Réponse au 56e défi du Poney Fringant : "Méduseld a un fantôme qui rôde".
Un souffle d'espoir
Théodred n'arrivait toujours pas à le croire.
Il était mort.
Il était devenu un fantôme.
Un fantôme…
Il avait du mal à se faire à cette idée.
Il était mort dans la nuit qui avait suivi son retour à Méduseld.
Ses cousins Éomer et Éowyn avaient été là pour le veiller au début, mais ensuite, il n'y avait plus eu qu'Éowyn.
Il l'avait suivie quand elle s'était rendue auprès du roi pour lui annoncer la nouvelle. Mais ce dernier n'avait pas réagi, à peine lui avait-il adressé un regard vide de tout sentiment lorsqu'elle lui avait annoncé la nouvelle.
À présent, elle pleurait sur son lit de mort.
Théodred aurait aimé lui parler, lui dire qu'elle ne devait pas être triste mais forte pour les jours à venir, car le Rohan était en danger.
Les orques, ces ignobles créatures qui l'avaient tué, lui comme sa compagnie de cavaliers, reviendraient en force ! Le royaume aurait besoin d'elle et de son épée.
Étrange comme les choses devenaient claires et simples lorsqu'on se débarrassait de son corps. Autrefois, il aurait pensé aux obstacles : le fait qu'Éowyn était une femme, Éomer qui la jugeait plus à sa place au château que sur un champ de bataille, le danger de perdre l'une des derniers descendants de la lignée royale du Rohan…
Perdu dans ses pensées, il mit un moment à réaliser que quelqu'un était entré dans la chambre et parlait à Éowyn.
Gríma !
Théodred frémit, ou du moins eut la sensation que son esprit s'agitait, comme s'il avait encore une enveloppe de chair et de sang.
Il n'avait jamais aimé le « conseiller » de son père, il le mettait toujours mal à l'aise, sans qu'il sache pourquoi. Mais à présent qu'il était un fantôme, il pouvait clairement sentir la malveillance et la sournoiserie qui imprégnaient l'âme de Gríma. Il profitait du chagrin de la jeune femme pour tenter de l'envoûter !
Non, il ne pouvait pas laisser faire ça. Fantôme ou non, il devait réagir !
Mû par la colère, mais surtout l'amour qu'il portait à sa cousine, il essaya de canaliser ses sentiments puis de les pousser vers elle.
Il sentit clairement l'air devenir plus froid et agité autour d'Éowyn. Ça marchait !
Celle-ci frémit, puis parut sortir de la transe dans laquelle les paroles empoisonnées de Gríma l'avaient plongée.
Soulagé, il la regarda sortir de la chambre.
Il la suivit dehors et regarda le paysage qui s'étendait alentour.
Il aperçut avant elle les trois cavaliers qui approchaient.
Un vieil homme vêtu de gris… Gandalf !
Et à ses côtés, un homme, un elfe et un nain.
Curieux cortège !
Pourtant, la vue de Gandalf suffit à le rassurer.
Son regard se reporta sur l'horizon.
Ce pays allait lui manquer, mais il avait le sentiment à présent que tout irait bien.
L'espoir le réchauffa, comme les rayons du soleil traversant les nuages gris pour réchauffer la terre gelée.
Et sur cette ultime pensée, il laissa le vent puissant l'emporter vers l'Ouest.
