Une rencontre qui changea l'histoire

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Résumé : Severus est un homme dévasté par la mort de la femme qu'il aimait. Hermione est une petite fille rejetée par ses pairs. L'un va au parc pour tenter de trouver des réponses à ses questions. L'autre y est forcée par ses parents. Une rencontre va changer leur destin.

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Depuis la mort du Seigneur des Ténèbres, Severus Rogue ne savait que faire de sa vie. Il n'arrivait plus à y trouver un sens. La seule chose qu'il lui restait était une promesse. Tout faire pour garder l'enfant Potter en vie. Et pour l'instant, il était en sécurité, chouchouté par sa famille d'accueil, sans aucun danger à l'horizon. Et Severus arrivait à peine à survivre chaque jour. Sa Lily était partie. Morte par sa faute. La seule qui lui avait accordé sa confiance. Celle qu'il aimait plus que tout. Et il était dévasté par la culpabilité. Il ne comprenait pas pourquoi Albus lui avait fait éviter la prison. Après ce qu'il avait fait, il le méritait. Mais le vieil homme avait dit qu'il s'était largement racheté en risquant sa vie pour les prévenir du danger et que le seul coupable était Black. Black qu'il haïssait de tout son être. Black qu'il tuerait de ses propres mains s'il avait à le revoir un jour.

Severus était un homme désespéré qui n'attendait plus rien de la vie. Oui, il avait un grand manoir. Oui, il avait un travail qui le payait bien et qui lui permettait de vivre son rêve, faire des recherches en potion. Mais cela ne lui procurait aucune joie. Severus était seul. Il n'avait aucun ami, ne faisait aucune rencontres, ne sortait pas, ne s'attachait à aucun de ses élèves. Il ne se le permettait pas. Il n'en avait pas le droit. Il ne voulait plus détruire personne. Il ne voulait plus souffrir.

Sans s'en rendre compte, il se détruisait lui-même.

Il y avait pourtant un rituel auquel il n'avait pas dérogé. Chaque samedi, il se rendait dans un parc quelconque. Il s'asseyait sur un banc reculé et regardait les enfants s'amuser. Cela lui rappelait que la mort de Lily n'avait pas été vaine. Grâce à elle, des enfants moldus pouvaient encore rire et jouer dans les parcs. Comme eux, lorsqu'ils étaient plus jeunes.

Un jour, alors qu'il observait deux frères s'amuser sur un tourniquet et rire aux éclats, une petite fille aux cheveux ébouriffés s'approcha de lui. Elle demanda poliment si elle pouvait partager son banc. Ennuyé, il acquiesça simplement et retourna à sa contemplation. Il remarqua vite que la petite s'embêtait. Elle ne cessait de croiser et décroiser les bras, les jambes, elle triturait son manteau, fixait un arbre puis un autre. A la fois exaspéré et intrigué par cette attitude, il lui demanda d'une voix froide :

-Pourquoi n'allez-vous pas jouer avec les autres ?

-Je n'aime pas venir au parc ! s'emporta l'enfant en croisant les bras d'un air boudeur.

Severus n'ajouta rien, supposant qu'elle faisait un caprice, comme tous les morveux de son âge. La petite resta assise là environ deux heures, jusqu'à ce qu'elle se lève promptement et parte en courant. Ses parents avaient dû l'appeler. Severus resta jusqu'au coucher du soleil, il se dissimula derrière un arbre et transplana jusqu'à Poudlard. Il oublia bien vite la petite fille.

La semaine d'après, il se rendit dans le même parc, sur le même banc. Vers quinze heures, la même petite fille apparut. Il traita Merlin de tous les noms lorsqu'il la vit venir vers lui. Pourquoi attirait-il les morveux ? Il lâcha un glacial « oui » lorsqu'elle lui demanda à nouveau la permission de s'asseoir. Comme la semaine précédente, elle se remit à gesticuler. Perdant patience, il susurra de sa voix la plus menaçante :

-Si vous vous ennuyez, allez donc courir dans le parc avec les autres gamins.

Elle le regarda avec des yeux ronds puis répondit d'une voix mal assurée :

-Je vous ai dit que je n'aimais pas venir ici.

-Ah, donc mademoiselle continue son caprice !

-Je ne fais pas de caprice ! s'indigna la petite avec un courage tout gryffondorien étant donné le regard noir qu'il lui jetait. Je perds mon temps ici, à quoi ça sert de courir partout et de descendre d'un toboggan ? À rien. Je préfère rester chez moi, avec mes livres, plutôt que de faire l'imbécile avec d'autres enfants, c'est tout. Si vous voulez, je peux me chercher un autre banc, ajouta-t-elle plus calmement.

-Faites ce que vous voulez. Mais la prochaine fois, amenez quelque chose pour vous occuper !

Son visage s'illumina.

-Vous croyez que je pourrais amener un livre ?

-Bien sûr.

-Je n'y avais pas pensé… Merci monsieur.

A cette appellation, Severus se rendit compte de ce qu'il faisait. Il discutait avec une gamine ! Qu'est-ce qui lui prenait ? Et quelque chose n'allait pas. Quels parents laissaient leur fille parler ainsi à un inconnu dans le coin isolé d'un parc ? Il irait leur parler.

-Où sont vos parents jeune fille ?

-Au travail, répondit-elle candidement.

Severus la regarda avec un air interrogateur. N'avait-elle pas dit qu'elle avait été obligée de venir ici ? L'envoyaient-ils seule ? Voyant sa confusion, la petite expliqua :

-Je suis ici avec ma baby-sitter Angela. C'est elle là-bas, ajouta-t-elle en montrant une jeune fille sur un banc dans les bras d'un garçon. Elle m'amène ici pour voir son copain. Mes parents ont accepté qu'elle me sorte parce qu'ils trouvent que je suis trop souvent enfermée à l'intérieur.

Severus sentit un élan de protection envers la fillette. Elle se faisait utiliser impunément. Ses parents ne s'en rendaient pas compte. Ressentir cela le mit en rogne, il avait depuis longtemps abandonné ce genre de faiblesse. Utilisant cette rage, aussi bien dirigée vers la baby-sitter que vers les parents et vers lui-même, il lui cria dessus :

-Et ne vous ont-ils pas appris à ne pas parler avec des inconnus ? Filez maintenant ! Que je ne vous revoie plus !

La petite se leva, lui lança un regard quelque peu effrayé et rejoignit sa nounou. Quelques minutes plus tard, elles étaient parties. Severus ne bougea pas. Le regard de la fillette l'avait blessé. Puis il remit ses idées en place, renferma son cœur dans sa prison de glace et attendit la nuit avant de partir.

La semaine suivante, Severus retourna dans le même parc. Il avait réussi à se convaincre que c'était uniquement pour vérifier que la petite avait bien compris et qu'elle ne s'approcherait plus de lui. A 14h00, il la vit arriver. Cette fois, elle était toute souriante et tenait un livre contre son cœur. Elle se dirigeait vers un autre banc, qui était inoccupé. Mais avant de l'atteindre, un petit garçon l'accosta. Severus en fut satisfait. Elle avait des amis. Mais il déchanta vite, lorsqu'il le vit lui arracher le livre des mains et le jeter à terre en riant. Le regard larmoyant de la petite le fit sortir de ses gonds. Il se leva prestement, le regard froid. Il s'était battu pour que ces enfants aient un avenir, la femme qu'il aimait était morte pour le leur offrir, et eux ils continuaient à être violents, irrespectueux, à s'entre-déchirer. Il s'arrêta devant le petit garçon, le dominant de toute sa taille, et lui dit du ton glacial qui effrayait ses stupides gryffons :

-Ramassez ce livre et rendez-le à sa propriétaire en vous excusant, sans quoi je me verrai dans l'obligation de vous faire avaler tout ce sable à la petite cuillère.

Le petit, tremblant, rendit le livre à Hermione et murmura un vague « pardon » avant de s'enfuir en courant. Severus vit une dame s'approcher à grands pas, l'air en colère. Il se retourna vers la petite fille et lui intima de rejoindre le banc. Dans un mouvement sec, il se retourna vers la mère furibonde. Ne la laissant pas déverser sa rage, il parla de sa voix de velours :

-Votre fils s'est attaqué à une de ses camarades. Je l'ai remis à sa place. Si vous souhaitez qu'il reste un enfant irrespectueux, continuez à lui donner raison sur tout. Sinon, laissez-le au moins réfléchir au pourquoi un inconnu vient de lui donner la peur de sa vie. Bonne journée.

Ne la laissant pas réagir et voyant qu'il avait fait mouche, il fit volte-face et rejoignit son banc où il vit la petite assise, le livre posé à côté d'elle. Elle l'attendait. Alors qu'il était à deux pas d'elle, elle se leva et se jeta dans ses bras. Severus resta figé.

-Merci, murmura-t-elle.

-Ce n'était rien.

La petite éclata en sanglots, le serrant plus fort de ses petits bras. Ne sachant comment réagir, le Maître des Potions la conduisit doucement vers leur banc et s'y assit. Elle s'installa confortablement à ses côtés et enfouit son visage dans sa veste, contre son torse.

-Qu'y a-t-il ? Il vous a fait mal ?

Elle fit non de la tête. Il passa doucement la main dans les cheveux touffus de l'enfant, dans l'espoir qu'elle se calme. Enfin, après un temps qui lui parut interminable, elle se reprit, ses pleurs se calmèrent. Severus en profita :

-Qu'y a-t-il, miss ?

-Je… c'est…

Elle leva la tête et le regarda dans les yeux avec un petit sourire.

-C'est la première fois qu'on me défend. Vous savez, des autres enfants. Ils sont toujours méchants avec moi, et vous, vous m'avez sauvée alors que vous ne me connaissez même pas. Vous êtes très gentil monsieur.

Severus fronça les sourcils. Était-elle vraiment en train de le prendre pour un bisounours ?

-Comment ça, c'est la première fois ? Vos amis ne vous défendent pas ? Cela vous arrive souvent d'être embêtée ?

La petite rougit.

-Je n'ai pas d'amis. Les autres ne m'aiment pas parce que je suis anormale. Je n'aime pas beaucoup jouer, mais j'adore lire et apprendre des choses.

-Et vos parents ne disent rien ?

-Non monsieur. Ils disent que je dois jouer avec les autres enfants, et ils ne me croient pas quand je leur raconte qu'on m'embête. Ils pensent que j'invente tout exprès pour rester avec mes livres. Vous êtes le premier…

Voyant une nouvelle crise de larmes se profiler, Severus tenta de la réconforter :

-Miss, vous n'êtes pas anormale. Tout le monde est différent. Et je suis sûr que si votre père avait été à ma place aujourd'hui, il aurait grondé l'autre enfant aussi.

La petite hocha simplement les épaules, et se détacha doucement de lui. Elle resta tout de même assise contre lui. Severus tenta de changer de sujet :

-Alors, quel livre avez-vous apporté?

La petite le lui tendit avec un grand sourire. Severus écarquilla les yeux. C'était un livre d'histoire, et pas au format enfant.

-Quel âge avez-vous ?

-J'ai sept ans ! annonça la petite fièrement.

-Ce livre est pour les 12-15 ans.

-Je sais, mais je le trouve divertissant.

Severus faillit s'étrangler. Ça, divertissant ?

-Les livres pour les enfants de votre âge ne vous divertissent pas ? s'enquit-il en grimaçant au mot « divertir ».

-Non. Ils sont écrits comme si nous étions des enfants de trois ans.

-Très bien alors. Je ne vous dérangerai pas dans votre lecture.

La petite resta collée à Severus et se mit à lire. Le professeur, lui, se demandait comment il en était arrivé à cette situation. Il venait de discuter civilement avec une moldue. Une moldue de sept ans, qui le prenait actuellement pour un oreiller. Soudain, elle sursauta légèrement.

-Mince, je dois y aller, elle m'appelle. Au fait moi c'est Hermione.

Severus la fixa quelques secondes puis dit tout bas :

-Severus.

Le visage de la petite s'éclaira d'un sourire.

-A la semaine prochaine alors Severus !

Puis elle partit en courant, le livre dans les mains. Severus, lui, fixait le vide. Il venait de dire à une mouflette de l'appeler par son prénom ! Qu'est-ce qui lui arrivait ? Lentement, il leva la main et la posa sur son front. Non, il n'avait pas de fièvre.

Note : La suite dans deux jours ! Dites-moi ce que vous en pensez :)