« - Matsumoto ! Hurla le capitaine Hitsugaya qui était à la recherche de sa lieutenant depuis déjà presque une heure. »
Il n'eut aucune réponse et lâcha donc un profond soupir. Elle était fatigante, depuis quelques temps, elle le faisait courir partout. Il avait comme l'impression de passer les trois quarts de son temps à la rechercher. Avant, elle était toujours collée à ses basques, ce qui l'exaspérait d'ailleurs, mais il serait bien heureux qu'elle se colle à ses basques là maintenant tout de suite. Cette manie nouvelle qu'avait la jeune femme à disparaître sans laisser de traces l'agaçait. Normalement, les lieutenants devaient courir derrière leur capitaine et pas le contraire. Il s'arrêta soudain et soupira de nouveau. Toshiro était fatigué de courir et décida d'utiliser ses pouvoirs de shinigamis. Il ferma les yeux et se concentra pour capter une trace du Reiatsu de sa vice-capitaine, qu'il connaissait évidement par cœur. Mais à sa grande surprise, aucune trace d'elle. Cela pouvait signifier plusieurs choses : soit elle était morte, soit elle tentait délibérément de masquer son énergie spirituelle, soit elle était inconsciente. Le jeune capitaine exclut les deux premières hypothèses. La savoir morte lui faisait froid dans le dos et il avait bien du mal à s'imaginer qu'elle puisse enfreindre les règles de la Soul Society.
« - Cette idiote doit encore être saoule quelque part dans le coin. Soupira Toshiro avant de reprendre ses recherches. »
Il n'était pas fin psychologue et encore moins le genre de personne à se soucier du malheur des autres mais il n'avait pu que constater que les cuites de Rangiku était de plus en plus fréquentes si bien qu'il avait décidé, d'un commun accord avec Nanao et Hinamori, qui elles se souciaient de la santé de leur amie, de cacher tout l'alcool qu'elle pouvait avoir à porter de main dans sa chambre, endroit où la vice-capitaine n'aurait pas idée d'aller chercher son précieux nectar. Elle était peut être avec Hisagi ou bien avec le frivole capitaine de la huitième division des armées de la cour. Toshiro soupira pour la quatrième fois maintenant. Décidément, elle l'aurait fait courir aujourd'hui. Il se rendit à la huitième division et tomba sur Nanao, ce qui ne l'enchanta pas d'ailleurs. A tous les coups, la jeune femme allait paniquer en apprenant la disparition de son amie.
« - Bonsoir, Capitaine Hitsugaya.
- Bonsoir Ise. Répondit le jeune capitaine.
- Vous avez besoin de quelque chose ?
- Oui. Aurais-tu vu Matsumoto ?
- Non…Il lui est arrivé quelque chose ? Demanda Nanao avec une pointe d'inquiétude.
- Encore une cuite je pense. Soupira-t-il.
- Rangiku…
- Si tu la vois ramène-la à la maison s'il te plait.
- Oui, bien sur ! »
Sur ce, Toshiro repartit, laissant derrière lui une Nanao morte d'inquiétude.
« - Qu'est-ce que tu fiches idiote ? Lâcha-t-il entre ses dents. »
Depuis quelques temps, tout le monde semblait se faire du souci pour la jolie rousse. Mais en même temps, quoi de plus légitime ? Elle disparaissait sans prévenir, buvait de fortes quantités d'alcool et pour finir était six pieds sous terre lorsqu'elle pensait être seule. Sinon, en sa présence elle était toujours aussi joyeuse, parfois même trop joyeuse. Ce trop plein de joie de vivre l'épuisait mais il fallait reconnaître qu'il préférait la voir ainsi plutôt qu'avec cet air triste collé au visage. Air qu'il avait pu observer à plusieurs reprises, à l'insu de la jeune femme. Toshiro arriva enfin devant la neuvième division et fut accueilli par Hisagi. Il s'y attendait bien sûr puisque l'ancien capitaine de cette division avait déserté il y a de cela un peu plus d'un mois.
« - Bonsoir Hisagi.
- Capitaine Hitsugaya ? Que me vaut cette visite ?
- Matsumoto est-elle entrain de boire, ici avec toi ?
- Non…elle a encore disparu ? »
Toshiro hocha la tête en guise d'approbation et Hisagi soupira. Le brun était accablé par la détresse de la belle rousse si chère à son cœur. Mais il la comprenait, lui aussi avait souffert le martyre en voyant son capitaine rejoindre le camp ennemi. Mais à priori, la souffrance de Rangiku était bien plus importante qu'il n'y paraissait si bien qu'Hisagi se demandait souvent quel lien exact l'unissait à Gin Ichimaru. De l'amour ? Il espérait de tout cœur que non, mais c'était fort possible que ce soit le cas.
« - Je vous la ramène si je la trouve capitaine Hitsugaya. De votre côté prévenez-moi si vous lui mettez la main dessus.
- Très bien. »
A ces mots, Toshiro quitta Hisagi et rentra à la dixième division, bredouille. Le jeune capitaine leva les yeux au ciel et soupira. C'était depuis son départ que Rangiku avait dérapé et il ne comprenait pas en quoi Gin Ichimaru pouvait lui manquer. L'aimait-elle ? Il espérait se trompait puisque ce type le répugnait de par sa façon d'être, sa façon de faire. Il était manipulateur, calculateur, hypocrite et profondément mauvais. Et Rangiku avait beau être ce qu'elle était, à savoir chiante et paresseuse, il fallait toutefois reconnaître qu'elle était gentille, attentionnée et d'une beauté rare qui plus est. En d'autres mots, elle méritait mieux qu'un vil renard du genre de Gin. Il avait appris, peu de temps après être devenu le capitaine de la dixième division, que Gin avait sauvé Rangiku d'une mort certaine lorsqu'ils étaient enfants et vivaient au Rokongai, devenant dans un même temps la seule famille de la petite fille aujourd'hui devenue grande. Cet amour démesuré et incompréhensible venait sans doute de cet évènement là et du lien qui les avait unis l'un à l'autre pendant leur enfance. Malgré tout, Toshiro campait sur ses positions : Gin était mauvais. Rangiku devait l'oublier ou mieux encore le considérer comme un ennemi mais le capitaine de la dixième division doutait sérieusement qu'elle y parvienne. Il sortit de ses pensés en arrivant devant la dixième division. C'était bien beau de chercher à comprendre le pourquoi du comment mais dans l'immédiat, il lui fallait retrouver sa vice-capitaine même s'il savait que lui faire remplir la paperasse dans l'état dans lequel il allait la trouver s'avérerait sans doute impossible. Il se dirigea vers le seul endroit où l'on pouvait trouver de l'alcool dans la division : sa chambre et plus précisément sous une latte du plancher, cachette qu'ils avaient mis au point avec Nanao et Hinamori. Une fois dans sa chambre, il alluma la lumière et balaya la pièce du regard avant de soupirer. Il ne s'était pas trompé, elle était bien là. Affalée sur SON futon et entourée par de nombreux cadavres de bouteilles. Elle dormait paisiblement, sa poitrine se baissant et s'élevant au rythme de sa respiration. Toshiro s'approcha d'elle à pas lents et feutrés surpris de voir à quel point son odorat pouvait être développé quand il s'agissait de flairer de l'alcool. Si seulement elle pouvait être aussi douée pour repérer la pression spirituelle des autres shinigamis !
« - Matsumoto. »
La jeune femme ne bougea pas d'un poil, ce qui agaça son capitaine déjà suffisamment énervé après l'avoir cherchée partout.
« - Matsumoto ! Debout !
- Hum… »
La vice-capitaine fronça les paupières et se recroquevilla sur elle-même, apparemment pas décidée à quitter le monde des songes. Toshiro perdit patiente, s'approcha de sa vice-capitaine et posa ses mains sur ses deux épaules.
« - Oh hé, Matsumoto ! Réveille-toi, idiote ! Beugla le jeune capitaine tout en secouant Rangiku comme un prunier.
- Me secouez pas comme ça. Protesta la vice-capitaine encore à moitié endormie. »
Rangiku se frotta les yeux, s'assit et porta directement sa main à sa tête qui la faisait terriblement souffrir.
« - ça fait des heures que je te cherche ! Et depuis quand t'es autorisée à dormir dans ma chambre et dans mon futon Matsumoto ? La sermonna Toshiro, plus furieux que jamais.
- Je suis désolée… »
Toshiro s'arrêta de hurler et reprit son calme. Elle lui avait répondu de manière sincère et le ton qu'elle avait employé était triste tout comme son regard à l'heure actuelle d'ailleurs, rivé sur une bouteille vide qui jonchait le sol.
« - Idiote…soupira Toshiro avant de s'avancer en direction de son bureau dans lequel se trouvait la montagne de documents qu'il souhaitait faire remplir par Rangiku. »
Voyant qu'elle serait incapable de tenir un stylo, il s'assit à son bureau, sortit la paperasse et commença à la remplir mais les gémissements de la rousse l'interrompirent.
« - Qu'est-ce qui y a Matsumoto ?
- Je crois que je vais vomir…Lâcha la rousse qui était plus pâle que jamais et avait mis sa main devant sa bouche.
- Sors alors ! Pas dans ma chambre ! Et encore moins dans mon lit !
- Je crois que ça va être trop tard…
- Tais-toi et cours vite dehors idiote ! »
La rousse obéit et à peine fut-elle dehors que Toshiro put l'entendre vomir. La capitaine prit un air dégouté et remercia ensuite le ciel d'avoir fait en sorte qu'elle ait le temps de quitter sa chambre. La jeune femme revint un instant plus tard et s'essuya le contour des lèvres d'un revers de la main.
« - Berk, c'est vraiment l'horreur.
- La ferme. Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même idiote !
- Vous n'êtes vraiment pas drôle capitaine. »
Toshiro soupira et replongea dans le remplissage de ses fiches administratives. En plus d'avoir fait sa part et d'y avoir passé toute l'après-midi, il devait maintenant faire celle de Rangiku et à en voir la pile de papiers qui se trouvait devant lui, il en aurait bien pour la nuit. Quelques instants plus tard, il releva les yeux et s'aperçut qu'il était seul dans la chambre.
« - Elle est passée où encore celle-là ? »
Mais le jeune capitaine eut rapidement réponse à sa question. Il n'eut qu'à tendre l'oreille pour entendre de l'eau couler. Rangiku devait sans doute être dans la salle de bain, entrain de se rafraichir. Elle revint quelques minutes plus tard et semblait déjà avoir repris des couleurs, ce qui rassura quelque part Toshiro. La jeune femme s'avança vers le bureau de son capitaine, s'efforçant de marcher le plus droit possible, chose difficile après la quantité d'alcool qu'elle avait avalée. Elle s'appuya d'une main sur le bureau et regarda par-dessus l'épaule de son petit capitaine.
« - Hé ! Mais ce ne sont pas les papiers administratifs que vous m'avez demandé de remplir ce matin ? Demanda la rousse. »
En guise de réponse, Toshiro se contenta de soupirer ce qui fit sourire Rangiku. Elle aimait son petit capitaine. Plus précisément, elle adorait cette manie qu'il avait d'aider les autres, presque en cachette, sans attendre le moindre remerciement et sans en faire tout un foin.
« - Merci…
- La ferme. Lui répondit-il comme à son habitude. »
Rangiku esquissa un discret sourire et s'affala sur le canapé sur lequel elle s'assoupit quelques instants plus tard. Après plusieurs heures de travail, Toshiro arriva enfin à terminer le remplissage des papiers administratifs. Il releva la tête et posa sa main sur sa nuque douloureuse. Il réalisa quelques étirements pour faire disparaître les tensions accumulées dans sa nuque et balaya ensuite sa chambre du regard. Environ une dizaine de bouteilles vides jonchés le sol. Il soupira donc et décida de ranger le désordre provoqué par sa vice-capitaine, comme d'habitude d'ailleurs. C'était toujours elle qui déballait et lui qui rangeait. Il attrapa donc quelques bouteilles vides mais, en se dirigeant vers la poubelle la plus proche, l'une d'elles lui échappa des mains et vint se briser au sol.
« - Merde. Grommela le jeune capitaine.
- Vous en faites du bruit capitaine, vous m'avez réveillée. Rétorqua Rangiku, assise sur le canapé et se frottant les yeux.
- La ferme ! C'est ton bordel que je range je te signale, Matsumoto ! S'emporta-t-il tout en se penchant pour ramasser les tessons de verre au sol.
- Bougez pas, je vais chercher de quoi ramasser la bouteille que vous avez cassée. Vous allez vous couper.
- Ne me sermonne pas Matsumoto ! Ça va bientôt être de ma faute alors que c'est toi qui as foutu cette pagaille. »
Rangiku ricana et disparut tandis que Toshiro continuait de ramasser les bouts de verre contrairement à ce que lui avait conseillé sa vice-capitaine.
« - Quelle idiote. Marmonna-t-il avant de se couper avec un bout de verre. »
Le capitaine porta son doigt à sa bouche comme pour soulager la douleur et empêcher son sang de se répandre partout. Rangiku choisit ce moment pour revenir et ne put s'empêcher de glousser en voyant son petit capitaine, un doigt dans la bouche.
« - Qu'est-ce qui te fait rire, Matsumoto ?
- Vous vous êtes coupé, c'est ça ?
- La ferme. »
Rangiku gloussa de nouveau et s'approcha des débris de bouteille qu'elle ramassa à grand coup de balai et jeta à la poubelle. En quelques minutes seulement, la chambre de Toshiro était redevenue aussi propre que lorsque Rangiku y était entrée. Le jeune capitaine regarda l'horloge murale et soupira, il était trois heures du matin, heure à laquelle la dixième division devait monter la garde dans les rues du Seireitei.
« - Tu te sens capable de monter la garde dans les rues du Seireitei, Matsumoto ? Demanda le jeune capitaine à sa lieutenante.
- Oui ! Je pars devant, soignez votre doigt pendant ce temps. Répondit la vice capitaine à Toshiro en filant à tire d'aile.
- Attends Matsumoto ! »
N'obtenant pas de réponse, Toshiro soupira. Elle venait de filer sans respecter ses consignes, ni même les écouter d'ailleurs. C'est fou ce qu'elle pouvait être chiante, épuisante, bordélique et paresseuse…mais elle n'était pas triste et c'est sans doute ce qui comptait le plus aux yeux de ses proches.
