I. Examen Chûnin
La famille, si ce n'était pas le concept le plus génial qui ait été inventé. La famille crée des individus que tu peux détester, trahir et même insulter, ces gens resteront quoi qu'il arrive, te feront à manger quoi qu'il arrive, et te souriront, quoi qu'il arrive. Ils n'ont pas le choix, ils sont de ta famille.
Et souvent, la question des parents c'est « combien ? ». Un enfant unique s'ennuie rapidement, si la fratrie est au nombre de deux, ils ont le choix entre se disputer entre eux ou s'allier pour emmerder leurs parents, quand ils sont trois, il y en a toujours un à l'écart et plus il y en a, plus les possibilités sont nombreuses. Devenir parent, c'est tout une stratégie, malheureusement certains n'étaient pas au courant.
Toute une génération de shinobi a enfanté sans connaître ces règles de base, persuadée que la paix était d'abord politique et souvent préoccupée par divers contrats diplomatiques. Sauf que la paix n'était pas que politique, et la guerre dans le foyer, ils y avaient tous eu droit.
Parce que les enfants – vous savez ces sales petits êtres égocentriques – s'en foutaient des gloires passées de leurs parents ou de l'importance de leur travail. Et quand enfin ils en prenaient conscience, déjà cela mettait du temps : ce n'était pas des flèches, en plus ils étaient en pleine crise d'adolescence. Traduction : l'admiration de leurs enfants ne reviendrait pas de ci-tôt. Ils n'avaient plus qu'à prendre leurs mal en patience.
Et c'était ce qu'Hinata faisait. Elle prenait son mal en patience tandis que les deux adolescents à sa charge se disputaient en prenant leur petit déjeuner. Sa fille était encore en pyjama et avait un sourire moqueur. Son fils avait un tee-shirt trempé par sa sueur et dévorait tout ce qui était à sa portée. Et l'un comme l'autre ne cessait de se chercher et de se répondre.
La kunoichi allait finir par regretter que sa mission ait pris fin, là-bas elle avait le calme des gens matures. Et dire que ces deux monstres lui avaient manqués... Il avait vraiment quelque chose qui n'allait pas chez les parents.
Mais bon, elle aurait regretté manquer la troisième épreuve tant attendue de l'examen Chûnin, le tournois. Et ses deux enfants participaient à l'épreuve. Elle était aussi anxieuse que fière. Ses enfants bien qu'ayant toujours connu la paix étaient incroyablement ambitieux. Particulièrement Boruto, il voulait dépasser son père et s'entraînait chaque jour pour. Quant à sa fille, Himawari, sa mère ne connaissait pas son but mais elle savait qu'elle était d'une exigence rare.
Hinata interrompit leur joute pour leur demander ce qu'ils comptaient faire de leur matinée puisque l'épreuve commençait à onze heures. Tous les deux rejoignaient leurs coéquipiers pour une préparation spéciale ils ne voulurent pas en dire plus face à un potentiel adversaire. Ils étaient déjà repartis dans les insultes et piques continuelles. Hinata faillit s'endormir devant son bol.
Ses enfants finirent par partir et le silence s'installa dans leur maison. Le silence lui faisait du bien. Mais cela ne dura pas, des bruits de pas précipités puis une porte s'ouvrant rapidement, Naruto regarda la table les yeux ronds.
— Je... je voulais leur souhaiter bon courage...
Le clone semblait gêné, sa main fourrageait dans ses cheveux.
— Ils sont déjà partis rejoindre leurs coéquipiers.
Naruto fronça les sourcils devant la mine fatiguée qu'abordait sa femme. Ce n'était pas si étonnant, elle était revenue en pleine nuit, et devait, cinq heures plus tard, supporter les gamineries de leurs enfants. Naruto s'avança et prit sa femme dans ses bras. Puis il la souleva.
— Mais que fais-tu ? s'étonna la mère.
— Je vais te mettre au lit !
Hinata rit, ses nerfs la lâchaient, de toute façon son mari avait raison. Elle avait besoin de dormir. Mais avant cela, elle avait besoin de son homme.
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Himawari se tenait debout sur un tronc planté dans le sol et elle répétait les mêmes gestes basiques de taïjustu. Ses deux coéquipiers faisaient de même, ils formait ensemble un triangle parfait. Ils s'entraînaient sans relâche. C'était ça qui les liait, l'entraînement acharné.
Metal avait passé sa vie à s'entraîner, s'il ne le faisait pas il se sentait mal. Himawari avait rapidement compris que soit elle s'entraînait, soit elle serait réduite à « fille de » ou « femme de ». Miyabi s'entraînait car tout le reste était d'un ennui mortel. Et puis il ne voulait pas être en reste, il détestait cela.
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— J'y arrive pas, grommela Inojin allongé sur l'herbe.
Son senseï posa ses mains sur son front et dit d'une voix douce et chuchotante :
— Concentre-toi sur les mouvements du vents.
— J'y arrive pas, répéta le genin, et c'est pas par manque de concentration.
— Quand je t'aurais bâillonné, tu auras une raison de grommeler.
Chôchô à côté de lui se moqua ouvertement avec son rire sonore.
— Eh bien félicitations les jeunes, vous gâchez votre entraînement, soupira la kunoichi en se levant. Vous compter faire quoi lors du tournois ? Quelle est votre stratégie ?
— Juste gagner, répondit immédiatement Chôchô, ni plus ni moins.
Leur senseï éclata de rire tandis que les deux jeunes garçons échangeaient un regard rieur.
— Bon puisque vous n'avez pas besoin d'encouragements, je vous invite au restau' !
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— Je vais vraiment finir par me vexer, soupira Konohamaru je vous ai déjà dit qu'il était mauvais de s'entraîner avant un tournois. Vous allez être fatigué, hors circuit et vous ferez des erreurs bêtes qu'on a déjà corrigé et qui me ficheront la honte devant les autres senseï.
— Et si vous pensiez un peu à nos intérêts pour changer, demanda Sarada en remontant ses lunettes.
— J'allais y venir.
Les trois genins le regardèrent avec suspicion.
— Très bien, débrouillez-vous sans mon avis éclairé – je serai de toute façon obligé de venir ramassez les pots cassés.
Les adolescents échangèrent des regards rieurs, leur senseï (et c'était un secret pour personne) avait un fort côté dramatique. Néanmoins, ils ne disaient rien car il régnait autour de lui, comme autour de toute sa génération, une sorte d'aura.
Ces ninjas qui n'avaient vécu qu'une guerre celle qu'ils avaient mené auprès de shinobis d'autres villages. Pour eux, la paix était une continuation logique. Et s'il ne parlait pas de la guerre, de ses causes ou de ses conséquences, il acceptait de leur parler de son tour du monde à travers les villages. Il lui était arrivé plein d'aventures qui lui avait offert une vision du monde unique.
— Au lieu de bouder, vous voulez pas nous raconter une de vos aventures Konohamaru-senseï ?
Il continua à marcher en leur tournant le dos, sa main se leva et leur fit signe.
— Amenez-vous, j'en ai une super en réserve.
•
— Tiens, Konohamaru.
Kurenaï l'avait apostrophé, elle le salua joyeusement.
— Ma tante, comment vas-tu ?
Ils ne se voyaient pas souvent mais il l'appelait toujours « ma tante », c'était une façon de dire qu'Asuma avait bien vécu.
— Mirai n'est pas avec toi ? demanda le jeune homme après qu'elle lui ait répondu.
— Non, elle voulait absolument terminer la pancarte qu'elle a fait pour encourager ses protégés, rit la mère de celle-ci. Mais je t'en prie, assis-toi Mirai a déjà une place assurée.
En effet, quand il fallait accueillir l'examen Chûnin, le plus gros soucis, c'était la place. Certains avaient fait un long trajet pour venir assister à ce tournois en particulier. Et puisque le tournois durait pas mal de temps, ils y avaient aussi des vendeurs ambulants – ce qui était pratique pour ceux qui voulaient découvrir des cuisines d'ailleurs.
De toute façon, le week-end du tournoi était un aubaine pour les commerçants, tous les hôtels étaient pleins, les restaurants feraient leurs meilleurs chiffres de l'année. Les seuls qui étaient à plaindre étaient les candidats et les ninjas qui devaient protéger toutes ces personnes.
Les premiers attendaient patiemment dans une salle à l'abri des regards. Ils cachaient tous leurs signes de stresse.
— Vous avez déjà combattu devant un public ? demanda Kiba qui surveillait l'heure pour lancer le tournoi.
— C'est bon, essais pas de faire ton pitch pour qu'on ait la trouille je sais très bien que tout ce que tu dis est mensonge, t'oublies que j'étais là y'a deux ans.
Kiba fronça les sourcils en entendant les mots de Boruto avant d'éclater de rire.
— Faut croire que tu as grandi. Allez, amenez-vous, ils sont nombreux à avoir fait le déplacement pour vous.
Les dix-huit genins entrèrent dans l'arène. Même ceux qui comme Boruto n'avaient pas réussi à l'avoir du premier coup furent surpris. Le dernier examen Chûnin avait eu lieu à Kiri alors le dépaysement était total.
À Konoha il y avait beaucoup plus de lumière puisqu'il n'y avait aucun toit. Par contre, ils avaient l'impression d'être encerclés, il y avait des gradins partout ainsi qu'une tribune pour les Kages. Avant de commencer, ils s'inclinèrent tous devant les cinq grands dirigeants.
Ensuite, Kiba leur énonça quelques règles qu'ils connaissaient déjà tandis que Akamaru vérifiait une dernière fois le terrain. Le ninja invoqua une boite sombre qui semblait inutile.
— C'est cette boite qui va choisir les duels le hasard sera total. Les combats seront séparés, il y aura une partie aujourd'hui, une autre demain. Je vous souhaite à tous bon courage, leur sourit Kiba (et pour une fois, il n'était pas moqueur). Alors le premier combat sera... Uzumaki contre... Uzumaki.
Même lui était surpris. Il ne s'attendait pas à ça même si les deux concernés, vu comme ils semblaient déjà résignés, y avaient déjà pensé. Hinata par contre semblait désespérée, elle s'appuya sur Shino en marmonnant qu'elle devait être maudite.
Quant au père des deux concernés, il se massait le front, sentant déjà le mal de tête venir. Il ne pouvait pas empêcher ce combat d'avoir lieu c'étaient les règles de l'examen. Mais il savait que ce n'était pas une bonne chose, jamais un ninja ne se donnerait à fond face à quelqu'un qu'il connaissait et aimait, surtout quelqu'un de sa famille.
Les frères et sœurs se retrouvèrent face à face, seuls dans l'arène. Tout le monde les observait attentivement. Les combats dans une fratrie étaient toujours intéressants, soit parce qu'ils n'étaient pas pris avec sérieux et étaient trop gentils, soit parce qu'ils étaient pris avec rage et que tous les sentiments refoulés explosaient lors de l'affrontement.
Konohamaru et le shinobi de Kumo chargé de l'équipe de la cadette Uzumaki échangèrent un regard. Eux, comme tous ceux qui avaient entraîné un des jeunes Uzumaki, savaient que jamais l'un ne laisserait la victoire à l'autre. Le combat serait passionnant.
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— Je ne te ferais aucun cadeau, la prévint Boruto en se mettant en position.
— Même si tu le voulais, tu en serais incapable, répliqua sa petite sœur, se préparant elle aussi.
Elle portait toujours les cheveux courts ainsi qu'un kimono – bien que sans motif fleuri – néanmoins, quand elle le souhaitait, elle pouvait être beaucoup plus orgueilleuse que lui. Elle était quand même sa petite sœur, il doutait des limites qui lui étaient imposées. Il attaqua quand même, parce que de toute façon, il devait y avoir un combat.
Sa première attaque fut juste un coup de poing. Il y mit toute sa force, espérant qu'elle tomberait sous le coup et qu'il serait déclaré vainqueur. Mais elle répliqua en se défendant et contre-attaqua. Ils échangèrent pendant plusieurs minutes des coups de poing, de pied, des lancés de kunaï et autres attaques de taïjustu.
Ce n'était pas suffisant pour clore le combat certes Boruto était un peu plus fort que sa sœur, sauf que celle-ci était fine stratège et l'avait plusieurs fois touché fortement. D'autant plus qu'elle maîtrisait le jûken. Il avait quand même pu se défendre contre quelques unes de ses attaques aux poings souples. Elle avait été ahurie de constater cela, elle avait même apostrophé leur grand-père, furieuse qu'il ait osé entraîner son frère alors qu'il lui avait toujours dit qu'elle était sa « petite fille préférée ».
Alors le genin de l'équipe numéro sept tenta de coincer sa sœur grâce à du ninjustu. Mais là encore, leur niveau n'était pas assez différent pour déterminer clairement un vainqueur.
Cela les rendait furieux Boruto parce qu'il ne voulait pas qu'on puisse penser qu'il était du même niveau que sa petite sœur, et Himawari parce qu'elle sentait qu'il lui en manquait peu pour aplatir son frère. La colère leur faisait parfois faire des choses stupides, et ils s'insultaient, encore plus qu'au petit-déjeuner.
Les deux ninjas connaissaient toutes les techniques que l'autre maîtrisait, ils connaissaient aussi leur caractère ainsi que leur façon de se battre. C'était un combat sans fin. En désespoir de cause, Boruto utilisa l'orbe tourbillonnant que sa petite sœur contra grâce au tourbillon divin du Hakke. Face à la force non maîtrisée des deux attaques, ils perdirent connaissance.
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Himawari se réveilla avec un horrible mal de tête, et elle avait l'impression que quelqu'un avait trifouillé ses blessures avec une aiguille, c'était très désagréable. Quand elle se rendit compte qu'il y avait une carafe à côté d'elle, elle tendit la main pour l'attraper. N'ayant pas assez de force, ou de volonté, pour se servir un verre, elle but à même le récipient.
— On m'avait dit que les femmes de Konoha étaient spéciales mais je ne m'attendais pas à cela.
À côté d'elle, de toute évidence elle était à l'infirmerie, un jeune ninja de Suna d'environ son âge, avec un pied en bandeau, avait posé son magasine pour se moquer d'elle.
— J'arrive pas à croire qu'on ne t'aie pas d'abords louer notre beauté, plaisanta-t-elle.
Son frère allongé à trois lits d'elle fit semblant de vomir tandis que son coéquipier, un bandage sur la tête, réprimait son rire en quinte de toux.
— Alors je vois que vous êtes tous en vie, c'est dommage.
Hanabi Hyûga entrait dans l'infirmerie, quinze genins la regardaient un peu surpris de ses paroles.
— Vous sortiriez pas avec Kiba, le ninja de toute à l'heure ? questionna Mitsuki qui était assis en tailleur sur le lit de son coéquipier.
— Sortir, mmh... C'est beaucoup dire quand même, je dirais plutôt que...
— Et si tu gardais ta vie privée privée, qu'en dis-tu ? l'interrompit Boruto qui n'appréciait pas du tous les effusions de sa tante.
— Comment vous vous sentez ? demanda la jônin.
Ils haussèrent tous plus ou moins les épaules.
— Est-ce qu'on a encore une chance d'être promu ?
Hanabi se retourna vers la jeune kunoichi d'Iwa. Elle souriait parce que personne ne pouvait répondre à cette réponse avec certitude. Il y a deux ans, personne n'avait été promu à la suite du deuxième jour. Rien ne garantissait un changement. Néanmoins, elle ne pouvait pas leur dire ça sinon ils seraient complètement démotivés.
— Le deuxième jour est comme un bonus temps pour ceux qui, comme Boruto et Himawari, ont tout foiré et veulent se rattraper.
Les deux concernés boudèrent à ces paroles.
— Tout foiré, faut pas abuser quand même.
— Désolée mon cher neveu mais s'évanouir par excès de fierté c'est quand même une belle boulette. Perdre connaissance pour un ninja a à peu près les mêmes conséquences que la mort.
L'adolescent se renfrogna. Il était conscient d'avoir merdé alors il ne pouvait pas vraiment se défendre. En plus de ça, ces futurs adversaires s'étaient battu et il avait perdu une quantité d'informations sur eux. Heureusement qu'ils avaient ses coéquipiers.
— Et vous, c'était comment à votre époque ?
— « Votre époque » je suis pas si vieille que ça, ça remonte à peine à une trentaine d'année.
Les jeunes gens échangèrent des sourires trente ans c'étaient un siècle pour eux.
— Quand je suis passé chûnin, je sortais avec...
— Non ! On veut savoir des trucs sur la guerre.
Hanabi fit semblant d'être surprise.
— Oh sur la guerre... Vous rêvez en couleur si vous croyez que je vais vous dire quoi que ce soit. Prenez-votre mal en patience.
•
Shikadaï commençait à être un peu inquiet. Il suivait cette kunoichi de Kiri depuis plus de cinq minutes dans un dédale de couloir. Il était fatigué et blessé suite à ses combats et n'avait pas envie de se demander si cette femme allait le tuer ou non.
Normalement c'était non, les pays s'étaient alliés en vu de la paix. Depuis qu'il était petit, il entendait cela « préserver la paix, préserver l'alliance », c'était un mantra, un dogme qui parfois lui tapait sur le système.
D'autres fois il le comprenait, quand il trouvait de vieux livres vantant des ninjas qui avaient tout fait pour leur pays ou pour leur clan, le jeune Nara était assez intelligent pour savoir que cela se déroulait ainsi avant. Avant la guerre dont personne ne parlait. Peut-être que faire passer la paix avant tout était une bonne chose.
•
— Merci ! scandèrent les genins en cœur devant Ichiraku.
Le commerçant leurs sourit avant de leur souhaiter bon appétit et de courir s'occuper d'autres clients. Bien qu'ils soient déçus de ne pas avoir été promus dès le premier jour ils passaient un bon moment. Et les paroles d'Hanabi résonnaient encore dans l'esprit de sa nièce attisant sa curiosité.
— Dites, commença-t-elle, vous ne pouvez pas nous parler de la dernière guerre ?
Aussitôt les genins à côté d'elle arrêtèrent leurs activités et leurs discussions dans l'espoir d'une réponse, enfin une réponse. On leur avait brièvement expliquer qu'il y avait eu plusieurs guerres, dont une dernière à l'époque de leurs parents. Et si quelques détails à propos des premières guerres s'échappaient, le plus récent des affrontements était surnommé la Muette. Rien ne filtrait.
— Vous êtes de jeunes ninjas, profiter et ne vous préoccupez pas de tout cela. On vous en parlera certainement bien assez tôt.
•
— Tu peux t'asseoir, lui dit la kunoichi.
Le jeune Nara s'assit en tailleur sur le tapis au sol. Elle s'assit en face de lui. Elle n'avait aucune émotion sur le visage. Le jeune homme n'était pas habitué. Les ninjas qu'il fréquentait à l'académie étaient la bienveillance même, et son chef d'équipe, Mirai, était quelque de confiance, franche et drôle qui n'appréciait pas les devinettes. Il aimait ce genre de personnes, pas de surprise.
Mais les ninjas n'étaient pas des bonhommes souriants, peu importe l'air accueillant de leur Hokage, c'étaient des soldats. Ils étaient capables de tuer des gens si nécessaire.
— Je ne vais pas te tuer. Pour pouvoir devenir chûnin, il faut que tu passes une dernière épreuve, un genjustu appelé le « Cycle de la haine ». Tu es prêt ?
La femme n'attendit pas qu'il ait répondu ou qu'il ait compris tout ce qu'elle lui avait dit. Elle fit plusieurs signes de ses mains et Shikadaï sentit qu'il allait autre part.
Le jeune homme était sur un terrain sinistré. Il n'en avait jamais vu et cela le rendit curieux. Le sol était couvert de cendres et craquelé. Les quelques arbres étaient calcinés. Des morceaux de roches sortaient de la terre de façon tout sauf naturelle. Un ancien champ s'était transformé en marécage.
Puis les cadavres apparurent. Ils avaient une sale odeur rancie et écœurante. Il y avait des ninjas qui agonisaient, une paysanne qui s'était faite surprendre par un ninjustu et se retrouvait écraser sous un énorme rocher. Shikadai voyait un grand père avec une besace vide et un enfant traversé le plus discrètement possible ce terrain.
Il ne vit que deux ninjas encore debout. Ils buvaient de l'eau et étaient quelque peu fatigués vu leur gestuelle lente.
— Il faut se préparer pour demain, rentrons, entendit-il distinctement.
— Abrégeons d'abord les souffrances de tout ce beau monde, dit l'autre de sa voix roque.
Sa main se remplit de chakra sous la forme d'éclairs. Ceux-ci se dispersèrent et achevèrent les quelques survivants.
— Demain ce sera au tour de cette sale ville, ça fait longtemps qu'on a pas détruit de ville non ?
Shikadaï posa sa main sur sa bouche. Il avait peur de rendre quelque chose.
Le décor changea. Il était sur une colline et surplombait une vaste ville. Une vaste ville détruite d'où s'échappaient encore des cris. Shikadaï ferma les yeux. Il les rouvrit quand il n'entendit plus rien.
Une famille était recroquevillée sur elle-même. Ils se seraient les uns contre les autres.
— On aurait du partir...
— Et pour aller où ?
— Peut-être qu'ils nous laisseront en vie.
Shikadaï avait du mal à concevoir qu'on ne puisse même pas influencer sa vie ou sa mort. C'était une famille de charpentier, ils n'avaient juste pas les moyens contre des ninjas. Et un souffle de vent, sûrement provoqué par une technique vu sa puissance, balaya un pan entier de la maison et deux membres de cette famille avec. Les membres restants crièrent, pleurèrent. Les ninjas ne les avaient même pas aperçus et poursuivaient leur combat.
L'ancien genin regarda un des enfants, il fixait les deux ninjas. Lui aussi avait déjà fixer des ninjas, ils avaient quelque chose de fascinant. Sauf que cet enfant était plein de rage, d'impuissance, de colère et cela réveilla son chakra – ce truc qui pouvait vous rendre dangereux, et qui dit dangereux dit respecté.
Il était dans la forêt maintenant. La forêt était un cadre plutôt rassurant pour lui, c'était quelque chose qu'il connaissait. Puis un grognement lui fit lever les yeux. Un corps tombait.
Shikadaï se recula vivement et il put voir le cadavre frappait le sol avec puissance, le sang de sa gorge ouverte se mélangeant avec la poussière. D'autres corps tombèrent, morts, salissant la forêt.
Puis il vit qui les avait tués. Il aurait préféré ne pas savoir.
Shikadaï sentit le tapis. Il s'y accrocha. Il avait envie de vomir, les images lui remontaient en travers de la gorge, son ventre se tordait.
— Bois un peu d'eau, ça te fera du bien.
Le jeune homme accepta, il vida la demi-bouteille d'un coup. Ça le calma un peu.
— Est-ce que c'était la Dernière Grande Guerre ?
— Pas du tout, il s'agissait plutôt des trois premières. Tu as compris ?
Le chûnin hocha la tête et parla d'une voix enrouée :
— Surenchère des ninjas pour rester en vie, et ceux qui en ont souffert ont développé une haine qui a conduit à d'autres affrontements.
— Pas mal, pas mal. Bienvenue dans la cour des grands Shikadaï Nara.
Elle se leva et d'un signe de tête l'incita à le suivre. Ses cheveux bleus se balançaient au fil de sa démarche. Shikadaï était surpris qu'on ne lui demande rien de plus. Pourtant le ninja le précédent semblait considérer que tout était fini.
Elle l'incita à entrer dans une pièce. C'était une grotte ouverte, en face, il voyait la ville et ses lumières. Deux autres jeunes qu'il avait vus au tournoi arrivèrent. Tous les trois se firent face. Cinq silhouettes apparurent tout à coup.
Le foyer au milieu de la pièce leur permit de distinguer les cinq kages. Les trois adolescents étaient surpris de se retrouver seuls avec ces mythiques personnages. Ils s'inclinèrent respectueusement.
— Ils ont l'air d'avoir tenu le choc, fit remarquer le Raïkage avec un sourire moqueur.
Darui-sama.
— Ce n'est que le début, ne parles pas trop vite, précisa Kurotsuchi, la Tsuchikage.
Elle était impressionnante, Shikadaï trouva qu'elle ressemblait à sa mère. C'était la prestance qu'avaient les kunoichis.
— Qu'avez-vous pensez de ce genjustu ?
Les adolescents se regardèrent en biais, pas sûrs de ce qu'ils devaient faire. Était-ce une question rhétorique ?
— C'était pour nous préparer, devina Shikadaï.
Le Mizukage hocha la tête puis Gaara prit la parole.
— Être ninja c'est se battre pour la paix. Si vous ne savez pas de quoi il s'agit, gardez les yeux ouverts et vous verrez la différence entre cette paix instaurée que nous tentons tous de préserver et les guerres par lesquelles nous sommes passés.
— En acceptant ses gilets, vous êtes promus au statut supérieur, compléta l'Hokage, mais vous devenez aussi des défenseurs de la paix et vous devrais la préserver comme nous tous. Profitez de cette soirée les jeunes, la suite de votre formation ne tardera pas.
Après leur avoir tendu leur nouveau gilet, les cinq Kages disparurent.
Le jeune Nara était un peu perdu. Une entrevue avec les cinq des plus puissants ninjas était toujours déroutante. Pour vivre, enfin vivre entre guillemets, avec le conseiller de Nanadaime, il savait qu'il pouvait se sentir flatté.
Les deux ninjas à ses côtés se sentaient comme lui gonflés d'orgueil. Mais d'autres choses se mélangeaient et principalement des souvenirs liés au genjustu subi un peu plus tôt. Les images étaient effarantes de précision.
— Je crois qu'on peut rejoindre les villageois et nos amis.
Ils n'eurent aucun mal à rejoindre la fête puisque les villageois et les invités faisaient beaucoup de bruits. Les rues paraissaient trop étroites pour la quantité de personnes, les gens se compressaient dans les rues, se serraient dans les restaurants et même les commerçants – qui avaient depuis plusieurs années décidé de partager leurs boutiques pour les grands rassemblements – devaient se presser derrière leurs comptoirs.
— Hey les grands chûnins ! s'exclama Himawari qui les avaient repérés à travers la foule.
— Choisissez ce que vous voulez les enfants, pour vous trois, aujourd'hui, c'est gratuit ! Félicitations !
Les trois ninjas remercièrent chaleureusement le commerçant qui prit leur commande sans attendre. Beaucoup de gens autour d'eux les félicitèrent, pour leurs combats et pour leur grade supérieur.
— Il paraît qu'il se passe quelque chose de spécial quand on est promu, fit remarquer Sarada, aussi curieuse que ses camarades.
— C'est pas faux, avoua Shikadaï.
— Dis-nous en plus, s'il te plaît.
Le garçon regarda son amie, Himawari, qui lui touchait le bras – elle qui était si peu tactile.
— Non, désolé je peux rien dire.
Boruto éclata de rire, se moquant pleinement de sa jeune sœur.
— Ta carrière de kunoichi commence bien, même pas capable de convaincre un garçon.
La réponse de la jeune fille ne tarda pas, elle lui envoya une baguette droit sur le front, assez fort pour le faire tomber de sa chaise.
•
Plus tard dans la soirée, Shikadaï trouva enfin ses parents. Il avait parcouru tous les stands et commençait à trouver bizarre de n'avoir même pas aperçu ses géniteurs. Sa mère l'entraîna sur un toit pour pouvoir profiter d'une belle vue et discuter tranquillement.
— Content d'être promu ?
— Oui, oui je crois. Enfin c'est surtout encore plus de responsabilité mais mis à part ça, c'est plutôt cool.
— Tu t'ennuierais vite si tu n'avais aucune responsabilité. Profite car je ne pense pas que tu en auras moins de responsabilité un jour.
Son fils hocha la tête, profitant de la boisson qu'elle lui avait offerte. Ce n'était pas de ça qu'il avait envie de parler.
— Le genjustu, c'est nouveau pour les chûnins ?
— Ça a été mis en place à la fin de la dernière guerre.
— Alors tu ne l'as jamais vu toi ?
— Si, la dernière fois c'était il y a deux mois.
— Pourquoi ? Tu avais fait une erreur dans une mission ?
— Non, je l'ai demandé.
Shikadaï faillit s'étouffer tellement il ne s'y attendait pas. Il ne comprenait pas comment on pouvait demander ce genjustu il l'avait subi il y a quatre heures et ça lui retournait encore le ventre. Il avait été incapable de pleinement profiter de la soirée car les souvenirs le rattrapaient sans prévenir. Tout ou presque pouvait le ramener à ces visions de guerre.
— Pourquoi ? Ces images sont horribles, j'ai encore l'odeur du sang et le bruit des armes et des attaques, parfois l'envie de vomir remonte... On peut pas demander cela...
— Ces visions, c'est ce qu'ont vécu tes grands-parents. C'est de là que la plupart des ninjas puisent la force d'oublier leurs sentiments parasitaires telle que la colère ou la fierté on fait table rase des clans et des villages pour se concentrer sur un bien commun : la paix. Il suffit de peu pour détruire la paix, on ne peut pas toujours éliminer le maillon faible. C'est pour cela que l'on prévient les ninjas le plus tôt possible des conséquences de la guerre.
— Beaucoup de ninjas en demandent ?
— Oui, on est nombreux.
— Demain, ça va recommencer ? Ils ont dit que la formation allait poursuivre...
— Sois pas si inquiet, les formations sont très intéressantes.
— Sachant que tu as demandé ce genjustu, je vois pas comment ça pourrait me rassurer.
Sa mère rit en jouant avec son ananas.
— Serais-tu en train de bouder ?
Il s'écarta de la main de sa mère.
— Tu peux pas lâcher quelques informations au lieu de te moquer de ton fils unique ?
— Les secrets ont une raison d'être. Lorsque les forces ninja ont été repensés, Nanadaime a proposé une nouvelle formation pour les chûnins qui serait commune à tous les villages. Et ça s'est réalisé, et ça a toujours lieu maintenant. Le but est d'unifier les forces ninjas un peu comme ce fut le cas durant la Quatrième Grande Guerre Ninja.
— Si c'était une alliance entre tous les shinobis, pourquoi la cacher ? C'est pas exactement ce qui est toujours en place aujourd'hui ?
— L'Alliance de la Guerre était bancale et de circonstance. Nous avions un ennemi commun, nous ne pouvions pas lui faire face divisés alors on s'est allié. Rien à voir avec la situation actuelle, rien. Quand au secret de la Guerre, ce n'est pas vraiment celle-ci qui est caché mais plutôt ses causes.
— Pourquoi ces causes ?
— Parce qu'elles remontent jusqu'à la Première Grande Guerre Ninja.
— Je suis complètement perdu, les autres Guerres Ninjas ne sont pas secrètes elles.
— Ah bon ? Alors explique-moi un peu ce qu'il y a eu lieu.
— Bah, la Première Guerre était... entre, entre des clans je crois. Et il y a eu le premier et le deuxième du nom qui ont participé.
Shikadaï se sentait hyper stupide, surtout en voyant les yeux de sa mère si rieurs.
— En fait, on sait quasi rien n'est-ce pas ?
Sa mère hocha la tête doucement.
— Ce n'est pas de votre faute, ça a toujours été comme ça. Tous les documents étaient classés, protégés par des secrets et des pactes. Encore une fois, c'est Naruto qui a eu l'initiative de faire des recherches, il a lui même déclassifié tous les documents de Konoha sur les conflits et a invité les autres Kages à faire de même. C'est aussi lui qui a dépêché plusieurs personnes, des ninjas mais aussi des samouraïs, des étudiants qui visaient le conseil et cela de différents pays et les a incité à rédiger l'histoire de ces guerres sans prises de partis. Ce qui était assez révolutionnaire puisque avant, chaque village désignait son méchant, parfois à cause d'une mauvaise interprétation, ou d'un manque d'informations.
Le jeune chûnin restait accroché aux lèvres de sa mère, comme quand il était plus jeune et qu'elle lui racontait une histoire.
— Ça a fonctionné ?
— Oui, et même plus qu'il ne l'espérait tous les villages ont reconnu la plupart des essais rédigés à ce sujet. Et ils ont tous envoyé baladé les vioques qui demandaient à faire le procès de tel ou tel clan ou village, finit-elle avec un sourire joyeux.
— Je pensais pas que Nanadaime en avait tant fait pour la paix, avoua l'adolescent en regardant le visage gravé dans la pierre.
— Ce n'est qu'une petite, très petite, partie de ce qui maintient la paix en place. Mais c'est quelque chose que j'ai toujours trouvé admirable. Avec ton père, ainsi que tous les ninjas de tous les villages, ils ont fait beaucoup. Tu sais, quand moi je passais l'examen Chûnin, j'étais un agent double. Suna s'apprêtait à rompre ses accords avec Konoha en lançant un offensive avec le village du Son.
— Une offensive ? répéta Shikadaï ahuri, sur notre maison ?
— Oui, une offensive, le but était d'affaiblir Konoha si la défense n'avait pas été aussi bien organisée, cette offensive aurait pu décimer la population. Peut-être que ta grand-mère serait morte... En tout cas, si une seconde alliance n'avait pas été formée, tu ne serais pas là. Pour moi tu es comme la paix, je te chérirai toujours, je te protégerai toujours et si besoin, je prendrai les armes.
