Chapitre 1 : Harry
Note d'auteur : Voilà, encore une petite fanfiction sans prétention aucune dans le même style d'écriture que mon OS :"Someone Will Love You" si ce n'est encore plus rapide. J'espère qu'elle vous plaira ! Elle comporte deux chapitres, l'un étant axé sur Harry, l'autre sur Draco. Tout comme mon OS, cette mini fanfiction (two-shot) est inspirée d'une chanson. Il m'a suffit d'entendre le refrain pour voir la scène de la fin de ce chapitre que j'ai écrite. Je vous laisse le titre et l'auteur : Nassi - La vie est belle
Inspiration : La vie est belle - Nassi
On m'a dit: "tu te prends trop la tête
Essaye de mieux voir combien
La vie est belle, la vie t'ouvre les bras"
Je me suis dit, ah ça la vie est belle
Peut être pour toi qui vis comme dans un rêve
Vêtu d'or et de soie
La vie était tranquille. Les passants circulaient, vêtus de leur plus beau manteau, le sourire aux lèvres, conversant entre eux de tout et de rien alors que le soleil pointait le bout de son nez au travers des nuages, ajoutant une note plus joyeuse si besoin était à cette foule qui déambulait dans les rues de Londres. C'était une belle ville et les gens du coin étaient vus comme des gentlemans, des gens biens qui étaient, la plupart du temps, très fortunés. Ils côtoyaient pourtant sans gêne aucune les gens de plus basses naissances. Ce n'étaient pas des personnes hautaines qui se savent importantes et qui sont au dessus du monde. Seuls les aristocrates étaient ainsi, ne parlant qu'à des gens comme eux et refusant de se mêler à la foule qui envahissait les rues dès les premières heures de la journée.
Londres était une belle ville, c'était vrai, mais comme toute grande ville, il y avait un revers à la médaille. Dans certains quartiers, des personnes vivaient à même la rue, côtoyant des adolescents dans les mêmes conditions qu'eux, faisant la manche, le visage baissé, la voix suppliante ou le corps vif comme le vent, pillant, volant ça et là sur les stands, dans les sacs et les magasins pour vivre. C'était la face cachée de la capitale qui dissimulait aux yeux du monde ces échecs que la société avaient vu naitre.
C'était le cas d'un jeune garçon, à peine âgé de 15 ans qui avait perdu ses parents dans un accident de voiture quand il était tout petit. Lui-même avait été atteint et sur son front se distinguait clairement la marque d'un éclair, seul souvenir de cette nuit de Noël où ils rentraient à la maison. Puis tous ses souvenirs s'étaient envolés, remplacés par ceux de l'orphelinat où les sœurs avaient pris soin de lui.
Il aurait aimé que la vie reste comme cela et qu'il reste avec les sœurs et s'occupe des enfants plus jeunes jusqu'à la fin mais la vie lui avait joué un mauvais tour. Elle avait frappé là où il ne s'y attendait pas. Il avait été recueilli par la sœur de sa mère décédée : Pétunia Dursley qui l'avait séparé des sœurs pour toujours. Jamais plus il ne pourrait y revenir mais un espoir subsistait. Peut-être qu'avec sa famille, tout serait différent ! La roue tournerait à nouveau et il serait à nouveau bien ! Il ignorait à quel point il s'était trompé.
La famille de Pétunia était composée d'elle-même, de son rejeton et de son mari, une espèce d'homme-baleine qui aboyait des ordres en permanence. Une famille à l'apparence gentille et aimable. Apparence que Vernon et Pétunia entretenaient comme ils le pouvaient. C'étaient des gens bien eux aussi après tout ! Tous les avaient plaints quand ils avaient accueilli le garçon, pestant à qui voulait l'entendre qu'il n'était qu'un fardeau, délinquant, inutile et stupide. Et tous les croyaient, évidemment.
Personne ne le connaissait, l'autre mais tous savaient ce qu'il était où ce qu'ils pensaient qu'il était. Harry Potter, car tel était son nom, avait servi de domestique à ses bourreaux, allant de tondre la pelouse et préparer les repas à repeindre les barrières, nettoyer la maison, entretenir les parterres de fleurs de sa tante, nettoyer et cirer la voiture de son oncle et tout cela sans avoir ne serait-ce qu'un peu d'amour et de reconnaissance.
Non, ça c'était pour les gens normaux, pas pour les monstres comme lui. Pour un garçon aussi mal élevé comme le disait son oncle et sa tante, il n'y avait que les coups et les privations. Il ne connaissait que cela, pourtant Harry avait fait de son mieux mais ça n'avait jamais été suffisant. Ça ne l'était jamais. Alors il avait pris son mal en patience et avait grandi sous les poings de son oncle puis, plus tard, de son cousin, multipliant les corvées, au fur et à mesure qu'il atteignait l'âge de les faire. Grandir équivalait à des tâches supplémentaires et Harry avait vite appris à ne plus se souvenir de son anniversaire.
Et tout ça s'était fait à l'abri des regards évidemment. Pourtant, les voisins voyaient bien comment Harry était traité mais dans ce monde plus qu'individualiste, c'était chacun pour soi et personne ne se serait embêté à prendre sous son aile un garçon qui avait si mauvaise réputation. La peine et la pitié s'étaient transformées en commentaires désobligeants. S'il travaillait comme cela, il l'avait surement mérité.
Pétunia était quelqu'un de bien, jamais elle ne maltraiterait un enfant n'est-ce pas? Et personne ne vérifiait. Tous fermaient les yeux. Comme d'habitude.
A ses 14 ans, Harry avait les jambes solides à cause de son cousin qui avait inventé ce jeu stupide : le premier qui attrapait son chien de cousin avait le droit de le frapper. Tu parles d'une victoire. L'adolescent n'avait pas supporté ça longtemps mais il avait tout de même pris son mal en patience et, un soir, alors que tous dormaient sur leur deux oreilles, Harry avait traficoté la serrure du placard où il vivait, avait pris de l'argent dans la veste de son oncle et, après avoir mis de la nourriture et des biscuits dans un vieux sac de Dudley, son andouille de cousin, il avait enfin mis les voiles, le sourire aux lèvres.
Désormais il vivait pour lui-même. Les premières semaines avaient été difficiles et, même s'il avait de la nourriture, il devait se cacher sans cesse pour échapper aux policiers. Pourtant, après les premiers jours, ne voyant aucune affiche signalant sa disparition, il avait progressivement relâché sa vigilance. De toute façon, même s'il était pris, il s'échapperait encore et encore. Vivre dehors, dans les rues, avec l'estomac qui grondait et le froid qui lui mordait la peau, c'était ça la liberté. Sa liberté.
Certains jours avaient été difficile et il avait été proche de renoncer à vivre dans les rues et de retourner dans un orphelinat demander asile, il se souvenait d'elle. Sa liberté si durement acquise. Il n'avait plus d'ordres à recevoir de qui que ce soit, ni de corvées à effectuer sous la faim, la douleur et les coups. Il était tranquille, il avait enfin la paix et entendre son ventre crier de faim était un bien maigre supplice comparé à ce qu'il avait enduré dans cette maison maudite de laquelle il avait fui.
Vivant seul, il avait fait de son mieux, grognant contre son ventre qui criait famine quand la nourriture avait manqué mais très vite, il avait pu compter sur d'autres adolescents qui, comme lui, avaient fugué de chez eux pour ne jamais y revenir. Grâce à eux, il avait appris à se protéger du froid, repéré les endroits où il pouvait prendre une douche sans qu'on lui pose des questions et, surtout, ils lui avaient appris les astuces pour subsister dans les rues de Londres comme la manche, le vol, les mensonges, tout. Ils étaient devenus amis et Harry les aidait quand il le pouvait, mais toujours en solitaire. C'était son train de vie.
Aujourd'hui, Harry courait, et courait encore. Encore et toujours plus vite. Dès qu'il prenait quelque chose comme un objet de valeur ou simplement une maigre pomme, il s'enfuyait comme s'il avait la mort aux trousses. C'était son rythme et courir ainsi lui donnait l'impression d'exister et de vivre pleinement sa vie. Sa finesse et ses jambes robustes aidant, il échappait la plupart du temps à ses poursuivants mais, bien sûr, parfois, il tombait sur plus fort que lui et se prenait des volées de coups qui l'avaient laissé à demi-mort dans une ruelle éloignée. Un règlement de compte. Il avait payé pour tous les autres mais il s'en fichait, une fois de plus. Il était encore et toujours debout, c'est tout ce qui importait.
La vie était belle et il était toujours là pour la voir. Il était toujours aussi libre et c'est ce qui importait vraiment. Peu importe le reste. La vie lui ouvrait les bras et il les saisirait aussi longtemps qu'il en serait capable. Il ne ferait pas partie de ces gens qui subissaient la vie comme s'il s'agissait d'un fardeau sans même la vivre. Quand il en voyait, et surtout, quand il observait des aristocrates si coincés, il ne résistait pas. Ce jour là, c'était une famille comme il l'aimait: le père qui marchait devant, la tête droite, la canne de luxe à la main, et le fils, blond comme la lune et la mère derrière. Tous des automates. Il avait fait exprès de les bousculer, à la fois pour donner un peu de vie à leur corps, comme s'il souhaitait éteindre cette étincelle qui faisait défaut en eux et en même temps, raviver son étincelle à lui pour qu'elle ne s'efface jamais. Lui ne serait pas brisé.
Il ne serait pas comme ces têtes blondes qui obéissaient tels des pantins aux adultes, comme s'ils n'avaient pas le choix de la vie qu'ils menaient. Harry n'avait jamais compris. Pourquoi ne se rebellaient-ils pas? Il ignorait bien sur que la famille aimante et la peur de l'inconnu en décourageaient plus d'un. Mais pas lui, Harry l'éclair comme il était surnommé par ses amis, il ne deviendrait jamais comme eux. La vie serait-elle toujours aussi belle s'il n'avait qu'à claquer des doigts pour obtenir ce qu'il voulait? Il en doutait.
Courir lui donnait raison. Il ne connaissait pas meilleure sensation que celle de prendre une revanche sur la vie elle-même. Quand il courait encore et toujours, mettant sa vie en jeu, ça le faisait sourire. Il n'existait que dans ces moments où les passants criaient : "Au voleur", lui faisant redoubler de vitesse. Cette phrase avait le don de le faire sourire. Au voleur… Oui, il volait la vie elle-même. Il prenait comme une revanche, profitant de sa liberté, jouant avec elle comme il le voulait, ne se souciant pas des risques. Il courait dans ces rues qu'il connaissait par coeur. La ville était devenue sa maison, son terrain de jeu, sa liberté.
Il ne regrettait jamais sa décision, peu importe les difficultés qu'il croisait. La vie ne lui souriait peut-être pas et il n'avait pas d'argent mais il faisait de son mieux et, le temps d'une entraide entre un journaliste paumé et lui, il gagnait assez de sous pour acheter à manger ou pour passer un instant au chaud, ayant parfois même un repas offert pour ses services. Harry profitait de ces rares moments sans jamais s'engager. Il ne se lierait avec personne et personne ne lui volerait sa liberté. Même si un jour ça signifiait qu'il doive mourir, il vivrait en homme heureux, écoutant avec bonheur quand le soleil se levait les petits oiseaux chanter, savourant la sensation d'avoir le ventre rempli et d'être réchauffé.
Il profitait de chaque instant qui faisaient que la vie était belle. Ce n'était qu'un môme, un adolescent qui n'avait même pas été à l'école qui souriait à la vie comme si elle lui souriait en retour. Un môme anonyme dont personne ne connaissait la vie. Un môme qui courait, le sourire aux lèvres, les mains tendues à l'horizontale, le vent soufflant dans ses cheveux, fêtant la vie, savourant chaque instant comme si c'était le dernier, comme s'il s'agissait de sa dernière journée d'existence alors que le soleil se levait sous un cri de joie et que la ville s'étendait à ses pieds.
