Titre : Sept jours pour te convaincre
Pairing : HP/DM
Rating : M
Avertissement : Cette fic contient des relations sexuelles explicites entre deux charmants jeunes hommes...vous voilà prévenus...
Notes de l'auteur...Voici une petite fic qui est en réalité un OS que j'ai coupé en deux parce qu'il faisait 51 pages. Je l'ai écrit il y a quelques mois pour l'anniversaire de ma copine Arwen666 il lui appartient donc mais elle m'a autorisé gentiment à le publier, Merci ma biche...
voici donc une pure romance Draco Harry ...
gros bisoux à Arwen et à MIE ma béta préférée
bonne lecture ....
...une petite review pour dire ce que vous en pensez???
chapitre 1
Le nombre sept par ses vertus cachées maintient dans l'être toutes choses ; il dispense vie et mouvement, il influence jusqu'aux êtres célestes... Hippocrate
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Introduction
La ruelle était plongée dans le noir et les deux garçons étaient très occupés, ils ne voyaient pas les passants déambulant à quelques pas de l'endroit où ils se trouvaient... Il faut dire que l'épaisseur de la nuit et le manque de lampadaire préservait leur intimité.
Ils étaient deux opposés parfaits et complémentaires, brun et blond, chaud et froid, timide et déluré... Enfin, à ce moment précis, ils n'étaient plus que deux jeunes hommes qui se dévoraient de baisers, envahis par une faim brutale de leur corps respectif. Le plus grand avait poussé l'autre dans l'encoignure d'une porte cochère, il le tenait étroitement serré contre lui, une de ses jambes glissée entre les cuisses minces, se frottant langoureusement contre la virilité exacerbée de son compagnon. Il léchait amoureusement les lèvres douces et pulpeuses tout en caressant avec fougue les fesses rondes qui, toute la soirée, avaient été pour lui la pire des tentations, il avait ressenti l'insupportable désir de les toucher sans jamais en avoir l'occasion alors qu'elles se trouvaient à portée de main.
« Dra... » Murmura en haletant son vis-à-vis alors qu'il encerclait tendrement ses bras autour du cou serpentardien. Le blond étouffa vite toute velléité de parole de sa bouche gourmande, son nom mourut sur les lèvres savoureuses, alors que des gémissements étouffés s'échappaient de la gorge qu'il explorait assidûment. Sans cesser de l'embrasser, sa main remonta le long d'une cuisse fuselée et vint se poser légèrement sur la protubérance déformant le pantalon moulant, il la caressa lentement faisant soupirer celui à qui il infligeait la douce torture. Il sentit une crispation involontaire de son compagnon alors qu'il ouvrait fébrilement les boutons le séparant encore de l'objet de sa convoitise.
« Laisse-toi faire… » Souffla-t-il avec sensualité dans l'oreille du garçon en lui en mordillant tendrement le lobe. Il ne fallut que quelques secondes pour que le vêtement du brun ne soit plus qu'un souvenir. L'autre lui souleva brusquement les fesses, alors spontanément le jeune homme entoura la taille fine de ses jambes souples de joueur de quidditch. Ils n'en pouvaient plus, la pénétration fut rapide, brûlante mais si intense qu'ils jouirent avec violence à l'exact moment ou l'autre prit son plaisir. Le garçon qui avait survécu faillit s'évanouir... Il n'avait jamais ressenti cela...
Ils restèrent sans réaction pendant de longues minutes, essoufflés, leurs corps moites à moitié déshabillés se collant l'un à l'autre, leurs regards n'arrivant pas à se détacher du visage ennemi... Encore étourdis par leurs orgasmes ils ne comprenaient que vaguement ce qui venait de se passer...
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POV BLAISE
On allait faire la fête… Encore… Depuis la fin de nos études et des événements dramatiques qui avaient traumatisés nos vies, on faisait la fête tous les soirs, on dansait, on buvait, on prenait des substances pas toujours licites et on s'éclatait comme des fous.
Nous étions plutôt insouciants et jeunes et l'avenir ne nous concernait pas, pas encore… Depuis quatre ans, nous avions enfin découvert la vie que nous étions sensés avoir dans un monde en paix.
Ce soir là, nous allions manger dans un petit resto très branché « Jeunes Sorciers en Goguettes ». Moi, Dray, Théo, Vincent, et Pansy notre chère vipère à nous, nous étions une bande de très bons copains attendant chaque jour le soir suivant avec fébrilité.
Le restaurant était bondé mais nous y avions notre table réservée. Dans une alcôve cachée par trois plantes vertes anémiques, nous délirions et nous moquions avec férocité des travers de nos compatriotes.
C'est ce soir-là qu'il est entré dans notre fief, timide mais affichant un air volontaire qu'il était sûrement loin de ressentir, il balayait la salle du regard et moi j'ai ouvert de grands yeux en le voyant, je me suis tourné vers Dray et j'ai vu son regard de prédateur, un regard que je n'aimais pas du tout, surtout concernant celui qui se trouvait en face de nous.
L'autre l'avait aperçu aussi, il s'était arrêté et lui avait souri, visiblement heureux de le voir. Dray s'est levé et avec son assurance nonchalante, il s'est dirigé vers lui, le déhanchement chaloupé... Sans écouter mes exhortations à laisser tomber, je n'existais plus, j'étais brusquement devenu transparent… Il ne voyait que les yeux trop brillants de sa future victime, le corps souple moulé dans un pantalon noir et une chemise ajustée. Il ne voyait que Lui et moi j'ai compris que c'était très différent des autres fois.
J'ai su à ce moment là que mes ennuis allaient commencer.
J'ai fermé les yeux et prié avec force pour qu'il disparaisse, je n'ai pas dû faire mes dévotions avec suffisamment de conviction parce que lorsque je les ai rouverts, il était toujours là, sauf que la bouche de mon copain était collée à la sienne et qu'ils n'avaient pas l'air d'avoir envie de se séparer.
Je me suis donc levé et approché du plus improbable couple que je pensais voir ce soir-là.
Draco m'a souri et a murmuré :
« Tu ne dis pas bonjour à Potter ? Blaise ? »
« Si bien sûr ! Salut Harry, qu'est-ce que tu fous là ? »
Le brun a levé un sourcil, visiblement amusé par mon agressivité.
« Comme toi Blaise je viens m'amuser ! »
J'aimais bien Potter, c'était un type honnête et gentil, pas de quoi faire rêver mais bon, il en faut pour tous les goûts. Nous avions tous fait la paix avec lui depuis bien longtemps. Les événements nous avaient rassemblés dans l'unique camp que nous avions choisi et malgré nous, nous lui étions reconnaissants de nous avoir délivrés de Voldemort... Nous étions bien plus unis qu'au temps de Poudlard et Harry Potter, s'il n'était pas vraiment un ami était quelqu'un que nous respections... A part peut-être Draco qui continuait à le mépriser bien hypocritement vu le spectacle qu'il offrait ce soir là… D'où mon air ébahi… il faut bien avouer que les voir collés l'un à l'autre en train de s'embrasser comme deux affamés avait de quoi m'enlever toute velléité de paroles.
Dray me fixait goguenard, l'air de dire je t'en bouche un coin hein ?
Pour ça, l'effet de surprise était complet, à en voir les têtes que tiraient nos autres copains il en était de même pour eux. Théo ouvrait des yeux désespérés et je pensais que Vincent allait se décrocher la mâchoire s'il gardait la bouche ouverte de cette manière.
Je fixais Draco impatiemment en fronçant peu discrètement les sourcils pour lui faire comprendre que je désirais lui parler.
« Quoi ? » aboya-t-il
« Comment ça 'quoi' ? » lui rétorquais-je, peu disposé à faire le moindre effort. Je le connaissais par cœur et je savais qu'il se fichait ouvertement de moi.
« Pourquoi tu me fixes comme ça ? » Demanda-t-il innocemment.
Je pointais Potter du doigt.
« C'est quoi ça ? »
Il prit son air le plus angélique en regardant tendrement son vis-à-vis qui mordillait délicatement sa lèvre inférieure.
« Euh… Harry Potter peut-être ? Ne me dis pas que tu ne le reconnais pas Blaise ! C'est le gars qui a dégommé tu sais qui... » Il me souriait d'un air niais et moi je fulminais intérieurement.
« Ok Draco tu m'expliqueras tout ça demain quand tu auras recouvré tes esprits. »
« Oui mon Blaise ! » susurra-t-il, hilare, les neurones sans soute embrumés par tout l'alcool qu'il avait ingéré.
J'ai saisi ma veste et j'ai préféré sortir pour retrouver un peu d'air frais et surtout mes esprits qui commençaient à dangereusement s'échauffer.
*******************
« Bon alors c'est quoi le problème ? »
« Hn ? »
La tête glauque de mon meilleur ami essayait de se tourner vers moi avec difficulté. Il avait l'expression de ces dorades sur l'étale du poissonnier, la bouche ouverte, l'œil rougi du manque de sommeil, des excès d'alcool et autres drogues dont il abusait.
J'allai dans la petite cuisine et fis chauffer de l'eau pour lui faire le café serré dont il avait grand besoin, celui qui lui permettrait de me reconnaître enfin.
Je retournai dans la chambre et avec une joie non feinte, j'arrachai la couette sous laquelle il s'évertuait à se cacher.
« Enfoiré ! »
« Va prendre ta douche et savonne aussi ta bouche pleine de vilains mots, tu en as besoin ! »
« Je te hais Blaise ! » grogna t-il en plaquant son oreiller sur son visage pour ne plus me voir.
« C'est bien tu redeviens toi-même ! Dépêche-toi de te lever parce que ça ne me dérangera aucunement de te traîner dans la salle de bain en te tirant par les pieds ! »
Nouveau marmonnement incompréhensible, certainement peu flatteur et aimable à mon encontre.
« DRACO ! »
« Fais chier ! »
La silhouette longiligne s'extirpa enfin de la couche froissée et se dirigea au moyen de je ne sais quel radar interne vers le lieu qui lui rendrait visage humain.
Pendant ce temps, je préparai un copieux petit déjeuner, et piétinai d'impatience en attendant que mon meilleur ami m'explique un peu les dessous de l'affaire, à savoir pourquoi il s'était collé aux lèvres du Survivant la veille au soir.
Il entra dans la pièce encore humide de sa douche, ses cheveux trop longs dégoulinant sur son torse, pieds nus et portant un simple pantalon de sport tombant bas sur ses hanches, il était parfait comme à son habitude, beau et séduisant affichant un air dégagé malgré les cernes de fatigue ombrant ses magnifiques yeux gris.
Il s'assit sur un des hauts tabourets qui jouxtait le comptoir séparant la cuisine du salon, il soupira en avalant une première gorgée de café brûlant, les yeux clos et l'air d'avoir rencontré Merlin en personne. Je m'agitai un peu, je voulais avoir des éclaircissements sur son comportement.
« Dray ? »
Il respira un peu plus rapidement, il savait que je n'allais pas lâcher l'affaire si facilement.
Il ouvrit les yeux, me sourit et murmura innocemment.
« Toujours là Blaise ? »
« DRAY ! »
« Ok Blaise, je vais t'expliquer mais ne crie pas je t'en prie, ma tête est enserrée dans un étau et je crois que je vais vomir si j'entends encore un son au-dessus de quarante décibels ! »
« Bien fait ! Tu n'as qu'à pas te mettre dans des états pareils, maintenant explique-toi ! »
« Qu'est-ce que tu veux savoir au juste ? »
« Qu'est-ce que la langue de Potter faisait dans ton gosier hier soir au Xanadu ? »
Ses yeux se révulsèrent un moment et avec un gloussement béat il murmura :
« Ça, c'est la question piège. »
« Réponds s'il te plaît ! »
« C'est une histoire bizarre Blaise… je… Enfin, tu sais que Potter m'a toujours plus ou moins exaspéré… »
Exaspéré ? Le mot est faible, il l'a haï pendant dix ans. Mon copain a le sens du raccourci.
Pourtant, je ne l'interromps pas sinon je ne saurais jamais le fin mot de cette ténébreuse histoire.
Il tortille ses mains l'air d'un gamin gêné d'avouer à sa mère qu'il a le béguin pour un petit camarade de classe, je suis étonné et surpris de le voir perdre son flegme légendaire.
« Voilà Blaise, la semaine dernière alors que j'allais me promener du côté du Xanadu pour boire un verre et m'amuser un peu, j'ai rencontré Potter, il avait l'air paumé, il était seul et quand il m'a vu, il a eu l'air soulagé, je crois qu'il cherchait un peu de compagnie et moi j'étais seul également alors je l'ai invité à prendre un verre. »
J'ouvris des yeux ronds et il pouffa doucement.
« Je sais ce que tu penses Blaise, comment moi le grand, beau et ténébreux Draco Malfoy… »
« N'en fais pas trop quand même… »
« Ouais enfin bref… Comment j'ai pu renier à ce point mes convictions profondes et inviter à boire un verre le type qui m'insupporte le plus au monde ? En fait, je ne le déteste pas vraiment… »
« Ça j'avais cru comprendre depuis ton exhibition d'hier soir. » grognai-je. Je ne voulais pas lui faciliter la tache et le voir bafouillant ainsi m'amusait beaucoup.
« Ecoute ! Potter était plutôt perdu ce soir-là et je l'ai trouvé, hum, comment te dire ça ? »
« Sexy, appétissant ??? »
Il rosit légèrement et rectifia.
« Plutôt… attendrissant.»
Je recrachais mon café dans ma tasse en m'étouffant de surprise. Draco Malfoy ne s'attendrissait jamais, aussi loin que je me souvienne… Draco n'est pas un sentimental, il ne l'a jamais été, il est cynique, méprisant et froid, souvent dur et sans indulgence, enfin surtout avec les autres, moi qui le connais je sais qu'il cache au plus profond de lui les sentiments qu'il éprouve.
Je me demandais ce que lui avait fait Potty pour me l'avoir changé à ce point.
« ATTENDRISSANT ? Tu dis ça pour me faire marcher ? »
Alors que je le fixais, il se frottait les mains en signe d'intense réflexion, je crois en réalité que c'était juste pour ne pas croiser mon regard.
Il reprit la parole, la voix sourde.
« Je sais ce que tu penses Blaise, mais ça s'est fait comme ça, sans que je le veuille. Nous avons bu quelques verres puis nous sommes allés danser et une chose en entraînant une autre nous nous sommes embrassés… et… »
« ET ? »
Il releva la tête, planta résolument son regard d'acier dans le mien.
« Et c'était plutôt agréable, j'en suis le premier surpris, la première raison c'est que je ne pensais pas qu'il était gay, ensuite même si je l'avais su avant, ce n'est vraiment pas le genre de garçon qui me faisait… Enfin tu vois quoi… Mais ce soir-là, dans ce contexte, je crois que je suis tombé sous son charme... »
« Ce soir-là ok je peux comprendre, un moment d'égarement, mais comment se fait-il que tu sois Encore sous son charme ? » demandai-je un peu agressivement.
Il haussa les épaules en allant se servir une autre tasse de café.
« Ça, mon vieux, j'aimerais qu'on me l'explique, je croyais le lendemain que je ne le reverrais plus jusqu'à ce qu'il... »
Il s'arrêta de parler, le regard voilé, perdu dans ses pensées. Un sourire totalement stupide plaqué sur les lèvres, Merlin il est sûrement ensorcelé !
Je me permis d'insister.
« Jusqu'à ce qu'il ??? »
Il releva ses yeux vers moi et il avait l'air incroyablement heureux.
« Jusqu'à ce qu'il sorte de ma salle de bain et que je me souvienne que nous avions passé la nuit ensemble. »
« HEIN ? Tu as couché avec lui ? »
« Incroyable non ? » me répondit-il l'air candide en suçotant sa lèvre inférieure signe chez lui de gêne et de confusion.
Malgré son demi-sourire, son front était froncé comme s'il appréhendait je ne sais qu'elle explosion de ma part.
Moi, je ne disais rien j'étais juste trop sonné pour ça.
Je savais en voyant Potter hier que ça n'augurait rien de bon et voir Draco ainsi devant moi, sans son air habituellement bravache, avec juste ce regard tendre qui me disait « quoique tu en penses ça ne changera rien à ce que j'ai fait ! » ça m'a vraiment remué.
« Tu penses continuer ça ? »
« Honnêtement je n'ai rien programmé, je vis au jour le jour et je verrai bien comment ça tournera. »
« Et comment veux-tu que ça tourne, toi ? »
« Je n'en sais vraiment rien, le seul truc que je ressens c'est que je me sens bien avec lui et que physiquement... »
« STOP ! Pas de détail, je t'en prie ! »
Il éclata de rire.
« Physiquement il me plaît, c'est tout ce que je voulais dire idiot, tu ne me crois quand même pas capable de te raconter mes nuits avec lui. »
Re-crachouillis de café dans ma tasse.
J'essayais de reprendre ma respiration alors que Draco me tapait dans le dos.
« Blaise ça va ? »
« TES NUITS !!! »
Il rougit violemment.
« Euh... ben oui il y en a eu plusieurs à dire vrai... »
Il baisse les yeux et contemple ses orteils avec beaucoup de concentration.
« Tu as commencé à sortir avec lui seulement la semaine dernière non ? »
« Oui je sais, on va dire qu'à part hier soir... Harry a dormi toutes les nuits avec moi... depuis la semaine dernière... »
Il releva un peu la tête, la pencha sur le côté et attendit ma réaction.
« Décidément, Dray tu me surprendras toujours. » murmurai-je abasourdi.
La porte d'entrée claqua violement et je sursautai.
« Croissants ! » annonça une voix chaude.
Là, c'était vraiment la fin, je foudroyai le blondinet du regard et lui crachai :
« Je crois que tu as fais une erreur Dray, il a aussi passé celle-ci dans ton lit ! »
« ... »
« Salut Blaise, tu veux un croissant ? » me demanda timidement le garçon qui avait rendu mon meilleur ami aussi niais qu'un boursouflet.
« Ton croissant... tu peux te... » Je stoppai à temps la répartie qui me brûlait les lèvres, devant son regard clair, je me sentis brusquement stupide, je ne devais pas l'agresser après tout il ne m'avait rien fait...
Mince! La vie nous réserve parfois de ces surprises pourries...
Draco et Potter...
C'en était terminé de notre petite vie réglée comme du papier à musique, de nos délirantes soirées serpentardiennes... De notre insouciance...
J'avais la nausée en voyant le regard idiot qu'ils échangeaient, on aurait dit qu'ils se trouvaient dans une bulle, amoureux et transis...
Je tournai brusquement le dos au charmant petit couple et je sortis en claquant la porte, suffisamment fort pour que les autres habitants de l'immeuble pensent que l'épicentre d'un tremblement de terre venait de naître dans leur sous-sol...
On se venge comme on peut...
Oui... c'est ainsi que les emmerdes ont commencé...
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Paris... 5 ans plus tard...
POV HARRY
« Harry, tu m'aides à faire mes devoirs ? »
Je soupire en silence et je me retourne pour me trouver ventre à nez avec un petit d'homme haut comme trois pommes qui me regarde avec de grands yeux suppliants.
Je suis crevé, ma journée a été vraiment pénible au Ministère et je n'aspire qu'au calme de mon appartement. Il attend ma décision en retenant son souffle, il est le fils de Jenna, la gardienne de mon immeuble, elle travaille dur pour élever seule ses deux enfants, Rémi et sa petite sœur Juliette. Très souvent occupée par le bébé en fin de journée, elle n'a pas le temps de superviser les devoirs du petit garçon. Un jour de grande bonté et sûrement de totale inconscience, j'ai proposé de l'aider dans son travail scolaire et depuis je vois sa petite bouille ronde m'attendre plusieurs soirs par semaine devant ma porte pour que je lui explique ses fichus problèmes qui sont pour lui aussi hermétiques que l'étaient les potions lorsque j'étais à Poudlard.
« Ok, tu en as beaucoup ? » je demande gentiment.
« Non pas trop, mais le calcul j'y comprends rien ! » ronchonne-t-il en fronçant avec dégoût son petit nez.
Je réprime un sourire, et lui ouvre ma porte pour le faire entrer.
« Ta maman est au courant que tu es chez moi ? »
« Ben non quand je suis monté elle était au téléphone… »
« Je vais la prévenir, sors tes affaires et montre-moi ces calculs qui te font tant souffrir ! »
Pendant que je passe un rapide coup de fil à Jenna, il a étalé tout un tas de cahiers et de livres me faisant dire adieu à mon canapé me tendant langoureusement ses accoudoirs...
Je m'assois à ses côtés et commence à superviser son travail. Nous prenons notre temps, je décompose, j'explique avec patience les problèmes qui lui semblent si compliqués... Après deux longues heures de devoirs en tout genre nous en avons enfin terminé. Je dois avouer que j'adore ces moments passés avec Rémi, je sais que je n'aurais probablement jamais d'enfants, mais si j'en avais eu je crois que j'aurais été un bon père parce que j'aime beaucoup ça...
Au moment où le petit s'apprête à partir, un toc-toc violent se fait entendre à la fenêtre de ma cuisine, Rémi me souffle :
« Ton hibou Harry, je peux le caresser dis ? »
« Oui, va lui chercher à manger et tu ne le caresses qu'une fois que tu lui as donné ses graines ok ? »
Il me gratifie d'un clin d'œil complice et coure vers le placard pour sortir le Miam-Hibou... Après avoir ouvert la fenêtre, je détache la grande lettre blanche accrochée solidement à la patte d'Hector qui piaffe d'impatience en voyant la boîte de sa nourriture préférée.
Mon hibou c'est un secret entre Remi et moi...
Difficile d'être totalement invisible quand on est sorcier dans un quartier moldu, un jour Remi est venu chez moi alors que je venais juste d'emménager, il m'apportait un morceau de gâteau de la part de sa maman en signe de bienvenue, au même moment Hector est venu frapper au carreau, le petit garçon en est resté bouche bée. Je lui ai expliqué que j'avais un ami dresseur de hibou mais qu'il ne fallait pas en parler parce que les gens lui demanderaient d'en dresser d'autres et que la plupart de ces oiseaux étaient bien trop sauvages pour pouvoir y arriver... Rémi est persuadé que mon ami Ron n'envoie ses messages portés par hiboux qu'à moi seul. C'est un pieux mensonge... Pour l'instant, il me croit sur parole et je n'ai pas eu besoin d'effacer ses souvenirs, malheureusement je sais que ce moment arrivera forcément lorsqu'il posera des questions plus curieuses et insistantes.
Pendant qu'il nourrit Hector, je tourne et je retourne l'enveloppe filigrané entre mes doigts, le sceau qui y est apposé me renvoie à une foule de souvenirs - combien d'années déjà ? – huit ans non, neuf au moins... Je ne vais pas l'ouvrir je crois, je préfère rester dans ma bienheureuse inconscience.
« C'est Ron ? »
« Hein ? »
Deux yeux noisette me regardent candidement.
« C'est de Ron ? » insiste-t-il.
« Non. »
« De qui alors ? »
Curieux le gamin.
« Mon ancienne école. »
« Ton ancienne école envoie le hibou aussi ? » demande-t-il, surpris.
Grand moment de solitude...
« Ben je suppose que Ron a dû leur prêter Hector, sa femme est professeur dans cette école. »
« Ah OK. »
Sauvé encore pour cette fois.
« Tu l'ouvres pas ? »
« Pas tout de suite. Tu devrais rentrer chez toi Rémi, ta maman va t'attendre, il est l'heure de dîner. »
Je vois à son expression déçue qu'il aurait aimé savoir ce qui se trouvait dans l'enveloppe. Je ne suis pas encore prêt à l'ouvrir, je crois que je vais la flanquer à la poubelle et reprendre le cours de ma vie comme si ce bout de papier n'avait jamais existé.
Le lendemain, je me lève à l'aube comme chaque matin pour me rendre à mon travail. Elle est là au fond de la poubelle à me narguer. Je prends mon café en regardant ailleurs, l'air de rien. Pas question que je tombe dans son filet tentateur. Je file prendre ma douche, je range ma baguette dans ma robe et je saisis une poignée de poudre de cheminette, aujourd'hui je ne vais pas au Ministère, je dois régler une affaire de macarons changeur de voix qu'un petit rigolo s'est amusé à disséminer dans plusieurs villes du sud de ce beau pays.
« Soyez Auror Potter, me disaient-ils tous, c'est un métier dangereux et passionnant ! » Tu parles ! Une fois tous les Mangemorts exterminés ou enfermés à Azkaban, je me suis retrouvé à régler de banales affaires de conflit de voisinage ou de boîtes aux lettres piégées... quelle dégringolade, mon égo en a pris un sacré coup !
Je passe devant la poubelle et mon estomac se contracte, je rends les armes et saisis le papier parcheminé. J'ouvre maladroitement l'enveloppe, une jolie carte imprimée de lettres dorées me saute dans la main.
Je lis le texte avec attention :
Cher Monsieur Potter,
Les anciens de l'école de Poudlard ont décidé cette année,
Sur une suggestion originale de Mme Granger Weasley
De réunir les élèves des quatre maisons
Qui vous ont côtoyé pendant vos six années d'étude
Pour une fête amicale et conviviale
Qui se déroulera le week-end du 25 et 26 Décembre prochain.
Vous serez l'invité d'honneur de cette réunion
Nous comptons donc sur votre présence.
Bien cordialement,
La Directrice
Minerva Mc Gonagall
Un petit post-it jaune fluo est collé au dos de l'invitation. Sur celui-ci une écriture fine et régulière que je reconnais aussitôt.
Harry, tu as intérêt à venir ! Je n'ai pas fait tout ça pour des prunes... Ron et moi serons heureux de te recevoir pendant ce week-end là. Ne te défile pas sinon je suis capable de venir te chercher ou tout au moins d'envoyer quelqu'un pour te ramener par la peau du dos.
J'espère que tu vas bien, à dans quatre semaines, bises Hermione.
Je confirme tout ça vieux... à plus Ronald
J'éclate de rire au mot de Ron, le seul qui me fasse rire à vrai dire.
Merde ! Je n'aurais pas dû ouvrir cette enveloppe, elle portait en elle les prémices d'ennuis qui ne font que commencer. Bon, il faut que j'agisse au plus vite avant de voir débarquer Hermione ou son envoyé spécial.
Je dois avoir un plan d'attaque...
Tout d'abord me faire remplacer pour cette affaire de macarons trafiqués. Ensuite écrire une jolie lettre pour expliquer à Hermione et Ron et au reste de la terre que j'aurais bien aimé venir, que c'est beaucoup d'honneur qu'ils me font et Bla Bla Bla... mais que malheureusement je serai dans l'impossibilité totale de me déplacer ce week-end là... Et tous les autres week-ends aussi, ils seraient bien fichus de changer la date ces furieux...
Je me dépêche de prévenir le Ministère que je prends quelques jours de vacances, depuis le temps qu'il me reproche de les accumuler, je suis persuadé qu'ils seront ravis...
Ensuite la lettre, brève pour bien montrer que je suis débordé, gentille pour leur faire croire que je pense à eux et surtout suffisamment hypocrite pour qu'ils pensent que je vais bientôt leur rendre une petite visite... Ce qu'évidemment je ne ferai pas...
Une fois mes corvées accomplies, je m'affale dans mon canapé où, comme chaque fois que je suis inactif je vais broyer du noir...
Retourner là bas, pourquoi ?
J'en suis partie en me disant que je n'y avais plus ma place, je me suis rongé de jalousie et d'envie, je leur en voulais tellement qu'à aucun moment je n'ai réfléchi sereinement sur le pourquoi de mes réactions que d'aucun aurait pu juger excessives.
Il m'a trompé, rejeté, pourtant il savait forcément ce que je ressentais.
J'ai essayé d'en parler à Zabini, nous étions devenus presque amis, il était son alter-ego, son complice, mais il n'a rien voulu me dire, pas d'explication ni de consolation et une gêne insurmontable s'est installé entre nous. Un gouffre qui se creusait inexorablement... Et je me sentais de plus en plus isolé et malheureux.
A aucun moment je n'ai pu en parler à Ron, il n'aurait jamais pu comprendre mes sentiments, il le haïssait avec trop de constance et depuis trop longtemps. La vie pour Ron a toujours été simple, blanche ou noire pas de nuance, nous, nous étions dans le bon camp, celui des héros, des bons, des gentils. Lui avait été trop longtemps dans le mauvais. Dans notre camp, il y avait pourtant autant de trouillards et de planqués que dans l'autre, ils avaient juste eu l'hypocrite retenue de ne pas le montrer.
Pour Ron, il aurait juste été un coupable.
Je retournais le bout de papier, incapable de maîtriser le flot de colère et d'envie qui me submergeait de façon égale et bien étrange...
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POV DRACO
J'ai sept jours pas un de plus pour le convaincre...
Sept un nombre premier... Un chiffre parfait...Les sept couleurs de l'arc en ciel, les sept notes de la gamme diatonique... On pourrait presque croire que ce chiffre-là va me porter chance...
Je ne crois pas à la chance...
Je crois surtout que je me trouve dans un beau merdier...
Elles m'ont envoyé le chercher et j'ai accepté... Quel crétin je fais ! Blaise a bien ri quand je le lui ai raconté...
Je revois son air goguenard et ses affirmations tranchées.
« Il ne voudra jamais te suivre ! Ca fait cinq ans qu'il est parti et tu n'as jamais cherché à le voir, tu savais pourtant fort bien où il se trouvait... Il doit t'en vouloir terriblement... »
Rien de tel qu'un ami pour vous ficher le moral en l'air en quelques phrases bien senties...
Le vague sentiment de culpabilité que j'avais éprouvé à l'idée de le retrouver n'avait fait que croître depuis...
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Je suis arrivé dans la capitale française depuis environ deux heures. J'ai décidé d'aller le chercher sur son lieu de travail, c'est plus commode, il ne pourra pas se jeter à ma gorge devant ses collègues...
Enfin j'espère, vu son caractère colérique ce type est capable de tout...
Le Ministère Magique Français se trouve dans un quartier très fréquenté, pour m'y rendre je dois descendre dans une station de métro désaffectée et emprunter deux cent mètres de corridors obscurs. Quand j'arrive sur le quai nommé Brocéliande, je prends place à bord d'un wagon abandonné qui se met en branle lentement. D'autres sorciers sont assis sur les sièges défoncés, ils me dévisagent avec curiosité. Il est vrai qu'avec mes vêtements de bonne facture je jure un peu au milieu de ces petits employés dépenaillés. Nous roulons rapidement pendant environ une dizaine de minutes puis le wagon stoppe au milieu d'un hall resplendissant de lumière, je comprends que je suis arrivé à destination et je me lève pour suivre la foule des badauds...
Un large comptoir de marbre ceint le milieu de l'espace, je vais m'y accouder et j'attends... quelques secondes, un Malfoy n'accepte jamais d'être ignoré plus longtemps. J'interpelle donc une sorcière à peine plus âgée que moi qui continue à lire son magasine.
Elle relève une tête morose et m'interroge du regard sans se lever.
« Pourriez-vous vous occupez de moi ? » je demande d'un ton sec.
« Pause ! » me répond-elle sans plus d'explication.
Pose quoi ? Que veut-elle que je pose ?
Elle est repartie dans la contemplation de son magasine, la colère commence doucement à m'envahir. Je hausse le ton.
« Auriez-vous l'amabilité vous occuper de moi !!! »
Elle ne relève même pas la tête se contentant de hausser les épaules d'un air méprisant.
Enervé, je tape alors un poing rageur sur le comptoir de marbre.
« Ne vous fatiguez pas jeune homme c'est l'heure de sa pause, elle ne fera pas un geste vers vous. »
Je me retourne méprisant vers un petit sorcier entre deux âges qui me fixe avec un air bonhomme.
« Je vois que vous êtes étranger, ici le travail des employés est protégé par une charte particulière qui a été empruntée aux moldus, ils ont le droit d'avoir deux pauses dans la journée et cette jeune femme a visiblement décidé que c'était maintenant ! »
J'écarquille les yeux, surpris.
« Et on ne peut pas les forcer à travailler ? »
« Non ! Sinon ils se mettent en grève... » m'éclaire-t-il en grimaçant.
« C'est quoi ça ? »
« Ils arrêtent tous de travailler par solidarité et c'est une belle pagaille... »
« Ah... merci pour les explications... »
Les français sont vraiment un peuple à part, quel drôle de système...
« Vous désirez ? »
La voix haut-perchée me fait sursauter. Je me retourne surpris et la femme qui a visiblement fini de se tourner les pouces se trouve devant moi l'air peu aimable.
« Pressons ! Vous n'êtes pas tout seul ! »
Ça, c'est la meilleure, j'essaie de reprendre contenance et lâche :
« J'aimerais savoir dans quel service travaille Harry Potter. »
Elle me sourit vicieusement.
« Vous vous êtes trompé de guichet, c'est ma collègue du 4C qui pourra vous renseigner. »
J'ouvre des yeux ronds et perdant le peu de patience qui me reste, je grogne...
« Et il est où le guichet 4C ? »
Elle se tourne et me désignant une chaise vide derrière elle.
« C'est celui-là mais je crois que ma collègue est partie en pause. »
Un sourire satisfait étire sa face, j'aimerais vraiment lui... Non ! Je dois recouvrer mon calme et puis on ne frappe pas une femme, c'est contraire à mon éducation...
Je vais donc reprendre mon attente devant le guichet 4C... Où une guichetière aussi gracieuse qu'un hippogriffe me renseignera enfin sur l'endroit où se trouve le service des Aurors français...
Ce qui me vaudra encore une longue période d'agonie pour entendre que ce cher Potty ne travaille pas car il a pris quelques jours de vacances.
Il ne me reste plus qu'à aller me coucher en espérant que le lendemain, je le trouverais chez lui, à l'adresse que j'ai arrachée, grâce à mon charme légendaire, à une de ses collègues plus coopératives que les autres.
********************
1er jour... bébé
J'ai trouvé facilement l'immeuble où il loge au sein d'un quartier populeux et vivant, tout à fait dans son genre... Je monte rapidement les trois étages sans ascenseur, une invention moldue pourtant fort utile...
Puis, arrivé sur son palier j'hésite un peu, cinq ans que nous ne nous sommes pas vus, j'ai un peu peur que l'accueil ne soit pas des plus chaleureux.
Je me lance pourtant et frappe à sa porte, deux petits coups secs qui résonnent désagréablement dans le couloir silencieux. Pas de réponse. J'accentue la force de mes coups et j'entends enfin une voix lointaine...
« Oui j'arrive... »
Un verrou s'ouvre avec un claquement, puis un deuxième et enfin un troisième... Il ne pourrait pas boucler sa porte avec un sort comme tout bon sorcier que se respecte ? J'entends encore sa voix...
« Ouvrez s'il vous plaît, j'ai les mains prises. »
Curieuse façon d'accueillir les gens, j'empoigne la clenche et entrouvre lentement la porte, je recule un peu pour gagner quelques secondes sur le moment où il va m'apercevoir.
« Salut Pot... »
Je me fige en le voyant, la scène est pour le moins surprenante... il porte dans ses bras un nourrisson qui tète goulument un biberon plein de lait en fronçant soupçonneusement les sourcils à ma vue. Son épaule droite est recouverte d'une sorte de linge blanc maculé de petites traces douteuses. Il blanchit en m'apercevant et recule sans dire un mot. J'entre et je referme doucement la porte derrière moi.
Je suis un peu perturbé, j'avais bien prévu un petit discours pour lui expliquer ma venue mais le voir ainsi, un bébé dans les bras, l'air épuisé, les cheveux encore plus ébouriffés que dans mon souvenir je le trouve... tout simplement craquant et j'essaie de me maîtriser pour qu'il ne se rende pas compte de mon trouble.
« Salut Harry... »
Il me regarde sans répondre en se dirigeant vers le petit canapé qui se trouve contre le mur du fond du petit salon servant également d'entrée. Il s'assoit tranquillement et parle avec douceur au bébé qui vient de finir la dernière goutte de l'écœurant breuvage.
« C'est bien ma puce, tu vas faire ton rot maintenant... »
Il fait glisser adroitement le petit corps debout contre son torse et place le visage du poupon contre le tissu ornant son épaule. Je suis fasciné par ses gestes, il masse doucement le petit dos et bientôt un horrible son sort de la bouche du bébé, c'est franchement répugnant, je grimace et recule d'un pas, les enfants ne sont pas vraiment ma tasse de thé...
Je lève les yeux sur Potter et croise son regard franchement goguenard bien que l'expression de son visage reste grave...
« Qu'est-ce que tu veux Malfoy ? »
« Te ramener à Poudlard » je lâche abruptement.
Il me fixe avec attention, puis soupire...
« Ainsi c'est toi qu'Hermione a décidé de m'envoyer ? »
Il secoue sa tête d'un air désespéré.
« Tu peux te barrer, je n'irai pas ! »
« J'ai une semaine pour te convaincre, je ne vais pas t'y traîner de force tu sais. »
Il se lève tranquillement tout en continuant de murmurer à l'oreille du bébé. Il se dirige vers une porte et je n'ose le suivre, je me sens soudain démoralisé, je sais que ces sept jours ne vont pas être une sinécure et je me demande encore pourquoi j'ai accepté la demande de Mac Go et de Granger.
Au bout d'une dizaine de minutes à attendre en détaillant l'intérieur minable du petit appartement, je me décide à aller voir ce qu'il fabrique, j'emprunte le couloir où il s'est engouffré quelques instants plus tôt... Je l'entends babiller imbécilement et je me dirige vers la seule porte qui soit ouverte, il se trouve dans une petite salle de bain, l'enfant posé sur un matelas, il vient visiblement de lui mettre de nouveaux vêtements car, ce que je suppose être une petite fille, porte à présent une sorte de combinaison à pieds rose. Quant à Potter il s'adresse à elle d'une manière complètement ridicule... Il fait des tas de grimaces, des bulles avec sa bouche, embrasse les petits pieds qui s'agitent et prononce des mots qui n'existent pas...
« Potter tu vas bien ? »
Je m'inquiète un peu quant à son état mental, et puis qui est cette gamine ? Pas à lui, ça j'en suis certain ou alors il l'a volée. Ce crétin aime tellement les gosses qu'il en serait bien capable. Une douloureuse angoisse se fait jour dans mon esprit.
« Potter où as-tu eu ce bébé ? » je demande la voix calme mais ferme.
Il se retourne lentement vers moi, semble jauger les paroles que je viens de prononcer puis répond le front plissé de concentration.
« Dans un landau qui traînait dans la rue, elle avait dû être abandonnée mais maintenant elle est à moi. » affirme-t-il avec candeur.
Il est fou ! Ça se confirme...
J'essaie de garder mon sang froid malgré mon cœur qui bat à tout rompre.
« Heu Potter... Tu sais que tu ne dois pas emprunter quelque chose qui ne t'appartient pas, tu sais ça ? »
Il me regarde l'air de ne rien comprendre.
« Ce bébé tu devrais le rendre maintenant, ses parents doivent se faire beaucoup de soucis, tu l'as trouvé où ? Il y a combien de temps ? » Ma voix monte un peu dans les aigus, je ne veux pas être mêlé à un enlèvement...
Toujours ce regard bovin qui me détaille en silence, puis je vois ses yeux qui plissent imperceptiblement, son menton qui frémit puis l'explosion de rire balaie tout sur son passage, son corps est secoué de spasmes et des larmes coulent de ses yeux... Il n'arrive pas à se calmer et je suis mortellement vexé de m'être fait prendre à sa blague imbécile.
« Toujours aussi crétin Potter, tu devrais grandir un peu ! » dis-je méprisant.
Il essuie ses yeux avec sa manche d'une façon très raffinée qui lui ressemble, puis il soulève la petite dans ses bras.
« Non vraiment tu aurais vu ta tête Draco, tu as eu une vraie frayeur avoue ? Tu es si prévisible... »
Furieux, je ne réponds pas mais je fronce un peu le nez, des odeurs plus que douteuses flottent dans le petit espace confiné. Je finis par lui en faire la remarque acide.
« Tu devrais peut-être aérer un peu, ou faire le ménage ! »
Un large sourire s'étale sur son visage et il me fourre un truc roulé en boule dans les mains.
« Va mettre ça au vide-ordure et ça sentira bien meilleur tu verras ! »
Et sans plus de cérémonie, il sort de la pièce avec l'enfant. J'examine le paquet que je tiens et je me rends compte que l'odeur nauséabonde vient directement de... je comprends seulement ce que c'est et je lâche l'immondice par terre avant de me laver furieusement les mains.
Ça commence décidément très très mal...
Je le rejoins dans le petit salon et je reste interdit par le spectacle qu'il m'offre. Assis sur le canapé, il fredonne doucement en berçant la petite. Parfois il se penche et dépose un baiser sur la joue duveteuse.
J'ai du mal à reprendre ma respiration, Harry est fait pour ça et ça me vrille les entrailles de le reconnaître. Une émotion bien mal venue m'envahit.
Il lève son regard clair vers moi... Je détourne les yeux.
« Tu peux rentrer chez toi Draco je ne viendrais pas à cette réunion et je n'ai aucune envie de te voir pour être totalement franc. Depuis cinq ans, j'ai appris à me passer de toi. »
Le ton est tranquille, aucune agressivité et pourtant j'ai horriblement mal en entendant ses paroles.
« Ecoute Potter, je ne sais pas quoi te dire, simplement je ne fais que ce que l'on m'a demandé. »
Il hausse un sourcil interrogateur.
« Toi ? Tu fais docilement ce que l'on te demande ? »
« Mac Go m'envoie te chercher et comme elle est mon employeur, je me dois d'obéir. » j'avoue piteusement.
« Tu bosses à Poudlard ? »
« Je suis prof de DCFM. »
Il éclate d'un rire silencieux pour ne pas réveiller le bébé.
« Tu t'es rangé ? Incroyable ! Je pensais que tu continuais à écumer tes endroits favoris à la recherche d'un type à mettre dans ton lit. »
Terrain glissant, je sens une vague animosité dans ses paroles.
« Je ne me suis jamais comporté comme ça ! » je murmure.
« Tu veux que je te rafraîchisses la mémoire ? » Il me regarde puis ajoute :
« Non laisse tomber, j'ai tout oublié ! »
Nouvelle douleur au creux de mon estomac, je lui en veux de me faire encore cet effet-là.
« Écoute, je... »
La sonnette retentit et il se lève sans plus faire attention à moi.
Une jeune femme brune se tient sur le pas de la porte, elle prend tendrement la petite des bras de Harry.
« Merci Harry, je ne sais pas ce que j'aurais pu faire sans toi, elle n'a pas eu trop de fièvre ? »
« Non, je lui ai donné son sirop avant son biberon, je crois que tu peux la coucher, elle est presque endormie. »
« Je te revaudrai ça tu sais... » Puis, m'apercevant enfin, elle me fait un petit signe de la main.
« Bonjour ! Désolée je ne vous avais pas vu »
« Bonjour. » je réponds piteusement.
Elle me détaille longuement et fait un clin d'œil peu discret au Survivant qui rougit violemment.
« À bientôt Jenna... Je te garde Juliette quand tu veux... »
« Je sais ! Merci aussi pour Remi ! Sans toi je crois qu'il ne s'en sortirait pas à l'école... et bonne soirée tous les deux ! » Lance-t-elle en me regardant avec un franc sourire.
« Elle sait que tu es gay ? » je demande une fois la porte refermée.
« Oui et j'ai l'impression qu'en te voyant elle s'est fait des idées. » soupire-t-il...
« Tu devrais t'en aller maintenant, de toute façon je ne changerai pas d'avis. » souffle-t-il à voix basse.
Il me tourne ostensiblement le dos et se dirige de nouveau vers la salle de bain. Au bout de quelques minutes, j'entends l'eau de la douche qui coule et je suis toujours là comme un imbécile, debout au milieu de son salon.
Je ne sais plus trop quoi décider... Après tout si je reviens seul Mac Go m'en voudra sûrement mais elle ne va pas me jeter hors de Poudlard pour autant, je suis un excellent professeur elle le reconnaît elle-même, quant à Granger, on s'engueulera un peu mais ça ne changera pas grand-chose à nos habitudes.
Pourtant, quelque chose me retient dans ce bouge sordide... Je sais, bouge c'est un peu excessif mais je suis toujours surpris par le manque de goût de ce type... à part en ce qui me concerne... il a toujours fait preuve de mépris pour tout ce qui rend la vie infiniment plus confortable et belle... Comment puis-je encore m'intéresser à lui ?
Ma réponse arrive sur un plateau, il sort de la salle de bain juste vêtu d'un jean et la peau encore légèrement humide... Il essuie sa crinière dans une serviette qui lui couvre à moitié le visage, je m'attarde sur les hanches fines, sur la peau tendre qui est à portée de ma main...Un irrépressible besoin de la caresser me démange, je ferme les yeux pour calmer le désir qui monte. L'envie est décidément toujours là, présente, peu importe qui je serre dans mes bras... je ne veux surtout pas qu'il s'aperçoive de ça...
« Toujours là Malfoy ? » dit il en me faisant sursauter.
« Oui, je crois que je vais rester un peu... »
Il fronce les sourcils d'un air méfiant.
« C'est-à-dire ? »
« Je vais essayer de te convaincre de me suivre pour assister à la grande fête organisée en ton honneur Potty, j'ai une semaine pour ça... »
« Pas la peine de te fatiguer, je crois m'être fait comprendre je refuse d'aller là bas et d'assister à une énième commémoration... Maintenant si tu veux bien quitter mon appartement... »
Je ne bouge pas et me contente de le regarder, il me fixe de son air sérieux cherchant sans doute à m'impressionner.
« Je reviendrai demain Harry, je n'en ai pas fini avec toi... »
Sur ces paroles fermes, je quitte l'appartement en repoussant doucement la porte derrière moi. C'est sûr Potter, je ne vais pas te lâcher comme ça...
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POV HARRY
2 eme jour: Tire toi...
Pourquoi lui ?
J'étranglerai Hermione quand je la reverrai... Enfin si Ron m'en laisse le temps. Je prends un morceau de parchemin et lui griffonne une lettre d'insultes qu'évidemment je ne lui envoie pas... je finis par lui faire porter par mon hibou un simple mot « Pourquoi ? »
Pas la peine d'en écrire plus, je sais qu'elle comprendra.
Je tourne un peu en rond, rageur et furieux... Je me suis senti si perdu hier en sa présence, tous ces sentiments qui ont refait surface alors que je croyais en être débarrassé, je pense que je vais partir faire un petit séjour je ne sais où, histoire de lui échapper.
J'en suis là de mes spéculations lorsqu'on frappe à ma porte, pas la peine de me déplacer je suis certain de savoir qui c'est. J'essaie de ne pas répondre, c'est sans compter sur sa ténacité légendaire...
« Ouvre Potter ou je déverrouille ta porte à l'aide de ma baguette ! » braille-t-il.
Menaçant en plus d'ameuter le voisinage.
Je me traîne jusqu'à la porte et le laisse entrer malgré moi.
« Tu es un peu borné, ou sourd ? Je dois dire que j'hésite ! » Je crache agressif.
Il se fiche complètement de ma remarque et, sans répondre, se dirige vers ma cuisine.
« Je vais te faire un café après nous pourrons parler, tu es toujours de mauvaise humeur le matin. »
« Crétin ! »
« C'est bien ce que je dis, un café te fera le plus grand bien et te rendra beaucoup plus sociable. »
Je vais m'enfermer à double tour dans ma chambre en cherchant désespérément une solution à cette situation insupportable...
Une quinzaine de minutes plus tard, l'importun pénètre dans ma chambre en faisant sauter le verrou sans aucune gêne, puis il me tend un café odorant qui me fait immédiatement perdre mes moyens.
Je m'assois sur le lit, la tasse à la main.
« Harry, il faut qu'on parle je crois... »
« ... »
« Tu dois certainement avoir des questions à me poser... »
Je secoue la tête en signe de dénégation.
« Bien sûr que si ! Nous devons tirer cette histoire au clair, tu ne vas pas rester à Paris toute ta vie, à végéter dans cet emploi minable. Tu vaux mieux que ça... »
« Quoi ? »
Ce type est d'une arrogance qui dépasse tout...
Je me lève, pose ma tasse sur le sol, puis j'avance vers lui menaçant...
« Tu oses te permettre de juger mon job ? Crois-tu vraiment que le fait de revenir t'immiscer dans ma vie te donne le droit de me donner le moindre conseil ? Barre-toi Draco, tu n'es un sale petit con manipulateur ! Je sais qui tu es réellement... un pur Serpentard dans tout ce que ça comporte de péjoratif, froid, calculateur et sans cœur, tu profites des gens et tu les jettes lorsque que n'en as plus besoin... Tu mens, tu feins, tu joues la comédie de l'affection, de l'amour sans en penser un traître mot, sans jamais penser aux conséquences... mais la vie ce n'est pas ça Draco, ce n'est pas ça...Va te faire foutre ! »
Je le regarde, il est pâle, je l'ai aculé contre un mur, il ne dit rien, serre les mâchoires et ma colère retombe comme un soufflé mal cuit, je me sens brusquement très bête et je recule pour m'asseoir sur mon lit... je souffle juste un dernier :
« Tire-toi de chez moi ! »
Il ne semble pas m'entendre. Après plusieurs secondes de silence, il se dirige vers moi se penche rapidement et avant que j'ai pu esquisser le moindre geste, ses lèvres s'écrasent sur les miennes, chaudes, veloutées, envoûtantes... Comme avant…
Je me laisse faire comme une marionnette, puis il se recule, secoue la tête et sort de la chambre.
J'entends la porte de l'appartement claquer et je retiens à grand peine mes larmes, mais je me fais violence, je ne pleurerai plus à cause de lui.
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POV DRACO
3ème jour : Plan d'attaque
Bon, il est rancunier on peut dire ça je crois...
Je m'en suis pris plein la figure mais c'était de bonne guerre, je dois dire que j'ai été à deux doigts de retourner à Londres et de le laisser croupir dans son minuscule appartement et sa vie pitoyable...
Mais c'est Lui et c'est Moi... Il est temps de tirer tout ça au clair... et puis j'ai une mission à mener à bien alors je vais y retourner...
Mais d'abord il me faut un plan d'attaque, l'animal est féroce il ne se laissera pas apprivoiser sans se battre...
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POV HARRY
4ème jour : Neige...
Je dois aller porter un dossier au Ministère, je ne travaille pas en principe aujourd'hui mais je tourne en rond dans mes trois pièces et je n'arrête pas de penser à lui...
J'enfile mon blouson et je décide de prendre les transports en commun pour me changer un peu les idées et éviter le voyage par poudre de cheminette.
Je descends à la station de métro la plus proche de chez moi et je m'engouffre difficilement dans une rame bondée, je suis comprimé contre des corps dont certains, malgré l'heure matinale, ne sentent pas le gel douche. La promiscuité et les odeurs corporelles, c'est ce qui est le plus pénible à supporter dans le métro parisien... Je me tiens à une barre transversale et le type qui est juste derrière moi s'accroche à mon blouson comme si j'étais sa bouée.
Son corps se presse contre le mien et je n'arrive pas à m'en dégager, soudain il passe ses bras autour de ma taille. Non mais il est vraiment gonflé celui-là ! Je n'ai pas le temps de me retourner.
Une sensation horrible me vrille les entrailles, l'impression d'être happé à l'intérieur de mon corps, je comprends en une fraction de seconde que l'on m'oblige à transplaner...
La chute... brutale et glacée... me laisse quelques instants complètement étourdi. En ouvrant les yeux je comprends mieux la cruelle sensation de froid qui m'étreint, je suis allongé sur une surface blanche et humide...
« De la neige ? »
J'essaie de me relever mais j'ai la tête qui tourne et une vague nausée qui me fait cracher par terre les reliefs de mon petit déjeuner. J'ai toujours détesté le transplanage, je dois être le seul sorcier que ça fait vomir.
Je redresse péniblement la tête pour apercevoir celui à qui je dois ce petit voyage.
« MALFOY ! »
« Lui-même ! » répond-il joyeusement en sautant sur ses deux pieds.
Il me tend une main secourable que je dédaigne rageusement tandis que je reprends maladroitement la position verticale.
« Qu'est-ce que tu fous Malfoy ? Et moi qu'est-ce que je fais ici ? Et c'est où ici d'abord ? »
Je parcoure les environs en plissant les paupières, nous sommes en pleine montagne, à droite, à gauche, devant, derrière, de la neige et des sapins à perte de vue, à part un petit chalet en contrebas, nous sommes bel et bien dans le coin le plus paumé que j'ai jamais vu.
« Je t'ai emmené ici pour être tranquille parce qu'il faut que nous parlions toi et moi mon cœur... » M'apprend-il en me désignant la petite bâtisse de bois.
« Hein ? Alors primo Malfoy, tu m'appelles encore comme ça, je te colle mon poing dans la figure et en plus je me fous de savoir ce que représente ce chalet pour toi, moi je me tire... »
Et là, j'essaie royalement de transplaner et... je reste sur place sans que la moindre étincelle de magie corporelle ne frémisse autour de moi. Qu'à cela ne tienne je recommence encore une fois... Puis une autre... Puis...
J'entends un énorme soupir sur ma gauche, puis des pas qui crissent sur la neige. Il me lance sans se retourner :
« Potter ! Je vais me faire un café, lorsque tu auras fini de faire l'imbécile, tu pourras me rejoindre... »
Et je vois cet idiot congénital descendre d'un pas tranquille vers la maison en me laissant choir comme un crétin...
Je commence à être vraiment frigorifié alors de mauvais gré, je le suis, et entre à mon tour dans le petit chalet.
L'intérieur est typiquement montagnard, chaleureux et entièrement lambrissé de pin blond. Nous arrivons d'emblée dans la pièce principale où un feu crépite joyeusement au cœur d'une massive cheminée de pierre. Sans un mot, il retire son élégant manteau, le jette sur un fauteuil et se dirige vers le comptoir qui délimite cette grande salle de la cuisine.
« Café ou chocolat ? » me demande-t-il le plus naturellement du monde, je secoue la tête négativement, essayant de contenir la fureur qui m'habite.
« Enlève ton blouson il est mouillé, tu vas attraper la mort. »
Je ne lui réponds pas, parce que pour l'heure j'hésite beaucoup entre l'enterrer vivant ou l'écorcher vif, chacune des deux méthodes ayant fait ses preuves. J'en suis à peser le pour et le contre lorsqu'une tasse de café fumant entre dans mon champ de vision.
« Bois ça, ensuite tu vas te changer et je t'explique. » murmure-t-il à mon oreille. Son souffle frôle ma peau et je me recule avec brusquerie. Je saisis la tasse qu'il me tend sans pouvoir retenir un frisson puis me brûle la langue avec une gorgée de liquide bouillant. Je chuchote sur le même ton.
« Je bois ça pendant que Tu m'expliques et ensuite Je te tue ! »
Son rire cristallin se répercute sur les murs de bois.
« Toujours le même Harry, assieds-toi ! »
Je le foudroie du regard sans amorcer le moindre geste en direction d'un siège quelconque.
« Assieds-toi, je ne vais pas te manger ! » ajoute-t-il plus doucement.
Je finis par lui obéir à contrecœur, et je m'affale sur le fauteuil sur lequel il a jeté son manteau. Son odeur m'enveloppe et je regrette déjà de m'être assis là.
« Ecoute Potter, on ne va pas se regarder en chien de fusil pendant quatre jours alors il vaut mieux clarifier la situation. »
Ma compréhension a bloqué sur les quatre jours et je manque de tomber de mon siège. Il attend visiblement que je réagisse. Je prends une profonde inspiration et demande le plus posément possible.
« Explique-moi ce que tu veux dire par... quatre jours... »
Il a l'air vaguement mal à l'aise soudain...Vaguement parce que c'est tout même un Malfoy et qu'il en faut beaucoup pour le déstabiliser.
« Voilà... comme je te l'ai déjà expliqué je dois te convaincre de te rendre à cette réunion d'anciens, tu comprends bien que de part ton statut de Héros tu en es la figure de proue, alors on m'a donné une longue semaine pour te ramener à la raison... et à la maison… » Ajoute-t-il plein d'humour.
« ON ? »
« Mac Gonagall et tout le comité de soutien à ta précieuse petite personne. » Il appuie effrontément sur les trois derniers mots.
Je ne réponds rien sinon je vais m'énerver, et là, en l'occurrence, je comprends furtivement que ce n'est pas ce genre de réaction qui me ramènera chez moi.
« Pourquoi je ne peux pas transplaner ? Et où sommes-nous exactement ? » je demande en prenant l'air le plus dégagé possible.
« J'ai mis des protections anti-transplanage autour de cette montagne. Nous ne pouvons transplaner que dans un sens, c'est à dire pour venir au chalet, pour en repartir nous irons dans un endroit que je connais et nous utiliserons le Portoloin que j'y ai caché. N'oublie pas que je suis professeur de DCFM, et tu n'as pas à savoir où tu te trouves, c'est bien mieux ainsi je t'ass... POTTER ARGHHHHH !!!!!!!!!!! LACHE-MOI ABRUTI !!! »
Je me suis jeté sur lui, je n'ai pas de baguette mais se battre à mains nues a un côté jouissif que j'ai rarement expérimenté... Pourtant ça n'a pas duré, il m'a balancé une droite qui m'a mis à moitié KO, j'aurais dû me souvenir qu'il était plutôt bon à ce jeu-là. Je frotte ma mâchoire en espérant qu'elle ne soit pas fracassée et je le vois reprendre difficilement sa respiration après ma tentative d'étranglement.
Il se relève et me foudroie du regard, l'air écœuré. Je remarque une vilaine trace bleue sur son cou et je n'en éprouve aucun remord...
« Tu es toujours aussi stupide et impulsif ! » crache-t-il
« Je vais dans ma chambre, fais ce que tu veux, lorsque tu seras calmé, on pourra discuter. »
Et il quitte la pièce en me laissant seul encore une fois...
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POV DRACO
5ème jour : étreinte...
Sept jours finalement c'est très court, surtout lorsqu'il reste tant de contentieux entre nous.
Il a plutôt mal pris le fait de se retrouver seul avec moi dans ce chalet...
A sa place, je pense que j'aurais réagi de la même façon quoique moins violemment mais ce type a toujours manqué d'éducation alors je ne peux pas lui reprocher son impulsivité et puis, c'est ce qui me plaisait chez lui autre fois... C'est probablement ce qui m'attire toujours…
Je me suis enfermé dans ma chambre et je l'ai laissé réfléchir pendant le reste de la soirée et de la nuit. J'avais une désagréable douleur aux cervicales et je dois dire que je lui en voulais beaucoup pour ce geste idiot.
Mais ce matin est un autre jour... Je dois passer aux choses sérieuses.
Je me dirige vers la salle de bain en bâillant, j'espère qu'il a compris que la seconde chambre lui était dévolue.
Je stoppe net en le voyant dormir sur le canapé, décidément il n'a pas plus de cervelle qu'un oisillon... Il respire paisiblement mais j'ai un pincement à l'estomac en apercevant sur sa mâchoire un hématome violacé résultant probablement du coup de poing que je lui ai flanqué hier. Il a dormi tout habillé, recouvert de mon couteux manteau de cashmere à présent complètement chiffonné, il s'est roulé en boule sous l'étoffe pour que la morsure du froid ait le moins de prise possible sur son corps. Je reste un instant à le contempler rêveur... Puis je secoue la tête... ne surtout pas penser à ces moments qui ont été parmi les plus agréables de mon existence.
Je me dirige vers la cheminée remplie de bûches et les enflamme à l'aide de ma baguette, le feu se met à crépiter doucement en envoyant des petites lueurs dorées dans toute la pièce. D'un geste discret, je remonte le haut du manteau pour recouvrir ses épaules et je vais prendre la douche dont j'ai un urgent besoin.
Lorsque je ressors de la salle de bain, il est assis sur le canapé, les jambes recroquevillées devant lui, entourées de ses bras, il a sa tête des mauvais jours, son visage de gamin boudeur. J'essaie de ne pas sourire, de ne pas le trouver si adorablement craquant.
« Bonjour Potter bien dormi ? » je lance amusé.
« Non ! » râle-t-il.
« Tu aurais dû t'installer dans la deuxième chambre, tu y aurais été beaucoup plus à l'aise, le lit est très confortable. » Je me dirige vers la cuisine pour préparer le petit déjeuner, mais avant que j'aie pu l'atteindre, il s'extirpe de mon sofa et vient se planter devant moi pour me barrer le passage.
« Je ne veux pas m'installer dans ta putain de deuxième chambre ! Je veux rentrer chez moi ! » Dit-il buté.
« Impossible ! Tu devras attendre encore trois jours ensuite tu seras libre de tes mouvements. »
Il a le visage marqué par la mauvaise nuit qu'il vient de passer, de nombreux petits plis de sommeil se dessinent sur ses joues encore poupines, je retiens ma main fourbe qui meurt d'envie d'en suivre le chemin de son index curieux.
« Je dois me rendre au Ministère, j'ai une réunion importante aujourd'hui. » essaie-t-il en désespoir de cause.
« Menteur ! Tu as pris plusieurs jours de vacances, tu es donc libre comme l'air. Va prendre une douche ! J'ai déposé des vêtements propres pour toi dans ta chambre, ensuite viens avaler ton petit déjeuner tu dois mourir de faim... Que tu le veuilles ou non Potter, tu devras me supporter pendant ces trois jours... Trois jours ce n'est pas bien long... » J'ajoute plein d'espoir.
Il hausse les épaules en maugréant un c'est ce qu'on verra ! Qui ne me dit rien qui vaille.
Malgré tout, il se dirige vers la salle de bain et je l'entends passer un long moment sous l'eau brûlante avant de revenir dans la cuisine où il se perche sur un haut tabouret à mes côtés et se décide à déguster le petit déjeuner que je viens de concocter. Je l'observe à la dérobée. Le jean et le pull noir que je lui ai prêtés sont un peu grands. Noyé dans mes vêtements, il me paraît encore plus menu que dans mes souvenirs. Une grande bouffée de chaleur m'envahit et je détourne pudiquement le regard.
Après un bon quart d'heure de silence, je me décide à briser la glace.
« Veux-tu que nous allions faire un peu de ski ? »
« Non ! » Net et sans appel la réponse.
« Pourquoi ? »
« Je te signale que je n'ai rien à faire ici, je veux rentrer chez moi ! » répond-il plus buté et têtu qu'un Marouaffle à poil dur.
« Je sais ça, mais nous devrons nous supporter encore un peu, alors autant que ces moments soient les plus agréables possible ! »
« Tu m'as kidnappé je te rappelle, je suis donc ton prisonnier et je ne fraternise jamais avec l'ennemi ! » Ses iris vert d'eau me fixent intensément et j'en ressens un trouble inconvenant.
« Je suis ton geôlier Potter ? J'ai tout pouvoir sur toi alors ? » Je descends de mon siège, m'avance lentement vers lui et viens le bloquer contre le comptoir sur lequel nous nous sommes restaurés. Il contracte imperceptiblement ses muscles en signe de défense. Je pose mes mains de chaque côté de ses hanches, l'immobilisant de mon buste. Lorsque je me plaque étroitement contre lui, bloquant son bassin avec le mien, il blanchit légèrement mais ne baisse pas les yeux. Je passe un doigt léger sur le bleu de sa mâchoire, c'est à peine s'il esquisse une grimace de douleur. Pourtant, sa respiration s'est faite plus courte...
« Laisse-moi Draco... Tu n'arriveras à rien comme ça... »
Sans répondre, je dépose un baiser aérien sur la peau tuméfiée, il ne me repousse pas alors je profite de mon avantage... j'appuie un peu mes mains sur sa taille et je caresse du pouce le creux de son ventre, je connais par cœur les zones sensibles qui le font frissonner. Il essaie mollement de me repousser, j'intensifie ma pression et le baiser que je lui donne à présent n'a plus rien de léger, ma langue s'agite sur ses lèvres, j'en aspire la pulpe soyeuse avec sensualité et je mêle ma salive à la sienne si douce et sucrée... ce type est ma friandise et j'en ai été privé depuis trop de temps.
Sa bouche s'anime soudain, il me rend mon baiser comme il rend les armes... avec douceur et volupté, rage et impatience...
Harry est un anachronisme vivant...
Je le dévore à présent de même que lui m'anéantit par sa langue si tiède qui me fouille et aspire vicieusement ma moelle. Je me sens faiblir et je sais que contrairement à ce je crois c'est lui qui mène le jeu, en ne me repoussant pas, en se laissant malmener par mes mains tyranniques, il a changé des règles pour lesquelles je m'étais préparé.
Ne voulant pas me laisser dominer, j'empoigne sa taille et le soulevant d'un geste je l'assois brutalement sur le comptoir. Mes doigts courent sous la laine douce du pull qui le couvre et je retrouve avec émotion la douceur de sa peau, le grain si fin qu'il ressemble à la plus exquise des soies, je ferme les yeux et le souvenir d'autres caresses, il n'y a pas si longtemps, afflue... Il ondule en soupirant lascivement, je joue de lui comme d'un cistre précieux, son corps est à moi, j'en connais le moindre centimètre, la moindre imperfection, la moindre cicatrice...
Son corps est à moi...
Il écarte machinalement les jambes et je me blottis entre elles, sa tête s'est un peu penchée vers l'arrière, je peux alors goûter à loisir la chair fine de son cou... Je vais le dévorer mon doux râleur, me le déguster par petites touches... Tout en le grignotant, je tripote la ceinture du jean, tellement lâche que je peux y plonger la main. Je m'aperçois avec stupéfaction qu'il est nu sous le pantalon trop grand, je pense furtivement que j'ai dû oublier de lui prêter des sous-vêtements. Mes sens s'affolent au contact de la peau sensible, mon cœur s'emballe quand ma main entre en contact avec une virilité au mieux de sa forme, je saisis avec volupté la hampe tendue et frémissante et je commence à la caresser lentement de haut en bas, cajolant le gland légèrement humide de mon pouce, il réagit aussitôt... essaie de me repousser... de resserrer ses jambes...
« Draco... non... »
Sa voix haletante dément sa supplique.
Il est trop tard mon cœur, tu es tombé dans mon filet et je n'ai pas l'intention de te relâcher. Mon poignet lui imprime subtilement un mouvement plus soutenu, il s'essouffle sous ma caresse, se tord en gémissant totalement rendu à mes mains expertes qui ne lui laissent pas une seconde de répit. Je n'attends pas longtemps avant que sa jouissance n'éclabousse mes doigts dans un grand râle de satisfaction.
Je l'embrasse voluptueusement alors qu'il peine à retrouver une respiration normale, il se blottit contre moi, les yeux dans le vague, tout son corps récupérant lentement de ce moment de félicité.
Je le saisis et le serre à l'en briser, ces années sans lui ont été tellement douloureuses que j'ai l'impression de mourir à cet instant précis, de renaître aussi... Je sais pourtant, malgré ce qui vient de se passer, que rien n'est gagné, ni réglé...
Il se dégage doucement de mon emprise, me fixe, un air de douloureuse culpabilité imprimé sur son beau visage.
« Je suis désolé... » murmure-t-il.
« De quoi ? »
« Je n'aurais pas dû... te laisser... Je suis désolé vraiment... »
Il me repousse doucement, glisse à terre et va s'enfermer dans la chambre que j'ai désignée comme étant la sienne.
Mon désir de lui toujours inassouvi, la tension de mon corps douloureux se fait durement sentir... J'empoigne mon blouson et décide d'aller skier un peu, histoire de faire redescendre la pression en m'épuisant sur les pistes enneigées.
***************
Même jour... POV HARRY
Je me suis jeté sur le lit et cette fois, je m'autorise ces larmes qui n'ont jamais coulé.
Je sanglote comme un imbécile sur tout ce que j'ai perdu, sur mes stupides choix sur lesquels je ne peux revenir, sur mon intransigeance bornée, sur mes faiblesses, celles de mon esprit toujours esclave de ce qu'il est, et celles de mon corps qui réagit contre mon gré au moindre de ses attouchements.
J'en veux particulièrement à mon cœur trop sensible d'avoir exigé de lui bien plus que ce qu'il ne peut me donner et de le détester encore pour ça.
Je m'en veux pour tout ce gâchis, pour cette rancune tenace dont je ne peux me débarrasser.
Je m'en veux de désirer toujours cela, cette vie convoitée que je ne voudrais partager qu'avec ce garçon indépendant et fier qui ne s'aliénera jamais rien de mes rêves.
Et puis, je me hais de fuir encore et toujours, de ne pas avoir eu le courage de me confronter à son regard pour lui confier tout ce qui pesait sur mon cœur...
Je me sens le pire des lâches et dans l'autre pièce, il doit se demander pourquoi je me suis encore caché... Après mon abandon de tout à l'heure c'est tout de même un comble de jouer le garçon effarouché.
Je décide d'aller lui parler, je veux rentrer chez moi, je me sens à l'agonie et ne résisterai pas à vivre encore trois jours dans une promiscuité totale avec lui.
Je me lève et me rends dans le salon, mal à l'aise à cause de ce qui s'est passé un peu plus tôt.
« Draco ? »
Je l'appelle mais ne reçois aucune réponse, j'arpente le chalet, vais frapper à la porte de sa chambre que je finis par entrouvrir pour la trouver vide comme les autres pièces. J'en déduis qu'il est allé skier comme il l'avait prévu. Je ne veux pas reculer encore la confrontation alors j'enfile la combinaison de ski qu'il a abandonnée dans ma chambre, sans doute à mon intention puis je me rends dans le petit appentis contiguë à la maison et je cherche des chaussures et des planches qui pourraient me convenir.
Je suis déjà monté sur ces engins de malheur il y a bien des années, juste après la guerre, Hermione nous avait invités moi et Ron à rejoindre ses parents dans les Alpes françaises pour un séjour d'une semaine de vacances. Ron ayant refusé catégoriquement de grimper sur des bouts de bois pour glisser stupidement sur la neige, je m'étais fait violence et avais accompagné la famille Granger sur les pistes. Je dois dire que je n'étais pas des plus doués et Hermione, malgré sa patience et sa gentillesse, avait fini par baisser les bras, j'étais revenu de ce séjour le corps couvert de bleus dus à mes nombreuses chutes et je m'étais juré de ne jamais recommencer l'expérience.
Ne jamais dire jamais...
Je finis par trouver dans le petit réduit des chaussures à ma taille et des skis dont les fixations leur correspondent. Je sors dans le froid coupant et chausse les skis, je n'ai pas la moindre idée de la direction qu'il a prise, alors j'essaie de repérer ses traces dans la neige fraîche, une chance qu'il n'en soit pas retombée depuis qu'il est parti. J'aperçois enfin de fines lignes parallèles incrustées dans le blanc manteau, elles se dirigent vers un bois de sapins sur la droite, en contrebas du chalet. Je me décide à les suivre. Je commence à glisser maladroitement en essayant de ne pas prendre trop de vitesse. Les gestes et positions, appris il y a si longtemps, reviennent malgré tout et je prends un peu d'assurance. La neige est bonne et je m'enfonce dans la forêt en glissant doucement sur mes planches de fortune...
J'espère le retrouver rapidement...
