Disclaimer : Soul Eater appartient à Atsushi Ohkubo

Note : Je me lance dans une fanfiction à chapitre. C'est une histoire "après l'histoire" qui parle des péripéties de Maka, Kid et Black Star (ainsi que beaucoup d'autres personnages mais ces trois là principalement) pour gérer chacun à leur manière le monde après la fin de la guerre contre le Grand Dévoreur qui a lieu dans le manga.

Comme Soul Eater n'est pas encore fini, je vais bien évidemment inventer ma propre "conclusion". Donc ne vous affolez pas si vous voyez que tel ou tel personnage est mort, cela ne voudra absolument pas dire que cela arrive forcément dans le manga vu que je vais tuer/épargner ce qui m'arrange.

Sur ce, bonne lecture.

EDIT du 15/06/2012 : Pour correction du texte


Dans la salle au miroir, il faisait constamment jour. Voir le ciel extérieur, une nuit étoilée dans un pays lointain, à travers le reflet de la glace aggravait le sentiment d'irréalité déjà très prononcé de la pièce. Les nuages artificiels qui défilaient tranquillement sur le mur circulaire peint en bleu vif et les innombrables croix noires tordues plantées dans le sol constituaient les seuls autres objets présents dans la pièce.

Maka avait observé tous ces éléments tour à tour, balayant l'endroit des yeux en faisant semblant de ne pas voir ce qui manquait, ce qui, sans aucun doute, était la chose la plus irréelle ici : l'absence de maître Shinigami.

À sa place se tenait Death the Kid, habillé d'un de ses sobres et symétriques costumes noirs, le petit masque de la mort bien visible en lieu et place d'une cravate.

Son père avait disparu sans laisser de traces et le fils semblait considérer qu'il ne reviendrait pas. Peut-être le savait-il grâce à un sens quelconque propre aux dieux de la mort mais il avait en tout cas décidé de reprendre son rôle et de remettre le monde sur pied, maintenant que leur grande guerre contre la folie s'était achevée. Au cours des semaines qui avaient suivi la défaite du Grand Dévoreur, les quelques membres hauts-gradés survivants avaient faits maints allers et retours entre la grande salle du directeur et les bases de Shibusen sur les cinq continents. Maka elle même avait été convoquée à plusieurs reprises.

«Est-ce que ça ira ? Cela ne te dérange vraiment pas ?»

Maka soupira en entendant Kid répéter ces deux questions qui lui étaient constamment posées depuis la fin des combats.

«C'est bon. C'est ce que Soul et moi avions prévu depuis le début. Je vais bien.»

Ses réponses se résumaient chaque fois aux mêmes mots. Elle n'essayait même pas de changer de registre, elle n'avait pas envie d'y réfléchir.

Lors de sa rencontre avec Soul quelques années auparavant, une des premières choses que Maka lui avait dit était qu'elle comptait faire de son arme une Death Scythe plus puissante que son père et la mettre au service de maître Shinigami.

À l'époque, elle était bien loin de pouvoir s'imaginer que le dieu de la mort au sommet de toute leur organisation puisse changer et encore moins que le fait de passer son arme au directeur soit causée par le décès de Spirit, la Death Scythe en fonction.

Peut-être était ce une part de cela aussi, qui lui faisait considérer étrange la réaction de Kid face à la disparition de Shinigami : elle avait beau avoir vu le cadavre de son père après la bataille et avoir assisté à l'enterrement, parfois elle oubliait complétement qu'il était mort et s'attendait à le croiser au détour d'un couloir de l'école avant de se rappeler la vérité. À côté de cela, son camarade ne doutait pas un instant de la mort de son père malgré l'absence totale de preuves à cet égard.

Le changement d'équipier et la mort de son père étaient les deux premières raisons de cette vague de sollicitude constante à l'égard de la jeune meïster. La troisième était le cas de Crona. Celle que tout le monde évitait de mentionner directement, Maka la première.

Encore une fois, elle balaya la salle du regard, cherchant inconsciemment la présence du maître habituel des lieux. Encore une fois, elle du ramener ses yeux vers Kid.

Je n'arrive pas à le voir comme autre chose qu'un camarade.

Cette réalisation était difficile, parce que cela signifiait qu'elle n'arriverait pas à lui montrer la révérence dont chacun faisait preuve devant maître Shinigami. Sans le vouloir, elle lui manquait de respect et même si ce n'était pas là son désir, elle risquait de ne pas voir ses ordres et ses décisions de la manière dont elle voyait ceux de maître Shinigami, car leur statut de camarades les plaçait au même rang. Maka avait entièrement conscience de tout cela mais ce n'était pas une idée qu'il était possible de changer facilement, elle ne considérait pas Kid comme un Dieu absolu et cela serait ainsi peut-être même pour toujours.

Ses premières décisions ne l'aidaient pas non plus. Sid Barret avait été envoyé à l'étranger afin de régler certains des plus graves problèmes qui avaient lieu partout dans le monde —le groupe Spartoi, placé sous ses ordres, était d'ailleurs lui aussi fort occupé. Si Maka comprenait évidemment l'importance de ramener la Terre à un état plus sain, le choix de la personne causait problème. Sid était, tout comme Spirit, l'homme de main le plus proche de maître Shinigami. Le faire partir à l'autre bout du monde si vite semblait prématuré. Kid se séparait d'un atout particulièrement important, un atout qui connaissait très bien le fonctionnement de Shibusen ainsi que de tous ses secrets et dont la loyauté n'était plus à prouver.

De plus, Kid avait été loin d'être subtil dans ses intentions de faire de Black Star son nouveau bras droit. Maka considérait qu'il n'était pas forcément dérangeant qu'il décide de se séparer de Sid, tant qu'il le remplaçait par quelqu'un d'aussi —si ce n'était plus— compétant mais elle avait des doutes sur son autre camarade. Bien sûr, Black Star était un ami de longue date et un excellent combattant mais son manque de discipline et de respect pour l'autorité en faisait selon elle un bien mauvais choix pour ce poste.

Malgré cela, elle s'était contentée de montrer qu'elle désapprouvait l'éloignement de Sid, peu à l'aise avec l'idée de dire du mal de Black Star dans son dos, connaissant leurs antécédents.

Plutôt que de perdre son temps à ressasser d'anciennes pensées, Maka décida de profiter d'être avec le dieu de la mort pour discuter de son propre avenir.

«Kid, je me demandais...»

Elle laissa sa phrase en suspens, peu sûre de la manière dont elle devait amener son idée. Son ami lui fit un petit signe de tête pour lui indiquer qu'il l'écoutait.

«Avec les problèmes récents, le nombre d'effectifs de Shibusen a bien baissé, notamment du côté des professeurs. Je pourrais donc occuper un poste d'enseignant afin de combler ce manque ?»

Le dieu de la mort apparut surpris par ses paroles.

«Oh. Je dois dire que je n'y avais pas pensé. Je songeais à te proposer un nouveau partenaire, comme nous sommes en dessous du nombre minimum de Death Scythes nécessaires à répartir sur les continents et comme tu es la plus jeune meïster a avoir fait évolué ton arme à ce rang...»

Maka eu un petit rire nerveux.

«Rien ne dit que je ne peux pas faire les deux.

-C'est vrai, Kid sourit, si c'est ce que tu veux il n'y a pas de problème. Enfin, ça m'étonne un peu parce que si je sais bien sûr que tu adores lire et apprendre, je ne m'imaginais pas que tu aimerais enseigner.»

Elle haussa les épaules.

«C'est aussi une manière d'apprendre de nouvelles choses.»

Ça, et un passe gratuit pour les livres de catégorie 3 de la bibliothèque de Shibusen.

Kid était dans tous les cas satisfait de remplir une des nombreuses places manquantes, en plus de la faire partir à la chasse aux âmes dangereuses.


Après quelques minutes supplémentaires de discussions sur l'avenir de Shibusen, Maka quittait la salle ronde et se dirigeait vers la cour extérieure de l'école. Le soleil affichait son air paresseux habituel lors de sa descente vers l'ouest et le ciel se teintait lentement de couleurs jaunes, orangées et de bleu marine. Non loin du grand escalier, parmi les élèves qui quittaient l'école, elle aperçut les deux sœurs Thompson et se hâta de les rejoindre.

«Liz, Patty ! Vous rentrez directement ?»

Les jeunes filles se retournèrent en entendant leur noms et saluèrent leur amie, Patty alla même offrir un câlin à Maka qui prit d'abord cela pour une des ses lubies habituelles.

«Rentrer directement, oui, d'une certaine manière...»

Ne comprenant pas, la meïster demanda ce que la sœur ainée voulait dire par là.

«Nous partons. Nous allons chercher nos affaires chez Kid et ensuite nous quittons Shibusen.»

Maka les fixa sans vraiment les voir, incapable de prononcer la moindre des questions qui se bousculaient dans sa tête.

«Pas totalement, la rassura Liz en voyant son expression, nous allons d'abord nous balader un peu et ensuite nous rejoindrons la branche européenne pour nos missions.

-Les vacances d'abord !»

Patty jubilait visiblement à l'idée d'aller faire du tourisme. Maka, elle, avait plutôt l'impression que le monde s'effondrait encore un peu plus.

«Mais... et Kid ?

-Il sait, bien sûr. Nous lui avons fait nos adieux un peu plus tôt cet après-midi et je suppose qu'il viendra nous voir partir ce soir.

-Vous n'allez pas continuer à faire équipe avec lui ?»

Liz haussa les épaules devant l'incongruité de la question.

«Que veux tu, à la base il souhaitait pouvoir faire de nous ses propres Death Scythe mais tout s'est passé plus vite que prévu et le voilà à la tête du monde alors il n'a plus trop le temps d'aller courir la campagne avec nous à la recherche d'œufs de démons et de deux sorcières qui voudraient bien se laisser tuer. Il est mieux pour lui d'avoir déjà une Death Scythe habituée à sa condition, j'espère juste qu'il ne va pas avoir de crise à cause de problèmes quelconques d'asymétrie chez ce pauvre Soul.»

Maka eut un petit sourire ironique à cette idée. Ce serait en effet problématique si un nouveau Grand Dévoreur en herbe viendrait à attaquer.

«Vous allez quand même continuer votre entrainement... Tu as dit que vous poursuivrez vos missions ?

-Oui mais en Europe. Il nous faut un peu de fraicheur et de nouveauté ! Je suis sûre que là-bas, je ferais de Patty une Death Scythe en moins de deux !

-Je ferais une Death Scythe de toi aussi, Liz !»

La grande sœur rit à gorge déployée, toujours aussi fière de sa cadette.

«Soul et moi allons manger au restaurant ce soir, est-ce que vous avez le temps de venir avec nous ?

-Malheureusement non. Nous avons passé l'après-midi à dire au revoir aux quelques personnes que nous connaissions bien. Dommage pour Black Star et Tsubaki, qui sont partis en mission... J'aurais aussi aimé saluer madame Naigus et le professeur Sid. Enfin, comme les adieux ne sont pas vraiment mon point fort, c'est peut-être mieux comme ça.»

L'étrangeté de la situation ne quittait pas Maka et bien qu'elle cherchait au fond d'elle un quelconque sentiment à exprimer, tristesse ou nostalgie, seule l'incrédulité se peignait sur ses traits.

Elles vont partir, pour tellement longtemps, peut-être même pour toujours et tu ne sais même pas quoi leur dire.

Malgré tout, elle parvint à leur souhaiter au revoir et un bon voyage, maladroitement, à les serrer toutes les deux dans ses bras l'une après l'autre. Puis elles se séparèrent finalement au pied des long escaliers et Maka s'enfonça dans les rues labyrinthiques de Death City tandis que la terre finissait d'engloutir le soleil.


Ils avaient choisi un petit restaurant italien au coin d'un carrefour, un support en bois soutenait un plant de vigne grimpante, les feuilles sombres formaient une voute au dessus des tables extérieures. Maka avait insisté pour en prendre une à l'intérieur parce qu'elle n'aimait pas manger dehors —il faisait souvent trop frais le soir, sentir les coups de vent quand on dînait était désagréable et le vacarme de la ville était fatiguant. À travers les vitres granités, les lumières artificielles des magasins formaient des tâches floues et brillantes, il n'était pas plus de huit heures et pourtant Maka éprouvait une énorme fatigue. Elle retint avec peine un soupir au moment où le serveur leur apporta leurs plats.

«Tu as fini d'empaqueter tes affaires ?» demanda-t-elle à Soul qui mélangeait mollement ses pâtes avec sa sauce tomate.

Devenir la Death Scythe de Shinigami impliquait évidemment de devoir être prêt de lui en toutes circonstances et donc de posséder une chambre à Shibusen.

«Ouais, tout est prêt.»

En même temps, il enroulait ses spaghettis avec adresse autour de sa fourchette. Maka le soupçonnait de commander ces pâtes le plus souvent non pas parce qu'il les préférait mais juste parce qu'il pouvait exposer à quel point il était cool de posséder ce genre de talent particulier, d'une manière qui était à la limite du ridicule.

La jeune fille avait demandé un risotto au cèpes, elle coupait ses pâtes quand elle en mangeait et son partenaire considérait cela comme un crime odieux. Cela la faisait souvent rire de le voir s'offusquer sur ce genre de détail mais aujourd'hui elle ne voulait pas qu'ils perdent leur temps à se chamailler. Elle remuait le riz dans son assiette tout en cherchant quoi dire, piquait de sa fourchette quelque champignon pour ensuite le mordiller paresseusement. Maka appréciait leur amertume, ce goût complexe qui changeait légèrement entre la première bouchée et le moment où on les avalait. La douceur du riz et la sauce qui y était rajoutée ne faisaient qu'accroître la subtilité de saveurs qui s'en dégageaient mais elle n'avait pas faim ce soir-là et se faisait bataille intérieurement pour savoir si elle devait se forcer à manger ou gâcher le plat en le laissant refroidir.

«Cela va me dépayser de vivre à l'intérieur de Shibusen. J'espère que je ne vais pas avoir une des quelques cellules sinistres que j'ai aperçu...»

Soul avait déjà dévoré la moitié du contenu de son assiette et s'essuyait la bouche avec sa serviette de table.

«Tu ne vas pas te sentir trop seule ?

-Maintenant que Blair a pris son propre appartement et que tu déménages toi aussi ? Je vais enfin profiter d'un peu de silence, oui !»

Cela fit sourire son ami.

«Je suis sûr que tu finiras par regretter le manque de vacarme.

-De toute manière, je vais bien devoir trouver un nouveau partenaire alors cela risque de ne pas durer bien longtemps.»

Il était pensif maintenant et jouait avec son verre, le penchant d'un côté pour laisser l'eau s'accumuler jusqu'au rebord avant de le balancer doucement dans le sens inverse.

«Bizarre tous ces changements, je savais qu'ils allaient arriver un jour mais je n'ai jamais cherché à y penser sérieusement. Ni à ce qui allait se passer après.

-Et maintenant, nous y sommes.»

Soul releva la tête et ses lèvres s'étirèrent en un demi-sourire.


«Ouais.», fut sa seule réponse.

Finalement, la faim se fit sentir et Maka avala rapidement les restes de son plat encore tiède.

Dehors, l'activité nocturne de la ville diminuait doucement et les lumières rectangulaires produites par les fenêtres des immeubles disparaissaient une par une. Sur le chemin du retour à leur appartement —qui ne serait bientôt plus que son appartement à elle— ils discutèrent de tous les sujets qui leur passèrent par la tête, surtout des souvenirs de leurs débuts en tant qu'arme et meïsters, se rendit compte Maka. Pendant un instant, ils revinrent à une époque où la chasse aux âmes était la plus compliquée des choses auxquelles ils auraient pu penser et que les limites entre un bien et un mal d'un manichéisme parfait étaient soigneusement tracés par une belle ligne droite. Bien qu'elle ressentit une certaine nostalgie l'envahir, Maka ne regrettait pas ce passé. Elle préférait savoir, même si les doutes apportés par la complexité de la folie et les sacrifices à faire pour l'équilibre provoquaient leur lot de souffrances, devoir rester complétement ignorante lui semblait pire.

Après s'être acharnés sur la vieille serrure de la porte d'entrée de l'immeuble et avoir monté dans le noir les escaliers à cause de la récente panne de courant, ils arrivèrent finalement dans leur appartement. Soul se dirigeait vers sa chambre quand Maka l'interpella.

«Hé, Soul !»

Il se retourna, les sourcils soulevés, interrogateur, et Maka tendit son bras vers lui, lui présentant sa main entrouverte.

«Merci d'avoir été mon partenaire.»

Le garçon baissa légèrement la tête et se gratta l'arrière du crâne, tentant de laisser transparaitre une sensation de gêne, de «Raah, tu me fous la honte» comme il avait l'habitude de le dire. Maka n'était pas dupe cependant et savait qu'au fond cela le rendait heureux d'entendre ça.

Après quelques secondes, il serra finalement sa main avec vigueur.

«De rien, content d'avoir eu l'occasion de travailler avec une partenaire aussi cool que toi.»

À ces mots, ils sourirent chacun de toutes leurs dents. Maka ne doutait pas un seul instant que ce fut pour tous les deux leur sourire le plus sincère, heureux et éblouissant de la soirée.

C'est bien nous tout ça, on se tourne autour en hésitant sur comment agir et finalement, au dernier moment, on se lance dans le tas comme si la réponse était évidente et qu'on la connaissait depuis le début.

Elle garda ce sourire aux lèvres jusqu'au moment de se glisser sous la couette. Les flèches fluorescentes de son réveil lui indiquèrent l'heure avancée de la nuit. Parfois, il lui arrivait de rester éveillée à regarder le plafond de sa chambre pendant des heures, se disant que la journée ne serait pas totalement finie tant qu'elle ne se serait pas endormie et qu'elle pouvait donc retarder, ne serait-ce qu'un peu la venue du lendemain. Cette fois-ci cependant, elle n'avait aucune appréhension et si elle fixa le plafond uni au dessus d'elle, ce fut pour faire le vide et se concentrer, effectuer une dernière petite action avant de se laisser porter par le sommeil et passer au jour suivant.

Tout d'abord, elle se concentra sur la présence de sa propre âme. La ressentir était toujours un peu étrange, comme de se regarder un matin dans la glace sans se reconnaître tout en percevant pourtant la familiarité dans les traits de son visage. Partant de là, elle se concentra un instant sur l'âme de Soul dans la pièce d'à côté, la proximité et sa connaissance de l'âme en question rendait cette action facile et d'une rapidité quasiment instantanée.

Les grandes distances compliquaient l'expérience de la recherche d'âme, causant une grande fatigue. Cependant elle savait qu'en se concentrant sur une âme précise dont elle connaissait la forme, la nature et le caractère elle avait plus de chances de la repérer. Une âme à laquelle elle attachait des sentiments bien particuliers, ce qui lui donnait la détermination nécessaire pour se lancer dans une recherche dangereuse de grande envergure.

Lentement, elle agrandit son champ de vision intérieure en respirant profondément, effaçant sa vision du monde, du plafond au dessus d'elle et des murs de l'appartement, des bâtiments de la ville et des toits pour ne garder plus que la masse des énergies de ses habitants. Et même ces forces vitales, après les avoir effleurées, elles les ignora pour se consacrer toute entière à une seule et unique d'entre elles parmi toutes les âmes qui formaient ce monde. De longues minutes plus tard, elle la trouvait, la reconnaissait enfin, irradiant cette longueur d'âme qui lui était propre.

Je te vois. Je te vois. Où que tu ailles, je te vois.

Coupant soudain le contact, Maka rouvrit les yeux —elle ne se rappelait pas les avoir fermé mais la sensation d'avoir serré trop fort ses paupières était particulièrement marquante.

Il y avait une époque où elle avait envié la force brute de Black Star ou de Kid. Sa capacité à ressentir les longueurs d'âme ne lui semblait pas alors bien utile dans le cadre de combats censés décider du sort du monde. Maintenant pourtant, elle avait conscience de l'existence de différentes sortes de pouvoirs, autres que la force physique et tout aussi puissants selon la situation.

Entre ses mains, elle avait un secret incroyable. Selon ce qu'elle décidait de faire de cette petite âme, elle pouvait risquer énormément et gagner sûrement bien plus que ce qu'elle pouvait imaginer à cet instant. Bien qu'elle considérait ne pas encore avoir pris de décision définitive, elle avait déjà abordé plusieurs problèmes dans cette optique. Maka pouvait encore prendre le choix de la sécurité, le choix qui était sans conteste juste et sans danger. Seulement, elle n'avait pas vraiment envie de le faire.

Parce qu'il n'y avait pas grand chose à y gagner. Parce qu'en cet instant, elle se sentait puissante.