main gauche, la

télécommande de la télé de l'autre, près à remettre le son dès que les Simpson reprendraient.

C'était comme ça presque tous les après-midi depuis maintenant sept ans, à partager son temps entre la pêche dans le Minnesota, l'observation des étoiles, et la télévision.

Il trouvait son existence paisible, et sa seule préoccupation était encore de savoir s'il devait adopter un chien, et si oui, de quelle race il serait. Le nom était déjà choisi, ce serait Homer, il n'en démordait pas.

Il ne prêtait pas tellement attention à la publicité qui défilait sous ses yeux, mais cependant, quand un grand coiffeur présenta sa nouvelle gamme de produit pour blonde, il ne put s'empêcher de penser, en voyant la jeune mannequin à cheveux courts, à sa subordonnée, petite blonde souriante et toujours en quête d'aventure... En partant, il lui avait laissé sa place de général, et depuis, rares avaient été ses visites, et n'ayant pas de téléphone, il n'avait plus de nouvelles. Le sort s'acharnait, après l'Oréal, ou Dieu sait quel coiffeur, venait le tour des garages un-tel dans lequel travaillaient en groupe équilibrés hommes-femmes, « main dans la main pour le bonheur de votre voiture ». Il soupira : Décidément, elle le suivait, l'astrophysicienne du SG-C.

Un coup frappé à la porte lui fit froncer les sourcils : Rares étaient les visiteurs qui osaient s'aventurer dans « l'antre de l'ours ». En vieillissant, Jack avait vu son caractère, déjà bien trempé prendre le tournant fatal de l'âge, passant de Charybde en Scylla.

Il coupa l'alimentation de son écran, et posa sa bouteille sur le bar, derrière lui, avant de se lever pour aller ouvrir la porte.

En passant devant la fenêtre, il hésita à aller accueillir son visiteur : Devant son chalet était garée une voiture noire, sûrement un véhicule de service, qui ressemblait traits pour traits à celles qui lui était arrivé de manier pour l'Air Force.

Il se douta que, derrière le panneau de bois qu'il s'apprêtait à entrouvrir se trouvait un officier en uniforme bleu, prêt à lui annoncer qu'il devait revenir prendre le contrôle de la base de Cheyenne mountain.

Ce n'était pas possible, Carter faisait obligatoirement du bon travail, il en était sûr.

Pris d'une soudaine montée d'adrénaline, il se prit à rêver que, celle qui l'attendait derrière la porte était peut-être le général elle-même. Il secoua la tête, elle avait certainement mieux à faire que de lui faire plaisir en venant passer un après-midi avec lui à siroter une bière et regarder sa série préférée...

Il tourna la clé dans la serrure et tourna la poignée.

« Bonjour mon général. Le salua l'homme, effectivement en costume, un petit jeune qu'il ne connaissait pas.

-Je suis retraité, c'est donc Jack O'Neill, tout court. Corrigea-t-il d'un air niais.

Le major, car c'est ce que ses décorations indiquaient, eu l'air gêné, presque mal à l'aise devant le vieil aigri. Il prenait ce qu'il devait dire avec des pincettes, et Jack pensa que c'était la première fois qu'il s'occupait de l'administration. Il retira sa casquette, de laquelle il tritura les bords, visiblement stressé, voire même gêné par sa tâche.

A la vue du pauvre major, Jack sentit son visage se faire plus rassurant :

-Écoutez major, je suis retraité, pour la deuxième fois. Cette fois-ci, même pour les beaux yeux du général Carter, je ne réintègrerai pas le SG-C. Mais vous lui transmettrez mon bon souvenir. Lui dit-il en souriant, un brin ironique.

Les lèvres de l'officier s'entrouvrirent, il était visiblement de plus en plus mal à l'aise, comme si la boutade de l'ancien général l'avait découragé :

-Je ne suis pas la pour vous inciter à reprendre votre poste, et je ne viens pas sur ordre du général Carter monsieur...

Jack fut surpris de la réponse qu'il venait d'obtenir. Il fronça les sourcils, et ses lèvres dessinèrent une moue étrange d'incompréhension :

-Alors pourquoi ?

Le major prit une teinte blanchâtre, si bien que le vieil ermite crût un instant qu'il allait avoir sa mort sur la conscience. Puis, finalement, après une grande inspiration, il sembla retrouver un semblant de professionnalisme, et surtout de courage :

-Vous étiez le premier de la liste des personnes à contacter en cas d'accident dans le dossier du général Carter.

Jack sentit une soudaine angoisse paralyser ses membres à la formulation « accident », qui en général voulait dire « décès ». Il se força à rester le plus calme possible, pensant que si son interlocuteur était si stressé et prenait des pincettes, c'était aussi parce que ce n'était pas dans son habitude de remplir certaines missions, même sur Terre... « Surtout sur Terre » Pensa t-il.

-Il lui est arrivé quelque chose ? Elle va bien ? Sans le vouloir, Jack avait laissé transparaître son inquiétude dans sa voix. Inquiétude qui grandissait en voyant le major glisser sa main dans sa poche pour en sortir une clé USB.

-Je suis désolé monsieur, le général Carter est décédée ce matin..

Jack perdit son calme : Il ne pouvait pas croire à cette nouvelle, il était en fait sur son canapé, et il s'était endormi alors que les Simpson allaient reprendre !

Tout sauf la mort de Sam, il aurait pu arriver n'importe quoi, mais pas ça, pas à elle.

Il était énervé par le manque de précision de l'oiseau de mauvais augure :

-Comment ? Que lui est-il arrivé ? » Hurla-t-il.

Devant le visage rouge et déformé par la colère d'O'neill, le major ne put que rentrer la tête dans ses épaules, ne sachant que dire. On lui avait bien précisé que l'ex général avait été très attaché à Carter, et que l'annonce provoquerait des sentiments violents chez lui. Mais de tous les scenarii qu'il avait imaginé, aucun n'était aussi terrifiant : Les yeux de Jack le paralysaient, lui envoyant des éclairs silencieux, comme si le décès de sa supérieure lui était dû. Mais malgré cela, au fond de lui il pouvait sentir une immense tristesse, une vague dévastatrice comme il n'en avait vu que dans des films.

On l'avait autorisé à divulguer au retraité les causes exactes du décès de son amie, ce qu'il fit :

« Le vaisseau qu'elle pilotait s'est écrasé sur une planète inhabitée, elle a succombé à ses blessures cette nuit, à l'infirmerie. » Lui expliqua-t-il.

Jack tomba des nues : Samantha Carter, cette grande guerrière, pilote reconnue, s'était simplement écrasée en conduisant un vaisseau qu'elle connaissait sûrement comme sa poche, si elle n'avait pas même élaboré les plans des moteurs, et des boucliers, voire tout de l'engin ! Qu'elle mort absurde ! Quelle malchance... Il se mordit la lèvre, presque jusqu'au sang. Il était furieux de ne pas avoir plus de détail, ce qu'il fit remarquer :

« C'est tout ? Elle s'est « écrasée sur une planète inhabitée et a succombé à ses blessures ? » Cria-t-il.

-Je suis désolé, toutes mes condoléances... Je partage votre souffrance. Lui assura le major en lui tendant la clé qu'il avait sorti de sa poche un peu plus tôt.

Cette fois-ci s'en était trop pour le pauvre Jack :

-Non vous ne partagez rien ! Vous la connaissiez à peine ! J'ai travaillé avec elle pendant des années ! Je l'ai sauvée des dizaines de fois, et je serais mort si elle n'avait pas mis son intelligence au service de cette planète ! Je l'ai rassurée quand il le fallait, et elle a fait de même ! C'était une femme exceptionnelle, toujours plongée corps et âme dans son travail... Vous ne partagez absolument RIEN ! »

Pris de peur, le major regagna sa voiture alors que Jack claquait sa porte d'entrée à la volée, encore sous le choc, et ne pouvant assimiler la nouvelle.

Il posa la clé USB sur sa table basse, et se laissa tomber dans son sofa : Il aurait aimé avoir des précisions sur sa fin. Ses derniers mots, si elle avait beaucoup souffert, et si oui, combien de temps elle avait résisté, se raccrochant à des brindilles de son existence pour tenir le coup. Il aurait voulu voir son visage quand les infirmiers lui avaient annoncé qu'elle ne survivrait pas, voir la tristesse se peindre sur sa peau à travers son masque d'assistance respiratoire, en comprenant que sa fin était proche. Il pensa qu'il aurait pu prendre sa main, et simplement la serrer sans rien dire, juste en lui faisant comprendre qu'il serait là jusqu'au bout. Mais ça n'avait pas été le cas... Au moment où elle

était en train de lutter, il était probablement déjà endormi, ou en train d'observer Vénus...

La vie était injuste. Elle lui avait enlevé son fils, puis éloigné sa femme, et maintenant, c'était la femme qu'il aimait qui partait, sans même un au revoir à son égard...

Ses yeux étaient légèrement humide, et il préféra les fermer, histoire de contenir les larmes qui se formaient au coin de ses yeux.

Il avait mal, mal de comprendre qu'il n'aurait jamais plus la chance de lui prouver qu'il pouvait la rendre heureuse, il ne verrait plus non plus son merveilleux sourire.

A ce moment là, il aurait donné tout ce qu'il possédait pour pouvoir l'entendre lui exposer une de ses théories alambiquées qu'il ne comprendrait pas, mais pendant laquelle il aurait le temps de l'admirer en plein bonheur, les yeux brillants, le sourire resplendissant, un brin de joie et passion dans la voix. Puis il y aurait le regard... Ce petit coup d'œil qu'ils avaient toujours échangé à la fin de ses explications, celui qui lui faisait comprendre qu'il n'avait pas compris, et qu'elle devait recommencer moins vite, avec des mots plus simples. Ce coup d'oeil là, il ne l'oublierait jamais :

C'était comme ça que leur amour l'un pour l'autre s'épanouissait, comme un rosier grimpant dont les branches s'entremêlaient jusqu'à s'étouffer les unes et les autres...

Il reprit le petit disque de stockage, et se demanda ce qu'il pouvait bien contenir tout en le faisant tourner entre ses doigts. Il ne voulait plus imaginer, de peur d'être déçu. Il ne pouvait pas non plus attendre qu'elle lui manque tellement qu'il voudrait savoir ce qu'elle lui avait laissé... Il avait déjà attendu beaucoup trop longtemps, et elle était morte.

Il attrapa son ordinateur portable, qu'il n'utilisait plus que pour commander du matériel de pêche, mais qu'il se souvenait avoir pas mal manipulé pour la paperasse administrative que lui demandait son grade de général avant sa retraite plus que méritée, et brancha la clé.

Il n'eut pas à chercher longtemps avant de trouver ce qui lui était destiné. Parmi les dossiers que lui même avait possédé, un seul sortait du lot : « Jack » .

Ce nom résonna dans sa tête un moment : Elle l'avait toujours appelé « mon colonel » puis « mon général » et il en avait presque oublié qu'elle connaissait son prénom...

Il imagina sa voix sans difficulté, car même après tant d'années, il n'avait jamais oublié ce détail chez elle.

Il y avait plusieurs fichiers, jpeg, wma, et un texte.

Hésitant, la tentation de revoir une dernière fois son visage fut la plus forte, et il ouvrit la vidéo.

En face de lui, il avait désormais Carter, assez souriante, l'air un peu gêné de devoir parler à son ordinateur, les mains jointes sur ses genoux.

Il attendit un instant avant de lancer la vidéo, juste le temps de graver cette image dans sa mémoire.

Puis il appuya finalement sur « play », avec une étrange douleur froissant son estomac.

Sam passa la langue sur ses lèvres, sembla vérifier que sa web-cam tournait correctement, et le fixa :

« Bonjour Jack... Elle sembla chercher ses mots.

-Bonjour Sam... Chuchota Jack qui se surprit à laisser ses doigts glisser sur le visage de pixels assemblés pour reconstituer son image.

-Si vous visionnez ceci aujourd'hui, c'est que je ne suis plus de ce monde pour vous dire tout ce que je pense. Alors je me lance aujourd'hui, en espérant que vous n'ayez jamais à voir cette vidéo. Elle soupira.

-L'administratif me prend plus de temps que je ne l'aurais jamais pensé, et moi qui vous reprochais de ne plus nous accompagner sur le terrain... J'avoue que je ne mets

plus tellement les pieds ailleurs que sur la Terre ces temps-ci. Elle esquissa un maigre sourire avant de reprendre :

-Je n'ai même pas le temps de venir vous voir, et... Elle bafouilla. Je dois avouer que vous me manquez terriblement. Un sanglot la secoua, déformant sa voix, et serrant le cœur de Jack.

Elle pensait donc encore suffisamment à lui pour pleurer à la simple pensée qu'elle ne le reverrait peut-être pas !

-Oui, j'ai du mal à tenir le coup. Je reste souriante, je sais me faire obéir, Teal'c, Daniel , Cameron et Vala sont des anges : Ils m'aident du mieux qu'ils le peuvent. Mais ils ne savent pas à quel point je me sens seule parfois. La jeune femme leva la tête vers le plafond, essayant de cacher ses larmes.

-Tout le monde me respecte, me vois comme une scientifique experte... Mais vous étiez le seul à me faire sentir que j'étais aimée quelque part... « Un trésor de la nation américaine ».

Sous ses larmes, elle souriait, à la pensée de ce compliment qu'il lui avait fait il y a longtemps.

-Plus que ça, corrigea Jack, de la galaxie Carter... De la galaxie...

Elle ne pouvait évidemment pas l'entendre, mais quelque part, il sentait qu'elle savait ce qu'il pensait d'elle.

-Quelque fois, je me dis que tout aurait pu être beaucoup plus simple : Nous aurions pu passer la porte pour une autre planète déserte et accueillante, pour vivre tous les deux au grand jour. Peut-être que nous serions heureux maintenant, et que je ne serais pas morte... Quoi qu'il en soit, j'en ai assez de ne pas pouvoir me réfugier dans vos bras quand j'ai besoin de réconfort, et j'aurais aimé vous embrasser, encore et encore, quand j'en avais l'occasion. Seulement je suis trop peureuse pour avoir osé le faire, et voilà où nous en sommes...

Elle réfléchit encore :

-J'aurais peut-être du quitter l'air force, cela aurait été plus facile pour vous.

-Mais la planète aurait été détruite... Souffla Jack

-Je sais bien ce que vous pensez : La planète serait aux mains des goa'ulds, mais nous aurions été heureux, ne serait-ce que l'espace de quelques mois...

Un nouveau sanglot la secoua, un peu plus fort que le précédent, et elle ne chercha même plus à cacher ses larmes :

-Excusez-moi... Mais rien qu'à penser à vous, il y a ce tiraillement juste sous les côtes. Elle mit la mains là où elle ressentait le malaise, et il l'imita, une larme coulant sur sa joue barbue.

-Tout ça pour dire que je t'aime Jack, et que jamais, tu m'entends ? Jamais je ne t'oublierai...

-Moi non plus... »

Jack ne voyait plus que la forme de Carter déformée par les larmes qui brouillaient sa vue.

Il ne pouvait plus, il stoppa la vidéo, et enfouit son visage dans un oreiller, et poussa un gémissement de douleur.

Elle avait raison, il serait prêt à passer un pacte avec le diable, voire Ba'al pour pouvoir effleurer de ses doigts la peau douce et lisse de Sam, passer les mains dans ses cheveux blonds, se laisser aller à l'ivresse que lui procurerait l'agréable contact de ses lèvres sur son cou...

Oui, il avait été minable sur ce coup là, un joueur pitoyable. Il ne la méritait pas, il n'était même pas sûr qu'il l'aurait rendue heureuse. Évidemment, dans un premier temps elle se serait sentie pleine de joie, rassurée par sa présence, mais elle aurait très vite déchanté, il était un solitaire...

N'ayant plus le courage de regarder le visage de sa bien-aimée, il rabattit l'écran de son portable et coupa l'arrivée de l'électricité.

Le jour était en train de décliner; et l'air commençait à se faire plus frais. Néanmoins, il quitta son chalet en tee-shirt, avec dans l'idée de s'aérer et se replonger dans ses souvenirs.

Il ne prit même pas la peine de fermer la porte, et descendit les marches du perron d'un pas lourd.

Ses pas le menèrent à l'orée du bois, dans lequel il s'engouffra.