J'avais dis que j'arrêtais, mais tant pis... La fic de Nikita Lann m'a grandement inspiré (même si elle ne ressemble que de très loin à celle-ci). Pour les experts, il n'est pas difficile de deviner de quel requiem il s'agit.
On eut dit que tous retenaient leur souffle, mais Scorpius plus que quiconque savait qu'il n'en était rien, car il eut pour cela fallu qu'un souffle propre leur appartînt; mais en mourant à eux-mêmes, ils n'appartenaient plus qu'au bout de ces doigts sculptant dans des airs ruisselants l'impulsion qui faisait d'eux tous un être unique. C'était comme si la musique vivait en se multipliait par eux. Acceptant de s'abandonner à lui, Scorpius savait que ce Requiem sonnait l'espace d'un instant le glas de sa propre disparition à son identité pour embrasser la réalité transcendante et pleinement divine qu'il en acceptait. Après le tumulte du "dies irae", écrasant les ombres dans un triomphe étincelant de cuivres, noyant dans l'immensité infinie des choeurs le "moi" des interprètes, il sentait onduler la grâce du son entre les voutes ténébreuses de la Grande Salle, c'était un flot qui surgissait par émanations depuis chaque être, chaque élément présent, vivant indépendamment de tous mais aun sein même de tous. Créée par eux, la Musique les précédait, car elle était par son sens, éternelle dans la vérité céleste. Et soudain tout fut réduit à la courbe mineure des violons nacrés, et la rondeur de ce chant voluptueux et plein d'espoir poursuivait à lui seul tous les violents accords de l'orchestre; le son mourrait pour donner naissance à l'infini des transports aériens d'un instant, éteint par une baguette d'une magie bien supérieure à celle qui animait ces engins justes bons à jeter des sorts inanimés. Et puis, plus rien... ou presque, un ostinato languissant, des cordes à peine effleurées. C'est alors que s'éleva sa voix, dans un lent champ de larmes; elle chantait, ou plutôt la musique chantait par elle et Scorpius savait que les lèvres de sa voisine vibraient d'autre chose que d'elle-même. Puis, mû par ce fébrile mouvement du poignet, ce fut à lui de laisser naître sa voix de basse, bientôt accompagnée par les doux accents du mezzo de Rose. "dies illa", disait la musique, "ce jour", ... oui ce jour n'était pas un jour de mort, mais d'une vie rayonnante de sons, auréolée par la gloire de la divinité, triomphant dans l'amour.
Alors, qu'en dites-vous?
