Reiss Castle
1ère partie ~ Un intrus dans le domaine
Il y a bien longtemps prospérait royaume gouverné par une reine dont la douceur, la bienveillance et la force avait permis d'y maintenir la paix. Les villages étaient paisibles et on y chantait ses louanges chaque jours... tu parles! Je me suis à peine approchée de leur niche que j'ai déjà tous les chiens de la garde royale au cul. Merde, déjà ce matin avec l'autre alcoolique qui a failli me bousiller la main pour une malheureuse bouteille. J'ai vraiment la poisse aujourd'hui, pensa Ymir qui courrait de toutes ses forces pour ne pas se faire rattraper. L'élite de la garde royale était composée de Levi Ackerman le capitaine, Annie Leonhart l'une des plus puissantes recrues. Rapides, intelligents, forts, autant dire que si la jeune voleuse ne se cachait pas rapidement, ils allaient la rattraper et lui faire payer ses tentatives de vols multiples. Évidemment la grande brune volait par nécessité et non par hobbie mais la justice du pays ne faisait pas la différence.
Ymir sauta sur un sentier qui s'enfonçait dans la forêt en espérant y trouver un endroit où se cacher le temps qu'ils lui lâchent la grappe. Elle s'enfonçait de plus en plus entre les arbres mais entendait toujours ses pas secondés par les leurs. Ils allaient vraiment finir par la rattraper, de vrais chiens de garde! Elle devait être fière, la reine!
Ses jambes commençaient à trembler sous le poids de l'adrénaline, ses pas devenaient irréguliers. Elle lança un regard furtif derrière elle, les soldats étaient un peu plus loin mais il suffisait d'une erreur de sa part pour qu'ils la devancent. Une branche aiguisée traversa la chair de son ventre alors que sa course s'emballait. Fait chier, comme si c'était le moment.
Un affaissement au niveau du sol attira l'attention d'Ymir. La terre était de plus en plus fine et les arbres avaient laissé place à des murs de buissons taillés. C'était l'occasion de semer la garde. La voleuse s'aventura dans les buissons. Les feuilles étaient rugueuses et frottaient contre sa blessure. Si elle croisait le jardinier qui avait fait se travail de sagouin, elle lui collerait son poing dans la gueule !
De l'autre côté de la barrière végétale se trouvait un vaste jardin à la française. Ymir commença à visiter les lieux. Il y avaient des fleurs magnifiques de toutes les couleurs. La grande brune se surpris entrain de les admirer. Le son de l'eau qui coule attira son attention. Une fontaine ? La personne qui vivait là devait avoir les moyens ! La jeune femme suivit le tintement délicats des goûtes d'eaux. Au bout de quelques secondes elle aperçu une splendide fontaine en pierre blanche taillées qui représentait un oiseau aux ailes déployés qui semblait regarder vers le Soleil. Ymir était tellement absorber par cette statue albâtre qu'elle ne remarqua pas la présence d'une personne.
« Qui êtes-vous ? Que faites vous ici ? » s'exclama t-elle surprise.
La grande brune sursauta. Merde... C'est qui cette gamine ? Les deux jeunes femmes s'observèrent. Sa tenue ridiculement raffinée tombait jusqu'au sol ses cheveux blonds, sa petite taille et ses grands yeux bleues lui donnaient un air de sainte nitouche : typiquement le genre de fille qui me gonfle pensa Ymir. La petite blonde commença à s'approcher avec une démarche faussement autoritaire. Elle croyait lui faire peur du haut de ses un mètre quarante?
« Et toi t'es qui ? »
Une simple phrase avait suffit à la déstabiliser, son assurance laissa soudainement place à de la confusion. C'était sûrement une pourrie gâté habituée à ce qu'on lui obéisse gentiment.
« … Historia Reiss... »
Historia Reiss ? Ce nom lui était étrangement familier.. Ymir s'approcha légèrement pour mieux la regarder.
« ...Je suis la reine ! »
La voleuse ne pu s'empêcher d'exploser de rire. Elle ! La reine ! Sérieusement ? Paye ta crédibilité ! Sa voix tremblait, elle n'arrivait même pas à soutenir le regard de l'intruse plus de 5 secondes ! La dirigeante du pays était donc une simple enfant ?
« Eh bah ! Je vous imaginais plus grande votre altesse ! Bref... »
Elle se laissa tomber sur le sol, ses membres avaient assez travaillés.
Elle ne manquait pas de culot pour s'asseoir comme ça au milieu d'un jardin et devant sa propriétaire. La jeune reine la regarda s'étaler par terre. Mais qu'est ce qu'elle faisait ? Cette inconnue arrivée de nulle part, lui parlait dans une langue quasiment incompréhensible, s'assit au beau milieu de ses jardins et elle, elle restait plantée là à la regarder ! Non non non, il était de son devoir d'imposer le respect.
« Maintenant répondez à mes questions ! Qui êtes vous et pourquoi êtes vous là ? »
La grande brune se contenta de soupirer. Elle devait certainement ignorer la signification du mot reine...
« J'ai été attaqué et poursuivie jusque dans la forêt. Alors je me suis cachée ici. En passant, la sécurité de ton château laisse vraiment à désirer ! »
Le cœur d'Historia se serra douloureusement. L'idée que cette jeune femme était une voleuse lui avait effleurée l'esprit cependant elle avait subit une attaque et avait été en danger. Il se pouvait même qu'elle soit encore en danger. Tout bon souverain aide ses sujets, la petite blonde ne pouvait l'abandonner à son triste sort.
« Est ce que ça va ? Vous êtes blessée ? »
Elle n'obtint aucune réponse verbale, un simple sourire sourire se dessina sur le visage hâlé de sa grande femme. Ymir se releva, son ombre plongea dans la celle d'Historia et donna l'impression à cette dernière d'être ridiculement petite. N'arrivant pas à soutenir son regard insistant, elle baissa le sien et remarqua une légère tâche écarlate au niveau de son ventre qui semblait s'étendre de plus en plus. Elle avait assez perdu de temps, elle devait agir.
« Vous devez être soignée! Je vais vous emmener au château! Nous irons dans ma chambre pour être tranquilles. »
Ymir lui sourit de plus bel, cette fois ci c'était un autre type de sourire. La plus part des hommes souriaient comme ceci à Historia. Quelle pouvait bien être la signification de ce sourire... personne lui avait jamais dit!
La grande brune ne pouvait que sourire face à cette situation. Elle venait à peine de la rencontrer et la reine lui proposait déjà d'aller dans sa chambre! Quel genre de Reine était-ce ? Ymir pouvait être une meurtrière envoyée pour la tuer, une opposante politique chargée de détruire sa réputation ou une voleuse voulant s'emparer d'un de ses trésors. Enfin comment pouvait-elle se plaindre ! Se retrouver dans la chambre de la reine ne lui déplaisait pas, bien au contraire! Il devait y avoir toutes sortes d'objets de valeur dedans. Elle décida donc de la suivre.
La traversée de son château fut interminable ! La petite reine n'osait pas parler et marchait d'un pas irrégulier. Ymir en était venue à une conclusion, elle avait peur. Comment lui en vouloir d'avoir un peu de bon sens!
Elles arrivèrent, enfin, au château. Il n'était pas vraiment imposant mais plutôt spacieux. Ses pavés blancs renvoyaient la lumière et lui donnait un air divin. L'intérieur était assez classique sans être austère. L'atmosphère était étonnamment chaleureuse, semblable à celle d'une maison. La voleuse ne s'attendait pas à ça. Quelque chose était bizarre. Il n'y avait personne. Elle était peut être toute seule dans son château...
«C'est par-là. »
Ymir sursauta légèrement, elle avait presque oublié qu'Historia était-là. Elle commença à accélérer le pas. L'absence de bruit amplifiait le résonnement des pas dans les escaliers marbrés. Elles traversèrent un long couloir tapissé de tableaux de tout type.
Historia s'arrêta brusquement devant une immense porte en bois laqué qu'elle ouvrit avec détermination.
Ymir fut surprise de constater que la pièce était plutôt petite, du moins pour une reine. Elle avait imaginé une chambre indécemment grande avec un lit beaucoup trop long, des meubles dorés à perte de vue et une immense fenêtre donnant sur un jardin gigantesque. Sa chambre était en réalité assez simple : spacieuse avec un lit double, un bureau, une coiffeuse et d'autres meubles inutiles. Une chambre de fille friquée quoi mais pas une chambre de reine. Ymir se laissa tomber sur son lit, après tout ce qui c'était passé elle l'avait bien mérité !
Ah encore ce regard. Ses yeux étaient à nouveau plongés dans la confusion, on pouvait les entendre chuchoter « mais qu'est ce qu'elle fait ? ». Un silence gênant s'installa. Elle avait sûrement oublié qu'elle devait soigner son invitée. La grande brune toussa en touchant sa blessure, une manière peu subtile de lui rappeler ce qu'elle devait faire.
« Oh ! Je suis vraiment désolée j'étais ailleurs ! Ne bougez pas je vais chercher de quoi vous soigner ! »
Son vouvoiement commençait à énerver Ymir... Historia se dirigea vers la porte avec une démarche d'enfant paniqué.
« Ymir. »
Elle s'arrêta brusquement et la regarda comme un chiot intrigué .
« Je m'appelle Ymir. Et arrête de me vouvoyer ! Tu es la reine bordel ! »
Et la voilà qui sourit comme une gamine à qui on aurait confier un secret ! La voleuse la regarda verrouiller la porte. Il était vraiment confortable son lit... Je crois que je pourrais m'endormir. Je vais juste reposer mes yeux quelques instants...
Ymir... C'était un prénom étrange mais Historia le trouvait magnifique. On aurait dit le nom d'une déesse. Bon je n'ai pas le temps de rêvasser, je dois trouver des bandages et de l'alcool au plus vite ! Zoe devait sûrement avoir ça. La petite reine se rendit alors à la bibliothèque espérant y trouver une brune à lunettes.
« Hanji ! Désolée de vous déranger en pleine recherche. Voyez-vous, j'ai besoin de bandages et d'alcool, en avez vous ? »
Elle leva la tête de son énorme livre poussiéreux et lança un air intrigué à son interlocutrice.
« Des bandages et de l'alcool ? Que se passe t-il ? »
Zoe était une personne de confiance, si Historia lui disait qu'elle avait ramené une parfaite inconnue au château elle garderait le secret. Les autres ne devaient pas savoir... Non pas que la petite blonde n'avait pas confiance en eux mais si ils l'apprenaient, ils penseraient sûrement qu'elle était une mauvaise reine, imprudente et irresponsable.
« J'ai trouvé une fille blessée dans les jardins, alors je l'ai ramené ici... »
Elle n'avait pas l'air fâché, au contraire un large sourire s'étendit sur son visage. Historia était soulagée. Quand Zoe s'énervait elle devenait une autre personne.
« Je vois. Je dois en avoir dans mon laboratoire ! Je reviens ne bougez pas ! »
Son laboratoire, elle pouvait y passer des jours. Expériences, recherches en tout genre, cette femme était un puit de science. Comment un humain pouvait-il posséder autant de connaissances ? La petit reine l'admirait vraiment. Quand j'étais plus jeune elle adorait l'espionner en plein travail. Ses drôles de monologues et ses étranges cris la faisaient beaucoup rire et amenaient un peu de piment dans sa vie monotone de jeune reine.
Après deux brèves minutes, Zoe réapparu.
« Tenez, dit elle en me tendant une vieille bouteille de whisky et des bandages légèrement usés.
-Merci beaucoup ! S'il vous plaît, ne dites à personne que j'ai une parfaite inconnue dans ma chambre... »
Historia savait qu'elle ne le ferait pas. Elle quitta donc la pièce sans écouter sa réponse Ymir devait s'impatienter !
De retour dans la chambre, elle remarqua que sa convive était endormie. Elle n'arborait plus son sourire cynique et son expression arrogante mais un sourire paisible. Historia la regarda plus en détails. Sa peau légèrement bronzée était ornée d'une constellation de tâches de rousseurs, ses cheveux bruns attachés en une queue de cheval laissaient deux mèches entourer son visage qui était en réalité assez féminin. Elle était plutôt belle... Bon, je dois la réveiller, pensa Historia.
« Hmf... Mais non... Je l'ai pas volé... »
Elle parlait dans son sommeil; on aurait vraiment dit un enfant. Surtout qu'elle tenait fermement un coussin dans ses bras. Historia sourit encore une fois.
Oh non elle ouvre les yeux ! Pour ne pas avoir à soutenir son regard cynique et faire face à son sourire moqueur, la petite blonde plongea son regard vers la fenêtre.
« J-Je ne voulais pas te réveiller ! Pardon... »
Ymir se releva, lâcha brusquement le coussin et regarda la petite blonde.
"Sa majesté est elle ici depuis longtemps, dit elle en s'étirant bruyamment.
-J'ai trouvé des bandages et de quoi désinfecter ! Rétorqua Historia qui tenter d'ignorer les gémissements léthargiques d'Ymir.
La blessée commença à soulever son haut doucement. La sensation du tissus imbibé de sang qui frottait contre sa plaie la fit grimacer.
Historia se rapprocha pour pouvoir mieux observer la blessure.
La plaie était assez longue, elle traversait ses légers abdominaux en diagonale. Cependant elle ne semblait pas très profonde, ce qui rassura la petite blonde. Elle déboucha la bouteille de whisky ce qui embauma les lieux d'un vieux parfum d'absinthe.
"Dis moi que c'est pour me redonner un remonta-, Ymir fut coupée par la sensation de alcool brûlant qui mordait sa chair.
Elle laissa échapper un juron qu'Historia tenta aussitôt d'ignorer.
L'alcool et le sang se mêlèrent en un mélange insolite que la reine scella à l'aide des bandages. Des picotements désagréables transperçaient le ventre d'Ymir qui gesticulait comme une enfant
-Ymir, tiens toi tranquille maintenant ! Dit Historia avec un soupçon d'autorité.
La grande brune se contenta de sourire, appréciant la sonorité que la voix d'Historia produisait en prononçant son nom.
Le silence s'installa de nouveau entre les deux jeunes femmes.
Il n'était pas question de laisser la situation ainsi ! Historia n'avait pas suivit 10 années de cours d'éloquence pour qu'au final la première inconnue lui fasse perdre la parole !
-Tu habites où ?
-Habiter ? Un peu partout.
-Comment ça un peu partout ? Tu n'as pas d'endroit où dormir?
Ymir sourit devant cette rafraîchissante naïveté.
-Je n'ai pas d'endroit tout cours ! Mais je connais un joli coin pour dormir à la belle étoile !
-Comment fais-tu pour manger ? Tu n'as pas de famille ?
-Je vole votre altesse. Répondit elle en ignorant la dernière question.
Historia avait donc à faire à une voleuse ? Elle frissonna alors qu'elle imaginait des scénarios improbables. Non, cette fille était une simple orpheline, elle ne pouvait pas lui vouloir du mal !
-C'est affreux... Je ne peux pas te laisser partir ainsi. Ce château est immense, reste. Je peux te trouver un travail et tu aurais de quoi manger !
Ymir plongea son regard ambré dans le bleue profond des yeux de la reine. Elle ne savait pas quoi penser. Accepter semblait être la meilleure solution mais elle était toujours recherché par la garde royale ; et se cacher de la garde royale dans le château de la reine ne paraissait pas être la meilleure idée... Cependant si elle s'en allait, où irait-elle ? Dans la rue où les gardes pourront l'arrêter ? Dans un bar où des hommes la reconnaîtront ? Au creux d'un arbre où ce qui lui servait de vêtements pourrira ? Au milieu des ruines de l'ancienne grange des faubourgs où le froid de la nuit étouffera son sommeil ? Non, ils n'y avaient pas d'échappatoire. Tôt ou tard, son destin la rattrapera.
-Je ne sais pas...
-Reste au moins cette nuit ! Tu auras tout le temps d'y réfléchir !
Ymir hocha la tête et se laissa lentement glisser sur le lit. Historia sourit, satisfaite d'avoir réussi à la convaincre.
Vers six heure du matin, comme tous les jours, la baraque à l'entrée des écuries s'éveillait doucement. En hiver la lueur chaleureuse des bougies illuminait et réchauffait la petite maison alors calme et froide ; au printemps, c'était la lumière matinale qui se frottait contre les carreaux et s'infiltrait à l'intérieur pour venir réveiller les occupants: deux jeunes garçons d'environ le même âge. Comme chaque matin ils se préparaient à nourrir les chevaux du domaine mais avant cela les commis de cuisine leur apportaient le petit déjeuner. Ce matin-là, c'était Connie Springer qui s'était laissé attribué la tâche, il était arrivé en titubant tant il était pressé et Marco, l'un des palefrenier, craignit qu'il ne fasse tout tomber.
« Attention! dit-il en venant vers lui pour l'aider.
-Ah pardon! Ça va! »
Jean, le deuxième palefrenier, arriva.
« Qu'est-ce que t'a encore fait, Connie?
-C'est rien. » répondit Marco à la place de Connie.
Jean ne dit rien de plus et vint s'asseoir à table, face à Marco. Connie posa le plateau et s'installa avec eux.
« Vous savez pas quoi!
-Non quoi? demanda Jean en se préparant une tartine de beurre.
-Hier soir avec Sasha on a surpris Mademoiselle Reiss avec quelqu'un!
-Quelqu'un..? questionna Marco.
-Oui, répondit Connie en hochant la tête, une femme je crois. Elle la planque depuis hier, je me demande qui c'est!
-C'est bizarre, dit Jean, j'ai pas entendu parlé de visite cette semaine... Et toi, Marco?
-Moi non plus! C'est peut-être quelqu'un qu'elle connaît... vous n'avez entendu parlé de rien vous au château?
-Non justement! C'est arrivé très tard en plus –alors qu'on essayait d'échapper à Shadis. Ni Pixis ni personne ne semble être au courant! Si ça se trouve c'est son amante. »
Jean s'étouffa.
« Dis pas de bêtises!
-Pourquoi? demanda Marco, c'est possible. Mademoiselle Reiss ne laisserait pas n'importe qui entrer dans ses appartements et encore moins si elle est seule. C'est forcément quelqu'un qu'elle connaît.
-Mais... son amante, quand même, rougit légèrement Jean.
-Roh fais pas ta prude, le railla Connie en le poussant avec son coude. Et puis je déconne! »
Marco pouffa.
« Oui bon de toute façon ça ne nous regarde pas, si on devait savoir quelque chose ce serait déjà le cas. » dit Jean en se levant précipitamment pour sortir.
Connie et Marco se regardèrent interloqués.
« Bah qu'est-ce qui lui prend?
-Je ne sais pas, sourit légèrement Marco en haussant les épaules.
-Il avait des vues sur Mademoiselle Reiss ou quelque chose dans le genre?
-Pas que je sache... mais bon il a raison sur un point: les histoires personnelles de Mademoiselle ne nous regarde pas. Je vais le rejoindre, je te laisse t'occuper de ça. »
Marco lui sourit et sortit. Connie fit une grimace boudeuse et ramassa le petit déjeuner avant de retourner au château.
Marco rejoignit en courant Jean qui était déjà à l'entrée des écuries. Marco lui sourit simplement sans rien ajouter sur leur discussion précédente et ils allèrent tous les deux chercher quelques blocs de paille, vider et nettoyer les écuries puis sortir quelques chevaux pour leur faire faire de l'exercice. À midi ils avaient l'habitude de se rendre au château pour manger avec les autres domestiques, sur le chemin ils croisaient souvent Reiner, le jardinier, et discutaient avec lui des nouvelles du château. Jean était moins proche de lui que Marco qui de toute façon s'entendait avec tout le monde, c'était assez difficile de le détester ou alors il fallait être agacé par son étonnante gentillesse. C'est ce que Jean aimait bien chez lui, les choses étaient simples, il n'avait pas de mauvaises intentions et était toujours franc. Un jour, Marco lui avait même déclaré que c'était parce que lui aussi était faible qu'il pouvait comprendre les autres et que de ce fait il était à ses yeux le meilleur leader. Même si ça sonnait comme un compliment le fond était difficile à accepter pourtant Jean ne l'avait jamais mal pris parce que Marco savait comment parler aux autres... ou alors peut-être tout simplement parce que c'était lui. Il ne savait pas très bien.
« J'ai croisé Connie ce matin, dit Reiner arrachant Jean de ses pensées.
-Ah? dit Marco.
-Il m'a dit que... Mademoiselle Reiss... hébergerait son amant dans sa chambre?
-Son amant?
-Quel imbécile ce Connie, il a déformé sa propre histoire.
-Quoi? Ce n'est pas ça?
-Non, continua Jean, dans les faits il a vu ou entendu quelqu'un dans la chambre de Mademoiselle Reiss hier soir. Après il s'est monté la tête.
-Ah... je suis rassuré... mais du coup, qui est cette personne?
-Qui sait! Si ça se trouve il a tout rêvé en plus!
-Mh... »
Après le repas du midi, Reiner retourna aux jardins ; il était en train de refaire un parterre de fleur proche du kiosque en fer forgé et en marbre blanc où Mademoiselle Reiss aimait s'y reposer lorsqu'elle en avait le temps: elle y lisait des livres, y buvait du thé glacé accompagné de petits sablés, ou s'occupait des affaires sérieuses du royaume y trouvant le cadre plus agréable que seule enfermée dans son bureau.
Reiner voulait faire de cet endroit si précieux aux yeux de la reine le lieux le plus agréable du château, il y mettait toute sa force et toute son âme. Mademoiselle Historia aimait beaucoup les camélia alors pour cette année, Reiner avait choisit d'en planter de diverses variétés. Fier de son travail, il imaginait déjà le doux sourire de la reine lorsqu'elle le remercierait pour ses efforts. Ses grands yeux bleus qui ne regarderaient que lui, brillant d'émerveillement. A cette idée, Reiner se sentit rougir comme un idiot. Au même moment, il entendit des pas se rapprocher sur le gravier. Il se tourna brusquement et tomba nez à nez avec Bertholdt qui arrivait tout souriant, le saluant de la main.
« Salut Reiner! »
Reiner était surpris, il était si pris dans ses rêveries qu'il ne l'avait pas du tout entendu approcher.
Bertholdt vint s'asseoir sur les marches du kiosque tandis que Reiner, encore légèrement décontenancé, reprit sa pelle et lui demanda:
« Tu n'as pas de travail au château?
-Je prends une pause, la reine fait débarrasser une chambre, j'ai le dos en compote, soupira-t-il.
-Une chambre? s'inquiéta Reiner.
-Oui... elle ne sert plus depuis des années, elle veut la rénover.
-Ah... »
Bertholdt le regarda interloqué.
« Qu'est-ce qui se passe, Reiner?
-Tu es sûr que ça n'a rien à voir avec un certain... amant?
-Un amant?
-Il paraîtrait que la reine cache son amant dans le château.
-Quoi! Mais-
-Chut! Ce ne sont que des rumeurs mais ça m'inquiète... si c'était la vérité...
-Mh...
-Tu veux pas te renseigner pour moi?
-Hein quoi? Mais Reiner...
-S'il te plaît! Je te revaudrais ça!
-Je...
-Avec Annie de la garde royale par exemple...
-Qu-quoi?! N-non! C-c'est pas...! »
Reiner se moqua de lui et lui donna une tape amicale – mais un peu robuste – dans le dos. Bertholdt lâcha un petit « Aïe! » et hocha la tête rouge d'embarras.
De retour au château, Bertholdt s'en alla retrouver les autres domestiques dans leur salle de repos. C'était une pièce simple directement voisine des cuisines où Shadis, le chef, était en train de réprimander Sasha qui grignotait dans un coin au lieu de faire son travail. Bertholdt avait un peu de peine pour elle.
« Ah Bertholdt! T'étais où? demanda Eren qui arrivait dans la pièce.
-Pardon, je suis juste sorti un instant, sourit-il.
-Ah ok. On te cherchait, on a besoin de toi là-haut pour déplacer des meubles!
-Ah... d'accord j'arrive... » répondit-il déjà fatigué par le travail qui l'attendait.
Quand le dernier canapé fut mit en place, Eren, Bertholdt, Armin et Thomas se laissèrent tomber dessus. Mikasa les regarda sans rien dire, nullement affectée par l'effort.
« On a enfin terminé, lâcha Thomas essoufflé.
-Vous savez qui va occuper cette chambre? demanda Bertholdt.
-Qui s'en soucie? » souffla Eren.
Bertholdt n'ajouta rien, se disant que sa façon de procéder était peut-être un peu trop directe. Il n'était pas très doué pour jouer les espions, ça le mettait mal à l'aise de mentir. Souvent, il se faisait très vite démasquer.
« C'est vrai que c'est curieux, dit Armin. Pourquoi changer les meubles maintenant... »
Bertholdt releva la tête, étonné.
« Qu'est-ce que tu veux dire? demanda Eren.
-Eh bien, ces meubles n'étaient pas si vieux, ils pouvaient encore tenir longtemps alors je me demande...
-Peut-être qu'elle voulait simplement changer de décoration, dit Thomas. Pourquoi se prendre la tête?
-Ah pardon, c'est moi qui ait posé la question. Laissez tomber, dit Bertholdt en ce relevant. J'ai encore du travail en bas, vous aussi vous devriez y aller...
-Bertholdt... est-ce que... tu es au courant de quelque chose? » soupçonna Armin.
Bertholdt se figea. Était-il découvert? Il aurait dû s'en douter. Armin était un malin, une fois de plus il avait été prudent. Il sentit une goûte de sueur glisser le long de sa tempe. Comment allait-il s'en sortir? Il devait trouver une solution. Vite.
« N-non, pas particulièrement...
-T'es bizarre Bertholdt, dit Eren.
-Hein?
-Tu caches quelque chose? demanda Thomas.
-Hein! Non! C-c'est..!
-T'as vu ou entendu quelque chose? insista Armin.
-Non vraiment c-c'est rien!
-Est-ce que ça aurait un rapport avec Annie?
-Qu'est-ce qu'Annie vient faire là-dedans? remarqua Thomas.
-Non ça n'a rien à voir! C'est Reiner qui- »
Il se coupa. Quel idiot. Les autres le regardèrent intrigués.
« Reiner? demanda Armin.
-Non c'est... »
Bertholdt soupira.
« Reiner voulait savoir si Mademoiselle Reiss avait un prétendant qui viendrait vivre au château... lâcha-t-il d'un coup, s'avouant vaincu.
-Un prétendant!
-Chhuut! siffla Bertholdt en faisant des gestes. Taisez-vous, c'est qu'une rumeur, rien de concret...
-D'où est-ce que tu tiens ça? demanda Eren.
-Reiner... mais c'est Connie qui lui a dit...
-Connie... Il doit y avoir une erreur alors. » dit Armin.
Tous se regardèrent un instant puis Thomas brisa le silence.
« Vous pensez pas que ça pourrait être vrai? Qu'est-ce qui se passerait si c'était vraiment le cas? Je veux dire... Mademoiselle Reiss ne s'est jamais intéressée à ses prétendants, il n'y a pas de raisons que...
-Sauf si les membres du conseil royal lui mettent la pression, répondit Armin. Ils s'inquiètent de l'avenir du royaume et veulent que la descendance de la famille Reiss soit assurée.
-Ça paraît logique, dit Eren. Alors cette chambre ce serait...
-On en sait rien! C'est qu'une rumeur, lancée par Connie en plus... on ne peut être sûr de rien.
-Mh... c'est vrai... mais ça m'intrigue. »
Bertholdt les regardait convaincu qu'il venait de faire une énorme bêtise et il s'en voulait. Il chercha un moyen de les dissuader de s'intéresser plus à cette histoire ou ça finirait par retomber sur Reiner.
« Armin a raison, dit-il tout à coup. Connie doit se faire des idées, il a dû entendre ou voir quelque chose qu'il a mal interprété! C'est... c'est impossible que Mademoiselle Reiss accepte un prétendant pour le moment! C-ça n'a pas de sens...
-Tu essaies de protéger Reiner? demanda Armin.
-Qu-quoi! N-non! »
Les trois valets le regardèrent sans réelle conviction. Il était évident que Bertholdt essayait de cacher quelque chose et il s'en voulait d'autant plus. Décidément, Reiner ne pouvait pas conter sur lui, il s'en sentait coupable. Pour tout ce que Reiner faisait pour lui, lui...
« C'est bon, laisse-le, dit Eren. Bertholdt n'en sait pas plus que nous si tu veux mon avis. On va devoir mener notre enquête par nous-même! »
« 'fais chier... dit le capitaine Levi en se laissant tomber sur sa chaise. Vous avez cherché partout et n'avez vraiment rien trouvé?
-Rien du tout, dit Petra. Nous avons fouillé toute la forêt du domaine.
-Et du côté de la garde citoyenne?
-Nous attendons le rapport de Mike.
-Elle a pas pu se volatiliser, repartez à sa recherche. Je vais faire mon rapport.
-Très bien. »
Petra et les autres repartirent à la recherche de la cambrioleuse de la nuit dernière.
Levi était inquiet. Que comptait-elle faire après avoir dérobé le fruit de leurs recherches? Peut-être venait-elle d'un royaume voisin. Une espionne? Il est trop tôt pour entre sûr, il peut tout aussi bien s'agir d'une crève la faim qui comptait le revendre après s'en être emparé... mais il ne pouvait pas écarter l'éventualité d'un agent d'un royaume voisin. Le royaume d'Eldia était en proie aux hostilité depuis quelques années et même si leur puissance militaire restait la première puissance mondiale, certains n'avaient pas froid aux yeux. Il devait se méfier.
Levi frappa à la porte du bureau du major qui le laissa entrer. Ils se regardèrent un instant sans rien dire puis Levi s'approcha.
« Alors? demanda le major Erwin. Des nouvelles?
-Aucune, soupira Levi. Elle s'est volatilisée mais nous attendons toujours le rapport de Mike... Tu crois qu'elle vient de l'extérieur?
-Possible. On ne peut pas exclure cette hypothèse.
-Qu'est-ce qu'on fait?
-On attend. On ne peut être sûrs de rien tant qu'on l'a pas retrouvée.
-...
-Mais restons sur nos gardes. »
