Il était accroupit sur le toit d'un vieux clocher en ruine, observant les quelques résidus de cendres gravés dans les pavés de l'escalier menant jusqu'aux étalages de pauvres marchands qui essayent d'attirer misérablement l'attention des passants.

Le feu avait détruit tellement de choses dans cette ville. Les habitants avaient beau reconstruire tout au fur et à mesure, il résiderait toujours des traces de ces actes brutaux où tellement de choses périssaient dans les flammes.

Et si les assassins étaient semblables au feu. Les moyens barbares au quels il recourent permettent de faire naître quelque chose de plus beau, de plus adapté à une société et un idéal de paix. Mais il reste et restera toujours une partie infime, presque invisible qui hurlera dans une mélodie insupportable que rien ni personne ne peut justifier un tel recourt a la violence, même cette stupide idéologie qu'est la vérité et la justice. Cette mélodie, il l'entendait tout les jours, que ce soit en discutant avec les archers des portes de Masyaf ou en écoutant les paysans des villes voisines discuter entre eux. Cette succession de notes plus insupportables les unes que les autres serraient son coeur en soulevant toujours la même et unique question, le proverbe « la fin justifie les moyens » s'applique t il également aux assassins et à leur ordre ?

Des questions, toujours plus de questions..

Il sourit légèrement, laissant paraître sa lignée de dents parfaite d'un blanc éclatant. Ce petit jeu où il ne cesse jamais de se tourmenter intérieurement avait fini par l'amuser.

Après tout, que faisait il ici, depuis la mort de son maître le monde semblait s'être apaisé. Les rues étaient redevenues calmes, à vrai dire les seuls bruits qui parvenaient jusqu'à l'assassin étaient ceux des paysans, des marchands et même du vent. Cela faisait des années qu'il n'avait plus entendu ce bruit tellement apaisant.

Il aimait vivre dans cette sérénité, mais le bruit des épées lui manquaient tout de même... Désormais les seuls moments où il avait l'occasion de sortir sa lame secrète se résumaient à de simples corrections à infliger au archers et aux gardes qui refusaient de comprendre le sens du mot « égalité ». C'était d'ailleurs pour cette raison que l'assassin était de passage dans cette ville, la paix étant revenue, nombreux étaient les gardes qui se permettaient de soumettre la population afin d'en tirer profit.

Il croisa ses bras sur ses genoux afin de soutenir sa tête et fronça les sourcils.

- « Même lorsque le monde retrouve un semblant de sérénité, il y a toujours des hommes pour le corrompre.. »

Le fait de s'entendre parler tout seul l'amusa, avait il fini par perdre la raison ?

Il se redressa d'un coup et se prépara à une de ses activités favorite, le saut de la foi comme il l'avait surnommé.

L'assassin serra les poings dans ses gants en cuir, les pointas en l'air et prit une grande inspiration avant de s'élancer dans le vide pour se retrouver allongé dans le foin.

Il se leva et se dirigea vers la sortie la plus proche dans une démarche des plus tranquille.

Les yeux rivés sur le sol, il écoutait les bruits environnants. Les rires et les pas de deux enfants s'amusant, le grincement d'un chariot, les discussions des érudits... un calme absolu régnait.

Quand soudain, le cri d'une femme déchira le silence...