Me revoilà ! Ça fait un bail que je n'ai rien posté, et je ne viens pas souvent… mais je me rattrape avec un Two-shot sur Arthur et son grand frère ~ On peut le considérer comme la suite de Somebody That I Used to Know mais il n'y a pas besoin du tout d'avoir lu le premier pour lire celui-ci.

La seconde partie sera plus courte et arrivera vite ! J'espère que vous apprécierez cette fic autant que j'ai apprécié l'écrire !

Disclaimer : A part les frères d'Arthur qui sont à moi et à Uranee (enfin ceux-là, les autres versions d'eux ne sont pas à nous bien entendu), tout est à Himaruya-sama !

Rating : On va dire T pour le langage d'Alister.

Pairing : Il y a du FrUk parce que le FrUk c'est la vie !

Personnages : Arthur Kirkland, Francis Bonnefoy, Alister Kirkland/Ecosse, Cymru Kirkland/Pays de Galles, Elwyn Kirkland/Irlande et petite apparition d'Alfred !

Je dédicace cette histoire à Uranee, qui est une amie parfaitement géniale et que j'aime très fort !

Alister Kirkland pestait tout seul, sous la pluie dense. Il se trouvait en France, pour une de ces énièmes réunions mondiales auxquelles il n'aimait pas venir. Ça le faisait chier de voir tout ce monde qu'il n'aimait pas particulièrement, et de toute façon, Arthur s'occupait de son travail, ainsi que de celui de Cymru, pour les affaires internationales. Pas toujours, mais pour les réunions, cela arrangeait les deux frères qui pouvaient se permettre de s'en foutre royalement. Elwyn, en grande partie indépendant malgré la partie Nord de son pays, râlait pour la forme car lui devait bosser un minimum, mais il aurait été mentir que de dire que les trois aînés Kirkland travaillaient beaucoup aux réunions. Au grand dam de Ludwig, d'ailleurs… mais ils avaient toujours été tous les trois très proches, ils étaient certes très très amis avec Francis, mais ils appréciaient leur solitude.

Cependant, Cymru, avec sa santé fragile, avait attrapé la grippe et avait contaminé Elwyn. Ils étaient tous deux cloués au lit dans leur chambre d'hôtel, et Alister venait de sortir, au beau milieu de la nuit, pour tenter de leur trouver des médicaments.

Il les aimait énormément, tous les deux, et détestait les voir ainsi. De plus, c'était son devoir que de s'occuper d'eux ! Il était le big bro après tout !

Hélas, toutes les pharmacies de Paris semblaient fermées. Il en gémit de frustration. Le grand rouquin refusait d'avoir à affronter la vision de ses deux cadets enfiévrés et tremblants dans leurs couvertures sans pouvoir les aider. L'écossais préférait ne pas user de magie quand les maladies étaient sérieuses, le corps et la propre magie de ses frères pouvaient mal y réagir…

-Alister ? fit une voix.

Alister se figea. Il aurait reconnu la voix d'Arthur entre mille. Pourquoi fallait-il qu'il tombe sur lui ? Pourquoi maintenant alors qu'il avait bien d'autres choses auxquelles penser ? Et pourquoi lui adressait-il la parole alors qu'il l'ignorait complètement depuis plusieurs mois maintenant ? Il ne lui adressait plus un seul regard, faisait comme si ses paroles ne l'atteignaient pas. Elwyn avait droit au même traitement, mais l'irlandais et l'anglais avaient tous les deux une grande susceptibilité et avaient un mal fou à aligner deux mots sans insultes ou coups échangés. Seul Cymru pouvait encore adresser la parole à leur petit frère et entendre une réponse. Il fallait dire que le gallois était bien plus patient et calme que ses aînés. Il n'avait jamais frappé Arthur, mais ses malédictions et ses piques étaient redoutables…

Et puis il fallait bien un intermédiaire. S'ils n'avaient pas sans cesse besoin de collaborer pour les relations politiques de leurs pays, nul doute qu'Arthur aurait également ignoré le brun.

Alister se retourna et afficha l'expression d'indifférence qu'il réservait à Arthur. Toutes ces années de dispute, voire de haine, l'avait conduit à adopter un autre visage avec Arthur. Un visage dont il n'arrivait plus à se défaire, même s'il aurait vraiment voulu tomber le masque…

-Qu'est-ce que tu fous à c't'heure là dehors ? demanda l'écossais avec une pointe de méfiance dans la voix.

-Je pourrais te retourner la question… éluda un peu froidement le petit blond.

-Cym et El sont malades, je cherche une pharmacie, répondit son frère.

Il vit Arthur hausser un sourcil à la lueur d'un lampadaire.

-Une pharmacie ? À deux heures du matin ?

-Qu'est-ce que ça peut te foutre ? râla l'écossais. Parce que toi t'as une bonne raison de traîner sous la pluie en pleine nuit ?

Arthur rougit. En effet, il n'avait pas vraiment de meilleure raison que son aîné. Il n'était là que parce qu'il n'arrivait pas à dormir. Il faisait trop chaud dans sa chambre, et sortir dans l'air frais nocturne lui avait paru une bonne idée. Jusqu'à ce qu'il se mette à pleuvoir, en fait… il était sur le chemin du retour mais il n'avait pas pensé qu'il croiserait Alister. En temps normal il l'aurait ignoré, mais sans vraiment s'en rendre compte lui-même, il lui avait adressé la parole.

L'anglais s'en serait donné des claques. Parler avec lui ne servait jamais à rien. Ils ressortaient de leurs discussions toujours un peu plus fâchés qu'auparavant… et le blond avait décidé de tourner la page. D'arrêter d'espérer une quelconque réconciliation…

Alister leva les yeux au ciel devant le mutisme du plus jeune.

-Bon, j'ai pas d'temps à perdre moi, j'ai deux frangins grippés à soigner, moi…

La nation écossaise tourna les talons et s'apprêta à s'en aller quand, comme mû par une force invisible, Arthur agrippa un pan de son manteau.

-Attends.

Alister se retourna, franchement surpris. C'était bien la première fois qu'Arthur le retenait, pour une quelconque raison.

-Qu'est-ce que t'as ? s'impatienta le roux qui s'inquiétait de l'état de ses jeunes frères.

-J'ai des médicaments dans ma chambre d'hôtel, si tu veux, lâcha Arthur en évitant soigneusement de le regarder dans les yeux.

L'écossais le regarda avec des yeux ronds, comme figé. Ce regard mis très mal à l'aise le britannique, qui commença à se dire que « crétin fini » devait être un qualificatif suffisant pour sa propre personne. Comme si Alister allait dire « oui », le suivre et ne pas se foutre encore une fois de lui et le quitter en l'appelant par un surnom insultant… après tout, c'était bien pour ça qu'il avait rompu toute communication entre eux. Pour ne plus être blessé par les paroles de son grand frère.

-Ou… ouais… pas de refus… lâcha enfin Alister, un peu hésitant.

Le cœur d'Arthur s'emballa dans sa poitrine. Cette réponse était pour le moins inattendue, mais… elle le comblait étrangement de joie. Pourquoi un simple « oui » lui faisait-il autant plaisir ? Il n'y avait pourtant rien de plus à attendre d'Alister… après toutes ces années, cela aurait été bien stupide de sa part…

Arthur tourna néanmoins les talons en faisant un petit signe incitant son frère à le suivre. Ce qu'il fit, au bruit de ses pas sur le trottoir. L'anglais ne se retourna pas, mais il était certain qu'il le suivait.

Les deux Kirkland marchèrent silencieusement dans la capitale parisienne, et ce pendant plusieurs minutes avant d'arriver à l'hôtel. Alister fut surpris de voir avec quelle aisance le petit anglais se retrouvait dans cette capitale qui n'était pas la sienne. Il était vrai que lui et Francis étaient bien plus proches que ne l'auraient été des amis, mais cela témoignait du nombre de fois où il lui avait rendu visite… bien que si on lui posait la question, Arthur aurait complètement nié cet état de fait, cela ne faisait aucun doute.

Ils montèrent dans l'hôtel désert jusqu'à la chambre d'Arthur. Alister constata qu'elle n'était pas très éloignée de la sienne et celles de ses frères. Coïncidence inattendue. Il fut un instant tenté d'aller vérifier l'état du gallois et de l'irlandais, mais se retint. Chaque chose en son temps.

La chambre d'Arthur semblait être vide de tout occupant tellement elle était propre, chaque affaire parfaitement rangée… le lit était défait, témoignant de la présence d'Arthur sous la couette il y avait peu. Même sa valise était discrète, bien fermée, dans un coin de la chambre. Les papiers politiques de la nation anglaise devaient être soigneusement rangés dans un coin.

L'écossais fit quelques pas dans la chambre et vit Arthur fouiller dans sa valise et en sortir un sac qu'il posa sur le petit bureau près de la porte. Puis, il alluma la lumière principale.

-Prends ce dont tu as besoin, l'enjoignit Arthur.

Alister acquiesça et fouilla un peu, prenant les médicaments qui seraient utiles à ses frères, sous le regard attentif de son frère. Il aurait dû se sentir heureux que ce dernier lui adresse la parole, et même, fait incroyable, lui vienne en aide, mais il ne parvenait qu'à se sentir mal à l'aise. Le fossé, ou plutôt le gouffre qui s'était creusé entre eux à travers les âges se faisait particulièrement ressentir à cet instant…

L'aîné des Kirkland cala les boîtes de médicaments dans ses bras et sortit de la chambre en silence.

Puis, se ravisant, il revint en arrière et posa une main sur l'épaule d'Arthur et la serra maladroitement en regardant son cadet dans les yeux.

-Merci petit frère.

Puis il le laissa là, les yeux écarquillés, une chaleur étrange sur son épaule…

oOo

Alister sourit en voyant le brun grimacer en avalant le sirop pour la toux. Elwyn, lui ne fit pas d'histoires et avala tous ses médicaments.

Cymru avait beau être le plus posé des trois, il restait un grand râleur, surtout quand il était malade.

Elwyn frotta maladroitement les cheveux du plus jeune en souriant.

-Ça va aller, Cym, on est presque tirés d'affaire ! On va bientôt pouvoir continuer à maudire ce chieur d'Antonio et ses remarques mal placées sur nos amis « imaginaires »…

Ces deux-là avaient une relation privilégiée, et bien qu'ils soient tous les trois très proches, Alister les enviait, parfois. On voyait rarement l'un sans l'autre une fois sortis de leurs pays respectifs, et encore, même là-bas ils se voyaient très souvent. Mais l'écossais avait sa Nessie chérie pour lui tenir compagnie, et la complicité qui unissait ses cadets le réjouissait. Il les avait toujours trouvés adorables, ces deux-là…

Oui, la nation écossaise n'aurait échangé sa potion de grand frère pour rien au monde. Il les aimait trop pour cela !

-Merci, Al, au fait, l'interpella le gallois. Et désolé que tu sois revenu trempé à cause de nous…

La main de son grand frère se posa sur sa tignasse brune ébouriffé et se chargea de l'emmêler encore plus. Alister lui fit le grand sourire espiègle dont il avait le secret.

-T'excuse pas pour ça, Cym ! Je ne fais que mon devoir ! Vous, chargez vous de vous remettre rapidement ! Understand ?

Les deux anglophones acquiescèrent en souriant. On pouvait dire ce que l'on voulait sur Alister Kirkland : qu'il buvait un peu trop, qu'il empestait la salle de réunion à fumer sans écouter les protestations des autres, qu'il parlait fort et souvent pour dire des grossièretés, qu'il ne faisait aucun effort pour s'entendre avec les autres, qu'il distribuait les claques aussi facilement que les malédictions, mais on ne pouvait pas lui enlever le fait qu'il était un grand frère attentionné.

Excepté avec Arthur…

oOo

Arthur se réveilla lorsque la lumière solaire envahit soudainement l'espace de sa chambre. Une main devant les yeux, il se redressa sur ses coudes en grognant, pour voir un français très enjoué s'avancer vers lui. L'anglais soupira. Comment faisait Francis pour être énergique dès le matin ?

Et surtout, question essentielle… que faisait-il dans sa chambre dammit ?

-Bonjour mon lapin ! lui sourit la nation française.

Arthur marmonna un « 'm not y'r f'cking rabbit » étouffé en se cachant sous sa couette. Chose que le français interpréta comme une invitation, il se glissa donc sous la couette pour attirer à lui son cher petit anglais, qui poussa un hurlement de protestation et de surprise.

Ils se chamaillèrent quelques instants, mais Francis, grâce à un baiser volé qui transforma l'anglais en tomate bien mûre et balbutiante, gagna la dispute. Ils se calèrent contre les oreillers et le plus vieux attira Arthur contre lui, qui ne résista pas mais bougonna pour la forme, les oreilles écarlates.

L'anglais finit cependant par se laisser câliner sans rien dire, bien qu'arborant une moue boudeuse qui ne trompait pas son amant.

-Pourquoi est-ce que le parquet semble avoir été mouillé ? questionna le français, surpris.

-Je suis allé prendre l'air cette nuit… éluda Arthur.

Francis fronça les sourcils à cette réponse.

-Avec le temps qu'il faisait ? Tu aurais pu attraper froid et tomber malade, Arthur !

-Ça va, ça va… soupira le concerné en levant les yeux au ciel. Je me porte comme un charme, et en plus je ne pouvais pas savoir qu'il allait pleuvoir ! Et après c'est toi qui fait des remarques sur mon climat !

Francis ne répondit pas à la moquerie et soupira à son tour. Son anglais n'en faisait décidément qu'à sa tête…

-Il y a quand même eu beaucoup d'eau… tu as essayé de vider la Seine ? se moqua gentiment le grand blond.

Arthur bougonna et finit par avouer qu'Alister était lui aussi venu dans sa chambre, ce qui ne manqua pas de surprendre le français.

-Vraiment ? Comment se fait-il qu'il soit venu, et qu'il soit dehors lui aussi à ce moment-là ?

Arthur lui résuma l'évènement survenu dans la nuit et Francis eut un sourire à la fois surpris et ravi. Il aimait son lapin, mais Alister était également un ami très proche, de même que les deux autres frères d'Arthur. Il n'avait jamais approuvé les moqueries des trois aînés envers le plus jeune, mais avait toujours espéré pour qu'une réconciliation entre les quatre ait lieu. En vain.

-C'est une bonne chose, ça ! se réjouit Francis en frottant les mèches blondes d'Arthur.

-Mouais… rétorqua ce dernier, pas très convaincu. Même si je ne m'attendais pas à ce qu'il accepte mon aide…

-Si vos frères sont grippés, ce n'est pas étonnant…

-Oui mais Alister… est Alister. Habituellement, il aurait préféré tourner dans la ville toute la nuit sous la pluie que d'accepter mon aide, même pour soigner nos frères.

-Tu exagères, mon lapin…

-Pas vraiment… je veux dire, il me déteste, pourquoi aurait-il accepté mon aide ?

Francis soupira et caressa doucement la joue d'Arthur.

-Alister ne te « déteste » pas, Arthur…

-Hmpf. Je ne vois pourtant pas d'autre explication au traitement qu'il m'a toujours infligé.

Francis fronça les sourcils. Il savait bien que les relations entre les Kirkland étaient tendues, mais décidément, ce verbe, « détester », ne lui plaisait pas. Alister n'était pas seulement un ours bourru, il savait faire preuve de beaucoup d'attention et de compréhension. Et le français était bien placé pour le savoir, l'écossais avait été son amant il y avait de très nombreuses années, et cela n'avait pas été qu'un coup d'un soir : il ne subsistait plus aucune ambiguïté entre eux deux, mais leur complicité était toujours présente. Et le français savait parfaitement que l'aîné des Kirkland cachait encore mieux que les autres ses sentiments. Oh, il les exprimait, bien sûr, cela se voyait avec Cymru et Elwyn, par exemple. Mais c'était bien plus compliqué que cela avec Arthur. Francis sentait qu'il y avait quelque chose que l'écossais cherchait à refouler au fond de lui, bien qu'il n'ait jamais su ce que cela pouvait bien être exactement…

Cependant, le français n'ajouta rien. Le grand blond ne voulait pas se risquer sur cette pente glissante.

-Bon ! s'exclama-t-il. Je te commande un petit déjeuner, tu te prépares pendant ce temps-là, et ensuite on file à la salle de réunion, d'accord ?

Sur l'approbation de l'anglais, Francis alla commander un petit déjeuner anglais et Arthur se rendit dans la salle de bain en défendant à son amant de le suivre sous peine de représailles, ce à quoi le concerné répondit par un sourire enjôleur et un baiser envoyé vers un Arthur rougissant.

Puis, ils se rendirent à la salle de réunion quand la nation britannique fut fin prête.

Il y avait quelques nations présentes, dont les nordiques qui parlaient entre eux et Antonio et Lovino qui se chamaillaient -enfin, Lovino râlait, Antonio essayait de lui voler un baiser. Les deux voisins d'Outre-Manche allèrent s'installer à leurs places, côte à côté. Les trois places à côté d'Arthur étaient vides, ses frères n'étaient donc pas encore là.

Alister arriva quelques minutes plus tard et gagna sa place à côté du plus jeune des Kirkland, qui se sentit aussi mal à l'aise que la veille au soir.

-Erm… Cymru et Elwyn vont mieux ? s'enquit-il en évitant soigneusement le regard aussi vert que le sien.

-Un peu, ouais, même s'ils peuvent pas v'nir. Thank.

-'re welcome

Alister adressa un grand sourire et un salut enjoué à Francis, qui le lui rendit. Cela eut pour effet de renfrogner Arthur, ce qui n'échappa pas à son voisin écossais, qui se rembrunit un peu.

Il savait parfaitement qu'Arthur lui en voulait toujours, au fond, pour avoir été avec Francis il fut un temps. Et longtemps qui plus est, vraiment longtemps… l'anglais lui en avait voulu, bien plus qu'aux autres amants de Francis qu'il connaissait. Son frère ignorait si c'était parce que c'était lui, parce qu'il était son frère, à cause de l'époque, ou autre chose, mais les faits étaient là, et même si le petit blond n'était pas avec Francis à cette époque, il pouvait difficilement lui en vouloir.

Cela avait été comme une trahison de plus aux yeux du benjamin des quatre frères.

Malgré le fait qu'Arthur lui ait rendu toutes ses méchancetés, et avec les intérêts, Alister n'oubliait pas qu'il était le premier en faute. Il avait pris soin de lui pendant des années, l'avait entouré de son affection un peu cachée et bourrue, puis… d'un jour à l'autre, il l'avait rejeté, battu, effrayé, pourchassé.

Alister avait trahi son petit frère il y avait des siècles de cela, il avait été le premier à creuser le gouffre entre eux et il ne se le pardonnait pas.

À cette époque, il lui avait fait déjà bien trop de mal pour revenir comme une fleur vers lui lorsqu'il s'était rendu compte de son erreur.

Puis Arthur s'était vengé, et la roue infernale s'était enclenchée, et Alister avait arboré dès lors ce fameux masque avec son petit frère, et refoulé ses sentiments au fond de lui.

Et pourtant…

Et pourtant il l'aimait.

Il l'aimait son teigneux petit frère. Malgré tous les coups bas, malgré cette méfiance et la lueur de peur qu'avait le plus jeune au fond de son regard.

Oh bien sûr Arthur savait très bien se défendre contre lui, mais l'écossais savait que cette peur était viscérale, et remontait à cette époque si lointaine où, alors qu'ils n'étaient que des enfants-nations, Alister lui avait fait tant de mal…

La réunion commença peu après. C'était à Arthur de prononcer son discours, et bien vite, des critiques fusèrent de différents pays. Francis se crispa et ouvrit la bouche pour protester, mais Arthur posa sa main sur celle du français sous la table.

-Ça va… lui murmura-t-il. J'ai l'habitude.

Les remarques moqueuses sur d'autres sujets à propos de son pays apparurent et Arthur soupira tristement en essayant de les ignorer et en attendant que Ludwig rappelle tout le monde à l'ordre et qu'ils se choisissent une nouvelle nation à moquer.

Cependant le poing assené avec violence sur la table n'appartenait pas à l'allemand.

-V'z'allez fermer vos gueules, ouais ? tonna avec force Alister.

Un silence religieux s'installa dans la pièce, une myriade d'yeux écarquillés s'étant fixés sur l'écossais. Ce dernier parcourait l'assemblée de son regard d'émeraude furieux, le poing toujours serré sur la table.

Arthur était probablement le plus surpris, et l'observait, figé de stupeur.

-Quand est-ce que vous allez arrêter de prendre mon frère pour un putain de bouc émissaire ? continua de gueuler Alister. Vous comptez lui foutre la paix quand, hein ? Son pays vous plaît pas ? Bah j'vous signale que sa capitale est la plus visitée du monde, alors vous feriez mieux de fermer vos grandes gueules ! C'pas vous qui avez formé un Empire comme le sien, hein, ça s'saurait ! Alors si vous vous calmez pas, moi j'vais m'en charger et ça va pas être la même !

Sur ce, le grand roux se rencogna dans son siège en croisant les bras et en regardant les nations d'un air menaçant.

Ces dernières mirent un petit temps avant de s'en remettre, puis un murmure de plus en plus fort se répandit, jusqu'à ce que Ludwig intervienne, un peu mal à l'aise, et passe la parole à quelqu'un d'autre avant d'avoir réinstauré un peu d'ordre.

Francis regarda d'un œil attendri son petit anglais figé de stupeur sur sa chaise. Il prit sa main et la pressa. Arthur lui lança un regard exprimant son trouble et sa surprise. Le sourire que Francis lui adressa lui fit baisser le regard et il lui abandonna sa main, que le français s'appliqua à caresser gentiment du pouce.

Arthur était encore choqué de l'intervention de son aîné et ne comprenait pas vraiment. À vrai dire, tout s'était d'un coup embrouillé dans sa tête, et il n'arrivait pas à rassembler tout cela pour en tirer des conclusions.

À la fin de la réunion, il s'assit dans un coin de la salle de repos, un café brûlant dans les mains.

Alfred vint discuter un peu avec lui, très enjoué, ce qui apaisa l'anglais et lui rendit le sourire. D'autant plus que son ancienne colonie n'avait pas fait de critiques à son sujet, lui.

Cependant, Arthur ne pouvait pas s'empêcher de jeter un regard du coin de l'œil à Alister qui discutait un peu plus loin avec Lukas -certainement de magie, donc-, un verre de whisky à la main.

Il mourrait d'envie d'aller le questionner au sujet de son intervention pendant la réunion, et, d'un autre côté, était effrayé à cette idée. L'anglais se sentait vraiment stupide, à hésiter ainsi. Que devait-il faire ?

Il soupira. Toute cette histoire devenait vraiment trop compliquée pour lui…

-Tu t'es réconcilié avec ton frère, dude ? le questionna Alfred.

-H-hein ? Non, pas vraiment… pas du tout, en fait… répondit son ancien tuteur.

-Ah bon ? s'étonna l'américain en écarquillant les yeux. J'étais sûr que si, vu comment il t'a défendu tout à l'heure ! C'était cool de sa part !

-Y-yeahI guess

-Tu devrais aller lui parler si vous ne vous êtes pas encore réconciliés ! Tu sais, c'est génial de bien s'entendre avec son frangin, hein !

Arthur acquiesça maladroitement. Le fait était qu'il ne savait vraiment pas quoi faire à ce sujet. Il soupira en finissant sa tasse de café. Pour le moment, il allait rejoindre Francis qui lui avait donné rendez-vous la veille au Sacré-Cœur, passer un moment en compagnie de son amoureux, ce qui allait sans aucun doute chasser ses doutes et troubles, puis ensuite il réfléchirait à une éventuelle discussion avec son frère.

Il sortit néanmoins son téléphone portable en s'en allant de l'hôtel et envoya un SMS à Alister.

« Merci. »

C'était la moindre des choses.

oOo

Francis raccompagna, tout sourire, son anglais gêné par leurs mains enlacés à son hôtel. Ils venaient de passer tout l'après-midi ensemble, tout d'abord à marcher dans Paris, discutant de tout et de rien, puis dans l'appartement de Francis, à s'occuper à des activités un peu plus intimes.

Arthur marmonnait, tout rouge, mais serrait la main de son amant. Ils s'arrêtèrent devant l'hôtel et Francis l'embrassa tendrement en guise d'au revoir, ce qui eut pour effet de faire rougir plus encore Arthur.

Le français lui caressa la joue en le regardant avec amour.

-Tu es adorable mon lapin ~ Malgré tout ce que nous faisons ensemble, tu rougis à chaque fois que je t'embrasse ~

-J-je ne suis pas ton lapin… rougit encore plus Arthur.

Ils se séparèrent après avoir parlé quelques secondes, et l'anglais remonta jusqu'à sa chambre.

Dans le couloir, plongé dans ses rêveries concernant son voisin d'Outre-manche, il percuta quelqu'un.

-A-ah, désolé… fit-il en relevant les yeux.

Son regard croisa celui, identique, de Cymru. Ce dernier avait le visage tout pâle, certainement à cause de sa grippe, et le regarda d'un air neutre.

-Ce n'est pas grave. Bonjour Arthur.

-B-bonjour Cymru…

Arthur hocha la tête dans sa direction puis le dépassa pour rentrer dans sa chambre, quand le brun attrapa son bras. Arthur se retourna. Cymru le regardait avec un air insondable. Il réfléchissait.

Au bout de quelques secondes, il lâcha le bras de son frère puis déclara :

-Alister te cherche. Il est dans sa chambre. La 304.

Arthur acquiesça, un peu angoissé de cette nouvelle, et se détourna pour aller dans la chambre indiquée, quand le gallois l'interpella de nouveau.

-Au fait, Arthur !

-Quoi ?

-Merci pour les médicaments.

Un fin sourire étira ses lèvres et Arthur rougit légèrement en marmonnant un « You're welcome » peu audible. Puis, son aîné disparut dans l'escalier menant aux étages inférieurs et le petit blond soupira. Cymru était celui avec lequel il s'entendant le moins mal, mais c'était aussi celui avec lequel il ne savait jamais sur quel pied danser. Le brun était bien trop taciturne pour que l'on puisse déchiffrer ses pensées, et ses piques moqueuses cachaient toujours des doubles-sens. Et en magie, c'était le plus redoutable de la fratrie…

L'anglais se décida enfin à aller toquer à la porte de l'aîné de ses frères.

-Ouaip ? entendit-il.

-C-c'est Arthur…

-… Entre.

Arthur tourna la poignée et entra, hésitant, dans la chambre d'Alister. Cette dernière était plutôt désordonnée et son frère avait les cheveux complètement ébouriffés. Il devait avoir dormi il y a peu.

L'écossais se trouvait à son bureau, les bras croisés, et le fixait du regard, ce qui mit à nouveau mal à l'aise son cadet.

-Je crois que j'ai besoin de t'parler, Arty…

Le surnom, habituellement prononcé méchamment, était dénué de toute trace de moquerie, ce qui surprit Arthur autant que l'air sérieux de celui qui l'avait prononcé.

Le benjamin de la fratrie fit quelques pas timides vers Alister.

-Ou-oui ?

Alister se leva, surplombant Arthur de sa grande taille. Il avait vraiment la carrure d'un ours, contrairement à ses jeunes frères, plus élancés. L'écossais se planta devant lui et posa maladroitement sa main sur la chevelure emmêlée d'Arthur.

-J-je voulais te dire que… J-je suis… I-I am sorry, Arty… really really sorry…

-D-de quoi ? balbutia Arthur qui ne comprenait absolument rien.

-De… du mal que j'ai pu te faire.

Arthur se recula d'un pas, dévisageant son frère d'un air éberlué. Est-ce que ceci était vraiment en train de se passer ?

Alister qui lui présentait des excuses ? Non. Non, ce devait probablement être un rêve. Alister n'aurait jamais fait une chose pareille. Les seules choses dont était capable son aîné étaient de l'insulter, de se moquer de lui et de lui faire du mal.

-Damn, Arthur, je te jure que je suis sérieux ! Après j'comprendrais que t'en veuilles pas, hein, de mes excuses… ce serait même carrément normal. Mais je… j'tenais à t'le dire. Voilà.

Arthur était parfaitement abasourdi.

-Je… je…

Le petit dernier de Britannia déglutit et se força à plonger ses yeux dans le regard d'Alister. Il y lut de la sincérité et de l'inquiétude, ce qui le conforta encore plus dans son trouble.

-Je… je ne comprends pas… enfin…

Arthur inspira une grande bouffée d'air pour se calmer.

-Pourquoi tu t'excuses ? Pourquoi maintenant, et pourquoi tout court après tout ça ? Pourquoi tu es intervenu, tout à l'heure, aussi ? T'es pas le dernier pour te foutre de moi, d'habitude !

Alister le saisit par les épaules et le força à s'asseoir sur l'une des chaises, et en prit une autre qu'il posa face à son frère.

Passant sa main devant son visage, l'écossais se dit qu'au point où il en était, tout dire ne pourrait que lui faire du bien. Leur relation ne pourrait guère être plus tendue qu'à présent.

-Dis-moi, Arty, est-ce que tu te rappelles un peu tes premières années, quand t'étais p'tit ?

-P-pas vraiment… avant Francis, à part toutes les attaques, dont les tiennes, non… pourquoi, je devrais ?

Le cœur d'Alister tomba dans sa poitrine.

Ainsi, il ne se rappelait pas des seuls instants qu'ils avaient vécu en tant que frères, quand ces mots pouvaient signifier quelque chose pour Arthur. Il ne se rappelait pas de tout ce qu'il avait fait pour lui… quand il le protégeait des humains qui ne comprenaient pas leur différence, et des nations qui tentaient de lui faire du mal. Quand il chassait pour le nourrir, qu'il le recouvrait de sa propre cape alors que le froid le mordait cruellement, quand il l'enlaçait et lui racontait des histoires pour l'aider à s'endormir.

S'il ne restait dans la mémoire d'Arthur que tout le reste, toute la cruauté, la méchanceté, les moqueries et la douleur…

Alors Alister ne pouvait que se sentir coupable.

Il posa sa main sur son visage et sentit des larmes inonder ses joues. Arthur se leva brusquement, soudain paniqué.

C'était la première fois de sa vie qu'il voyait son frère pleurer.

-A-Al ? Que… qu'est-ce qu'il y a ? Tu as mal quelque part ? Qu… que se passe-t-il ?

Cette vision lui était insupportable. Alister lui avait fait beaucoup, beaucoup de mal, mais le voir pleurer était la vision la plus horrible qui soit à ses yeux.

Arthur sortit un mouchoir en tissu de la poche intérieure de sa veste, écarta les mains d'Alister de devant son visage et lui essuya les joues d'un air inquiet.

-D-damn… lâcha l'anglais d'une voix tremblante.

Alister saisit la main d'Arthur pour la repousser doucement, puis, tira d'un coup sec. Son petit frère, ne s'y attendant pas, bascula en avant, et se retrouva pris dans l'étreinte de son aîné.

Au bout de quelques secondes, la main d'Alister se posa doucement sur ses cheveux, et Arthur l'entendit murmurer une incantation.

Soudain, ce fut comme si un mur tombait dans son esprit. La mémoire de temps anciens lui revint. Temps qu'il avait passé… avec Alister…

Au fur et à mesure que toutes ces images mentales lui revenaient, il sentit des larmes couler sur ses joues, sans chercher à les essuyer.

Il posa son front contre l'épaule d'Alister.

-Je suis désolé… pour tout ce que j'ai fait par la suite… murmura Alister.