Chapitre 1
Tout a commencé par une dispute entre dryades et naïades.
Dis comme ça, c'est pas très impressionnant, puisqu'on connait tous ces êtres comme étant des filles douces, calmes et sereines. Moi, en tout cas, c'est l'image que j'avais d'elles, même si je savais qu'elles pouvaient se montrer violentes depuis la bataille contre Cronos, le Seigneur des Titans.
Mais aujourd'hui, elles m'ont carrément fait peur.
J'étais parti en sortie éducative avec ma classe de l'école Goode. Pour la première fois de ma vie, j'avais réussi à tenir deux ans d'affilé dans la même école, ce qui revenait à un miracle. Nous étions à une semaine seulement des vacances d'été, et ma plus grande hâte était de retourner à mon vrai chez-moi : la Colonie des Sang-Mêlé. Non pas que je ne me sente pas chez moi dans l'appartement de ma mère à New-York, loin de là, mais à la colonie, j'y avais tous mes amis, je n'étais pas poursuivi par des monstres, tous les pensionnaires étaient des demi-dieux, comme moi, et j'y avais aussi ma petite amie, Annabeth. Comment ne pas m'y sentir à ma place ? Sans compter qu'à New-York, ma mère et Paul Blofis, mon prof d'anglais, s'étaient mariés il y a quelques mois, et il faut partager la place. Je suis heureux pour ma mère, c'est certain, mais elle et moi, on sait que ma véritable maison est là-bas, sur la côte de Long Island.
Donc nous étions en sortie éducative, et je m'étais promis de me tenir à carreau, histoire de pouvoir rester à Goode une année de plus. Cette fois, nous allions visiter un musée en plein air, dans les bois. Le but, c'était de laisser pourrir les œuvres de personnes qui se prétendaient être des artiste pour voir ce que ça donnerai des dizaines d'années plus tard. Je n'ai pas compris l'intérêt, mais si certains mortels aimaient polluer la nature de façon plus artistique, je leur conseillais de ne jamais rencontrer de satyres s'ils ne voulaient pas mourir transformer en arbre.
D'ailleurs, c'est pour cette raison que les dryades et les naïades se sont disputées. Je les avais vues de loin quand on s'était arrêté devant des icebergs en plastique fluorescent. Si j'avais bien compris, un artiste avait eu l'idée de coller des cristaux plastifiés sur le pied d'un arbre. La dryade de cet arbre –un érable, je crois- a pété les plombs et jeté les cristaux dans le lac juste à côté en prétextant que les naïades devaient elles aussi supporter toutes ces ordures. La naïade qui avait reçu un cristal sur la tête est sortie de l'eau, elles ont commencé à se quereller et à ramener plusieurs de leur copine.
J'étais en train de les observer quand quelqu'un m'a sorti de ma rêverie :
-Tu regardes quoi, là ?
Je me suis tourné et vu Darren me regarder, un sourcil lever.
Darren était un gars grand, brun aux yeux bleus océan, et « super sexy » d'après toutes les filles de Goode. C'est vrai qu'il était musclé mais mince à la fois, plutôt beau-gosse et tout ce qui va avec, mais pourtant, il préférait les gens du genre paumé. « C'est pour ça que je me suis direct bien entendu avec toi ! » il m'a dit un jour. Je ne savais pas si je devais me sentir vexé ou honoré, toujours est-il que c'était un gars avec qui je passais la majeure partie de mon temps. C'était un type sympa, drôle et naturel, qui n'avait pas peur de dire ce qu'il pensait. Encore aujourd'hui, je ne comprends pas comment un gars comme lui pouvait être amis avec… bah, avec un gars comme moi. Il pourrait être super populaire, avoir toutes les filles qu'il veut s'il le voulait, mais il m'avait raconté un truc du genre qu'il attendait le grand amour avant de se lancer.
Quand je lui parlais d'Annabeth, il me regardait toujours avec envie, et me disait « Qu'est-ce que j'aimerai rencontrer quelqu'un qui m'aime autant que vous vous aimez… ». Au début, je rougissais quand il disait ça, parce que je n'avais pas l'habitude de parler d'elle ouvertement, et surtout, je ne recevais jamais de remarque comme les siennes. Au fil de temps, j'ai arrêté d'être embarrassé, puisque ça me touchait plus qu'autre chose.
Toujours est-il qu'il me fixait, attendant que je lui fournisse une réponse.
-Bah, tu sais, je regarde un peu partout, j'ai tenté d'expliquer. Je…
-Ouais, c'est ça, t'étais plutôt en train de mâter les filles là-bas.
-Quoi ?
-Les filles qui se disputent là-bas, avec un look un peu bizarre.
Il a pointé du doigt les naïades en disant :
-C'est quand même bizarre ces cheveux bleus. Me dis pas que tu trouves ces nanas mieux qu'Annabeth ?
Je l'ai regardé, estomaqué.
-Tu veux dire que… tu les vois ?
-Bah oui, pourquoi ? Je suis pas sensé les voir ?
J'ai tourné de nouveau mon regard vers ces filles de la nature, qui commençaient à sérieusement d'emporter. Comment ça, il les voyait ? Ce n'était pas normal ! Les mortels n'étaient pas sensé voir ce genre de chose. La Brume cachait tous ce qu'il y avait d'irréel pour leur cerveau et transformait ces idées en choses qui leur paraissaient logique. Par exemple, l'année dernière, lors de notre combat contre Cronos, Typhon, l'ennemi juré des dieux, avait ravagé des villes entière, et les mortels avaient prétendu que c'était juste de fortes tempêtes. Donc, ils n'étaient pas sensé voir ni les dryades, ni les naïades.
Alors comment ce faisait-il que Darren pouvait les voir ?
J'allais lui poser une nouvelle question quand les branches des arbres se sont mises à se secouer violemment et que les eaux commençaient à s'agiter.
Nous avons de nouveau regardé les filles : leur visage devenait vert et bleu de colère. Les élèves ont levé la tête vers les branches, et plus personne ne parlait à part le guide qui avait l'air fasciné par ses icebergs.
Soudain, les longues branches des dryades se sont brusquement abattues sur les naïades, les recouvrant de feuilles vertes imbibées de sève qui leur collaient à la peau. Les naïades ont riposté en envoyant de grosses boules d'eau sur le visage de leurs adversaires, et la pagaille s'est répandue partout. Les élèves ont paniqué, se sont mis à hurler, les professeurs tentait de les calmer, et les arbres et le lac fonçaient sur les esprits de la nature avec force et violence.
-Venez les enfants ! a crié un professeur. Nous allons retourner au bus !
Les élèves se sont regroupé et ont suivi les adultes, tandis que Darren et moi, on resté sur place.
-C'est elles qui font ça ? a demandé Darren, les yeux gros comme des soucoupes.
-Ecoute, j'ai essayé de dire avec calme. Suis les autres, je te rejoins tout de suite.
-Tu vas faire quoi.
-Euh…
Qu'est-ce que je devais lui dire ? « En fait, je vais m'interposer entre elle en disant que je suis un demi-dieu, je vais arrêter les arbres avec l'eau du lac et calmé les naïades avec mes pouvoirs. Sympa, non ? ».
J'ai donc pris la première excuse qui me venait à l'esprit.
-Je vais jouer de mes charmes pour les calmer.
Malgré la situation grave, Darren a ri.
-Tu te fiches de moi ?
-Retourne au bus, c'est tout.
-Ne me donne pas d'ordre sur ce ton, s'est énervé Darren.
-Retourne au bus, s'il-te-plait, c'est tout.
Il a grogné, mais a fini par partir en direction des autres élèves.
J'ai couru jusqu'aux esprits de la nature et j'ai crié :
-Hé ! Les filles ! Calmez-vous !
Ok. C'était pas très glorieux comme demande, mais je devais agir vite avant que les professeurs n'appellent la police pour leur signaler un évènement surnaturel.
-Espèce de salle feuilles jaunes ! a crié une naïade.
-Tais-toi, vieille eau polluer ! a répondu une dryade.
Je devais agir vite, et ces filles n'avaient pas l'air de vouloir m'écouter. Du coup, j'ai fait ce que j'avais prévu : je me suis concentrer très fort sur l'eau jusqu'à sentir cette boule d'énergie dans mon ventre, j'ai pris le contrôle sur l'eau des naïades et aspergé les branches des arbres tellement fort que les branches qui étaient penchées pour taper les esprits des eaux se sont brusquement redressée et n'ont plus bougé, comme si je leur avais fait peur. Puis j'ai commandé à l'eau de retourner dans le lac et de se tenir tranquille.
C'est seulement là que les filles m'ont remarqué. Elles m'ont regardé, les yeux exorbités.
-On se calme les filles, ok ?
-Fils de Poséidon ? a demandé l'une d'elle.
-Ouais. Et, euh… je vous demande d'arrêter de vous chamailler. Il y avait des mortels pas très loin et vous auriez pu les blesser.
Aucune d'elles n'a ouvert la bouche. Je me suis soudain senti gêné. J'aurai peut-être dû les laisser se disputer jusqu'à ce qu'elles soient trop épuisées pour se battre.
En fait non. Comme je l'avais dit, les humains auraient pu être gravement blessés s'ils s'étaient pris un coup de branche sur la tête.
Puis une dryade –celle qui avait les cristaux collé à son arbre- a pris la parole :
-Les mortels méritent d'être blessés ! Ils saccagent notre forêt, à nous les dryades, mais ils laissent ces liquides puants tranquille ! elle a dit en pointant les naïades du doigt. C'est injuste !
-D'où te permets-tu de nous insulter ? s'est énervée la naïade qui s'est reçu les cristaux sur la tête.
-STOP !
Je devais faire vite. Le bus n'allait certainement pas m'attendre pour partir, et je n'avais aucunement envie de rester ici avec ces filles qui ne savent pas se tenir tranquille.
-Vous, les dryades, vous devriez vous sentir quand même un peu honorer. Les mortels veulent vous décorez –bon, d'accord, c'est pas très beau-, et ils n'ont aucune intention malsaine. Il veulent juste apporter un peu de rêve et de passion à ceux qui aime l'art de ces humains.
Je ne sais pas d'où je tirais ces paroles sages, mais ça venait tout seul. J'ai donc continué sur ma lancé.
-Et vous, les naïades, vous devriez comprendre ce qu'elles ressentent. Imaginez qu'on pollue vos eaux –même si ce n'est pas le but des mortels de polluer la forêt-, ça ne vous ferez pas plaisir, et forcément, au bout d'un moment, vous péteriez un câble comme cette demoiselle, ai-je dis en montrant la dryade à l'origine de cette dispute.
Elles ont toutes baissé la tête, gênées.
-Tu as raison…
-C'est vrai que ça doit être agaçant…
-Peut-être qu'ils ne veulent pas être méchant, les humains…
Je les ai laissé continuer jusqu'à ce que j'estime que le bus allait bientôt partir.
-C'est bon ? Vous ne vous disputerez plus ?
Elles se sont regardé, puis on hoché la tête.
-Bien.
Alors que j'allais faire demi-tour et partir en courant –parce qu'elles m'avaient quand même fait drôlement peur-, plusieurs d'entre elles m'ont sauté dessus et m'ont embrassé sur les joues avec des « Merci fils de la mer ! » et des « Tu es le meilleur ! ». Je me suis débarrassé d'elle aussi gentiment que j'ai pu, puis j'ai couru à toute vitesse vers le car, espérant qu'il n'était pas déjà parti.
Quand je suis arrivé, les derniers élèves montaient à bord. Je me suis dépêcher de les rejoindre et j'ai tenté de contrôler ma respiration saccadée pour ne pas paraître bizarre.
Je suis entré et j'ai vu Darren de loin, une fille à côté de lui. Visiblement, il voulait la faire dégager, mais elle s'obstinait à s'approcher de plus en plus de lui pour obtenir un baiser. Je me suis approché, et quand mon ami m'a vu, il s'est écrié :
-Ah bah voilà Percy ! Désolé Julia, mais je lui ai promis de me mettre à côté de lui, donc si tu pouvais lui laisser la place, ça serait gentil.
Elle m'a fusillé du regard, comme si je lui piquais le mec de sa vie, et à dit à Darren.
-Mais tout ce que tu voudras mon poussin.
Puis elle est repartie. Je me suis assis tranquillement, en évitant de m'affalé sur mon siège après cette course effrénée.
-T'as réussi à les calmé, m'a-t-il dit froidement.
-Euh… oui, oui, c'est bon.
-Ok.
J'étais étonné par son ton. Il m'en voulait ou quoi ?
-Qu'est-ce que t'as, mec ? je lui ai demandé.
-T'as pas l'impression de te moquer de moi ? il a dit en fronçant les sourcils, signe chez lui qu'il était vraiment énervé.
-Euh… Comment ça ?
-Je t'ai vu, Percy.
-Quoi ?
-J'ai fait semblant de partir, mais je t'ai suivi, et j'ai vu ce que t'as fait avec l'eau. T'as intérêt à m'expliquer tout ça vite-fait.
