" - Ma mère est sous la douche, la clé est sous le pot de fleurs près de la fenêtre.
- Merci gamin. Il est plus que l'heure pour toi d'aller dormir maintenant.
Henry poussa un grommellement et répondit :
- Bonne chance Emma.
- Bonne nuit Henry.
Elle accrocha le talkie-walkie à sa ceinture et se dirigea vers la porte d'entrée. Elle avait besoin de ces documents. Eux seuls pouvaient prouvés la culpabilité du maire. Après son humiliation publique dans l'affaire du terrain de jeu, elle tenait cette fois à ne rien laisser au hasard. Elle souleva le pot de fleurs blanc qui se trouvait sur le rebord de la fenêtre et y attrapa la clé. Le maire ne laisserait sûrement plus rien de compromettant à son bureau après la petite effraction d'Emma. Tout devait être chez elle. Ou du moins elle l'espérait. Et avec Henry dans la maison, Emma pouvait surveiller les faits et gestes de Regina. Il lui fallait absolument faire libérer Mary Margareth. Elle inséra la clé dans la serrure et la tourna doucement. Lorsqu'elle entendit le « clic » éloquent, elle abaissa lentement la poignée et pénétra dans la demeure. Elle jeta un œil au miroir accroché dans l'entrée avant de se rappeler qu'elle devait faire vite. Elle grimpa les marches de l'escalier de bois une à une, rapidement et le plus silencieusement possible. Elle déboucha sur un grand couloir bordé de portes en bois blanc. Elle en repéra une avec une pancarte bleu « Henry ». Sans aucun doute la chambre de son fils. En d'autres circonstances, elle n'aurait pas pu résister à la tentation. Voir la chambre de son fils était une des choses dont Emma avait le plus envie ces derniers temps. C'était sans doute un lieu important pour Henry, il y avait grandit. Elle aurait aimé le partager un peu avec lui. Elle soupira discrètement avant de reporter son attention sur les autres portes. Certaines étaient entrouvertes. Avec un peu de chance la chambre du Maire était une de celles-ci. Elle y trouverait sûrement quelque chose d'intéressant. Elle avança et commença à jeter un coup d'œil rapide à travers l'entrebâillement des portes. Elle commençait à manquer de temps. Peut-être devrait-t-elle revenir un autre soir…
Soudain elle entendit le parquet craquer et, prise de panique, elle commit l'action irréfléchie et dangereuse de se réfugier derrière une des portes fermées. Elle ouvrit brusquement la première porte devant elle et la referma tout aussi soudainement. Elle attendit un peu, plaquée contre la porte, que les pas dans le couloir s'estompent. Sa douche avait durée moins longtemps que prévu. Emma était à présent coincée dans une pièce de la demeure de son pire ennemie. Ce n'est qu'à cet instant qu'elle entendit la voix du maire, du côté de la porte auquel elle s'attendait le moins.
- Henry ?
Emma soupira. C'est une blague… Elle leva les yeux au ciel. Vraiment ?... Elle avait atterri dans la salle de bain de son bourreau. Elle avait tout fait pour éviter de la croiser et voilà qu'elle se jetait elle-même dans la gueule du loup… Certainement aurait-elle trouvé cela comique si elle n'avait pas été dans une situation aussi délicate. Elle pensa immédiatement à prendre la fuite. Puis elle commit l'imprudence de poser ses yeux sur la porte vitrée de la douche. A travers la vapeur d'eau, Emma distinguait nettement les contours du corps de Regina Mills. Ses yeux s'accrochèrent à ses mains. Elle suivit un moment leur parcours. Elles caressèrent son cou, la tête en arrière, puis ses bras, ses seins, son ventre, ses jambes. Elle sentit une chaleur vive s'emparer de son corps, son cœur cognait contre sa poitrine. Elle était pratiquement sûre que Regina elle-même l'entendait. Elle se senti mal. Le maire avait cette sorte de pouvoir sur son corps. Elle était incroyablement et irrésistiblement attirée par ses formes. La main de Regina se posa sur le robinet et le bruit de l'eau s'arrêta. Regina réitéra sa question.
- Henry ? C'est toi mon cœur ?
Emma ne pouvait décemment pas parler, sa voix l'aurait trahit. Par conséquent elle se tût, retardant l'inévitable révélation. Elle vit les ongles vernis rouge du maire se poser contre la porte et la faire doucement coulisser. Elle passa la tête par l'ouverture ainsi formé et prit connaissance de l'intruse. Son visage n'exprima qu'une infime surprise. Ni colère ni outrage.
- Ah c'est vous Miss Swan…
Dit-elle simplement. Emma ouvrit la bouche et fronça les sourcils. La plus surprise des deux n'était sans doute pas celle qui aurait dû l'être.
- Je suppose que oui…
Regina se saisit d'une serviette verte pomme posée à proximité et l'entoura autour de sa poitrine tout en sortant de la cabine de douche. Emma ne détourna pas le regard. Elle remarqua les cheveux secs de Regina ainsi que son maquillage intact. Cette femme était-elle réellement en train de se doucher… ? Les gouttes d'eau sur sa peau en attestaient pourtant. Regina releva la tête et sourit.
- Fermez donc la bouche sheriff. Je pourrais croire que je vous plais.
- Je ne suis pas venue remplacer Graham.
Répliqua-t-elle d'une voix glaciale en fronçant les sourcils.
- Je venais voir Henry. J'ai oublié quelque chose dans son sac. C'est important. Et comme je ne le vois pas avant deux jours… J'en ai vraiment besoin.
Regina avait l'air amusée. Elle haussa tout d'abord un sourcil en signe d'incompréhension puis cerna l'intention du sheriff. Emma s'attendait à ce qu'elle se mette hors d'elle, qu'elle l'insulte, qu'elle menace d'appeler la police, de porter plainte, d'écarter son fils d'elle à jamais. Mais elle n'en fit rien. Emma se senti le devoir de s'expliquer un peu plus.
- Je ne suis pas venue pour… Enfin… Je ne voulais pas vous déranger. Pas ici.
Elle eut envie de se gifler. Ridicule… Elle se sentait ridicule… Regina accrocha brutalement le regard d'Emma et répondit.
- Si vous disiez vrai vous n'auriez certainement pas manqué de remarquer le panneau bleu accroché à la porte d'Henry. N'est-ce pas ma chère ?
Se contenta de répondre le maire. Emma commençait à transpirer. Les vapeurs de la douche emplissaient encore la pièce. Le miroir au-dessus du lavabo de granite clair était lui-même couvert de buée. Et elle pouvait difficilement nier que le corps si peu vêtu du maire n'aggravait pas la situation. Emma avait toujours trouvé Regina attirante. Son corps, son allure, sa voix surtout. Ils détenaient un puissant empire sur sa propre personne. Il suffisait d'un mot pour que son estomac se presse, que sa bouche devienne sèche et que ses idées s'embuent. Son cerveau semblait alors noyé dans une euphorie des plus totales qui lui était difficile de gérer et de dissimuler. La haine qu'elles éprouvaient l'une envers l'autre était une échappatoire idéale qui la motivait assez pour se sortir de situations assez pénibles. Et si dans un premier temps la situation avait été perturbante, elle avait désormais apprit à contrôler son corps et son cerveau.
La situation présente changeait bien évidemment la donne. Coincée dans une salle de bain brûlante avec le maire presque nue près d'elle la mettait considérablement en difficulté. Ses idées se brouillaient. Elle avait même du mal à mentir, elle qui, pourtant, avait acquis une si grande facilité dans ce domaine grâce à son ancien métier.
- Oui...
Commença-t-elle, tentant de trouver au plus vite quelque chose pour la sortir de ce mauvais pas.
- Mais j'ai entendu des pas dans le couloir. Je me suis réfugiée derrière la première porte.
- Henry ne vous a pas prévenu que nous avions désormais un chat ? A quoi vous servent donc ces talkie- walkie ?
Emma allait de surprise en surprise. Elle en savait beaucoup plus qu'elle ne le pensait. Elle avait la désagréable impression de s'être fait prendre au piège. Regina remarqua l'air contrarié d'Emma. Elle s'approcha d'elle, la contraignant à reculer jusqu'à être dos à dos avec la porte.
- Croyez-vous réellement qu'un seul détail des misérables complots des habitants de cette ville m'échappe Miss Swan ?
Prononça-t-elle en prenant le soin d'articuler parfaitement chaque syllabe. Son regard s'était durcit. Elle était maintenant assez proche d'elle pour sentir son souffle brûlant contre sa peau humide. Emma était acculée contre la porte de bois dur, le corps de Regina presque collé au sien. Elle pouvait sentir la chaleur se dégageant de chaque goutte d'eau ardente posée sur sa peau. Emma tenta de ne pas perdre pied et plongea ses yeux dans ceux de Regina.
- Vous devriez retirer votre veste shérif. Vous avez l'air d'avoir terriblement chaud… Je ne tiens pas à ce que vous perdiez connaissance. J'aurais quelques difficultés à expliquer votre présence dans ma salle de bain aux secours.
