Jeux d'enfants
Auteurs: Yerno et Charlie
Disclaimer: Les personnages ne sont pas à nous, et dans un sens, c'est peut être mieux, vu tout ce qu'ils doivent subir... '
Le p'tit mot de Yerno: Charlie m'a un jour dit qu'elle avait eu une idée de fanfic mais qu'elle n'était jamais parvenue à la concrétiser vraiment. Elle m'a tout dit, et j'ai trouvé l'idée vraiment excellente, alors je lui ai demandé si elle serait d'accord pour que je l'aide à en faire un résultat concret. Elle a accepté et nous avons commencé à écrire cette fanfic!!
Le p'tit mot de Charlie: Bah voila, Yerno a tout expliqué, j'ai eu une idée, l'inspiration ne venait pas, et Yerno s'est gentiment proposé pour l'écrire. Voici le résultat, en espèrant qu'il vous plaira ;)
Les feedbacks et autres commentaires sont évidemment les bienvenus (yernomailyahoo.fr ou )
Le point de vue est celui de Carol.
Bonne Lecture !
Le jeudi 11 avril 2002
6 heures.
Je me levai. Doug était allongé à côté de moi, encore endormi.
Je déposai un tendre baiser sur ses lèvres pour le réveiller : il était l'heure
de se préparer pour une nouvelle journée de travail. Je détestais les jeudis. Je
les avais toujours détestés, je ne sais pas trop pourquoi, mais c'était ainsi
depuis mon adolescence.
" Tu veux que j'aille te préparer un bon petit café ?
me demanda-t-il avec son regard si doux.
-Non, répondis-je, merci... Reste au
lit, pour une fois, c'est moi qui vais t'apporter ton petit déjeuner. Depuis le
temps que tu m'offres ça, j'ai envie de te faire plaisir !
-Je t'aime.
"
Nous échangeâmes un sourire et un second baiser, plus intense et plus long,
avant que je me lève pour aller mettre la cafetière en route. Pendant que
l'appareil préparait la boisson préférée de tout employé du corps médical,
j'allai prendre une douche chaude. Curieusement, il faisait un froid
insoutenable en cette matinée de début de printemps. L'eau brûlante ruisselait
sur mon corps, me procurant ainsi une sensation d'intense bonheur : je sentais
déjà que cette journée allait être terriblement longue, et cette douche me
faisait un peu oublier mes préoccupations. Après m'être totalement lavée, je
coupai l'eau, mis un peignoir en tremblant de froid, sortis de la douche et me
regardai dans le miroir. Mes lèvres étaient bleuies par la température
étonnamment basse.
Je sortis de la salle de bains une fois totalement vêtue
et prête à prendre mon petit déjeuner et à partir pour une nouvelle journée de
travail. Je versai le liquide noir bouillant dans une tasse que j'avalai en
trente secondes. Je déposai des toasts tout juste grillés avec du beurre sur un
plateau pour les apporter à l'amour de ma vie, qui se prélassait encore sous la
couette.
" Tu es adorable, me dit-il en me lançant un regard langoureux,
merci ma chérie...
-Je vais saluer les filles, tu n'oublieras pas de les
conduire chez la nourrice ?
-Ne t'en fais pas pour ça. "
Je parcourus le
couloir qui menait à la chambre des deux autres amours de ma vie. Je pénétrai
dans la pièce, et un souffle d'air glacial s'attaqua à mon visage. Par réflexe,
je plissai les yeux. Une fois remise, je constatai avec effroi que la fenêtre
était ouverte. Pourquoi Doug avait-il donc ouvert la fenêtre des filles avec un
froid pareil ? Il ne fallait pas que j'oublie de lui en toucher un mot. J'allai
la refermer aussitôt puis me dirigeai vers les lits des deux petites.
"
Kate... Tess... C'est l'heure de se... "
En soulevant la couverture, mon
coeur se mit à battre d'angoisse : Kate n'était pas là. J'allai voir dans le lit
de Tess, mais elle était elle aussi absente... Paniquée, je courus à travers la
maison et allai rejoindre Doug dans la chambre.
" Doug ! Où sont les filles ?
OU SONT LES FILLES ?
-Dans leur chambre voyons !
-Très amusant ! Tu me
prends pour une idiote ou quoi ? Elles n'y sont pas ! "
Je courus à l'étage
voir dans la salle de jeux, balançai tous les jouets sous l'action de la
panique. Il régnait un désordre monstrueux dans cette pièce, et les tas d'objets
se succédaient sans que je parvienne à retrouver la moindre trace de mes filles.
Je sortis de la pièce et me précipitai vers le salon, où je soulevai avec
désespoir tous les coussins en criant les prénoms de mes fillettes à tout bout
de champ. Doug faisait de même dans la salle à manger. Plus nous hurlions, plus
les sanglots se faisaient ressentir dans nos voix. J'allai voir dans la cuisine,
et comme si c'était possible, j'ouvris machinalement chacun des tiroirs, à la
recherche de mes filles... L'état de terreur dans lequel je me trouvais me
faisait faire n'importe quoi. Je me calmai un instant, pris une grande et longue
inspiration, réalisant que ce n'était pas en me précipitant partout que
j'arriverais à quoi que ce soit. Doug entra dans la pièce et me vit, l'air
hagard.
" Tu fais une pause ? me demanda-t-il, l'air horrifié.
-Doug,
dis-je désespérée, de toute façon, ce n'est pas en hurlant partout qu'on va
arriver à quoi que ce soit... Elles ne sont nulle part, elles n'ont pas pu se
cacher bien loin...
-Elles sont forcément quelque part ! Enfin Carol ! Ce
sont nos filles !
-Je sais, mais j'ai bien peur que ce soit un enlèvement
Doug... Elles ont à peine deux ans, comment veux-tu qu'elles se déplacent si
loin ?
-Bon... Appelle la police, moi, je vais voir dans le jardin s'il y a
quelque chose d'anormal... On ne sait jamais... "
Je me précipitai sur le
téléphone, composant le 911 à une vitesse fulgurante.
8 heures.
On frappa à la porte. Je me jetai sur la poignée, tant la
panique était à son comble. Deux inspecteurs de police se présentèrent :
inspecteur Folk et inspecteur Jackson. L'inspecteur Folk était un homme de
petite taille, assez dégarni et dont le peu de cheveux était totalement blanc.
Il devait avoir une cinquantaine d'années et portait un long manteau en toile
noire. Sa collègue, l'inspecteur Jackson, était une femme jeune d'environ trente
ans, très élégante et féminine. Exactement à l'opposé de son aîné. Elle portait
une jupe noire qui lui arrivait aux genoux et un élégant pull bleu turquoise.
Par-dessus, une veste noire sur laquelle était posée une broche en or en forme
de vague. Je les invitai à entrer et leur proposai quelque chose à boire. Après
avoir poliment refusé, ils sortirent un carnet de notes et me posèrent diverses
questions. L'inspecteur Folk m'adressait la parole, pendant que l'inspecteur
Jackson notait l'essentiel de mes paroles.
" Quand avez-vous vu vos filles
pour la dernière fois ?
-Hier soir, lorsque nous les avons couchées.
"
Doug me regarda un instant, puis jeta un oeil au petit homme chauve chargé
de l'enquête sur la disparition de nos filles avant d'intervenir :
" Kate a
pleuré cette nuit. Je me suis levé, je croyais qu'elle avait fait un cauchemar,
mais peut-être qu'en fait, elle a vu son kidnappeur par la fenêtre et a pris
peur... "
L'inspecteur se tourna vers l'homme de ma vie et lui adressa la
parole à son tour :
" Avez-vous vu ou entendu quelque chose de suspect,
d'inhabituel à ce moment ?
-Non, rien.
-Vous êtes sûr ? "
Doug prit un
instant pour réfléchir. Son visage était perturbé, je ne l'avais jamais vu
ainsi... Il cherchait, cherchait, cherchait, et plus les secondes passaient,
plus les larmes lui montaient aux yeux. Rien ne lui revenait, aucun
souvenir.
" Je suis désolé, s'excusa-t-il auprès des deux inspecteurs, mais
non. Je ne me souviens de rien d'inhabituel. "
Les inspecteurs se tournèrent
de nouveau vers moi afin de continuer l'entretien.
" Racontez-nous ce qui
s'est passé ce matin, à partir de l'instant où vous vous êtes levée jusqu'au
moment où vous nous avez appelés.
-Lorsque je me suis levée, j'ai mis la
cafetière en route puis quelques toasts dans le grille-pain avant d'aller
prendre une douche. J'ai servi son petit déjeuner à Doug, je lui ai demandé de
ne pas oublier d'appeler la nourrice... Jusqu'ici, la routine habituelle, à une
exception près que c'était Doug qui préparais le petit déjeuner d'habitude... Je
ne pense pas que ça vous sera très utile, mais comme vous m'avez dit de tout
vous raconter, je préfère n'omettre aucun détail.
-Vous avez raison, commenta
l'inspecteur Folk, continuez, je vous prie.
-A ce moment, je suis arrivée
dans la chambre des filles, et là, j'ai été surprise de voir que la fenêtre
était ouverte. Il faisait extrêmement froid dans la chambre. Je me suis
précipitée pour fermer la fenêtre, ensuite, je me suis approchée du lit de Kate
et... en soulevant la couette... "
Je me tus un instant. C'était trop dur, je
ne pouvais pas dire une chose pareille. Un sanglot s'échappa de ma voix.
" Je
sais que c'est difficile, dit l'inspecteur Jackson en s'approchant de moi et en
me serrant dans ses bras, visiblement compatissante. Mais, vous devez être
forte, vous devez tout nous raconter en détail, c'est important pour
l'enquête.
-Excusez-moi, répondis-je alors en me reprenant, j'ai donc vu
que... Kate n'était plus là en soulevant la couette. Le lit de Tess était vide
également. "
L'entretien continua ainsi pendant une heure. Une heure durant
laquelle je devais ressasser sans arrêt le moindre petit détail de ce qui
s'était passé ce matin, de ce qui aurait pu me paraître inhabituel. Hormis le
fait que ce soit moi qui ait préparé le petit déjeuner pour Doug, je ne voyais
rien d'inhabituel à cette matinée, et comme c'était moi qui lui avais proposé ce
service, je savais que de toute façon, il n'y avait aucun lien avec cette
mystérieuse disparition, sans parler du fait que j'offrais à Doug une confiance
sans borne. Les inspecteurs quittèrent donc la maison en nous remerciant de
notre patience et en nous assurant qu'ils nous appelleraient dès qu'ils auraient
du nouveau sur cette disparition.
12 heures.
J'étais assise dans un fauteuil du salon, accablée. Doug
s'approcha de moi. Son visage était pâle et une barbe naissait sur son
menton.
" Carol, me dit-il, tu devrais manger un peu, tu n'as déjà pas pris
de petit déjeuner ce matin, il faut que tu te nourrisses...
-Je suis désolée
Doug, répondis-je, mais je n'ai pas faim... Je n'ai pas la force de manger. Ma
gorge et mon estomac sont noués... Qu'est-ce qui s'est passé bon sang ?
"
Cette question ne quittait plus mon esprit depuis l'instant où j'avais
réalisé que mes filles, que mes enfants, que ce produit de l'amour si fort qui
nous unissait, Doug et moi, avaient disparu. Pourquoi ? Comment ?
" Tu crois
que nous sommes de mauvais parents ? demandai-je à mon amour.
-Non... Bien
sûr que non, me répondit-il, qu'est-ce qui te fait dire une chose pareille
?
-Et bien... Oh Doug... nous étions à l'autre bout du couloir, mais nous ne
vivons pas dans un château ! Nous aurions dû entendre quelqu'un pénétrer dans
notre maison ! Nous aurions dû entendre les filles pleurer, se réveiller ! Et
puis, la fenêtre n'était même pas cassée... Comme ce kidnappeur a-t-il réussi à
entrer ? Et puis, qui est-ce ? Et pourquoi ? Pourquoi nos filles ? Pourquoi
s'acharner ainsi sur nous ? Nous n'avons rien entendu Doug... Ce n'est pas
normal. "
Je m'étais retenue depuis des heures, mais cette fois-ci, tout
sortit : j'éclatai en sanglots, me jetant dans les bras de Doug. Je sentais ces
chaudes larmes couler sur mes joues, et cette angoisse intérieure qui me
tiraillait à mesure que les sanglots se succédaient. Je pleurais et ne parvenais
plus à m'arrêter. C'était un cauchemar. Non, ce n'était pas possible, j'allais
me réveiller, je ne faisais qu'un mauvais rêve... La vérité, c'est que ce
n'était malheureusement pas un rêve, tout ceci faisait bien partie de la
réalité... Cette réalité, cette si cruelle réalité qui nous tuait un peu plus
chaque jour. Je voulais revoir mes filles, je voulais les revoir saines et
sauves... et au plus vite.
20 heures.
La nuit commençait à tomber sur cette journée de printemps. Un
nouveau jeudi venait de passer, et les événements qui nous avaient touchés ce
jour-là étaient loin de faire remonter ce jour de la semaine dans mon estime.
L'angoisse était à son comble, je ne savais plus comment réagir. Je m'étais
totalement vidée de mes larmes, je n'avais même plus la force de pleurer.
J'avais essayé de manger un peu : sans succès. Nous n'avions eu aucune nouvelle
de la police de Seattle durant la journée. Ils continuaient sûrement leurs
recherches. Quelques policiers étaient venus dans l'après-midi pour relever
quelques empruntes dans la terre de notre jardin, mais tout avait été
apparemment soigneusement effacé. Soudain, Doug m'appela. Il était au
téléphone.
" Oui ?-Bonsoir inspecteur Folk... Vous avez des
nouvelles ?-Quoi ?-Je... je... non... c'est... c'est
impossible...-D'accord... nous arrivons tout de suite... "
Doug me
regarda et se mit à pleurer. C'était la première fois que je le voyais pleurer,
et mon moral en prit un mauvais coup.
" La police a retrouvé les corps de
deux bébés de deux ans noyés dans une rivière en pleine montagne, me dit-il la
voix pleine de sanglots et de désolation, nous devons aller reconnaître les
corps. "
Un frisson d'effroi me parcourut. L'horreur était à son comble : si
ces deux bébés étaient mes filles, je ne tiendrais pas le coup. Je ne pourrais
pas vivre sans mes deux enfants, ce ne serait pas possible.
21 heures
Doug et moi fûmes accueillis par le médecin légiste. Il nous
expliqua la procédure à suivre : il s'agissait de rester derrière une vitre. Le
légiste, de l'autre côté de la vitre, allait ouvrir un rideau, nous laissant
voir ainsi les corps des deux victimes. L'homme nous avait expliqués que les
deux fillettes étaient probablement mortes avant leur noyage proprement dite :
elles avaient du faire une chute vertigineuse, leurs crânes étant fracassés. De
plus, la police avait noté qu'un pont s'était brisé à quelques mètres vers la
gauche d'où on avait retrouvé les corps inertes. Doug et moi devions frapper
trois coups contre la vitre pour que le légiste ouvre le rideau et laisse place
dans notre esprit soit à l'effroi, soit au soulagement.
Nous frappâmes. Le
rideau s'ouvrit et aussitôt, je reconnus les visages de mes deux fillettes
ensanglantés, réduits pratiquement à néant, mais reconnaissables, horriblement
reconnaissables... Une impression d'air frais parcourut mon corps, des points
blancs troublèrent ma vision, ils se multipliaient devant mes yeux, jusqu'à ne
former plus qu'un écran blanc. Soudain, ce fut le vide complet. J'entendais
vaguement quelques sons et voyais quelques images floues. Je sentais qu'on me
soulevait, qu'on me transportait.
21 heures 10.
Mes yeux s'entrouvrirent. Je vis mes jambes face en inclinaison
vers le haut, et remarquai que Doug me les tenaient en hauteur.
" C'est pour
faire remonter le sang jusqu'à ton cerveau, me dit-il avec un triste
sourire.
-Elles sont... elles... elles sont..., répétai-je avec beaucoup
d'hésitation, elles...
-Oui Carol, je suis désolé. "
Je tournai la tête de
manière à ce qu'on ne voie pas mon visage. En vérité, je ne réalisais pas le
tragique de cette situation : je venais de perdre mes deux filles. Mes deux
bébés, que j'avais mis au monde un peu plus de deux ans auparavant, étaient
morts. Le médecin légiste me regardait avec un léger sourire compatissant. Doug
et lui étaient autour de moi, visiblement inquiets. Je me levai lentement,
marchai un peu, afin de me remettre de ma perte de connaissance.
" Alors,
dis-je la voix tremblante, c'est tout ? C'est fini ? C'est comme ça ?
-Je
suis désolé, s'inclina le médecin légiste. Je sais combien votre peine doit être
immense.
-Vous savez, m'écriai-je, vous SAVEZ ? ? Qu'est-ce que vous en savez
? Vous avez perdu, vous, deux bébés de deux ans morts le crâne fracassé contre
des pierres en plein milieu d'une rivière suite à une chute d'un pont qui se
situait peut-être dix, vingt, quarante, cinquante mètres au-dessus du sol ? Vous
savez ce que ça fait de voir ensuite le visage de ses enfants décomposé juste
parce qu'il faut les reconnaître ? Admettre que ce sont bien eux qui sont morts
?
-Carol, répliqua Doug, calme-toi...
-Tais-toi, poursuivis-je avec une
violence que je ne saurais qualifier, ferme-la ! Aujourd'hui, je me suis levée
avec plaisir en voyant le visage de l'amour de ma vie à mes côtés alors que je
savais que j'allais passer une journée pas franchement joyeuse... Puis d'un
coup, j'ai découvert que mes filles avaient disparu, et là, tout a basculé !
J'ai été interrogée toute la journée, j'ai été dérangée et angoissée à chaque
heure par la présence des forces de l'ordre, tout ça pour qu'on m'annonce, le
soir même de la disparition de mes filles, qu'elles sont mortes ? Mortes, qui
plus est, dans d'atroces circonstances ? "
Je pris une profonde inspiration
avant de laisser échapper un énorme sanglot.
" Je crois que nous allons
rentrer, s'excusa Doug, qui n'avait pas la force de pleurer, auprès du médecin
légiste. Nous avons subi beaucoup de pressions aujourd'hui, vous pouvez nous
comprendre... Nous allons en parler à la maison. Allez, viens Carol. "
A suivre...
