52 INSTANTS DANS LA VIE DE THEODORE NOTT.

TITRE: Rien ne se perd, rien ne se créée, tout se transforme.

PERSONNAGE: Théodore Nott.

THEME: #1 kan ya ma kan (il était une fois), liste 2

RATING: K. (je préviendrai si cela doit changer.)

NOTE DE L'AUTEUSE. Et voilà un deuxième recueil de OS, mettant en scène Théodore à travers 52 thèmes différents, tous écrits pour la communauté LJ 52 saveurs. Le principe de cette communauté est d'écrire 52 OS sur toute l'année, soit un thème par semaine. Je ne suis pas sûre de pouvoir poster aussi régulièrement, mais je vais m'y essayer. À travers ces 52 thèmes, vous trouverez donc un Théodore Nott dans toute sa splendeur. Pour plus de cohérence, je campe le même personnage, avec la même histoire du début à la fin. Je le précise parce que mes Théodore sont différents d'une fic à l'autre. Les thèmes seront traités dans le désordre, selon mon humeur du moment, et selon ce qu'ils m'inspirent...un peu comme la série des 30 baisers, quoi. Pour les couples, c'est variables. Il est vrai qu'Hermione apparaîtra beaucoup dans ces OS, mais il y aura aussi d'autres Serpentard, comme Daphnée, ou Tracey. Niveau garçons, on verra sûrement Blaise, Drago, ou encore Crabbe et Goyle, tout dépendra du contexte.

Bref, je n'en dis pas plus, je vous laisse découvrir ça tout au long de ce recueil de OS. J'espère comme d'habitude que vous allez apprécier les écrits que je produis dans le cadre de ce défi, aussi n'hésitez pas à me laisser une petite review en partant =)


THEME #1.
IL ÉTAIT UNE FOIS.


Il neigeait en ce jour sur la campagne anglaise. Le ciel était chargé de gros nuages gris, et ne semblait pas en avoir fini avec les paysages endormis par le froid de l'hiver. Heureusement qu'à l'intérieur des chaumières, il faisait bon, ce qui rendait l'hiver moins rude. Accoudé à sa fenêtre, Théodore s'ennuyait. Le petit garçon, contre l'avis de ses parents, avait posé ses deux mains à plat sur la vitre froide, pour mieux regarder au dehors. C'était peine perdue: on ne voyait rien à des kilomètres à la ronde, si ce n'est qu'un vaste manteau blanc et cotonneux.

Théodore n'avait pas le droit de toucher aux carreaux, parce que son toucher laissait des traces. N'importe quel toucher, d'ailleurs. Chaque toucher laissait des traces indélébiles dans la matière. Un doigt posé sur une surface, rugueuse ou lisse, molle ou dure, créait du désordre parmi les atomes composant l'objet. Ils frémissaient, ils se réordonnaient, ils s'organisaient autour de l'élément perturbateur. C'était ainsi que la saleté s'accrochait aux vitres ou s'incrustait dans un tapis. Les atomes étaient partout, même dans l'air que l'on respirait, c'était peu dire.

Théodore parlait souvent des atomes, parce qu'il l'avait lu dans un livre. Du haut de ses six ans, il avait compris. Non pas parce qu'il était particulièrement érudit, mais parce qu'il n'avait rien d'autre à faire. Il n'avait rien d'autre à faire, alors il essayait de comprendre le monde qui l'entourait, même s'il était trop petit pour lire la métaphysique. La physique tout court, d'ailleurs. La physique avait quelque chose d'attrayant, de mystérieux, probablement parce que c'était de la culture moldue. Les sorciers ne se posaient pas ces questions, à part peut-être les alchimistes. Il faudrait qu'il pose la question un jour à son grand-père. L'aïeul se trouvait en être un.

Mais Théodore ne souhaitait pas connaître la formule qui permettait de changer le plomb en or. Il ne pensait pas qu'une telle chose puisse exister. Il avait appris dans ses livres que rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme. Il lui semblait impossible qu'on puisse substituer un atome de plomb à un atome d'or. Même la magie ne permettait pas d'arriver à un tel résultat. La magie ne faisait que modifier la matière. D'accord, il n'avait pas très bien compris comment fonctionnait un sort qui faisait disparaître certaines choses, mais il avait le temps pour apprendre, il était encore jeune. Un jour, il s'était risqué à poser la question à son grand-père, en visite au manoir Nott. L'enfant s'ennuyait, comme à son habitude, alors, il se livrait à son activité favorite, c'est-à-dire poser des questions sur tous les domaines possibles et imaginables.

-Grand pa', c'est vraiment possible de faire disparaître des objets?

-Bien sûr! Il existe le sortilège de disparition, evanesco, Tu veux essayer?

-Je n'ai pas encore révélé mes pouvoirs. Répond le garçonnet, légèrement boudeur. Je commence à trouver le temps long.

-Tout vient à qui sait attendre, mon bonhomme. Répondit l'aïeul en caressant doucement ses cheveux sombres.

-Je sais que père s'inquiète! S'impatienta Théodore, en trépignant légèrement à côté de son grand-père. Je l'entends parfois parler avec Mère. Ils disent que j'ai du retard. Est-il possible que je sois un cracmol, hein, dis?

-C'est courant que les enfants mettent du temps à révéler leurs pouvoirs. Il est vrai qu'un sorcier manifeste ses premières formes de magie quand il atteint l'âge de quatre ans, mais six ans, ce n'est pas excessivement tard non plus.

L'aïeul n'avait pas peur d'employer des tournures de phrase compliquées, parce qu'il savait que Théodore comprenait. Théodore était un gamin intelligent, très intelligent. Trop, peut-être, pour pouvoir être un enfant. C'était un esprit d'adulte dans un corps d'enfant. Théodore comprenait vite. Il était vif et curieux, il était avide de connaître le monde qui l'entourait, il avait su lire à cinq ans et demi. Il lisait tout seul, mais il demandait parfois de l'aide, parce qu'il ne comprenait pas tout, ce qui était normal. À son âge, certains enfants ne savaient même pas lire. Philomène, sa fille, avait bien fait les choses s'agissant de son éducation.

Théodore, généralement, boudait les histoires que l'on racontait aux enfants. Il trouvait les comptes trop niais et pas assez intéressants. Il était bien plus intéressé par l'histoire, par exemple. Des disciplines qui mobilisaient davantage l'intellect. L'aïeul était très fier de son petit génie, car Théodore en était indubitablement un. Ce gamin irait très loin, il en était persuadé.

-Je sais que ce sort existe, Grandpa'. ajouta Théodore, à mi-voix. Mais…comment est-ce possible? Comment ça marche?

-La théorie magique est peut-être un peu compliquée pour un enfant de ton âge, gamin, chaque chose en son temps. Répondit l'aïeul avec douceur.

-Mais je ne suis pas comme n'importe quel enfant de mon âge! S'insurgea le petit garçon en bombant le torse. Tu le dis tout le temps! Allez, s'il te plaît, dis-moi.

-D'accord, d'accord. Concéda le vieillard en prenant l'enfant sur ses genoux. Mais dis-toi que c'est normal de ne pas comprendre, je te laisse méditer là-dessus et tu reviendras me dire ce que tu en penses quand tu seras plus grand, d'accord?

L'enfant hocha la tête, bien qu'il ne savait pas ce que méditer voulait bien dire. Lorsqu'il posa la question à sa mère, Philomène lui répondit que ça signifiait réfléchir sur quelque chose. Alors, Théodore avait réfléchi. Il avait grandi. Un an. Deux ans. Puis trois. Il avait désormais neuf ans. Il avait révélé ses pouvoirs entre temps, rassurant ses parents quant à son devenir. Il avait plus que hâte d'entrer à Poudlard, mais il fallait encore attendre. Alors, il continuerait à réfléchir, à s'instruire, et à méditer, comme Grandpa' le lui avait demandé. D'ailleurs, l'aïeul lui avait dit qu'il ferait un très bon Serdaigle. Le garçon n'avait rien répondu, il savait que son père escomptait qu'il aille à Serpentard, la maison de ses ancêtres. Théodore fut agité d'un doute: et si le Choixpeau décidait de l'envoyer ailleurs?

Quoiqu'il en fût, Théodore avait voulu aller voir son grand-père. L'aïeul, très malade et très âgé, passait ses vieux jours au manoir Nott, au plus grand bonheur du gamin qu'il était, parce qu'il pouvait voir son Grandpa' plus souvent. Cet après-midi là, Théodore avait monté les marches menant à la chambre de l'aïeul quatre à quatre, un gros grimoire de théorie magique sous le bras. En chemin, il croisa son père, qui s'empressa de le rabrouer:

-Théodore, où vas-tu comme ça?

-Voir Grandpa'.

-Encore? Ton grand-père est fatigué, Théodore. Il n'a peut-être pas envie que tu ailles l'embêter.

-Tu n'es vraiment pas drôle! Geignit l'enfant, en continuant à grimper quelques marches. Maman, elle, aurait dit oui.

-Ta mère n'est plus là, Théodore. Asséna le père, durement. Il faudra t'y faire.

L'enfant ne répondit rien, il avait de toute manière déjà disparu dans les étages. Il avait les larmes aux yeux, comme à chaque fois qu'on lui rappelait que sa mère est morte. À chaque fois, il se disait que Philomène n'avait pas vu son fils manifester ses pouvoirs. Elle était morte dans l'angoisse que son fils unique était potentiellement un Cracmol. Pour autant, l'enfant n'avait pas versé une seule larme quand sa mère est morte. Théodore ne pleurait jamais de toute manière. Daphnée prétendait que c'était parce qu'il n'avait pas de cœur. Balivernes.

Théodore poussa la porte de la chambre de son grand-père. L'aïeul dormait doucement, tout du moins, c'était ce qui lui avait semblé. Mais en s'approchant, Théodore s'aperçut que tel n'était pas le cas. Ses cheveux blancs flottaient autour de son visage, ses lèvres étaient closes, tout comme ses yeux d'un bleu délavé. L'enfant avança ses doigts vers la peau ridée et fripée de son grand-père. L'aïeul, à ce contact, ouvrit les yeux. Il tourna légèrement la tête, et sourit en voyant Théodore. Son petit-fils. Son petit génie.

-J'ai réfléchi à la question, grandpa'. annonça l'enfant, fébrile, tout en ouvrant les pages du manuel, jusqu'à trouver la page qu'il recherchait. Et je crois que j'ai trouvé la solution.

-Vraiment? S'enquit l'aïeul, intéressé.

-Oui. Tu te souviens quand je disais qu'il n'était pas possible de transformer le plomb en or? On peut appliquer les mêmes principes au sortilège de disparition. La chose ne disparaît pas à proprement parler. Elle continue à exister, mais sous une autre forme, dans un autre endroit. Rien ne se perd, rien ne se créée, tout se transforme. il s'agit d'un simple transfert de matière d'un endroit à un autre.

Théodore leva le regard de son grimoire, et capta le sourire de son aïeul, qui serra doucement sa main pour le féliciter. Anxieux, le garçon attendait le verdict. Il avait mis du temps pour comprendre, mais il avait compris. C'était l'essentiel, non?

-C'est un sort qui est au programme du cours de métamorphose. Reprit l'enfant, avec sérieux. métamorphose, Grandpa'. ça veut dire ce que ça veut dire. L'objet que l'on veut faire disparaître se transforme en autre chose, la matière subit des modifications pour pouvoir se transporter autre part. Ce n'est qu'un sortilège de mouvement. J'ai bon?

-C'est tout à fait juste, Théodore. Le félicita l'aïeul, d'une voix éteinte. J'ai toujours su que tu finirais par trouver la réponse. Tu es bien le fils de ta mère.

Théodore était obstiné, ce n'était pas nouveau. Lorsqu'il avait une idée, il s'arrangeait pour aller jusqu'au bout de son idée, même si cela pouvait prendre du temps. Non seulement il était obstiné, mais il était aussi tenace. Il ne lâchait jamais prise, même lorsqu'il se trouvait au pied du mur. C'était en raison de sa force de caractère que l'on disait tout autour de lui que Théodore irait loin. Il ne serait peut-être pas un grand sorcier, mais son esprit pouvait tout aussi bien compenser le reste. Il était une fois les génies, et Théodore en faisait incontestablement partie.