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La jeune femme s'activait, telle une tornade miniature, dans sa petite chambre. La rentrée était dans à peine quatre jours mais elle préparait déjà ses affaires d'école.

La grosse malle de cuir brun aux lourdes attaches de cuivre était ouverte sur son lit. Dedans, on pouvait y trouver un gros chaudron en étain, des livres aux couvertures reliées, des capes noires et autres vêtements, des petites fioles contenant des substances étranges, une paire de gants en cuir de dragon, et autres objets étonnants.

Elle y jetait pêle-mêle ses affaires sous le regard hautain de Pattenrond, son gros chat orange qui aurait souhaité qu'elle s'occupe de lui. Il miaula plaintivement.

- Pas maintenant Pattenrond, soupira Hermione, agacée, en replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille, tandis qu'elle continuait à vider son armoire.

Elle avait bien changé la petite miss-je-sais-tout d'il y a quelques années. Autrefois, échevelée, et intello aux longues dents, elle était à présent une jeune femme de 17 ans, bien dans sa peau. Elle avait grandi, s'était affinée et sa silhouette élancée et gracieuse en rendait jalouse plus d'une. Elle avait également réussi à dompter sa chevelure. Sa peau laiteuse, pâle comme un clair de lune, était parfaite, sans la moindre imperfection. Son petit visage était mangé par deux grands yeux chocolats aux longs cils. Sa passion bien sur, restait les livres. Et elle tentait à présent de tous les faire rentrer dans la fameuse malle.

L'ambiance chez ses parents n'étaient pas au beau fixe. Elle les trouvait bizarres. Ils la regardaient en biais lorsqu'ils pensaient qu'elle ne les voyaient pas, parlaient à voix basse, penchés l'un vers l'autre et sursautaient lorsqu'elle entrait dans la pièce. Elle tentait de ne pas y faire attention. Elle pensait qu'ils avaient des problèmes de couples et qu'ils évitaient de lui en parler pour ne pas l'inquiéter.

Elle se regarda dans le miroir, grimaçante. Elle n'aima pas ce qu'elle y vit, Malgré les transformations fort avantageuses que son corps avait subi, elle trouva que ses yeux étaient cernés, sa peau blême, ses mains tremblantes, son corps amaigri.

Des jours qu'elle attendait que l'été se termine enfin afin de pouvoir réintégrer la célèbre école de Sorcellerie Poudlard. Elle ne supportait plus le fait d'être cloitrée de cette manière, soit disant pour sa sécurité.

Sa famille et elle-même avaient été placés sous surveillance suite à des menaces ayant été proférées à leur encontre par le mage noir, sous prétexte qu'elle était fille de moldus et meilleure amie du survivant.

L'angoisse qui la rongeait alimentait son manque de sommeil constant, laissant des traces sur son doux visage, autrefois si gai.

L'interdiction de sortir était totale. Elle avait dépérit à vue d'œil les premiers mois, mais l'idée qu'il ne lui restait plus que quelques jours à tenir lui remontait progressivement le moral.

Elle vivait toujours dans la maison de son enfance sur laquelle divers sortilège d'illusion avaient été lancés, afin qu'elle ne soit pas repérable. Un sortilège de fidélitas avait également été utilisé et le gardien du secret était Maugrey Fol'oeil, le plus résistant et le plus digne de confiance de tous les Aurors.

Elle écarta discrètement les rideaux : la nuit était tombée depuis longtemps déjà, mais le temps était orageux, les mouches bourdonnaient bruyamment, le bruit lancinant provoquant une migraine sourde.

La chaleur était étouffante et elle se sentait moite et collante dans sa fine tunique de coton.

Elle ne rêvait que d'une chose : sortir d'ici pour se promener à la campagne, se baigner, aller manger une glace... Faire toutes les choses normales pour une adolescente de 17 ans.

Finalement, elle finit par aller s'allonger sur son lit, ne conservant que ses sous-vêtements, détestant la sensation des draps imprégnés de chaleur humide.

Le lendemain, le temps s'était couvert, et c'est une brume épaisse qui l'accueillit à son réveil, lorsqu'elle ouvrit ses rideaux. La température était tombée et elle frissonna. Elle fronça les sourcils. Elle en voulait au monde entier : au gouvernement, à Voldemort, à ses parents, mais surtout, à ses amis qui l'avaient laissée tomber. Il ne l'avaient pas contactée, ne lui avaient même pas proposé de les rejoindre au Terrier.

Qu'à cela ne tienne ! Elle allait se débrouiller sans eux et tenir le coup jusqu'au bout, seule.

Elle se leva, prit une longue douche, se vêtit d'un jean évasé et d'un tee-shirt blanc.

Elle prit son petit déjeuner, puis remonta dans sa chambre afin de terminer son rangement. Elle se sentait triste. Elle s'était sentie bien malgré tout en compagnie de ses parents mais n'avait pas eu beaucoup de nouvelles de ses amis, pour des raisons de sécurité. Elle leur en voulait un peu. Était-elle si peu importante à leurs yeux ?A présent, elle se sentait seule et démunie. Peut-être cela était-il dû au temps...

Elle entendit ses parents se disputer au rez de chaussée.

Elle soupira de lassitude et prit un livre. Elle se percha sur le rebord de la fenêtre et se plongea dans "Sortilèges et enchantements interdits aux Gobelins".

Heureusement, des gens du ministère étaient allés à sa place acheter ses affaires de cours.

La bruit de la pluie sur ses carreaux détourna son attention de sa lecture et elle la regarda pensivement.

Puis elle leva les yeux, étonnée. Quelque chose l'avait déconcentrée, sans qu'elle puisse dire de quoi il s'agissait. La brume à l'extérieur sembla encore plus épaisse et elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle s'étira, prenant sa respiration, tentant de reprendre le dessus. Elle n'allait pas se laisser abattre ainsi !

Ses yeux scrutèrent la ouate qui l'aveuglait. Un mouvement furtif attira son attention. Une silhouette sombre se dessina tandis qu'elle avançait lentement, d'une démarche aérienne, vers la porte d'entrée et ses cheveux se dressèrent sur sa tête. La forme noire enrobée d'une cape, glissait silencieusement dans l'allée de la maison. Une deuxième la suivait de près.

Elle était pétrifiée, incapable de faire le moindre mouvement, son cœur laissant échapper des battements désordonnés, sa respiration sifflante.

Un autre mouvement attira son attention dans le jardin et elle se leva.

Les silhouette avaient disparu mais des bruits de pas attirèrent son attention. Une autre silhouette, suivie de trois autres, courrait sur le chemin dallé.

Se plantant devant la fenêtre, elle dû plisser les yeux pour distinguer ce qui se passait dehors,

Elle frissonna violemment, se sentant envahie par une infinie tristesse.

La terreur la submergea et elle voulut se précipiter au rez de chaussée, lorsqu'elle entendit une violente explosion et un cri.

- Maman... murmura-t-elle pétrifiée.

Des éclats de voix lui parvinrent alors. Son père se dressait contre leurs agresseurs avec le courage de l'inconscience.

Elle tendit l'oreille. Les voix lui parvinrent étouffées.

- Dites nous simplement où elle se trouve et nous vous laisserons la vie sauve.

- Elle n'est pas ici, tonna Mr Granger.

Elle saisit sa baguette et sortit de sa chambre à pas de loup. Elle parvint en haut de l'escalier, veillant à ne pas faire craquer le parquet.

Elle se retrouva sur le pallier à l'étage et voyait simplement le haut du crane de son père, droit et fier ; elle apercevait simplement le bout d'une baguette pointée vers sa gorge, sans pouvoir distinguer son propriétaire. Sa mère était assise par terre contre le mur, en larmes, recroquevillée, et personne ne lui prêtait attention.

Elle eut envie de hurler.

Elle serra fortement sa baguette entre ses jointure blanchies, et avança à pas mesurés, réalisant l'importance de l'effet de surprise.

Hermione se mit à descendre l'escalier. Une marche, deux marches, trois marches... Bientôt, ses pieds seraient visibles aux inconnus qui la cherchaient. Sa mère leva les yeux et son regard se voila sous la terreur. La jeune femme s'arrêta net.

Elle fixa Hermione de ses grands yeux terrifiés et lui fit signe de s'arrêter.

La jeune fille secoua la tête en signe de dénégation. Elle refusait des les abandonner. Sa mère se fit plus insistante, les larmes perlant au creux de ses yeux.

"Sauve-toi" articula-t-elle en silence. Puis, "je t'aime".

Les larmes se mirent à dévaler la douce pente de ses joues et elle retourna silencieusement dans sa chambre. Elle fourra le reste de ses affaires dans sa malle qu'elle verrouilla, jeta son chat dans son panier, enfila une cape à la va vite . Elle les fit léviter et ouvrit la fenêtre de sa chambre. Il pleuvait des cordes. Elle escalada prestement le rebord de fenêtre et se retrouva sur le toit, déséquilibrée par ses bagages. Il s'était mis à pleuvoir, rendant les ardoises glissantes.

Soudain, un cri déchirant se fit entendre, et se retournant trop brusquement, elle dérapa, entrainée par le poids de ses valises. elle bascula et tomba à plat ventre sur les tuiles humides. Le bruit qu'elle avait provoqué alerta l'ennemi qui se précipita à l'étage. Elle entendit leurs pas dans l'escalier. Ils ouvrirent brusquement la porte de sa chambre et la virent se démener avec toutes ses affaires à la main.

- Elle est là !!!

Elle tenta de se relever tant bien que mal et se redressa au moment ou les quatre Mangemorts faisaient irruption dans sa chambre.

Elle hurla et bascula du toit, au moment où ils pointèrent leurs baguettes sur elle. Elle chuta de près de 3 mètres de hauteur.

Les quatre homme redescendirent les escaliers en courant pour la cueillir, mais lorsqu'ils parvinrent sur la pelouse fraichement tondue des Granger, il n'y avait aucun signe de la fugitive. L'herbe rase n'avait même pas la moindre trace de la chute d'un corps.