Une petite histoire d'amour qui n'aura que deux chapitres. J'espère que vous aimerez !
Cela faisait maintenant une semaine que Kyo était revenu du bout du monde, guidé par l'éclat de son sabre et les appels de ses amis. A peine avaient-ils appris la nouvelle que ces derniers s'étaient alors précipités chez Sakuya et Kyoshiro, où Kyo résidait pour le moment, n'en croyant pas leurs oreilles. Malgré leur optimisme, certains avaient commencé à envisager le pire et ce retour était un réel soulagement pour tout le monde. Ces derniers jours avaient été un tourbillon de fêtes, de rires et de questions adressées à Kyo pour la plupart laissées sans réponses.
Il ne restait maintenant plus que les Quatre sacrés du ciel, Yukimura et son protégé Sasuke qui avait bien grandi, et Tigre Rouge qui avait laissé à Mahiro le soin de s'assurer que tout se passait bien en son absence. Yuya était également là, car le couple l'hébergeait gracieusement, ne voulant pas la laisser vagabonder seule sur les routes. La jeune fille était restée discrète depuis que Kyo avait réapparu, mais le sourire qu'elle arborait prouvait que cette réserve n'était qu'une façade.
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Comme durant les soirées précédentes, le groupe était en train de boire du saké en évoquant leurs souvenirs de batailles, dispersés dans la grande pièce centrale. La fenêtre ouverte laissait passer un courant d'air salutaire en cette nuit caniculaire du mois d'août, et quelques lucioles voletaient autour d'eux. Au loin on entendait le clapotis d'un bassin. L'ambiance était paisible et joyeuse, ils ne s'étaient pas sentis aussi bien depuis des années. L'alcool coulait à flot, et seuls Yuya, Sakuya et Sasuke étaient encore sobres. Ce dernier s'efforçait de calmer Yukimura, qui s'emballait à propos de projets de conquête rendus possibles grâce au retour de Kyo, sous l'œil amusé des deux jeunes femmes.
Comme toujours, malgré le brouhaha ambiant, Kyo restait silencieux. La pipe aux lèvres, il gardait la tête baissée. Ses longs cheveux noirs balayaient son visage et cachaient son regard couleur sang, qui depuis le début de la soirée était fixé sur une seule personne. Cette personne qui l'avait guidé, plus que tous les autres, durant ces trois années d'errance solitaire. Celle qui l'avait soutenue aveuglément, sans raisons, durant tant d'épreuves. Celle enfin qui avait oublié toute réserve lors de son retour pour lui sauter dans les bras, les larmes aux yeux. Même lui avait à ce moment-là baissé sa garde, en répondant à cette étreinte. Il savait que cela n'avait pas échappé à Kyoshiro, et ça l'énervait que ce dernier ait assisté à cela. Peu importe combien de temps il avait été absent, il attendait toujours des autres une admiration mêlée de crainte à son égard. Et les regards entendus que s'adressaient en permanence Kyoshiro et Sakuya ne lui plaisaient pas du tout.
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La nuit était déjà bien avancée lorsque le couple décida qu'il était temps pour tous d'aller dormir. La maison n'était pas assez grande pour permettre à tous les invités d'avoir une chambre individuelle, et les garçons devaient donc se partager une unique pièce, tandis que Yuya et Akari dormaient à côté. Cette dernière s'assoupit immédiatement, sonnée par le saké qu'elle avait bu. Yuya quant à elle s'allongea mais garda les yeux grands ouverts, fixés sur le plafond sans vraiment le voir.
Des milliers de pensées se bousculaient dans sa tête, sans qu'elle arrive à s'arrêter sur une en particulier. Il ne s'était pas passé une seule seconde pendant ces trois années sans qu'elle ne pense au samurai absent. Kyo avait occupé nuit et jour ses pensées pendant tant de temps, que maintenant qu'il était revenu elle se sentait désarmée. Elle avait compris depuis longtemps qu'elle était amoureuse de lui, et elle avait même cultivé l'espoir que ça soit réciproque. Mais en l'absence de quelqu'un il était facile de rêver, car les souvenirs pouvaient se transformer à loisir. Maintenant qu'il était devant elle, elle ne pouvait plus se bercer d'illusions et devait bien accepter qu'il n'avait pas changé du tout. Bien sur il avait répondu à son étreinte, mais est-ce que cela prouvait quelque chose ? Décidément non.
Elle repoussa ses couvertures, enfila ses getas et sortit dans le jardin. Au fil des mois qu'elle avait passé ici, c'était devenu son endroit préféré. Lors de ses nombreuses insomnies où la crainte de ne jamais voir Kyo revenir l'avait étouffée, et où les larmes ne s'arrêtaient plus de couler, il n'y avait que ce lieu qui l'avait calmée. Sakuya avait beau s'être montrée patiente et aimante, toujours prête à écouter Yuya et à la soutenir, il y avait eu des moments où elle ne pouvait plus supporter la présence de quiconque. Elle alla s'asseoir sur un banc près du bassin, dans lequel elle pouvait voir la pleine lune se refléter. La chaleur moite lui collait ses longs cheveux dans la nuque, qu'elle repoussa d'une main. Le silence était total, comme si la nature elle-même était étouffée par cette canicule. Yuya esquissa un sourire devant la beauté du lieu, tout en sachant que cela n'était pas destiné à durer. Kyoshiro et Sakuya l'avait hébergée car ils se faisaient du souci pour elle, mais maintenant que Kyo était de retour elle allait devoir partir. Le couple avait besoin d'intimité, et même s'ils avaient toujours affirmé qu'elle ne les dérangeait absolument pas elle savait bien qu'elle ne pouvait plus leur imposer sa présence.
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A quelques mètres de là, Kyo non plus ne dormait pas. L'endroit où il se trouvait n'était pas vraiment paisible, car les six samurais autour de lui émettaient un concert de ronflements et de grognements divers qui commençaient à l'irriter. Après avoir erré seul pendant trois ans, il avait du mal à se réhabituer à une vie en communauté. Il finit par se lever, le tenrô à la main, et sortit de la pièce à la recherche d'un peu de tranquillité. En traversant le couloir il lui sembla entendre des voix venant de la chambre d'en face, et il comprit qu'il s'agissait de Kyoshiro et Sakuya. Il s'apprêtait à continuer son chemin, car écouter aux portes ne lui semblait pas digne de lui, mais il changea d'avis en entendant son nom.
-Maintenant que Kyo est revenu, j'espère qu'elle va mieux dormir.
-Comment ça ? Elle dormait mal ces derniers temps ?
-Kyoshiro… Ca ne m'étonne pas de toi. Tu es bien un homme qui ne remarque rien ! Tu ne l'entendais pas pleurer la nuit, dans le jardin ? Je n'ai jamais osé aller la voir, j'avais peur qu'elle soit gênée.
- Tu as bien fait, elle n'aurait pas aimé qu'on la voit comme ça. J'espère juste que Kyo va savoir comment se comporter… je suis sur qu'il ne s'est même pas demandé comment elle avait vécu ces trois années.
Sans un bruit, l'homme en question s'écarta et poursuivit son chemin.
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