C'est après m'être amusée en ricanant à lister des couples quasi impossible à écrire que je me suis retrouvée avec ce texte.

C'est donc un peu bête. Et bien fait pour moi.

Mais au même temps, cette très courte fiction - elle comprendra trois chapitres qui sont déjà écrits - est un peu ma remise en selle. Mes retrouvailles avec la joie d'écrire des fanfictions dépassant les 500 mots. Alors je vais vous laisser juge ; dans tous les cas, ça n'a pas été facile à écrire. Encore maintenant, j'ai peur d'avoir fait une Bellatrix un peu trop OOC, un Remus parfois trop sombre, je ne sais pas. On verra bien !

Disclaimer : Tous les personnages appartiennent à JKR.

Titre : Ce que mord la lune

Résumé : ''Cette année-là, l'Angleterre se heurta à un froid qui n'en finit pas. Il y eut les routes verglacées, les lacs figés, les arbres tombés. Il y eut les flocons à répétition, les heures de retenues, les points montants et descendants pour la Coupe des Quatre Maisons. Il y eut Andromeda qui ne rentra pas. Ma solitude dans une cabane en bois.'

Rating : K+

Bonne lecture !


La cage s'ouvre en grinçant.

Longtemps, je reste immobile. Longtemps, j'attends que se dessine sa silhouette, de papier ou de chair, et je crois que j'arrête de respirer. Que c'est physique, que tout est en train de se décoller au dedans de mon corps et que je vais en crever.

Et puis finalement, elle apparaît.

« Te rappelles-tu la voix des morts ? » demande-t-elle.

Je réponds que non.

« Mais sais-tu rétorque-t-elle, lorsque s'éteindra le ciel, il n'y a qu'eux qui nous raconterons. Tu nous as gâchés en cessant de les écouter. »

Elle se recule.

Je voudrais lui dire que c'est faux, que nous grandirons en silence et que ce sera tout aussi beau mais j'ai une barre aux lèvres qui étouffe chaque son.

La cage se referme en chantant.


La première année, l'hiver s'était abattu sans prévenir et avait déversé sur Poudlard vingt bons centimètres de neige. En une nuit, le lac s'était gelé, les branches les plus frêles avaient ployé sous le poids du ciel et après une lutte acharnée, certaines avaient cédé. A présent, elles ressemblaient à des cadavres noircis disséminés dans un champ de coton. Dans quelques heures, tout disparaîtrait sous la couche hivernale.

Je ne pensais pas qu'il ferait si froid.

Cette nuit-là, Peter tomba malade. Il passa la première heure toussant, gémissant, pleurant. Je lui offris ma main en silence et il la lova contre sa paume, comme un tout petit enfant. Il ouvrit des yeux fragiles, je lui souris ; jamais plus je ne devais ressentir aussi violemment sa solitude.

Le lendemain, ce fut James qui me leva. Il tenait, serrée contre son cœur, une Bièreaubeurre que Merlin seul savait où il s'était procuré. Trois mois à partager un même dortoir, cela créait des liens étranges. Parfois, il me semblait courir à sa perte avec une rapidité qui m'étourdissait. Souvent, il me semblait appartenir à ces gens faits pour ne pas vivre longtemps.

« On avait dit : pour fêter l'hiver, hein Sirius ? L'hiver et la liberté ! »

Et à l'autre d'approuver.

Je surpris le regard jaloux de Peter tandis que, bloqué dans son lit, il se redressait pour ne pas manquer le spectacle. Et moi, l'enfant timide et sage, l'enfant fuyard qui portait comme un vieillard ses secrets, je me rapprochais. Nous nous mîmes tout trois en cercle lorsque James leva sa baguette. Une flamme terrible secoua la chambre et engloutit la bouteille dont le liquide avait gelé. Pendant une seconde à peine, je vis le feu transpercer la glace puis le verre nous sauta au visage et vint se loger sous notre peau.

Quand McGonagall découvrit ce qui s'était passé – et il ne lui fallut pas bien longtemps pour tout nous faire cracher – elle nous tendit furieusement trois pelles et nous envoya déblayer le parc.

« Et cinquante points de moins pour Gryffondor. », ajouta-t-elle tandis que nous nous enfoncions, pareil à des vers dans la terre.

Même James jugea prudent de ne pas relever la punition.

« Bah, ça aurait pu être pire, déclara Sirius en bon philosophe. La prochaine fois, ramène plutôt du Whisky Pur Feu. Mon père en boit un petit fond tous les soirs, il dit que ça l'aide à se concentrer. On ne sait jamais, pendant les révisions, ça peut être utile…

– On est derrière les Serpentards pour la Coupe, fut la seule réponse qu'il obtint.

– Mais Lily Evans se chargera de renflouer la caisse, va ! Remus aussi, pas vrai ? »

James fronça le nez et je remarquai qu'il n'écoutait pas. J'avais été le premier à raconter ce qui s'était passé au professeur et je pensai que peut-être il m'en voulait lorsqu'il annonça lentement :

« Il y a quelqu'un là-bas, juste au bord de la Forêt Interdite. »

Je me retournai.

Au début, je ne la vis pas. J'avais onze ans, je ne pensais pas que cette silhouette un jour grandirait, qu'elle deviendrait celle que toujours il me faudrait rechercher. J'avais onze ans, j'étais le plus petit, le plus angoissé. Mes mains s'apprêtaient à passer la matinée à enfoncer une pelle dans la neige pour voir le trou creusé aussitôt être refermé par de nouveaux flocons. Elles n'avaient alors rien de calme, au contraire, elles rougissaient. Mais je n'étais pas comme Peter dont la faiblesse déjà pointait le bout de son nez, même si nous étions trop jeunes, trop confiants pour nous en apercevoir. J'étais simplement celui qui ne savait pas trop quelle place il aurait à jouer. Pas le meneur, mais pas non plus celui qui se laisserait aveugler, du moins je l'espérais.

Puis elle se tourna, offrant un visage à son ombre que je n'aperçus pas précisément quand il le fallut. Elle parut nous surprendre. J'entendis son rire.

Ce fut faux : j'inventai son rire.

Sirius se figea. James, se tournant vers lui, répéta, d'une voix plus dure :

« Il y a quelqu'un. Elle te ressemble drôlement, tu sais ? »

Il y eut un étrange de silence dont je ne fis pas partie. Du regard, ils s'affrontèrent jusqu'au murmure buté de l'accusé :

« Ce n'est pas vrai. »

Il mentait.


Sirius a trois cousines dont la beauté étincèle.

Bellatrix se dresse en aînée comme l'entrée aux Enfers que seul traversa Enée. On dit qu'elle fut la première à se saccager, qu'elle porte le gouffre à son regard. Qu'un soir, elle rassembla tous les dangers et se les laissa attacher.

Andromeda termine sa dernière année, les épaules serrées et la tête levée. On raconte qu'il y a ce garçon qui s'occupe de la rallumer, que sa famille doucement la perdra, que sa jeunesse ne pardonnera pas. Parfois, elle nous sourit de loin.

Narcissa les surpassera toutes deux un jour. Ses yeux glacés coulent sur les peaux et son indifférence fracasse les pièces ; avant on disait que c'était une jolie petite fille, à présent on se tait. Elle est la bouffée d'où nait le silence, je crois qu'on la hait.

Sirius pense qu'elles sont apparues ici comme des petits diamants et qu'à présent elles mettent pied à terre pour grandir et tous nous envahir. « Tu vas voir, elles seront capable de t'avaler tout entier, elles sont toutes complètement tarées. Il n'y a qu'Andromeda, et encore, je sais pas… » Il a toujours cet air dangereusement tranquille lorsqu'on aborde le sujet de sa famille. Le même que prendrait un arrogant condamné à mort quand viendrait le verdict, le même qu'eurent les fiers Romains lorsqu'ils passèrent sous le joug des Tigurins. C'est le signe d'une défaite que Sirius n'accepte pas.


Il nous regarda. Sa lèvre tressauta, sa pelle s'échappa :

« Je rentre, maintenant. »

Son regard indiqua que nous avions tout intérêt à l'imiter et pourtant déjà il se détournait sans vérifier nous avoir à sa suite. Ses pieds retrouvèrent les traces du chemin qu'il avait vaguement commencé à déneiger lorsque James sembla réaliser ce qui se jouait. Il se mit à courir derrière Sirius jusqu'à ce que la grande porte derrière eux se ferme ; et moi, alors, je restai là, je ne comprends plus pourquoi. Et la silhouette, comme une reine des neiges, se figea superbement pour se laisser reconnaître.

Elle était des trois la plus âgée et soudain elle sembla près.

De la fourrure recouvrait sa gorge et ses cheveux, longs, blanchissaient patiemment sous les coups répétés des flocons. Il me sembla que sa robe avait été relevée, que d'une main on la retenait. Peut-être n'y avait-il là qu'une simple délicatesse, qu'un geste bien appris : ma mère ne disait-elle pas elle-même qu'une femme bien éduquée ne laissait jamais trainer à terre sa robe de sorcier ? Pourtant, sur elle, ce simplement mouvement dégageait une hauteur bien supérieure aux bonnes manières que son port altier confirmait.

Y eut-il jamais pareille beauté offerte ?

Ses yeux se penchèrent sur moi. Je vis dans leur reflet des oiseaux traverser le ciel ses pupilles se voilèrent et semblèrent les encercler. Elles devinrent un trou béant et je pensai reculer lorsque je vis dans son regard une douleur qui n'existait que chez moi et dont je devais toute ma vie me souvenir jusqu'à ce que, pour la dernière fois, elle se dresse face à moi.

Peut-être aussi l'inventai-je. Peut-être voulut-elle me l'offrir parce qu'elle savait que ce petit enfant de onze ans pourrait prendre de l'importance lorsque viendrait la guerre, parce que déjà elle connaissait la saleté de mon secret. Dans tous les cas, ce fut là, dans un petit coin de ses pupilles, sur une ride, sur un pli. Elle sourit.

Les oiseaux s'enflammèrent.

Au loin, quelqu'un se mit à hurler mon nom, à hurler comme un forcené.

Bellatrix m'observa longtemps, puis dit :

« Tu ne cours pas te cacher, alors ? »

La neige tomba. Elle s'éloigna sans me blesser, sans même attendre ma réponse.

Cette année-là, l'Angleterre se heurta à un froid qui n'en finit pas. Il y eut les routes verglacées, les lacs figés, les arbres tombés. Il y eut les flocons à répétitions, les heures de retenues, les points montants et descendants pour la Coupe des Quatre Maisons. Il y eut Andromeda qui ne rentra pas. Ma solitude dans une cabane en bois.


A quinze ans, elle m'y retrouva pour la première fois.

Je la découvris de nuit, alors que la lune atteignait son quart en ruisselant sur Poudlard et que je fuyais comme un animal traqué les murmures incessants de mon dortoir, James parlant de Lily, Sirius parlant de lui et Peter se débattant pour parler également des cours, de Rogue, des vacances d'été, de la guerre qui commençait. Ils possédaient en eux, me semblait-il, une tranquillité, une assurance qui me manquait. Si Peter avait un jour été l'enfant timide et suiveur dont on devait plus tard se rappeler, à quinze ans, il commençait doucement à se faire entendre lorsque nous n'étions qu'ensemble, coupés du monde. Eux, je le voyais, se renforçaient les uns les autres.

Ils avaient trois amours que je recueillais, parfois fasciné, parfois, dégoûté de l'indifférence avec laquelle ils les donnaient. Cette solidarité familiale qui nous poussais à ne jamais nous séparer quelle que soit l'heure me laissait parfois épuisé, parce qu'elle s'élevait trop forte, trop envahissante, parce qu'elle prenait chaque jour un peu plus d'ampleur. L'enfant unique que les onze premières années de ma vie j'avais été explosait alors. Il en finissait terrifié face le manque de silence, il lui semblait qu'on allait finir par le manger à force de toujours lui parler, de déchiqueter sa vie, cinq ans durant, tous les jours, tout le temps. Dans ces moments, je me glissais hors du château.

La nuit rassurait les hommes. La nuit les apaisait.

« Tu t'en vas en vrai petit loup, m'avait dit une fois Sirius en plaisantant. On parle d'un sujet très important, genre… genre Lily, le Quidditch, la soirée de demain où tu dois venir même si c'est interdit, et tout d'un coup, hop, tu as disparu pour ta superbe Cabane qui manque de nous tuer chaque fois qu'on essaie d'y entrer. »

J'avais haussé les épaules. Peut-être.

« Tu es un drôle de secret.

– On t'aime quand même.

– Et maintenant, on pourra t'accompagner, n'est-ce pas ? », avait rajouté Peter.

Il semblait alors si fier.

« Des Animagus, tu te rends compte ? Nous, nous ! Les quatre, ensemble, nous sommes devenu Animagus ! »

Mais l'hiver avait cédé sa place

Je n'avais pas même fini de descendre les escaliers que je sus, que je sentis la présence de Bellatrix me recouvrir. Elle n'avait pas tentée de se cacher. Au contraire elle jouait et grandissait.

J'aperçus son ombre silencieuse aux épaules droites qui laissaient couler délicatement sa robe. Le tissu épousait ses formes. Il traçait langoureusement ses bras, s'ouvrait sur le dos pour mieux se coller à ses reins avant de retomber à terre, engourdi de sa beauté, tel un amant satisfait. Ses cheveux avaient été emprisonnés en un chignon où les boucles se débattaient, où les pinces flanchaient sous le poids des mèches. Le tout semblait sur le point de s'écrouler et pourtant, rien n'eut l'imprudence de bouger lorsque Bellatrix Lestrange tourna la tête vers moi.

Je restai pétrifié.

« Remus, susurra-t-elle et son sourire se fit plus rouge au bord de ses lèvres. Tu en as mis du temps.

– Qui… »

Je ne terminai pas ma question. Je savais son nom. Elle leur ressemblait tant, à Sirius, à Andromeda, si ce n'est cette froideur amusée et échappée, cette indifférence affreuse déversée, que ma voix se perdit dans son silence. J'eus l'impression de retrouver l'enfant de onze ans qui n'avait pu s'empêcher de l'observer pareille à une entité qu'on ne pouvait approcher. Je pris conscience que quatre ans durant, je l'avais gardée en moi, je l'avais mise dans une cage comme l'image d'un oiseau et à présent qu'elle m'apparaissait, toute ma fascination remonta brutalement sous forme d'un désir étrange, fulgurant et douloureux.

Peut-être aussi l'avais-je déjà rêvée. Peut-être était-ce elle l'ombre qui se glissai la nuit dans mon sommeil, qui me regardait et riait derrière laquelle alors je courais puis me perdais. C'était un cauchemar qui me revenait sans cesse lorsque l'hiver apparaissait et à présent, Bellatrix se tenait face à moi et j'avais cette sourde envie de tendre la main et de la garder entière, silencieuse, précieuse, près de moi.

A aucun moment la peur ne prit le pas.

« C'est amusant, n'est-ce pas, reprit-elle, de se retrouver aujourd'hui. As-tu vu le ciel ? Il n'a jamais été aussi clair. »

Elle ressemblait à une reine. Elle en avait la voix, le corps et la tranquillité.

J'hochai la tête sans comprendre.

« C'est un joli nom. Remus, ne penses-tu pas ? Un nom d'influence ; tu es le sacrifié, le tué ; tu es celui qui restera sans descendance et sans l'Empire, mais tu peux encore changer le cours des choses.

– Je… ne comprends pas. »

Mon souffle me parvint coupé, comme si une folle course l'avait précédé.

« Assied-toi. », ordonna doucement Bellatrix.

Sa main me désigna une chaise branlante, seule survivante de la précédente pleine lune.

Lentement, je refusai.

Son regard soyeux se fit plus dur. Elle s'avança. Alors je m'aperçus qu'elle n'était pas si grande, que dans un an sûrement, je la dépasserai ; je m'aperçus que ses cheveux n'étaient pas noir mais simplement brun, un brun cachou où semblait se perdre quelques nuances marrons qui redoraient l'ensemble ; et par-dessus tout, je m'aperçus que le gris formant ses yeux interdisant la moindre obstination.

« Assied-toi, Remus. »

L'instant suivant, mes jambes lâchèrent et je me retrouvai le contact rugueux du bois. Satisfaite, Bellatrix me contourna et se glissa derrière moi.

« Tu grandis, remarqua-t-elle. Nous n'avons pas vu le temps passé. Tu es l'ami de mon cousin, n'est-ce pas ?

– Si c'est pour qu'il devienne votre pantin que vous êtes là…

– Oh, non ! – son rire arrogant résonna dans toute la pièce – Je n'en ai que faire de mon cousin, Remus. C'est à toi que je m'intéresse aujourd'hui. En doutes-tu ? »

Je voulus tourner la tête mais aussitôt, ses doigts se glissèrent autours de mes jours et m'en empêchèrent :

« Ne me regarde pas, souffla-t-elle. Non, non, mon petit loup, pas encore, pas maintenant. Je connais cette envie qui te monte du ventre. Je connais ta vie : mordu si jeune, tu as porté la honte sur tes épaules en silence, en secret. Tu as vu le regard de tes parents changer. Ton père, particulièrement, n'a jamais plus pu te câliner. Quelle tristesse, mon amour de petit loup... Et comment est devenue ta mère ? Entre eux, ils se sont déchirés. La présence de l'autre leur devient insupportable, le ressens-tu encore quand tu rentres ou ont-ils fini par se quitter ? Car à qui la faute, si un loup-garou t'a attaqué ? Puis tu es arrivé à Poudlard. Quelle jolie cabane qu'on t'a construite, comme tu serais bien ici si seulement il n'y avait pas cet animal qui prenait possession de ton âme une fois par mois ! Crois-tu avoir trouvé ta place ? Tu es toujours seul lorsque tu te transformes. Tu es toujours le pestiféré et il n'y a personne pour te soigner lorsqu'à bout de forces, las de chercher une cible qui ne viendra pas, tu te mords les bras.

– Que veux-tu ? »

Ses doigts valsèrent sur mon cou puis s'arrêtèrent.

« Tu n'es pas comme eux, murmura-t-elle.

– Je suis un sorcier.

– Tu es un loup-garou.

– Et après ?

– Tu ne seras jamais heureux parmi eux, déclara-t-elle. Ils sont là, à te dévisager, à vouloir t'emprisonner. Ce sont eux, ces adorables sorciers comme Dumbledore, qui t'enferment entre quatre murs. Tu es différent. Mais il y en a d'autres… d'autres qui comprendront. Un homme, particulièrement. Ce n'est pas un simple sorcier, il est l'ami des gens comme toi. Je pourrais te le présenter et, sais-tu, il a autours de lui des gens qui te ressemblent. C'est un homme comme jamais plus tu n'en rencontreras, un homme qui se bat pour qu'un sang aussi pur que le tien le fût ne soit plus jamais souillé. »

J'eus un mouvement de recul qu'elle bloqua d'un geste d'un frôlement de la main.

« Non, dis-je. Non, laisse-moi. »

Son emprise se resserra.

« Je sais de qui tu parles, lâchai-je faiblement. J'ai entendu parler de ton maître. Je sais très bien ce qu'il fait et ce qu'il cherche. »

Un affolement naquit dans ma voix, je ne sus jamais pourquoi. Peut-être qu'à travers ces mots, je sentis qu'elle se détachait de moi et cela terrifia : à onze ans je l'avais vue si belle et pourtant, je savais déjà tout de sa laideur. Cet enfant dans lequel j'étais enfermé aurait donné tout ce qu'il avait pour pouvoir la toucher, l'ébranler, pour pouvoir la garder, quitte à devenir son jouet. Et je la retrouvai soudain, quatre ans plus tard, et j'étais incapable de me défaire de ma fidélité.

« Et qu'est-ce donc ? chantonna-t-elle.

– Il tue. Il tue pour le pouvoir. »

Soudain son visage trop proche du mien. Soudain son souffle mêlé au mien.

« Mais que veux-tu d'autre, si ce n'est le pouvoir ? Et je t'en prie… – sa paume se posa sur mon front et longea mes cheveux – ne me répond pas une chose aussi idéalisé que la Justice ou la Liberté. Je préfère ton silence aux idioties qu'on apprend chez les Gryffondor. »

Ses traits d'impératrice luisirent en s'apercevant qu'il n'y aurait alors aucune réponse. Nous restâmes là, à nous dévisager

Elle sembla prendre feu et disparut.


A votre bon coeur, une review ?

La suite viendra certainement dans une ou deux semaines.

A bientôt,

Ana'