Disclaimer: je sais que c'est très très pas bien de commencer une nouvelle fic alors que j'en ai plein sur le feu mais ça fait tellement longtemps que j'ai envie d'écrire celle-là que je m'y suis mise. Sans compter que la trame complète de l'histoire est sur papier, elle a un milieu ET une fin (ce qui est rare pour mes fics ) et je pense qu'elle va remplacer "Un nouveau départ" qui ne me donne pas la satisfaction espérée et que je vais sans doute supprimer. Cette fic s'inspire de "La Boheme" de Charles Aznavour qui est une magnifique chanson et qui fait défiler de très belles images dans ma tête quand je l'écoute alors j'en fait une fic... Attention, ça ne veut pas dire que l'histoire se limite à celle de la chanson. Je plante juste mon décor dans Montmartre et les personnages principaux dans les rôles de la chanson. La suite n'appartient qu'à moi (et à Adrien parce qu'il m'a aidée à trouver une trame vraisemblable avec les évènements qui vont survenir) et les personnages à JK Rowling.
Chapitre 1
Paris, Mai 1995
Le comptoir de bois clair ne tarderait pas à aveugler les clients si elle continuait à le frotter à cette allure. Elle posa son chiffon et releva ses longs cheveux châtains à l'aide d'une grand pince. Elle attrapa son tablier et commença à dresser les tables. Les rayons du soleil levant lançaient des étincelles multicolores sur les murs à travers les verres. La radio diffusait un reportage, probablement un hommage aux cinquante ans de la fin de la guerre. La porte tinta joyeusement. Lyla releva la tête et se tourna vers l'entrée du café pour voir quelle sorte de client pouvait être aussi matinal.
Un vieil homme légèrement vouté, appuyé sur une canne scrutait les tables vides pour choisir une place qui lui conviendrait. Il s'installa tout contre une fenêtre et se mit à regarder dehors. Lyla suivit son regard et sourit devant le spectacle qui s'offrait à elle. Le même que tous les matins et pourtant toujours aussi beau. Le réveil de Montmartre. Elle soupira d'aise. Ses grands-parents avaient vraiment choisi un cadre magnifique pour installer le café qui lui appartenait désormais.
De nombreux artistes, écrivains, poètes ou peintres, venaient s'installer sur la terasse ou dans la salle aux grandes baies vitrées pour contempler le panorama et rendre visite aux muses qui s'y cachaient. Si elle avait su dessiner ou peindre, elle aussi serait devenue artiste. Elle se contentait de confier histoire et états d'âme à de grandes feuilles qui prenaient vie sous sa plume. Un jour peut-être, elle oserait écrire quelque chose dans le but de le faire partager aux autres. Elle s'approcha de l'homme, un sourire lumineux aux lèvres et lui demanda ce qu'il voulait. Le visage qui se tourna vers elle respirait la sympathie.
" Un solide petit-déjeuner pour contempler le lever de soleil sur ce magnifique endroit. Croissant? Café? Jus d'orange?
Lyla lui offrit un beau sourire et se hâta de lui préparer sa commande avant de retourner à ses autres occupations.
Les heures passaient, les clients se suivaient et le vieil homme ne bougeait pas, plongé dans une admiration presque étrange de Montmartre. Il ne s'arrêtait de laisser courir son regard dans l'univers connu de lui seul que de temps en temps pour manger quelque chose. Plus le temps passait, plus cet étrange personnage aux cheveux blancs et aux lunettes rondes intriguait Lyla. Le soleil commençait à décliner, il ne restait que lui et l'heure de fermeture approchait. Lyla acheva de nettoyer les tables et après avoir raccroché son tablier, elle tira la chaise qui lui faisait face.
" Je peux me joindre à vous?
Il hocha la tête, sans pour autant quitter des yeux l'astre solaire qui teintait de d'or et d'ocre murs et rues. Ils restèrent quelques instants ainsi, à contempler le ciel revêtir sa cape brodée d'étoiles. Puis Lyla entreprit d'observer le vieillard. Il n'avait pas l'air très vieux, peut-être 70 ans. Peut-être moins, peut-être plus. Les rides très marquées au niveau des fossettes et sur le front laissaient entrevoir un homme très souriant, attentif, réfléchi, tourmenté aussi.
Il avait du être très beau, il avait un visage anguleux, une machoire carré, un nez droit, des cheveux blancs apparamment indomptables. Ses grandes mains portaient des traces de sa vie, une longue cicatrice sur la gauche, un renflement sur le majeur droit, il était sans doute artiste, des taches brunes, il avait du vivre au soleil. Il portait une bague en argent au majeur gauche. Dans la famille de Lyla, on disait que c'était le signe d'un grand malheur, en général la perte d'un être cher. Mais le plus rermarquable étaient ses yeux.
" Montmartre représente quelque chose pour vous, je me trompe?
" Non mademoiselle, répondit-il avec un léger sourire. Montmartre c'est la Bohème...
" La Bohème?
Il hocha doucement la tête. Ses yeux étaient d'un vert remarquable. Profond, il évoquaient à la jeune femme une forêt tropicale sous la pluie. Ou des émeraudes. Une étendue magique pleine de secrets.
" Ma jeunesse... mon amour... mon bonheur... ma plus grande souffrance...
Ses yeux brillèrent davantage et Lyla put voir qu'ils regorgeaient aussi de tristesse, de regrets, de joie, de souvenir, d'amour... Tellement de choses se mélaient dans ses yeux que s'en était troublant. Il sortit un porte-feuille de la poche de son pardessus beige mais Lyla posa sa main sur son bras.
" Je vous offre tout. Mais... la Bohème... Voudriez-vous me la raconter...?
Etonné, il la jaugea du regard. Grande et filiforme, elle avait de longs cheveux chatains clairs relevés en un chignon tenu par une grande pince. Des yeux noisettes pétillants de joie de vivre et de rêverie, un visage aux courbes douces, une évidente gentillesse et des histoires plein la tête. Elle devait avoir l'âge qu'il avait au temps de la Bohème. 20 ans à peine.
" Je m'apelle Lyla, précisa-t-elle en voyant qu'il semblait hésiter.
Il sourit. Ce prénom était un signe. Il était temps qu'il se débarrasse des souvenirs encombrants pour ne garder que les bons moments.
" Vous avez un très joli prénom... Notre histoire commence d'ailleurs avec... L'époque dont je vais vous parler est celle où Montmartre avait des lilas à toutes ses fenêtres... Le temps d'un Paris insçouciant qui ne se doutait pas qu'il commençait sa descente aux enfers... C'est un sorte d'anniversaire, savez-vous? La fin de la guerre pour beaucoup de gens. Pour moi, ce fut la fin de tout. Il y a cinquante ans, alors que je sortais à peine de l'adolescence...
