Prologue
Mon repère, la raison de mon sourire.
On dit de l'amour qu'il est incontrôlable. Que quoi qu'on fasse, rien ne peut l'arrêter. Rien, mis à part le temps. Et le bruit de ce tic tac proéminent commun à tous et annonçant - à une lenteur déstabilisante - une semi-délivrance nous laisse alors dans le même espoir vain. On attend une solution nette et précise qui finit par devenir floue. Qui s'éloigne et pourtant, se rapproche. Nous devenons esclaves de cet étrange sentiment et se plaisons finalement dans cette idée. L'idée d'appartenir à quelqu'un. L'idée de lui laisser tout pouvoir sur nous, bon ou mauvais.
Seulement, c'est bien cela qui fait toute sa beauté. Toute sa richesse. Il en viendrait à perdre de son éclat si ce n'était pas le cas. L'on y verrait plus le même sens et ne souhaiterait plus l'avoir constamment à ses côtés. Pourtant nous l'avons tous déjà pensé : qu'est-ce qu'il serait bon de pouvoir le contrôler pour ainsi décider de qui l'on s'amourache et dans quelle circonstance. Choisir quelle est notre drogue.
Des frissons. Des frissons nous parcourent à un moindre contact prenant la lourde responsabilité de nous laisser faible, sans aucun moyen de survit. Vivre d'amour et d'eau fraîche, dirait-on. Et nul ne peut comprendre cette phrase sans avoir goûté à la passion. A cette explosion. A ce feu d'artifice jaillissant de notre intérieur. Tout autre élément devient factice en sa présence. Un objet auquel on tient plus tout pourrait être jeté par-dessus bord, un ami pourrait crier à l'aide que l'on s'en ficherait pas mal. On ne vit que pour satisfaire les envies de l'autre. Et espérons secrètement que ces mêmes envies se rattachent à nous. Que ses bras nous enlacent dans une éternité – toujours trop courte à notre goût.
Et même devant l'impossible, l'espoir ne nous quitte pas. Même dans une impasse, on trouve le moyen d'y trouver une lumière. Douce et à peine perceptible à l'œil nu : elle nous effleure la peau et nous chuchote quelques mots rassurants.
« Tu y arriveras, un jour, vos cœurs battront à l'unisson. »
Son prénom résonne alors dans une constante répétition, sans jamais réussir à nous le faire détester.
Et pour elle, pour Emma, c'est Castiel. Castiel Ray : son professeur de mathématiques.
