K.O. tic
"Hey ! c'est plus des bulles d'air que t'as dans le cerveau ! ce sont des trous ! des énormes trous ! tu es fracassé de la tête, ma Belle ! ha ha ha ha !"
Regard noir.
"Ouais ! y'a plus rien à faire pour toi ! alors... autant se servir de ce qui semble encore fonctionner..."
La main vient insidieusement se placer au niveau de l'entrejambe, doigt sillonnant à l'intérieur de la courbe.
"L'affaire de 5 petites minutes..."
Non. Bien moins que ça.
Les dents ont arraché l'oreille.
Mais même avec une oreille en moins, Steve paraît toujours aussi crétin, si ce n'est plus.
Ah ! le pauvre... il n'y a rien à faire pour lui !...
"On a trouvé une panoplie gothique chez elle. Doublé de quelques belles armes de collection. Sans doute volées. La fouille des fichiers contenant certaines images malsaines. Le casier judiciaire est vierge. Elève exemplaire en classe. Discrète. Effacée. Merde ! qu'est-ce qui tourne pas rond chez cette fille ?"
"Ca... les psys nous le diront !..."
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"Dr Szaborysz pour le patient n° #3265." puis relâchant la touche REC : "Je dois vous dire que notre entrevue est enregistrée."
Après avoir feuilleté quelques papiers, l'entrevue commence.
"Bien. Comment vous sentez-vous aujourd'hui ?"
"Je ne peux pas parler."
"Pour quelle raison ?"
"Je ne parle pas avec les morts."
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Enième tentative d'évasion.
Arrêt devant la salle de repos des gardiens.
"Hey ! t'a entendu les dernières nouvelles ? ce taré de Joker a pris la ville en otage ! on va recevoir l'ordre de balancer tout ce petit monde sur un ferry demain !..."
"Faut les foutre tous à la flotte, oui ? ou les laisser en ville avec ce timbré !"
La porte s'ouvre sur elle.
Cheveux en pagaille devant le visage façon Samara. Yeux éteints.
"Putain ! viens là que je te..."
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Ligotée. C'est tout gagné !...
Joker... Joker... ah oui, ça y est ! ce type là, qui ressemble au clown le plus dérangé que la Terre ait porté !...
Ce qui est étrange c'est qu'elle n'en distingue que la carrure. Les épaules carrées.
Ouais... enfin quoi qu'il en soit, depuis que cet esprit sévit en ville, la vie a un petit goût plus prononcé... un léger soupçon de chaos.
Quelques petites sensations agréables naissent au creux des reins. Mémoire stockée.
Jamais cité n'a été aussi proche du basculement. Même enfermée, elle peut sentir... le vent qui souffle à présent sur les esprits les plus simples, les plus assujettis à la panique.
Un petit rire. Rien d'affolant. Et une excellente nuit.
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"Putain ! mais j'y crois pas ! elle dort encore !... ho ! debout !!!"
"Gaffe ! la touche pas ! t'as vu ce qu'elle a fait à Steve ?"
"Dégénérée, vas !"
"Préparez-la aussi ! on met les voiles dans 30 minutes."
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Joker, du haut d'une tour, suit tout à la jumelle.
Le flot de salopettes oranges. La file de jolis fourgons blindés.
Il note sur son calepin 3 chiffres : 185.
Il attrape son talkie : "Le dixième. Me les... abîmez pas."
Lorsque le sort s'en mêle...
***
"Hey ! c'est quoi ces mecs sans fringues dans la cave ?!"
"Putain ! y se passe un truc pas net !!!"
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Le fourgon éventré gît sur le côté.
Devant les auteurs du méfait, une ligne de salopettes oranges.
Il s'arme d'un mégaphone : "Biiiiien ! les casiers vierge, avancez... d'un pas !"
Vague d'hésitation dans les rangs.
La vue des armes...
"Allons ! ne soyez pas... timiiiiides !..."
Un pas. Décisif.
Courage est décidément un terme féminin.
Petit signe de la tête aux sbires masqués.
"Tes mains. Au-dessus de la tête !"
Pan !
Il rend le révolver fumant.
Débarrassée de ses chaînes.
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Banquette arrière. Entre le Joker et un sbire.
Les reflets de la lame joue sur son visage.
Les deux hommes, Joker surtout, laissent peu de place aux mouvements.
Odeur particulière. Pompe ? essence ! Nouvel An ? poudre !
Casier vierge ! ça laisse rêveur. Ca aussi, elle l'a trafiqué !... Joker le sait. Elle ignore qu'il le sait.
Regard fixé entre les deux sièges avant. Levier auto.
Parfois l'angle dévie sur les mains gantées de violet qui s'activent avec cette lame.
"On nous suit."
"Envoie leur ce qu'ils sont... venus chercher : un peu de... divertissement !..." hache la voix nasillarde.
Signe à l'homme côté passager.
Boîte à gants chargée en grenades.
Kapoooo !
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"Salope !!!"
Regard agacé du patron.
"Elle m'a mordu jusqu'au sang !"
"Estime-toi... heureux... d'avoir encore... tes deux oreilles."
L'odeur a cessé depuis qu'il s'est éloigné. Imbibé.
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La mine du crayon écorche le papier. Les traits sont hachés. Violents. Ils finissent par ressembler au tracé d'un électrocardiogramme.
"Patron ! les ferries sont en approche !"
"Biiien. Les perd pas... de vue."
Un plan bien tourné, ça demande de la patience. Beaucoup de patience ! et notre homme en manque. Son pied droit imprime un mouvement répétitif régulier. Il se triture les cheveux.
Parfois son regard se détache du calepin.
"Fais-la boire."
L'eau est tiède.
"Devrait être passible de sanction... tout casier... dont le contenu a été... judicieusement... effacé." lance-t-il soudain.
Les yeux éteints rencontrent deux pupilles bien noires.
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"Les ferries quittent le quai, boss !"
"Parfaiiiiit !"
Il se lève. Carrure imposante. L'attrape par le collet. Réprime quelques mouvements de révolte d'un claquement sur les mains façon maître d'école.
La traîne devant l'immense baie vitrée et lui colle un détonateur dans les mains.
"Déjà... joué à la console, j'imagine. Alors go."
Doute. Stupéfaction.
Le canon du Smith et Wesson devrait activer la manoeuvre : "GO !"
Rouge.
Gagné !
"Vous êtes désormais... la si tristement nommée... responsable... de la perte de 150 âmes civiles... et de... 150 âmes tenues... en sursis." en rangeant son arme. "Félicitations. Tirage au sort... et tombeau là !"
