Titre : "Sanglantes Représailles"
Personnages principaux : Toute l'équipe... Même si je commence par Hotch.
Résumé : Des dizaines de cris, des hurlements, des gémissements, tout se mêlait en nous. Comment aider les personnes qui nous ont torturées ? Comment ne pas les laisser crever dans leur merde, y enfoncer leurs visages jusqu'à ce qu'ils étouffent, comme eux, l'ont fait avec nous… ? Toutes ces questions, les membres de l'équipe se les poseront... vont-ils réussir à dépasser leur haine et leur besoin de vengeance?
Partie 1 : Aaron Hotchner.
Hotch était couché sur un sol dur, froid et humide. Peu à peu, la conscience lui revenait accompagnée de certaines douleurs. Les yeux ouverts, il fixait le plafond bas où pendait une ampoule nue qui diffusait son ambiance blafarde dans la petite pièce. Le patron de la BAU poussa un grognement et tenta de se relever, mais la pièce mesquine se mit à tourner à une vitesse effarante. Il serra les dents et les paupières pour arrêter cet affreux carrousel. Après quelques secondes rythmées par sa respiration saccadée, le tour se finit et il put enfin tenir sur ses jambes. Son esprit jusque là plutôt vide s'emplit soudainement d'un flot de questions : Où était-il ? Où était son équipe ? Qu'allait-il arriver ? Rêvait-il ?... Tout se mélangeait en lui et finalement, il mit lui-même un barrage à ces marrées d'interrogations : il lui fallait observer et réfléchir.
Son regard sombre se posa alors sur lui-même et il remarqua directement qu'il n'avait plus ni sa cravate, ni son veston… Chose encore plus étrange, il était pieds nus. Abasourdi, son regard se tourna vers l'ensemble de la pièce : elle était vide à l'exception d'un coffre. Malgré la rigidité de sa nuque, il parvint à pivoter la tête et remarquer une porte en fer rongée par la rouille juste derrière lui. Il avait froid aussi. Toujours debout, il réfléchit à ses derniers souvenirs : une affaire… sept victimes… poignardées… Un suspect, dans un entrepôt… L'équipe qui poursuivait le meurtrier… une douleur… le vide… le froid…
Un énorme hurlement éclata comme une déflagration dans la pièce. Hotch sursauta et faillit hurler avec cette voix d'outre-tombe. Il chercha fébrilement d'où pouvait provenir ce cri… et surtout de qui… Il imaginait le pire… et si c'était un membre de l'équipe ?
Cette pensée le fit tressaillir. Il se dirigea alors, comme dans un rêve, vers le coffre. S'il avait été posé là, c'était bien pour quelque chose… non ? Sa tête lui tournait toujours et il avança plus ou moins de travers vers la boîte noire et menaçante. Un nouveau hurlement retenti… Cela semblait venir du coffre lui-même. Aaron sentit une goutte de sueur froide lui parcourir le dos : il était dans un cauchemar, sans aucun doute. Une boîte ne pouvait pas crier… Il se pencha doucement, entendant son cœur battre tellement fort qu'il avait presque l'impression que ce bruit résonnait dans la pièce et posa ses mains tremblantes sur le coffre. Ce dernier n'explosa pas, ne cria pas… Il soupira et tenta de reprendre le contrôle sur lui-même. Il ne devait pas avoir peur. Ce n'était qu'un affreux rêve. C'est stupide d'avoir peur d'un rêve… Ayant repris ainsi confiance, il ouvrit le coffre et retint sa respiration ainsi qu'un cri. Une tête. Il la reconnut sans peine…
-Mon Dieu…
Bien qu'il ne soit pas le plus grand des croyants, ces deux mots s'étaient bousculés tout seuls à ses lèvres. Ce visage qui le fixait de ses yeux vitreux appartenait à la sœur d'Haley. Il recula vivement et entendit un nouveau cri sortir de la bouche de la tête décapitée. Horrifié et terrifié, il s'approcha à nouveau de ce qui restait de son ex-belle-sœur. Il ne comprenait plus rien et sentait son corps trembler d'une façon incontrôlable. Il observa la tête et remarqua alors que ses joues étaient déformées… Repoussant son dégoût il ouvrit sa bouche et vit un magnétophone dans la cavité buccale de la sœur d'Haley. Une deuxième cassette s'enfonçait dans sa gorge coupée. La nausée le prenait, mais en se remémorant qu'il était sans aucun doute dans un rêve, il arriva à surmonter son dégoût et à les extraire. D'une main mal-assurée, il enleva la cassette que le magnétophone contenait : entendre des hurlements n'était pas son passe-temps favori et il introduisit la deuxième dans l'espace prévu à cet effet. Une voix grésilla et rompit le silence de la pièce glaciale :
« Aaron. Aujourd'hui le chasseur et le gibier ont changé de bord. Bienvenue, mon cher, dans la traque. Je vais quand même t'expliquer ce que tu dois faire, ce serait ingrat de te laisser ainsi, te débrouiller et sans aucun doute, te faire tuer sans même savoir pourquoi. Quand tu sortiras de cette pièce, tu arriveras dans une autre salle parsemée de clous, tu la traverseras. Quand tu quitteras cet enfer rouillé, tu atteindras une nouvelle pièce où tu devras faire un choix capital. Sauver une personne qui ne le mérite pas et peut-être te condamner ou décider de la laisser mourir en même temps qu'un autre de tes proches et pouvoir t'en sortir indemne. Evidemment si tu n'avais que ça à faire, dans cette ultime pièce, ce ne serait pas du tout marrant… Mais pour ne pas gâcher la surprise, je vais me taire sur ce point. Tu te demandes sûrement également ce qui me pousse à faire ça ? Je ne veux pas te laisser mourir dans l'ignorance et je vais te répondre : je vous hais, toi et ton équipe. Pour ne pas finir sur cette mauvaise note, je vais quand même te dire une simple formule dont tu auras besoin : Courage et bonne chance ! »
En un déclic, la voix se tut et Hotch sentit sa nausée le reprendre, l'étreindre si fort que son estomac remonta littéralement dans sa bouche et il vomit ses tripes sur le sol. Ce n'était pas un rêve.
Un goût de bile s'était répandu dans sa bouche. A genoux, maintenant, à terre, il n'arrivait pas à faire le point sur ce qu'il se passait… Qui était ce malade ? Etait-ce le suspect ? Et… Si cet homme avait fait du mal à Haley ou à Jack ??... Ce type détestait toute l'équipe… L'équipe… Et s'ils étaient dans la même position que lui ?
Après quelques minutes d'hébétude, faute de réponses, il se releva en chancelant et décida de sortir de cette pièce pour ne pas rester inerte ici… Il lança un dernier regard au coffre : voir une personne qu'on connaissait ainsi faisait beaucoup plus d'effet que lorsqu'on voyait les restes d'inconnus. Une boule lui pesait l'estomac pourtant vide… Il marcha d'un pas raide jusqu'à la porte et la poussa. Elle s'ouvrit dans un grincement qui faisait mal aux dents. Ce malade ne lui avait pas menti : la pièce était bel et bien parsemée de clous… Il regarda ses pieds nus en comprenant enfin que ce type n'avait pas pour but qu'il attrape un vilain rhume. Cette pièce était, en vérité, un long couloir d'une vingtaine de mètres qui se terminait par une porte semblable à celle qu'il venait d'ouvrir… Il était vide à l'exception des centaines de clous qui étaient disposés sur le sol.
Il soupira, fit quelques pas en arrière, hésita… puis se décida enfin à le traverser : il ne pouvait pas rester éternellement dans la première pièce alors que l'équipe ou des membres de sa famille pouvaient être en danger. Il prit son élan, en pensant à Jack… Il avait la peur au ventre même si son visage semblait à peine déformé par cette terreur qui le rongeait… Il avait toujours su garder ses émotions pour lui. Il se mit à courir. Les premiers pas lui arrachèrent des hurlements, mais il continua cependant à avancer. Les clous lui perforaient les pieds et la douleur remontait tout son corps comme des dizaines de décharges électriques… Arrivé à la moitié du couloir, il trébucha et s'écroula dans cet amas de douleur. Le supplice se propagea dans ses mains et son torse et sa chemise blanche rougit. Il sentait des larmes rouler sur ses joues. Il resta allongé, ainsi, incapable de se relever tellement le poids des tortures à venir l'accablait. Après quelques minutes, il arriva cependant à se remettre debout et vit que ses pieds n'étaient plus que deux boules difformes et sanguinolentes… Il décida de compter jusqu'à trois avant de finir son parcours douloureux. Il se remit à courir en boitant et arriva enfin au bout du couloir, il poussa la porte et un cri de victoire avant de tomber dans la pièce suivante.
Cette pièce, beaucoup plus grande que la première, était plongée dans le noir… Il sentait un courant d'air froid sur sa nuque recouverte de sueur et de sang. Un gémissement se fit entendre au fond de cette pièce et une lumière vive déchira les ténèbres et les rétines du pauvre homme. Aaron se cacha les yeux quelques instants avant de s'habituer à la clarté. Il entrouvrit les paupières et vit une forme humaine dans le fond de la pièce… Une forme qu'il connaissait… Une forme qu'il haïssait plus que tout. Son corps fut secoué d'un spasme de dégoût.
-Non…
Cet homme était bâillonné et attaché au mur. Hotch était tétanisé et sortit de sa torpeur quand un écran de télévision s'alluma à sa droite. On pouvait distinguer une vague silhouette qui se mouvait au fond d'une pièce très sombre. Elle s'adressa à lui.
-Aaron. Comme tu peux le voir et le sentir, je n'ai, pour le moment, pas menti. Je ne ferais jamais cet affront à quelqu'un… Je connais le respect. Alors, c'est ici que tu dois choisir entre la souffrance ou la facilité… Quand cette vidéo sera finie, des tiges effilées en métal s'enfonceront dans le corps de cet homme qui t'a tant fait souffrir. D'abord dans ses membres, ensuite dans son ventre et son torse, jusqu'à ce que mort s'en suive. Pour arrêter cette effusion de sang, c'est très simple, tu devras à nouveau souffrir et recevoir les coups sans broncher… Je m'explique : tu vois l'espèce de douche à côté du bâtard attaché au mur ?
La silhouette se tut pour le laisser observer la pièce… Hotch regarda, fébrile, l'endroit indiqué et vit une petite cabine en fer. C'était, avec la télévision, la seule chose qui meublait cet endroit vide.
-… Tu as dix minutes pour te rendre dedans sinon l'homme que tu abhorres plus que tout subira une affreuse torture, l'un des membres de ton équipe recevra une balle entre les deux yeux et tu seras libre et vengé mais responsable de la mort d'un ami… Dans cette cabine, il y a un capteur de son et un mécanisme qui t'enverra des barres de fer dans le dos et les jambes… Si tu cries, le bâtard que tu hais se retrouvera perforé comme une feuille de papier. S'il meurt, un membre de ton équipe se retrouvera à nouveau avec un troisième œil. Si tu tiens une heure sans pousser le moindre hurlement, ou en n'en poussant pas trop, tu seras enfermé dans cette pièce et ton sort sera entre les mains d'un autre membre de ton équipe qui aura une épreuve similaire à la tienne… S'il refuse de se prêter au jeu, je te collerais un bout de métal dans le front. Es-tu prêt à revivre l'enfer que ce salaud t'a fait vivre ? Et tu prêt à ressentir à nouveau les coups dont il t'a bercé et ce, pour le sauver? Tu laisseras alors ta vie entre les mains d'un des membres de ton équipe... As-tu confiance en eux? Toi seul le sais, Aaron. Fais le bon choix.
La télévision s'éteignit et Hotch resta immobile et totalement abasourdi. C'était impossible… Il posa ses yeux plein de larmes vers l'homme attaché au mur. C'était un voisin… Le genre de voisins que les adultes adoraient mais qui faisaient peur aux gosses. Ces mêmes voisins qui de leurs poings de fer martyrisaient les corps d'enfants juste parce qu'ils « n'avaient pas à être là »… juste parce qu'ils étaient des « gamins de merde ». Il sentait une douleur plus grande que celle de ses pieds… Cet enfoiré le suppliait du regard… Comme lui l'avait supplié de ne pas le frapper… Pendant presque cinq ans, il l'avait attendu lorsqu'il rentrait de l'école, alors que ses parents n'étaient pas encore revenus du boulot, pour le cogner sans raison… Pour l'insulter, l'humilier. Et aujourd'hui, on lui demandait, pour sauver cette ordure et un membre de son équipe, d'à nouveau se faire battre sans raison apparente… Il se sentait brisé.
Il aurait voulu le voir crever… voir les yeux de ce connard se remplir de larmes… Assouvir une vengeance qu'il s'était toujours interdit. Mais il savait qu'un de ses collègues allait alors mourir… Silencieux et ravagé, secoué de soubresauts nerveux, il restait debout à regarde d'un œil vide son bourreau… Allait-il lui-même pouvoir porter ce titre ?
A suivre...
