Fandom: Ceux qui vont mourir te saluent

Disclaimer : J'admire Fred Vargas pour ses intrigues et ses formidables personnages X3

Personnages/Couple: Tibère, Richard Valence, très léger Valence/Tibère

écrit en janvier 2009 pour lady_northway (ou Khalija, ou je sais plus quoi... elle a trop de pseudo XD) sur le prompt "les recoins de Rome"

environ 310 mots

0o.

Tibère filait. Comme d'habitude, comme presque chaque jour depuis que cet implacable juriste aux yeux de lac avait mis les pieds dans cette affaire, Tibère le filait. Il prenait ceci comme un jeu, c'est vrai, mais un jeu qu'on exécute avec le plus grand sérieux du monde, comme seuls savent le faire les enfants, ou les jeunes empereurs.

Parfois il calquait ses pas sur ceux de Valence, adoptant le même rythme que lui, tachant même d'imiter les autres mouvements de son corps, ses mains enfoncées dans ses poches, le balancement de son buste, de ses épaules... Puis parfois lassé de singer sa cible, il s'attardait sur la vitrine d'un magasin de vêtement, il le laissait prendre un peu d'avance, juste pour le plaisir de pouvoir le rattraper ensuite, juste à temps avant qu'il ne disparaisse au coin de la rue.

Jamais encore ils n'avaient échangé un mot, jamais encore l'enquêteur n'avait pris la peine de se retourner et de demander au jeune homme la raison de sa filature, et pourtant Valence semblait jouer avec lui... Il bifurquait brusquement, dans un petit passage entre deux rues plus larges, faisait des détours inutiles pour allonger le chemin entre son hôtel et le commissariat, traversait un square... Et Tibère appréciait à leur juste valeur ses marques de connivence.

Il ne craignait jamais de perdre Valence, car il savait qu'il connaissait bien mieux les recoins de Rome que l'homme à peine débarqué de Paris... Pourtant, parfois, il se laissait distraire. Le plus souvent s'était par les mollets d'une jeune romaine, enlacés dans les sangles d'une sandale rouge, parfois c'était par la vitrine d'un bouquiniste... Une fois même ce fut par un vendeur de glace...

Alors toujours Valence, avec une note de reproche dans son regard bleu froid, si limpide, l'attendait au croisement suivant avec une expression sévère.

Tibère lui souriait. Valence se retournait et reprenait son chemin.