28 aôut 1937

Il était à peine six heures du matin. La lumière blanche du jour qui filtrait à travers les rideaux éclairait faiblement les murs de ma chambre. En cet instant, le papier peint paraissait encore plus terne qu'il ne l'était déjà. Un fond gris clair, des dessins de fleurs gris foncés. Les coins de certaines bandes de papier s'étaient décollés.

Déprimante. Ma chambre était déprimante. Encore aujourd'hui, j'ai cette étrange impression qu'on me compresse la poitrine et la gorge quand je repense à cette chambre. Si grise, si triste, tellement impersonnelle.

Je restai ainsi pendant quelques minutes, fixant le papier peint avec des yeux vides, mon bras engourdi écrasé sous ma joue brûlante. Je n'arrivais pas à me souvenir de ce qui m'avait réveillé. Le bruit de la circulation était trop familier pour parvenir à me tirer du sommeil, ce ne pouvait pas être ça. Soudain, un son étrange retentit. Comme le bruit d'un minuscule animal en train de courir. Comme si l'animal courrait de l'autre côté du mur, tout prêt de mon oreille.

Un rat ? Les rats courrent-ils à la verticale sur les murs ?

En me concentrant, je pouvais presque deviner l'endroit où se trouvait le rat. Vers ma tête, vers mes jambes, le long de la plinte, sur le plafond...

Les rats ne courrent pas au plafond.

Et puis il n'y avait pas de rats, ici. L'orphelinat était gris, triste, sordide, mais il n'était pas insalubre.

Le buit ne cessant pas – il devenait au contraire de plus en plus fort et de plus en plus rapide – je décidai de me lever. En écartant ma couette, je fis tomber un livre qui heurta le sol lourdement. Aussitôt, l'étrange bruit cessa dans la chambre d'à côté, laissant place à un silence total, comme si tout mouvement avait cessé. Je ne pus m'empêcher d'imaginer un petit rongeur effrayé lever la tête en se demandant fébrilement qui était la cause de cette perturbation.

Je m'habillais en écoutant attentivement, mais le bruit ne repris pas. Avant de sortir, je collai mon oreille contre le mur. Toujours rien. La chambre voisine à la mienne était plongée dans le silence, Tom devait dormir. Peut-être avais-je rêvé, ou peut-être était-ce simplement un bruit extérieur qui m'avait paru, dans l'engourdissement d'un demi-sommeil, beaucoup trop proche.