Sans Domicile Fixe (1) :
« Une petite pièce, s'il vous plaît ? »
« Va travailler ! »
J'aimerais bien...
Si vous saviez... Avant j'étais milliardaire, j'avais une petite amie, d'innombrables possessions et aujourd'hui...
Aujourd'hui je suis assis sur un trottoir en face d'une gare, un vieux manteau crasseux sur les épaules, et mes mitaines ne me protègent pas vraiment du froid. Les gens me regardent avec dégoût, et j'arrive à peine à avoir quelques pièces pour me nourrir. Heureusement que les gens gaspillent facilement. Il me suffit de passer après eux pour pouvoir avoir au moins un repas tous les deux ou trois jours. C'est suffisant, je m'y suis habitué. Mon corps n'est plus aussi patient qu'avant.
Je pouvais avoir ce que je voulais quand je voulais...je ne vivais pas vraiment...Maintenant...
« Une petite pièce, s'il vous plaît ? »
C'est la seule chose que je dis de la journée.
Tiens, il ne me répond pas lui. D'ordinaire j'ai le droit à une insulte. Mais bon, je le sais qu'il le pense, donc ca ne change rien. L'hiver est rude cette année. Oui, ca fait déjà trois ans que je fais la manche. Tout ça à cause...de la famille. Enfin, ce que je pensais être la famille. Un traître, qui m'a tout volé. Mon argent, ma petite amie, mes entreprises...et je me suis très vite retrouvé à la rue. J'ai les larmes aux yeux rien que d'y repenser. Mais bon, on peut mettre ca aussi sur le dos de la fraîcheur. Mes doigts sont gelés, et j'ignore si ce soir je parviendrais à trouver un endroit chaud et sécurisé pour dormir quelques heures.
Je replie mes genoux contre ma poitrine, et remercie la vieille dame qui dépose une petite pièce dans le sac plastique à côté de moi. Elle me sourit et s'éloigne. Rare sont les personnes comme elle.
« Excuse moi...je passe ici tous les jours et...je voulais juste...te donner ceci. »
Je me tourne vers la voix, et j'aperçois un homme aux cheveux noirs plaqués, aux yeux verts superbes et au sourire étincelant. Il porte un long manteau et des gants bien chauds. Il voit que je détaille ceux ci, et les joint au sandwich tout chaud qu'il vient de m'acheter. Pourquoi ? Pourquoi fait-il cela ? De plus, je ne l'avais jamais remarqué.
« Mer...Merci ! Merci beaucoup ! » le remercié-je, au bord des larmes. Je me lève, mes genoux craquant au passage et me trouve incroyablement petit à côté de lui.
Il sourit, me donne le tout avant de s'en aller en me souhaitant une bonne journée.
Oh oui, c'est une bonne journée.
Bizarrement, il fait moins froid...
…
A suivre.
