Gelt jeta un dernier regard aux toits de chaume de son village natal avant qu'ils ne disparaissent derrière les collines. Il savait sa destination éloignée, aussi il talonna son cheval, rajusta la capuche de sa cape pour se protéger de la pluie qui commençait à tomber et s'engagea sur le large chemin de terre.
La route serait longue jusqu'à Altdorf, déjà qu'il n'était pas bien sur du chemin à prendre. Premièrement il devait gagner la côte, trouver un navire qui l'emmènerait jusqu'à Marienburg, là il aviserait, peut être remonter la Reik sur une barge.
En pensant au chemin qu'il avait à parcourir et aux intempéries qu'il devrait traverser sa volonté chuta.
Il fit ralentir sa jument puis s'arrêta complètement, la pluie lui battait toujours le visage. La matinée devait être bien entamée puisque, entre deux nuages, le soleil apparut au dessus des montagnes. Pendant quelques instants Gelt fut baigné de chaleur par ce rayon de lumière et sembla oublier le monde qui l'entourait. Il pouvait presque sentir ce Vent si familier qu'il sentait habituellement dans ses moments d'intense réflexion ou lorsqu'il aidait Eisen le forgeron au village.
Balthasar fut sorti de ses réflexions par sa jument qui s'impatientait. Manifestement la pluie la gênait plus que son cavalier. Ce dernier arrangea la position sur sa selle et talonna sa monture pour reprendre sa route.
À mesure que la journée avançait la route devenait de plus en plus fréquentée et de plus en plus large. Les cabanes isolées avaient laissées leur place à des fermes de taille respectable et bientôt Gelt devrait arriver à la première ville digne de ce nom. Il en profiterait pour se restaurer et apprendre le moyen le plus sûr et le plus rapide pour prendre un bateau en direction d'Altdorf. Même si la bourse attachée à sa ceinture était bien légère ce point ne l'effrayait pas, dans ces contrées éloignées de l'Empire l'avarice des hommes étaient encore plus facile à éveiller. L'illusion de l'or devrait lui ouvrir toutes les portes. De plus l'or s'obtient facilement, quand on sait comment en faire.
En voyant les charrues de marchands ralentir à quelques centaines de mètres devant lui il en déduit que la ville était désormais fortifiée et que des gardes en contrôlaient l'accès. Les choses avaient du bien changer depuis sa dernière visite. Il devrait faire d'autant plus attention à rester discret, même s'il avait vieillit il ne souhaitait pas que l'on puisse le reconnaître et l'associer à son village natal, il l'avait quitté, lui et ses habitants discrètement. En découvrant son absence ils penseraient que des bandits de grands chemins l'avaient attaqué, pleureraient sa disparition puis finiraient par l'oublier, ainsi était la vie dans la région du Golfe Noir et Balthasar ne souhaitait pas que suite à ses actions des représailles soient faites sur son village natal et ses résidants.
En arrivant à hauteur des portes de la ville il remarqua que les gardes arboraient l'uniforme gris et blanc du Wissenland. Ils avaient sûrement été engagés en tant que mercenaire pour protéger les intérêts des marchands.
