Préface.
En tant qu'auteur ce nouveau texte me trottait dans la tête depuis un moment. Bien que ce ne soit pas raisonnable, sans doute par ce que l'écriture de divine rencontre est trop longue et que j'en suis frustrée je lance ce projet. Autant pour Julia que pour moi.
Clair-obscur
Réunis dans une pièce privée du logement du plus jeune les trois hommes discutent. Ils pourraient aborder un nombre incalculable de sujets, comme la fin de la reconstruction du domaine après-guerre et tant d'autres. Mais si l'ainé et le cadet ont choisi ce lieu qu'ils savent impossible à espionner, ce n'est pas pour palabrer sur ce qui est de notoriété publique.
Le plus jeune se saisit de verres qu'il remplit d'alcool avant d'en déposer un à chacun de ses frères et s'assoit enfin. Un regard passe entre lui et le plus âgé. Qui va aborder le problème ? Finalement c'est lui, Eaque qui lance le sujet.
« Bon on s'est bien ramassés sur ce coup-là. Pourtant on n'était pas si mal engagés. Plus que deux chevaliers d'or en vie, on avait toutes nos chances. »
Léger hochement de tête des deux autres.
« Rhad quelque chose me semble anormal. Contre un chevalier d'or même éventuellement le plus fort ou en tout cas celui qui a fait le plus de dégâts. »
« De dégâts ? c'est comme ça que tu résumes anéantir à lui seul presque toutes nos troupes ? et … Non je t'en prie continue. » s'arrête Eaque.
« Je disais que vous étiez de force égale, ça aurait pu durer très longtemps. Tu avais déjà l'avantage d'être aux enfers. Tu l'aurais eu à l'usure. »
« En plus il a enlevé son armure, c'était du pain béni. »
« Comment tu sais ? » se renfrogne Rhadamanthe.
« Minos était au mur des lamentations, il y a vu l'armure des gémeaux et votre combat n'était pas fini. »
« Donc Rhad ? Il s'est passé quelque chose. »
« Il m'a eu par surprise. »
Minos soupire, la surprise à elle seule n'est pas la vraie raison. Il n'était pas présent mais il a bien senti l'élévation fulgurante du cosmos du chevalier et celle de son frère avant qu'elles ne s'éteignent en même temps dans une explosion fulgurante. Et il n'entrevoit pas quinze mille scénarios possibles. Il y en a un et un seul. Et l'aveu y est dans l'expression fermée et farouche de son frère. Rhadamanthe a paniqué. Son frère a paniqué. Et ça n'a rien de risible. Il échange un regard lourd de sous-entendus avec Eaque qui a dû arriver à la même conclusion.
« Tu aurais parfaitement pu te dégager. »
« Vraiment ! »
Minos se tait comme il voit son cadet se lever et s'éloigner, avec un temps de retard Eaque réduit la distance sans pour autant se mettre trop près.
« Rhada, nous on le sait que tu ne supportes pas les contacts physiques. »
Le blond se refuse à répondre alors le brun attend, attend qu'il baisse la garde pour poser une main sur son épaule, la réaction est à la hauteur de ce qu'il attendait.
« Rhada même avec nous tu te crispes, à se demander comment tu ne t'es jamais froissé un muscle. »
« Tu as paniqué. » soupire Minos
« Non »
« Tu as paniqué quand il t'a bloqué. »
« Rhada, on sait tous les trois ce qui s'est passé. Inutile de vouloir feindre. »
Rhadamanthe s'est rassis dans un fauteuil, Il ne dira pas un mot sur le sujet, ses frères en sont conscients. Eaque lui remet d'autorité son verre dans la main.
« Tu as conscience qu'il serait temps de remédier à cela ? »
Eaque approuve en silence.
« Mais la question est comment ? Tout seul regarde où ça t'as mené. »
« Je vois l'option divan ou lit ? »
Les deux frères posent un regard circonspect sur le brun.
« Un psy ou un amant ? »
Minos le menton dans la main semble étudier la proposition.
« Au détail près de la discrétion. L'information ne doit pas fuiter. »
« A la surface vu le nombre de psy, de patients, de prostitués et de clients : un de plus un de moins. Le chapelet de la vierge est toujours actif et y bloque nos cosmos, donc impossible de nous repérer grâce à lui et un humain de plus, y a rien de plus simple pour se fondre dans la masse. »
« Effectivement. La surface est toute indiquée. »
« Vous oubliez pas un détail ? J'ai quand même mon mot à dire ! »
« Non, non Rhad. On t'a déjà laissé faire tout seul. Donc t'as le choix parler ou coucher. »
Le blond ferme les yeux, prend sur lui puis trempe ses lèvres dans son verre. Aucune des alternatives offertes lui conviennent. Pourtant ses deux frères attendent une réponse. La mort dans l'âme il pèse une dernière fois le pour et le contre avant de se prononcer.
(A suivre)
