Note de l'auteur : Cette histoire m'a été inspirée par l'intégrale de OUAT saison 1 à 7, c'est pourquoi ma Regina emprunte un peu à tous ses avatars, y compris Roni ! Mon récit est nourri d'anecdotes authentiques et de lieux existants, mais il s'agit néanmoins d'une pure fiction imaginée en réponse à l'excellente question (canon !) de Regina au sujet d'un certain fruit défendu… J'espère qu'elle vous plaira !
Merci à ma beta Amand1 pour son enthousiasme, son soutien et sa disponibilité :-) Et bonne lecture !
― Comment amener la Sauveuse à goûter à mon fruit défendu ?
Regina Mills, Once Upon a Time, saison 1 épisode 21 « Une pomme rouge comme le sang »
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― Qu'est-ce que c'est que ça encore?
Regina, qui venait d'entrer sur le plateau avec le port et la majesté d'une reine, aidée en cela par le costume de son personnage qui semblait idéalement conçu pour l'empêcher de bouger comme de respirer, haussa un sourcil parfaitement dessiné en direction de l'inconnue qui prenait le café avec Leroy et sa bande de machinos. La jeune femme à la longue queue de cheval blonde était vêtue d'un jean moulant, de bottes de cavalière brunes et d'un blouson de motard en cuir rouge d'un goût douteux.
― Ca ? répéta Ariel. L'accessoiriste de plateau suivait Regina à la trace pour s'assurer que la longue traîne de son costume ne risquait pas de provoquer de dégâts sur son passage. Elle tourna la tête, perplexe.
― Ah, là-bas ? c'est Emma Swan, la nouvelle photographe de plateau. On ne vous l'a pas présentée ? Vous voulez que je vous l'appelle ?
Regina leva une main pour l'interrompre.
― Inutile, nous n'avons pas le temps. Laissez-moi à présent.
Ariel n'insista pas, et après avoir soigneusement disposé la traîne de Regina hors de portée des divers éléments du décor, s'éclipsa en silence. Regina fit le vide dans sa tête et prit quelques instants pour se remettre dans la peau de son personnage.
Depuis trois saisons qu'elle l'incarnait à l'écran, le rôle de la méchante reine lui était désormais familier. Dans un sens, il était drôle à jouer – il était toujours infiniment divertissant de pouvoir dire haut et fort toutes les horreurs que les gens bien élevés se contentent en général de penser tout bas – et il lui permettait également d'extérioriser en toute impunité l'hostilité infinie qu'elle ressentait envers cette plaie de Mary Margaret, une vieille ennemie qui avait décroché le rôle de Blanche-Neige, l'héroïne de la série.
Belle, la première assistante du réalisateur, battait le rappel sur le plateau. Techniciens et acteurs se mirent en place. Regina, sans sortir de sa bulle de concentration, nota machinalement que la nouvelle photographe s'était installée à proximité de Will Scarlett, le cadreur. Sans doute pour être plus à son aise, elle avait retiré son horrible blouson rouge, et exhibait maintenant un débardeur blanc sous lequel on devinait un soutien-gorge foncé, ce qui n'était guère plus distingué.
Aucun style, pensa fugitivement Regina. La vue de David sur ses marques en face d'elle, l'épée au clair et l'air résolu, lui fit monter sa première réplique sur le bout de la langue.
Un clap retentit sous le nez des acteurs.
― Je détruirai votre bonheur même si c'est la dernière chose que je fais, déclara Regina d'un ton suave et menaçant. Ses lèvres très rouges esquissèrent un sourire chargé de promesses, et ses yeux étincelèrent d'une joie mauvaise. Dieu qu'il était bon d'être méchant !
David, dans son rôle du prince charmant, épouvanté mais courageux, manifesta l'intention de la pourfendre avec son épée dégainée. Regina se gaussait déjà de sa misérable tentative et s'apprêtait à disparaître d'un geste théâtral dans un nuage de fumée violette qui serait ajouté plus tard par le département des effets spéciaux, quand David accrocha par mégarde son épée à un élément du décor, ruinant ainsi la scène. Regina soupira.
― Coupez. On la refait ! confirma le réalisateur de derrière son écran de contrôle.
Tout en se remettant dans ses marques, Regina jeta un coup d'œil au bord du plateau et remarqua que la nouvelle photographe s'était déplacée d'une caméra à l'autre pour suivre les différents angles de prise de vue.
Au moins elle sait se faire oublier, pensa Regina. Je n'ai pas du tout entendu le bruit de son appareil.
Ariel rafistolait en catastrophe l'élément du décor abîmé par David. Dans un coin, Anna la scripte prenait des notes avec son application habituelle afin de faciliter les raccords.
Regina foudroya du regard son partenaire dont la maladresse leur avait fait rater la première prise. Manque de préparation, pensa-t-elle avec mépris. Amateur. Ses gestes à elle étaient tous réfléchis, calculés et répétés à l'avance, d'autant plus qu'il lui était souvent terriblement malaisé de bouger une fois dans les costumes de la méchante reine.
Regina n'avait guère de sympathie pour David, qu'elle trouvait parfaitement insipide dans son rôle de boy-scout auquel il n'apportait pas la moindre profondeur. Mais elle devait reconnaître qu'elle appréciait le divertissement que représentaient ses perpétuelles chamailleries avec sa partenaire Mary Margaret, dont il était censé être fou amoureux dans la série. Hors caméra, les deux acteurs ne pouvaient pas se voir en peinture. Pour le coup, jouer les amoureux leur demandait un vrai travail d'acteur, et les voir obligés de feindre le grand amour consolait Regina de bien des choses.
Je détruirai votre bonheur, pensa-t-elle férocement, brûlant de jeter sa réplique à la face du monde entier. Tout comme son personnage elle détestait les gens heureux parce qu'elle-même ne l'était pas.
