Je vais déjà commencer par vous remercier tous, vous qui êtes encore là, malgré le nombre effarant de chapitres et mes nombreux retards, qui devraient normalement se faire rare grâce à mon avance sur la publication.
Mais je dois remercier plus spécifiquement certaines personnes. D'où la dédicace de ce quatrième et dernier tome :
A la "Five Man Band" de Learn to Crawl :
The Hero : Je suppose que c'est moi vu que je suis l'auteur.
The Lancer : Julie Winchester, amie fidèle.
The Smart Guy : Moonz, ingénieur extraordinaire.
The Tough Guy : Nataniel.
The Chick : Désolée Alixe.
« Toi-même en ton esprit rappelle le passé :
C'est peu de t'avoir fui, cruel, je t'ai chassé;
J'ai voulu te paraître odieuse, inhumaine ;
Pour mieux te résister, j'ai recherché ta haine. »
Extrait de la scène 5 de l'acte II de Phèdre, par Jean Racine
1 : Les liens du sang
Johnatan Hope se réveilla en sursaut cette nuit-là. Il n'y avait pas un bruit dans le dortoir mais il était aussi stupéfait que si une corne de brune l'avait soudainement tiré du sommeil.
Ils étaient partis.
Partis ces monstres qu'il ne pouvait voir mais qui lui empoisonnaient la vie depuis dix-sept ans. Parties ces choses que les sorciers nommaient Détraqueurs mais qui n'avaient pas besoin d'autres noms que désespoir et dépression.
Il n'avait pas ressenti ça depuis six mois, quand il avait été autorisé à revoir sa famille pendant une courte semaine.
Les bons souvenirs revenaient les premiers, et avec eux, la joie, l'euphorie, l'espoir. Mais c'était encore plus fort cette fois car les Détraqueurs avaient mystérieusement disparu. Peut-être pour de bon, enfin ?
Quelqu'un osa allumer la lumière et John vit les yeux brillants de larmes de ses camarades.
« Si les Détraqueurs sont partis, est-ce que ça veut dire que les sorciers ont disparu aussi ? », demanda quelqu'un.
Aussitôt, les visages se durcirent, les poings se serrèrent.
« Allons voir, dit John d'une voix tremblante de colère. Et si nous les trouvons… »
Il n'avait aucun besoin de terminer sa phrase, car, en cet instant, ils partageaient tous la même pensée. Quelques-uns se contentèrent d'approuver d'un mouvement brusque de la tête puis s'organisèrent afin de défoncer la porte.
Lorsque John sortit du dortoir, le vent lui caressa le visage et il en inspira une bouffée avec délice. Il lui semblait que l'air nocturne avait une odeur différente de celui du jour. Celui-ci était sec et il puait la sueur d'un labeur inutile. Le travail des champs était un travail de machine. Les sorciers, qui pouvaient faire de telles merveilles en agitant un bâton, n'avaient pas besoin d'eux pour labourer la terre. Ce n'était qu'un moyen de les briser, lui et ses camarades, et de contrôler leurs proches. Comment son épouse Vivian aurait-elle pu résister sachant qu'un claquement de doigt d'un sorcier pouvait le faire exécuter sans qu'elle ait jamais pu le revoir ?
Les sorciers allaient payer pour avoir fait de sa femme, et plus encore de ses enfants, des inconnus à ses yeux. John leur vouait un amour tendre et douloureux, inversement proportionnel au temps qu'il avait le droit de passer avec eux.
À côté de lui, ses camarades couraient pour forcer les portes des dépôts d'outils. Il suffisait de briser des lampes pour mettre le feu à des outils en bois et on obtenait une torche improvisée. John fabriqua la sienne mais en dédaignait la lumière au profit de celle de la lune et des étoiles. Ce spectacle autrefois si familier lui était devenu presque étranger.
Les fenêtres du dortoir étaient trop hautes pour qu'on puisse voir le ciel.
Ce fut soudainement comme si dix-sept années lui tombaient sur le dos. Pas les dix-sept ans de sa vie laborieuse et monotone – il avait largement eu le temps de les apprécier, et les Détraqueurs de rendre son jugement encore plus horrible – mais plutôt les dix-sept ans qu'il n'avait pas eus.
John se souvenait parfaitement de lui en 1999 : jeune marié, promis à une brillante carrière dans un secteur professionnel en plein boom, l'informatique. Même s'il retrouvait sa famille, même s'il était libre de nouveau, cette vie-là (la vie qu'il aurait dû avoir) lui avait été arrachée et elle était partie pour toujours.
Dix-sept ans de la lumière de la lune, douze ans de la vie de son fils, six ans de celle de sa fille. Combien de nuits avec sa femme ? Combien d'heures de musiques, de films, de rire ? Combien de bulletins de salaire, de vacances à l'étranger, d'ennuyeux repas dominicaux ? Combien de temps avait-il manqué ? Était-ce simplement quantifiable ?
John aurait voulu le quantifier pour pouvoir le faire payer aux sorciers au centuple. La foule en colère qui l'entourait lui donnait une sensation de plénitude, d'énergie. Les Détraqueurs, pensa t-il, vous vidaient non seulement de toute joie mais aussi de toute énergie. Pourquoi se battre alors que plus rien n'en valait la peine ? Que plus rien ne comptait, que plus rien n'avait de sens ?
Mais c'était fini tout cela. Le monde avait à nouveau un sens et il était clair, défini. Nous contre eux. Eux contre nous.
Hélas, les sorciers avaient eux aussi perçu le départ des Détraqueurs et, sachant les Moldus en surnombre, ils avaient pris la fuite.
Après de nombreuses démonstrations de dépit, la foule se dispersa. Chacun ne pensait plus qu'à ce qu'il avait laissé derrière lui et à comment le retrouver.
John prit plein sud. Il n'avait que ses jambes mais elles n'allaient pas lui faire défaut. Il retrouverait Vivian, Emily et Matt et aucun sorcier ne les séparerait plus jamais.
Kévin regardait le plafond de la masure exiguë dans laquelle il habitait depuis deux jours. Même les murs avaient une détestable odeur de sel.
Cinq jours de navigation sur des courants particulièrement violents séparaient l'île du Chaos du reste du monde. Il était impossible d'y transplaner. Un Portoloin était totalement exclu car il aurait attiré toutes les attentions sur le refuge secret de la Confrérie. Il aurait pu y aller en utilisant l'antimagie mais il aurait dû laisser Rosemary derrière lui, alors qu'elle avait toujours désiré rejoindre la Confrérie.
Après que Deimos l'ait frappé (la bosse lui faisait encore mal), c'était Rosemary qui, cachée parmi les Sang-mêlés, l'avait récupéré et réveillé. Ils avaient fui le château ensemble et transplané au bord de la mer. Depuis, ils attendaient.
Pour meubler son ennui, Kévin tentait donc d'apprendre la Legilimancie. Sa mère lui avait appris à protéger ses pensées mais pas à se glisser dans la tête des autres. Elle serait sans doute fière quand elle saurait qu'il avait appris tout seul.
Kévin tourna une page de son livre. Le nouveau chapitre parlait de la Legilimancie sans baguette. Elle permettait de savoir ce qui passait par la tête des gens grâce à un simple contact visuel. Voldemort était devenu un tel expert en la matière qu'il se vantait de toujours savoir quand on lui mentait.
Kévin étudia soigneusement la théorie. Puis, il alla poliment demander à Rosemary de s'entraîner sur elle. C'était son tour de préparer le dîner et elle s'affairait autour de la table de la « cuisine ».
« Rosemary… », commença-t-il.
Elle leva la tête et une pensée traversa l'esprit de Kévin comme un flash :
« Qu'est-ce qu'il me veut encore, cet abruti ? »
« Qu'est-ce que j'ai fait de mal, pour la blesser ainsi ? », se dit-il aussitôt.
« Tout va bien, Rosemary ? », demanda t-il.
« Parfaitement bien. », répondit-elle avec son sourire le plus ensoleillé.
« Tu n'es pas en colère contre moi ? »
« Non, bien sûr. Pourquoi le serais-je ? »
Kévin se tut et, durant tout le repas, il ne cessa de la regarder dans les yeux pour obtenir quelques bribes de ses pensées. Il savait que Rosemary était dévorée par l'ambition, que c'était une espionne donc une très bonne menteuse. Mais il pensait qu'elle aimait sincèrement être avec lui. D'après ses pensées, cela avait été le cas au début mais elle s'était lassée de lui depuis longtemps. Elle ne restait auprès de lui que pour une seule raison, que Kévin voulait lui arracher à tout prix. Il se sentait comme perdu dans un épais brouillard où la seule chose à laquelle il pouvait se raccrocher était ce « Pourquoi ? ».
Il n'eut pas la réponse lors du dîner, mais Rosemary pensa à un moment qu'elle avait hâte d'écrire dans son journal. Cela sembla étrange à Kévin : Rosemary n'était pas le genre de personne à coucher ses secrets sur le papier. Néanmoins, il resta éveillé et, tard dans la nuit, il la vit se lever et la suivit.
De la lumière sortait de sous la porte de la cuisine et, en appuyant son oreille contre le mur, il pouvait entendre le grattement de la plume sur le parchemin.
Le lendemain matin, alors que Rosemary était partie pour une balade sur le littoral, il se mit à fouiller la cuisine de fond en comble. Il finit par trouver ce qu'il cherchait sous une lame de plancher qui ne grinçait pas assez, car il y avait une liasse de papier en dessous.
Il s'assit par terre pour la lire. C'était bel et bien une sorte de journal, mais pas intime, un journal de recherches.
Rencontré Kévin. Ai fait semblant de croire au « Dieu du Chaos » et il m'a raconté que les Fondateurs l'avaient scellé sous Poudlard. Il m'a aussi dit qu'il était l'élu, le seul qui pouvait Le libérer. - Le « Dieu du Chaos » doit être une énorme réserve d'antimagie et le pouvoir des Kria doit être la clé pour briser le Sceau des Fondateurs.
Le Sceau des Fondateurs doit être imparfait pour que les Cavaliers du Chaos puissent encore utiliser de l'antimagie.
Un peu plus loin :
Fait des recherches. La Confrérie du Chaos remonte au Moyen-Âge et, à leur époque, de nombreux sorciers ont disparu. Je me demande ce que ça veut dire.
…
J'en suis sûre maintenant, la source du pouvoir de la Confrérie est un Cristal ! Dès que j'ai su que Voldemort avait utilisé un peuple entier de sorciers à des fins mystérieuses, j'ai eu des soupçons mais lorsque j'ai vu le Cristal, mes soupçons sont devenus des certitudes.
…
J'ai relu ce journal et développé une théorie assez crédible sur ce qui s'est passé :
En transformant sa magie en antimagie, les fondateurs de la Confrérie ont dû trouver le moyen de s'approprier le pouvoir de leur Cristal. Ils seraient devenus extrêmement puissants si les Fondateurs ne les avaient pas arrêtés à temps. Mais, pour une raison inconnue, le sceau que les Fondateurs ont posé sur le Cristal laisse échapper un peu d'antimagie, ce qui a permis aux créateurs du Cristal de fonder une Confrérie de fanatiques pour le récupérer. Mais les Fondateurs ont été très malins en scellant le Cristal sous une école de sorcellerie, lui garantissant une excellente protection.
Voldemort devait protéger le Cristal du Chaos, c'est pourquoi Léna Whitebird voulait à tout prix se débarrasser de lui. Il s'en est probablement inspiré pour faire son propre Cristal, dont il voulait s'approprier la puissance sans le dénaturer. Une chance qu'il n'en ait pas encore trouvé le moyen lorsqu'on l'a tué !
…
Kévin m'a dit que Léna désignait les nouveaux adeptes. Il m'a montré la marque qui l'identifiait comme un membre de la Confrérie. Il doit y avoir une Clé qui permet de contrôler le Cristal du Chaos, et c'est le Maître du Chaos qui l'a.
…
Demandé à Kévin s'il y avait un signe distinctif qui identifiait le Maître du Chaos et il m'a parlé d'une pierre que sa mère porte montée en boucle d'oreille et que tous les autres maîtres ont possédée avant elle.
…
Des Détraqueurs ont obéi au doigt et à l'œil à Kévin car Léna le leur a ordonné. La Clé de Léna doit aussi lui donner le pouvoir sur les Détraqueurs.
Et, enfin, le paragraphe le plus récent, dont l'encre bleue ne s'était pas encore ternie :
Finalement, j'ai deviné le plan de Léna Whitebird. Elle va utiliser les Détraqueurs pour entrer dans Poudlard, utiliser Kévin pour briser le Sceau des Fondateurs et utiliser la Clé pour se rendre maître du pouvoir du Cristal tout entier.
(Si Kévin n'est pas au courant de la vraie nature du « Chaos », les autres membres doivent aussi l'ignorer. Léna ne veut donc pas partager la puissance du Cristal, et d'ailleurs, qui voudrait partager un tel pouvoir ?)
Kévin remit brutalement le monceau de papier sous le plancher. Rosemary se trompait. Le Dieu du Chaos existait. Cela ne faisait aucun doute.
Il ne savait pas ce qui le rendait le plus en colère, le fait qu'elle l'avait trahi ou le fait qu'elle mettait en doute sa religion.
Ou le fait qu'elle le faisait douter de sa religion ?
Il y avait quelques années, Kévin aurait oublié les théories de Rosemary aussi vite qu'il les avait lues car il était certain, absolument certain de sa foi. Mais depuis, il avait vu le monde et ce que disait Rosemary semblait être dans sa logique. Il ne voulait pas être un fanatique comme Bellatrix Lestrange, mais il ne voulait pas non plus croire aveuglément en les écrits de Rosemary. Les insinuations qu'elle faisait sur sa mère étaient dégoûtantes et fausses.
Mais si Rosemary avait raison à propos du Chaos, comment sa mère aurait-elle pu l'ignorer ? Elle était le Maître du Chaos et elle était bien trop intelligente pour se faire duper par une fausse religion.
Lorsqu'il se releva, sa décision était prise. Il allait abandonner Rosemary ici. Après tout, elle le méritait pour l'avoir trompé. Il allait se rendre seul sur l'Île, parler avec sa mère et elle lui expliquerait tout.
Il se matérialisa dans le couloir des anciens Maîtres. Le tapis était toujours d'un rouge un peu passé, l'air sentait encore la poussière et le cœur de Kévin se réchauffa. Il était rentré chez lui.
Étrangement, la première personne qu'il croisa fut son père. Kévin l'aimait beaucoup, car il avait pris plus que sa part dans son éducation, mais sa mère l'avait toujours traité avec un léger mépris qui avait fini par déteindre sur son fils. Il le considérait comme un peu « bébête ».
Après avoir étreint son père, celui-ci lui demanda :
« Kévin, qu'est-ce que tu fais ici ? Nous ne t'attendions pas aussi tôt. Et ton amie ? »
« Elle m'a laissé tomber. »
« Dommage, ta mère voulait vraiment la rencontrer. »
« Justement, où est maman ? »
« Elle est très occupée pour l'instant. Tu la verras dans une minute. »
Mais Kévin n'avait pas envie d'attendre sur place. Une fois le bonheur de se retrouver un endroit familier passé, il n'avait pu s'empêcher de fixer les portraits des Maîtres du Chaos. La pierre qu'ils portaient tous, qu'elle soit sur une chevalière, un collier ou une broche, attirait son regard.
« Est-ce qu'on pourrait prendre une tasse de thé ? »
Konstantin Kria se rengorgea. Il appréciait plus que son épouse anglaise de prendre du thé à toute heure de la journée.
Alors que son père préparait le thé, Kévin remarqua qu'il le couvait d'un regard inquiet. Dès qu'il croisa son regard, un autre flot de pensées étrangères envahit son esprit en un éclair:
« J'espère que Léna ne va pas trop lui déranger l'esprit. Qui sait combien de souvenirs elle va affecter en effaçant les traces du Cristal de Voldemort ? Oui, je sais, « c'est absolument nécessaire, notre fils n'est pas un imbécile, il va tout deviner dès qu'il verra le Cristal du Chaos sous le Sceau sauf si on efface sa mémoire. » Mais tout de même… Pourvu qu'elle ne trouve rien d'autre… S'il a le moindre doute, induit par cette Rosemary ou pas, Léna ne va pas hésiter à l'effacer… »
Son père regardait Kévin d'un air de plus en plus triste, ne se doutant pas de l'intrusion superficielle de son fils dans son esprit. Mais il remarqua bien que Kévin devenait horriblement pâle et il se précipita à ses côtés, de peur qu'il s'évanouisse.
« Papa, pourquoi maman et toi n'avez pas eu d'autres enfants… que moi ? », réussit-il à murmurer entre ses dents après plusieurs minutes.
Si toutes les théories de Rosemary étaient vraies et que sa mère le savait… Si elle lui mentait depuis des années pour se servir de lui… Alors, elle n'avait pas besoin de lui en particulier, juste d'un moyen de briser le Sceau.
« Nous n'avons jamais réussi à en avoir d'autres. »
« Dieu merci, j'ai réussi à échanger la potion de fertilité de Léna pour une potion contraceptive, et elle ne s'en est jamais aperçue. Si tu n'avais pas été un pion, mais un pion remplaçable, tu ne sais pas à quel point ta vie aurait été plus horrible, mon pauvre enfant… »
« Pourquoi restes-tu avec elle ? s'écria Kévin les larmes aux yeux. Elle ne t'aime pas ! Elle m'a dit un jour qu'elle ne t'aurait jamais épousé si elle n'était pas tombée enceinte. Elle a aussi dit qu'elle l'avait fait pour que j'aie une vraie famille. », ajouta t-il en pensée et il se mit à pleurer lentement.
« Ne sois pas désolé pour moi, dit Konstantin en regardant son fils droit dans les yeux. Ta mère m'a toujours tout dit. Je sais qu'elle me méprise. Mais je l'aime. Plus que tout au monde. Je ferai tout ce qu'elle demande. »
« Il est honnête, se dit Kévin en lisant les pensées de son père. Il m'a toujours protégé du mieux qu'il le pouvait. »
« Papa, tu es mon héros. C'est pourquoi je suis vraiment désolé de faire ça. Oubliettes ! »
Konstantin reprit conscience quelques minutes plus tard. Il se dit qu'il devait s'être assoupi une vingtaine de minutes, comme cela lui arrivait souvent quand il se sentait seul.
« Ce doit être un fantasme, se dit Nezumi en apercevant Kévin dans sa chambre. Puis elle remarqua qu'il était sale et qu'il avait l'air au bout du rouleau. Ou un rêve vraiment très bizarre. », rajouta t-elle.
« Je suis désolé, dit Kévin en voyant son air étonné. Je ne savais pas où aller. »
« Non, non, répondit-elle aussitôt. Si tu as des ennuis, tu as bien fait de venir ici. Mais comment es-tu entré au fait ? »
« J'ai brisé les barrières de Poudlard, je pouvais bien briser celles de ta maison. Je ne me voyais pas sonner à la porte en portant ça. »
Il tira sur son T-shirt sale.
« Tu veux dire que tu as voyagé d'Angleterre jusqu'au Japon sans bagages, sans argent ? »
« Je devais disparaître, s'écria aussitôt Kévin. Autrement, elle aurait tout de suite envoyé tous ses serviteurs à mes trousses. »
Nezumi ne savait pas qui était « elle » mais elle trouvait que cela ressemblait à un accès de paranoïa. Elle avait envie d'aller chercher de la nourriture et des vêtements pour Kévin mais il avait l'air si désespéré et hystérique à la fois qu'elle n'avait pas envie de le laisser seul. Finalement, elle décida que ce dont il avait besoin de manière la plus urgente était de soutien moral.
« Kévin, qu'est-ce qui ne va pas ? »
« Je suis seul. »
« Qu'est-ce que tu veux dire ? »
« Tu avais raison à propos de Rosemary. Elle ne m'aime pas. Elle m'utilisait juste pour… je ne sais pas trop quoi. Mais elle n'était pas la seule. Ma propre mère ne veut que se servir de moi. Mon père m'aime mais je ne peux pas rester avec lui. Il est bien trop dévoué à ma mère pour lui désobéir. Bref, je n'ai nulle part où aller. »
Il eut un petit rire triste :
« Je n'avais jamais réalisé avant à quel point j'ai besoin d'un foyer. Avec Rosemary, je me sentais chez moi. Ça fait longtemps que je n'ai pas vécu avec mes parents mais j'avais toujours un endroit où rentrer, un endroit où des gens qui m'aimaient m'attendaient. Enfin, c'était ce que je pensais à l'époque. Mais maintenant, je sais qu'il n'y a pas un être humain sur cette fichue planète qui se soucie un tant soit peu de moi en tant que personne. »
« Il y a moi. », dit Nezumi.
« Oui, mais tu me connais à peine. Tu ne sais même pas mon vrai nom. »
« Alors, dis le moi. Fais moi un résumé de tout ce que je dois savoir. »
Kévin commença à raconter, d'abord en ânonnant un peu, son vrai nom, sa famille, la Confrérie du Chaos, les préceptes de son ancienne religion. Puis, sa voix devint un peu plus forte et assurée alors qu'il racontait sa rencontre avec Ceux-qui-doivent-ramper. Il peignit (légèrement à son avantage) la façon dont il avait participé à la destruction de Voldemort. Finalement, sa voix retomba avec le récit de la trahison de Rosemary et des plans de sa mère.
Lorsqu'il eut finit son histoire, l'aube pointait déjà le bout de son nez. Nezumi et Kévin étaient allongés sur le lit tout habillés, l'un à côté de l'autre.
« Kévin, il ne faut pas que tu sois désespéré, dit Nezumi. Tu as ce que beaucoup n'ont pas, une raison de vivre : empêcher ta mère de devenir le prochain Seigneur des Ténèbres. »
« Je ne sais pas. Ce n'est pas que je m'en fiche mais, si je réussis à l'arrêter, qu'est-ce que je vais faire ? La vengeance n'est pas une fin en soi. »
« Tu sais, Kévin, plus je te connais, plus je t'aime. »
« Tu veux dire que tu m'aimes… bien ? »
« Non. Je suis tombée amoureuse de toi dès notre première rencontre. »
Il se redressa brutalement et elle s'assit à côté de lui.
« Tu veux dire la fois où tu m'as hurlé dessus soi-disant parce que j'avais volé ta place au classement ? », dit-il d'un air soupçonneux.
« Non, la fois juste avant. Tu m'as bousculée alors que tu sortais de chez le directeur, et que moi, j'y allais. »
« Je ne m'en souviens pas du tout. »
« C'est normal, ça n'avait rien de mémorable pour toi. Mais, dès que je t'ai vu, j'ai ressenti quelque chose… Une attirance violente, exactement comme si nous étions les deux pôles d'un aimant. C'est probablement hormonal. »
« Est-ce que sous ce discours froid et scientifique tu es en train de me dire que tu as eu le coup de foudre pour moi ? »
« Exactement. Après ça, je me suis sentie tellement stupide. Après tout, je ne te connaissais même pas. Comment aurais-je pu être attirée par toi ? Ca n'avait aucun sens ! Je n'avais pas planifié de « grande passion » dans ma vie : au contraire, je m'étais préparée à rester célibataire pour ne pas finir mère au foyer, comme toutes les femmes de cette société. Et surtout pas de petit ami à Honshû, j'aurais risqué de me faire renvoyer, après tous mes efforts. Bref, tu me gênais, j'étais en colère contre moi, et j'ai reporté cette colère sur toi. J'ai décidé de te faire partir par tous les moyens. Si j'ai finalement accepté de devenir ton amie, c'était parce que je me suis dit que, peut-être que si je te connaissais mieux, cette passion disparaîtrait. Mais non. En fait, ça a empiré, même après que tu sois parti. »
Kévin fronça les sourcils. Il effleura la main de Nezumi et réussit à capter son regard :
« Mon Dieu, ça doit être le pire moment de ma vie. La Confession d'Amour sans Espoir. Mais ne commence pas à avoir des regrets. Tu n'avais pas le choix. Si tu ne lui avais pas dit que tu l'aimais, il aurait peut-être fini par se foutre en l'air. »
« Tu n'utilises jamais l'Occlumancie, Nezumi ? »
« Pas quand je suis avec mes amis et ma famille. Quoi ? Tu veux dire que tu as regardé dans mon esprit ? »
Il ne réussit qu'à prendre un air coupable et, la seconde d'après, une gifle claqua violemment sur sa joue.
« Kévin, ça ne se fait pas ! »
« Je sais, mais après ce que ma mère et Rosemary m'ont fait, je veux être sûr qu'on ne me ment plus. »
« Tu as réussi à voir la vérité dans l'esprit de Rosemary et celui de ton père simplement parce qu'ils croyaient que tu ne connaissais pas la Legilimancie, et donc qu'ils ne dissimulaient pas une partie de leurs pensées en ta présence. Mais, pour la quasi-totalité des sorciers, tu ne pourras voir dans leur esprit que ce qu'ils t'autoriseront à voir. Pas la vérité. Même moi, après que tu m'aies dit que tu étais un Legilimens, j'aurais pu utiliser l'Occlumancie pour te mentir et tu n'as que ma parole que je ne l'ai pas fait et que je t'aime sincèrement. Tu vas devoir l'accepter. »
« Et comment je fais pour savoir qui est digne de confiance ou pas ? »
« Aucun acteur ne peut jouer un rôle vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Il faut passer du temps avec les gens, apprendre à les connaître et, après, on sait. Moi, par exemple, est-ce que j'ai l'étoffe d'une manipulatrice ? »
« Je dirais que non, à moins que tu ne sois encore une meilleure actrice que Rosemary. »
« Pas très probable, non ? »
Elle jeta un coup d'œil à son horloge.
« Zut, c'est bientôt le petit-déjeuner ! Ma salle de bain personnelle est au fond du couloir, tu peux aller te laver là sans risquer d'être dérangé. Je vais te chercher des vêtements. »
« Mais pourquoi faire ? »
« Pour te présenter à mon père, bien sûr ! Tu es un invité ici, pas un clandestin ! »
« Et qu'est-ce qu'on raconte comme histoire ? »
« Comment m'as-tu retrouvée ? »
« Je me suis rendu à Honshû d'abord. C'est maintenant le quartier général de tous les sorciers pro-Voldemort. Dès qu'ils ont établi que j'étais un ancien élève de l'école, ils m'ont accueilli à bras ouverts. Mais je leur ai dit que je te cherchais et ils m'ont appris avec quelque réticence que tu avais eu ton diplôme et que tu étais rentrée chez toi. Ils ont essayé de me dissuader d'y aller, disant que je risquerais d'être agressé par des Moldus. »
« C'est faux. Il y a trop de sorciers dans ce village pour qu'ils essaient de nous agresser. »
« Des Sang-Impurs ? »
« Oui. Ils se sont réfugiés ici après que les Moldus leur aient fait la chasse. Mon père est assez riche et puissant pour rejoindre le clan des Sang-Purs s'il le veut mais être parmi des Sang-mêlés ne le gêne pas. En fait, qu'on soit sous un dictature ou une démocratie, j'ai l'impression qu'il ne quittera jamais cette maison.
Mais bon, revenons à nos moutons. Nous allons lui dire que tu es un élève d'Honshû, un de mes amis. Tu es venu me rendre visite et je t'ai invité pour la journée. Mais, en fait, je vais m'enfuir avec toi dès ce soir. »
« Quoi ? », balbutia Kévin en entendant la dernière phrase.
« Écoute, Kévin, j'ai détesté le régime de Voldemort. Je ne veux pas que toute cette histoire recommence avec Léna Whitebird comme nouveau Seigneur des Ténèbres. Nous pouvons facilement arrêter Léna si nous le faisons avant qu'elle prenne tout le pouvoir du Cristal. Et c'est ce que j'ai l'intention de faire, avec toi ou sans toi. Mais je préférerais avec. »
« D'accord, mais d'abord j'aimerais passer voir le seul membre de ma famille qu'il me reste, ma tante Kathryna. »
« Je me demandais quand tu allais parler d'elle, Kathryna Kria, la chef d'État. Je me demande pourquoi tu n'es pas allé la voir au lieu de moi. », dit Nezumi, presque douloureusement.
« Ma mère m'a parlé de Kathryna une seule fois en tout et pour tout. Elle m'a dit qu'elle était stérile et que si elle me voyait, elle essaierait de faire de moi son héritier. Ma mère m'a peut-être toujours manipulé mais ça ne veut pas dire qu'elle ait menti au sujet de Kathryna. Je te fais confiance, et pas à elle. »
« Merci, Kévin. »
« Félicitations, Nezumi. »
« Pourquoi ? »
« Pour ton diplôme. Je sais à quel point ça comptait pour toi. »
Il lui fit le plus charmant des sourires, et elle sourit aussi, un peu.
Dès que Deimos déposa les chefs d'État à Blackwell, ils s'enfuirent comme des lâches dans leur propre pays. Ils décidèrent cependant de se parler quelques heures plus tard via le réseau des cheminées, pour une conférence où ils décideraient des actions à entreprendre. Bientôt des Sang-Purs commencèrent à affluer à Blackwell, racontant la désertion générale des Détraqueurs et la révolte des Moldus. Deimos ricana quand il comprit que tous ces nobles avaient abandonné leurs serviteurs Sang-Impurs à la merci des Moldus. Mais ceux-ci s'étaient rassemblés aussi et, quand ils apprendraient que leurs anciens maîtres n'étaient pas infaillibles et plus lâches qu'ils ne le pensaient, ils ne tarderaient pas à se révolter eux aussi.
Deimos contacta son père pour lui demander l'autorisation de le représenter à la conférence et s'y présenta, débordant d'impatience. Mais il ne tarda pas à réaliser que ce groupe de dictateurs prétendument sanguinaires n'était qu'une bande de mollassons. En fait, les Sang-Purs se savaient trop peu nombreux pour exercer le pouvoir sans un plein contrôle sur les autres sorciers et sur les Détraqueurs, qui permettaient de maintenir les Moldus sous leur coupe.
Comme on ne disposait pas des archives de Voldemort, on convoqua des Mangemorts, qui rapportèrent que Voldemort avait déterminé que les Détraqueurs avaient été créés et étaient contrôlés par une secte, la Confrérie du Chaos, et plus particulièrement, son chef. On ne connaissait pas la cachette de Léna Whitebird mais il ne faisait aucun doute qu'on la retrouverait, et qu'on lui arracherait le moyen de contrôler cette force immense et indispensable que constituaient les Détraqueurs.
Mais qu'en était-il des autres sorciers ? Ils pouvaient apprendre à se défendre contre les Détraqueurs, ils le faisaient probablement en ce moment même !
C'est alors qu'un Mangemort du nom de Yaxley se présenta et offrit aux chefs d'État une solution au delà de leurs rêves les plus fous.
Il fut décidé à l'unanimité sauf une voix que le projet Empreinte 2.0 serait utilisé pour reprendre le contrôle des Sang-Impurs. Le temps que ceux-ci compensent leur manque d'apprentissage du combat, le temps que les Moldus se réarment, le professeur Yaxley aurait achevé son travail et on aurait mis la main sur Léna Whitebird.
« Nous devons partir. », dit Stanislas d'un ton ferme.
« Et pourquoi devrais-je abandonner tout ce qui est ma vie depuis plus de quinze ans ? »
« Je ne vais pas le dire. Je vais vous le montrer. »
Stanislas fixa tant bien que mal au mur une feuille blanche, et commença à écrire dessus avec un gros feutre. Il avait l'attitude d'un conférencier sérieux mais son public ne consistait en tout et pour tout que d'un fermier et de sa fille, assis sur des chaises de cuisine.
« Lors de la Seconde Guerre, les loups-garous étaient cinq millions. Aujourd'hui, les loups-garous sont quinze millions. Cela peut sembler beaucoup mais cela signifie que, sur dix-sept années, chaque loup-garou n'a engendré que deux de ses semblables.
Et, hier soir, chaque loup-garou a mordu quelqu'un, donc leur population globale a doublé. Trente millions de loups-garous en une nuit ! »
« Peut-être qu'ils vont s'arrêter, dit le père de Lucy. Trente millions de loups-garous, c'est une armée suffisante pour les Sang-Purs. »
« Trente millions de loups-garous, c'est déjà bien trop pour eux. D'accord, les loups-garous sont un atout énorme en temps de guerre mais, une fois la paix venue, ils sont ingérables. Après la Seconde Guerre, Voldemort a dû donner aux loup-garous un territoire aussi large que ce domaine, et ils n'étaient que cinq millions à l'époque ! »
« Alors, les Sangs-Purs n'y sont pour rien, dit Lucy. Deimos agit de son propre chef. »
Elle échangea avec Stanislas un long regard grave. Comme son père la regardait avec incompréhension, Lucy lui expliqua cet échange quasi-télépathique :
« Nous connaissons Deimos Greyback, le chef de l'armée loup-garou. Il ne va pas s'arrêter. »
« Mais les loups-garous doivent bien avoir des proies ! À qui va t-il s'attaquer avec trente millions ou plus de ses semblables ? »
« À la seule proie à leur mesure : les Moldus du monde entier. »
« C'est complètement fou ! Aucun sorcier n'a pu approuver ça ! Nous ne représentons qu'un pour cent de la population, nous avons besoin des Moldus ! »
« Peut-être que Deimos a jugé que les plans des Sang-Purs étaient trop… pacifiques et qu'il a décidé de prendre les choses en main. Les loups-garous vont massacrer des Moldus, et sans autorisation de qui que ce soit. Si vous restez ici, vous risquerez de devenir l'un d'entre eux. »
« Pas question ! s'écria le père de Lucy. Je préfère encore partir. Mais pour aller où ? »
« La dernière fois que j'ai reçu une lettre de mon père, il m'a dit qu'il habitait désormais chez son vieil ami Lucius Malfoy. Le village autour du manoir Malfoy est le deuxième lieu le plus important de la résistance sorcière, ce qui en fait un endroit stratégique mais pas trop dangereux comparé à Poudlard. Je ne vois pourquoi on nous refuserait là-bas. »
« Soit, dit le père de Lucy d'un ton amer. Je suppose que j'ai jusqu'à la prochaine pleine lune pour arranger mes affaires ici. »
Il sortit sans un mot de plus. Lucy se leva et prit le bras de Stanislas :
« Ne fais pas attention à lui. Il est furieux d'abandonner la ferme mais il sait qu'il n'a pas le choix, pour notre sécurité à tous. »
« Il ne m'aime pas. », dit Stanislas.
« Tu es froid, logique et sophistiqué alors que c'est un homme simple, jovial et instinctif. Tu détestes les animaux, les plantes et la campagne alors qu'il ne supporte pas les grimoires, les érudits et les appartements étroits et sombres. À vrai dire, je suis surprise que vous vous entendiez aussi bien. Et si ça peut te consoler, lorsque nous serons en Angleterre, je suis sûre que ton père me jugera naïve, stupide et faible et que je devrai le supporter aussi. »
« Quelle ambiance ! », s'exclama Stanislas, avant d'embrasser doucement Lucy.
Comme elle l'avait prévu, son père n'abandonna pas facilement la ferme. Alors qu'il était d'ordinaire presque trop facile à plumer, il la vendit à un prix très élevé et jura à Lucy qu'il la rachèterait après la guerre. Elle le surprit une fois à effleurer l'un des murs de la grange, la nostalgie déjà sur son visage.
Lucy se sentait aussi nostalgique parce que, quand elle était partie pour la première fois, elle savait qu'il y avait quelque part sur Terre un havre, un endroit où les choses étaient simples et bonnes. Mais désormais, ce havre-là avait disparu et elle savait qu'elle devrait construire le sien ailleurs.
Les adieux du père de Lucy à la Finlande durèrent presque tout le temps que la pleine lune leur avait imparti. Heureusement, le voyage jusqu'au manoir Malfoy fut instantané grâce au Portoloin qu'il fit lui-même. Chaque camp fut donc au courant de son déplacement mais, maintenant que la rébellion sévissait au grand jour, n'importe quel sorcier pouvait la rejoindre librement.
Dès qu'elle se matérialisa à l'intérieur du village, Lucy sentit quelque chose heurter sa jambe. C'était un petit garçon d'environ quatre ans. Il était très mignon, les cheveux blonds, et rappelait quelque chose à Lucy sans qu'elle pût mettre le doigt dessus.
« Hé toi, dit-elle en s'accroupissant pour se mettre à sa taille, j'ai comme l'impression que tu ne devrais pas être là. »
« C'est exact. », dit une femme brune qui s'avançait vers eux d'un pas tranquille.
Elle devait avoir la quarantaine mais elle était encore très belle. Ses yeux bleus, identiques à ceux de son fils, pétillèrent de malice quand elle le prit dans ses bras :
« J'étais venue vous accueillir. Apparemment, ce bon petit diable en a eu vent et a échappé à son précepteur pour venir vous voir en premier. »
« Je pensais que le fils de Sev aurait mon âge et qu'on pourrait jouer ! »
« Il appelle mon père « Sev » ? », dit Stanislas, interloqué.
« Oui, je sais. Ça l'énerve beaucoup d'ailleurs. Mais excusez-moi, je ne me suis pas présentée. Je suis Arsinoé Malfoy et voici mon fils, Asclépios. »
Léna Whitebird crevait de rage.
Son plan parfait jusque dans ses moindres rouages venait de tomber par terre. Quelqu'un avait appris l'importance de Kévin et l'avait fait disparaître.
Léna doutait qu'il soit mort, car Kévin ne se serait pas fait tuer sans laisser de traces de lutte derrière lui. Elle ne pensait pas non plus qu'il ait fait une fugue. D'après le Cavalier du Chaos qui avait fouillé ses affaires, il apprenait la Legilimancie mais la seule personne sur laquelle il aurait pu l'utiliser était sa petite amie, et elle ne voyait pas ce qu'il aurait pu apprendre d'elle qui lui aurait fait fuir sa propre mère.
Non, il devait avoir été enlevé. Dans cette éventualité, la première personne qu'elle soupçonnait était bien sûr Kathryna Kria.
Hélas, les portes de Kiev étaient définitivement fermées aux Cavaliers du Chaos : chaque personne, avant d'entrer dans la ville, devait montrer qu'il ne possédait pas la marque de la Confrérie. C'était une procédure extrêmement longue et laborieuse pour les gardiens de la cité mais Kathryna haïssait Léna à mort, et donc suffisamment pour la leur imposer.
« Maître, Rosemary Londubat vient d'arriver. »
Rosemary bien sûr… C'était une espionne, et pas encore une initiée donc indétectable par Kathryna !
« Amenez-là moi. »
Rosemary entra quelques minutes plus tard. Elle portait toujours la cape et la capuche qui l'avaient protégée des embruns lors de ses cinq jours en mer. Elle donna à Léna l'impression d'être une jeune fille des plus quelconques, mais c'était après tout le talent des espions de se fondre dans le décor.
« Rosemary, est-ce que vous avez la moindre idée d'où se trouve mon fils ? »
« Madame, il s'est complètement volatilisé. Je n'ai aucune idée d'où il est, à vrai dire ça ne lui ressemble pas de disparaître comme ça. »
« Et vous avez toujours l'intention de nous rejoindre ? »
« Bien sûr, madame. »
« Alors, Rosemary, dit-elle d'une voix plus douce que le velours, j'ai une mission pour vous. »
Rendez vous le mois prochain pour le chapitre suivant "Kiss Kiss Bang Bang". Après, ça devrait aller plus vite, j'en suis déjà à la fin du chapitre 5.
