Prologue
Pour comprendre le pourquoi du mal et son histoire, il faut retourner au cœur de l'histoire. Au début. A sa racine.
Au coin d'une rue se dressait un grand bâtiment gris, une haute et sombre demeure triste à plusieurs étages : l'orphelinat Wool.
Des cris provenaient d'une chambre située au deuxième niveau de cet orphelinat. Une jeune femme, aux traits tirés, Merope Gaunt était allongée sur un lit, le visage et le corps en sueur. Elle n'en pouvait plus.
-Pourvu qu'il sorte qu'on en finisse ! pensa-t-elle.
D'heure en heure son état se détériorait inlassablement. Elle mettait toute ses forces à mettre au monde son enfant.
-Pousser ! lui ordonna la sage-femme devant elle. Pousser ! Il est presque là ! Aller !
Quand Merope était arrivée voilà quelques jours, la directrice s'était demandé comment diable une femme aussi laide avait bien pu séduire un homme, quel qu'il soit, et tomber enceinte.
La jeune femme avait tellement souffert de par les abaissements, si bien physique que moral, de son père et de son frère, dans leur maison délabrée à mi-chemin de Little et Great Hangleton. Son existence avait poursuivi un cours chaotique, pendant pratiquement toute sa vie, jusqu'à ce qu'elle fût illuminée par un certain Tom Jedusor. Le jeune homme avait croisé sa route par hasard, une belle journée de printemps. C'était un homme de grande taille aux cheveux noir de jais, aux éclats bleutés. Sa peau était blanche, son visage fin et ses yeux étaient couleur noisette. Merope en était tombée amoureuse immédiatement, comme subjuguée par cet être si parfait. Elle s'était aussitôt demandé comment elle pouvait rendre la situation réciproque. Un questionnement qui ne resta pas longtemps en suspens puisque le soir même une l'idée lui vint à l'esprit : une potion, un philtre d'amour. Et tant pis si ce n'était pas très moral. Il lui fallait son amour, c'était vital. Mais, malheureusement pour elle, la jeune femme ne pouvait agir à sa guise : son père, Elvis Gaunt, un homme aux traits brutes, la battait et il en avait fait son esclave. Il ressassait constamment sa nostalgie du glorieux passé de leur famille. Descendant de Salazar Serpentard, le plus grand sorcier de tous les temps, comme il le disait souvent.
-Les Moldus détruiront le monde sorcier et sa pureté ! criait-il à longueur de journée.
Et le frère de Merope, Morfin, tout aussi repoussant que son père, le soutenait, crachant toute sa haine des Moldus à chaque phrase qui sortait de sa bouche.
Cette violence et cette haine continue envers les Moldus, conduit Morfin et Elvis Gaunt à Azkaban, après une ultime agression sur ceux-ci. Ce qui permis à Merope d'avoir le champ libre pour mettre en œuvre son plan. Un jour que Tom passait à cheval, près de sa petite maison miteuse, elle lui proposa de l'eau pour étancher sa soif due à l'effort. Le jeune homme, dans un premier temps, réticent devant l'aspect de la jeune femme, accepta le verre qu'elle lui tendait. Après avoir bu, il s'en alla sans mot dire, sans même un remerciement. Quelques secondes plus tard, il descendit brusquement de cheval, un grand sourire sur le visage, soudain prit d'une passion amoureuse sans égal et fit sa demande en mariage dans la foulée.
Le bonheur lui était enfin accordé, et enfin elle était heureuse : elle revivait.
Pendant un temps elle continua à lui donner le philtre. Mais au fil des mois, elle finit par se persuader elle-même que les sentiments de Tom à son égard étaient devenus réel. Il était si attentionné et tendre envers elle, et maintenant qu'elle attendait son enfant, elle se dit que c'était le moment idéal. Du jour au lendemain elle cessa de le lui donner. Sa naïveté la perda.
Quand Tom avait repris ses esprits, quelques heures plus tard, il avait appris soudainement et avec effroi que Merope était une sorcière. Il était entré dans une grande colère teinté de tristesse. Son visage auparavant tendre, ne laissait aucun doute qu'en a son écœurement. Comment avait-il pu être berné de la sorte ?
-Je t'en supplie reste ! avait hurlé Merope. Je t'aime Tom ! Et je porte notre enfant ! ajouta la jeune femme les yeux pleins de larmes, les mains sur son ventre très arrondit.
-C'est ton œuvre Merope ! cracha-t-il. Dans ses yeux, nulle pitié, juste du mépris.
Il enfila rapidement sa veste et parti sans mot dire et sans se retourner.
C'était la dernière fois que Merope vit son mari.
Elle se retrouva seule, désespérée et enceinte. Elle n'avait plus le choix, elle devait partir et trouver un lieu où mettre au monde son enfant. Peu de temps après, elle arriva à l'orphelinat Wool à Londres. Elle ne voulait pas l'abandonner, elle aimait cette petite créature dans son gros ventre. En cet instant elle ressentait un grand vide dans son cœur. Malgré cette douloureuse situation, elle devait se battre pour ce petit être qui allait venir au monde, et qui était le résultat de son unique amour pour Tom Jedusor.
Les cris redoublèrent dans la petite pièce, la délivrance était proche. Elle poussa de toutes ses forces, et enfin des cris de bébé ce firent entendre. La jeune maman n'en croyait pas ces yeux : elle avait devant elle un fils en pleine santé et magnifique. La plus belle chose qu'elle n'avait jamais réalisé.
-Il s'appelle Tom Elvis Jedusor, souffla Merope les yeux brillant de larmes.
Elle n'eut pas le temps de reprendre son souffle : elle ressentit une violente contraction au niveau du bas ventre.
-Un autre arrive ! cria la sage-femme. Pousser !
Merope n'en pouvait plus, elle était en sueur et de plus en plus pale. Elle était vidée. Elle utilisait ses dernières forces pour mettre au monde un deuxième enfant : un deuxième fils inattendu. Deux enfants. Merope n'en croyait pas ces yeux : elle avait devant elle deux enfants presque identiques. L'un avait les cheveux noirs de jais, l'autre des cheveux brun foncé.
-Comment l'appelez-vous ?
-Marcus Elvis Jedusor, répondit-elle. J'espère qu'ils ressembleront à leur père, ajouta la jeune femme dans un murmure. Elle regardait ses deux enfants avec tendresse, l'espace d'une seconde son bonheur avait été total.
Mais le désespoir la rattrapa. C'était une femme brisée, et seule. L'amour avait toujours été quasiment inexistant dans sa vie, et aujourd'hui ce manque la marquait au plus profond de son âme.
Une heure plus tard Merope Gaunt était morte.
Ses fils étaient nés le 31 décembre 1926 lors d'une glaciale journée d'hiver, sombre et nuageuse.
prologue corrigé en 2017
