Lena a cinq ans quand les écritures apparaissent une nuit sur sa peau, la serpentant avec une grâce et une élégance qu'elle n'avait jamais vu dans aucune peinture des bouquins qu'elle dévore.
Cela fait moins d'un an qu'elle s'est faite adopter par les Luthor, et la petite fille joyeuse et souriante qu'elle était a laissé place à une fillette timide et réservée, beaucoup trop morne pour un enfant de son âge.
Si peu de temps qu'elle est une Luthor, et pourtant si changée, sa mère ne la reconnaîtrait à peine. Lena se demande souvent si elle manque autant à sa Maman que celle-ci lui manque, là où elle est.
Lionel est toujours gentil et souriant avec elle, et Lex l'a adoptée dès le premier jour, mais Lilian la regarde toujours bizarrement, et Lena essaie de l'éviter le plus possible. Elle l'appelle mère, parceque c'est comme ça que son Papa lui a présenté sa femme quand elle est arrivée au manoir, mais parfois Lena pense que madame conviendrait sûrement mieux.
Sa vraie maman, elle ne la reverra pas, Lena le sait. Les souvenirs de sa mère commencent à s'estomper dans son souvenir, et apparaissent tordus, déformés par sa mémoire qui en créent des nouveaux malgré a beau creuser dans sa mémoire, elle ne se rappelle plus des premières images de sa vie, ni même du nom de famille qu'elle portait avant.
Lena ne se sent pas chez elle dans le manoir, et elle rêve souvent à sa vie d'avant, mais ce soir, les symboles sont là, comme tatoués à l'encre blanche sur ses côtes et son ventre, et Lena les regarde, fascinée.
Elle sait plutôt bien lire et écrire pour son âge, mais les symboles ne veulent rien dire pour elle, et de toute façon Lena est trop jeune pour connaitre la signification d'une âme-sœur.
Mais cette nuit, alors qu'elle est couchée dans son lit, Lena allume la petite lampe torche que lui a donné Lex et les parcoure du doigt pendant des heures.
Les symboles lui sont étrangers et familiers à la fois, et Lena a l'impression de découvrir quelque chose qui n'appartient qu'à elle. Elle est jeune et innocente, mais elle sait déjà que ses nouveaux parents sont beaucoup trop stricts pour ne pas la punir si ils découvrent ses symboles, même Lionel.
Alors elle décide du haut de ses cinq ans de garder le secret pour elle, encore un peu. Les symboles sont à elle, rien qu'à elle. Ce soir, elle ne se sent plus triste.
Lena a sept ans, et elle se pose des questions.
Elle a fini par comprendre que les symboles qui sont inscrits sur son ventre ne sont pas les même lettres que son tuteur lui as appris, et elle ne les comprend pas. Les symboles ne sont pas écrit dans sa langue.
Elle a vu les marques sur le bras de son père plusieurs fois, et un jour, elle lui a demandé de lui expliquer ce que ça signifiait. Il lui as laissé les lire, assise sur ses genoux et serrée contre lui.
"Abandonnez ceux qui s'abandonnent eux-mêmes" lit clairement Lena. Les mots sont blancs, comme les symboles sur son propre ventre, et quand elle lève des grands yeux ébahis vers son père, il lui sourit tendrement. C'est tiré d'une pièce de Shakespeare, lui sourit Lionel.
Lena veut poser des questions, mais le portable de Lionel sonne, et c'est toutes les explications qu'elle aura. Elle n'osera plus jamais aborder le sujet avec lui, de toute façon.
Lena adore son père. Lui qui est toujours si sérieux et si sévère avec Lex, il la laisse entrer dans son bureau quand elle veut et s'asseoir à ses pieds quand il y travaille. Ils passent tous les deux des heures dans le silence, lui le nez dans ses papiers et ses contrats et elle dessinant des figures qui ressemblent étrangement à aux symboles singuliers qu'elle seule connait.
Lena louche souvent sur le bras de son père, et la phrase qu'il y a gravé qu'elle connait maintenant par cœur. Elle ne sait toujours pas pourquoi cette phrase est là, ni pourquoi les symboles sont sur son ventre, mais plus elle fait attention, plus elle remarque le même genre d'inscription sur les gens qu'elles croisent.
Elle voit des mots blancs partout, sur l'épaule de son grand frère, sur le poignet de sa gouvernante, dans le coup du chauffeur des Luthor. Tout le monde a des mots, mais elle est la seule qui en a dans une langue inconnue. Tout le monde sauf une personne.
Lena n'a jamais vu les marques sur les bras de sa mère – de Lilian. Elles devraient pourtant se porter sur son bras, et être composées des même mots que ceux de Lionel, mais Lilian prend toujours soin de porter des manches longues qui lui couvrent soigneusement les avant-bras, même lors des jours d'été les plus chauds.
Lena se demande si c'est parceque son bras n'a pas de mots. Elle se demande aussi si sa Maman les avait, elle, les mots qui correspondent à ceux de son père.
Lena a la tête remplie de questions, mais n'ose les poser à personne.
Lena a neuf ans, et elle se faufile sur la pointe des pieds dans la chambre de Lex alors que celui-ci est dans le bureau de leur père – elle peut entendre les cris de son frère et la voix grave de Lionel toner jusqu'ici, et sait d'expérience qu'ils en ont pour un bout de temps.
Elle passe devant ses armoires remplies de livres et de bibelots, et en lit rapidement les tranches pour enfin tomber sur celui qu'elle recherche. Lex parle six langues, et possède tout autant de dictionnaires de traductions, et c'est précisément ce qu'elle est venue rechercher dans sa chambre.
Elle tombe sur le Saint Graal presque tout de suite. Une encyclopédie énorme, qu'elle a du mal à sortir de l'étagère, et qui pèse si lourd qu'elle doit se résoudre à la poser au sol, parcequ'elle n'arrivera pas à le hisser sur le bureau.
Lena sait pertinemment ce qu'elle recherche en feuilletant à toute vitesse – la signification des symboles qui sont gravés sur sa peau depuis des années, et dont elle n'a toujours pas réussi à décrypter le sens.
Si ce n'est pas de l'anglais, c'est peut-être du russe – Lex lui a appris l'autre jour qu'ils avaient un différent alphabet qu'eux – et elle va chercher comme elle peut la langue de son âme sœur. Maintenant qu'elle sait que les mots qui sont gravés sur sa peau sont ce qui la relie à son âme sœur, Lena doit les déchiffrer. Mais comment elle est censée trouver son âme sœur si il ne parle pas la même langue qu'elle ?
Lex ouvre la porte d'un coup, et la fait sursauter de peur, mais au lieu de lui crier dessus d'être entré dans sa chambre sans demander la permission, ses traits fermés et passablement énervés de la conversation tendue qu'il a eu avec son père se détendent tout de suite en voyant sa petite sœur.
Lena lui explique qu'elle cherche à comprendre l'alphabet cyrillique, sans préciser pourquoi.
Quand il lui a parlé des âmes sœurs, Lex a bien précisé que les mots pouvaient apparaître sur n'importe quel endroit de leur corps et à n'importe quel âge, et Lena ne lui a pas dit qu'elle avait déjà les siens.
Lex se fait une joie de lui apprendre le plus qu'il sait, et ils passent une bonne partie de la nuit à lui montrer dans ses livres toutes les calligraphies qu'il connait, et Lena l'écoute avec attention, passionnée.
Lena est ravie d'avoir appris autant de choses, mais aucune des écritures que lui a montré son frère ne correspondent aux symboles blancs de son âme sœur.
Lena a onze ans, et les mots de l'âme sœur de Lex est rouge sur la peau de son épaule quand il lui montre.
Elle les a vus plusieurs fois avant, bien sûr, mais c'est la première fois qu'ils en discutent vraiment tous les deux.
Lex va partir demain, dans une école loin de Metropolis, et du manoir Luthor, et de Lena, et au lieu de célébrer sa dernière soirée avant d'entrer l'université avec ses amis, il veut la passer avec sa petite sœur.
Les tatouages ne se trompent jamais, lui dit Lex. Peu importe qui t'es destiné, ça sera la bonne personne.
Lena n'a jamais montré ses symboles à personne, même pas à lui, mais quand elle esquisse le geste de remonter son t-shirt pour lui montrer, Lex l'en empêche.
C'est ton secret, lui sourit-il. Garde le.
Lena lui demande pourquoi il lui montre les siens, et les yeux de son frère se grisent.
Pour que tu comprennes.
Le tatouage de Lex était blanc, et est passé au rouge il y a deux mois. Son âme sœur est mort, sans qu'il ne l'ait jamais connu.
Lex ne pleure pas quand il lui explique. Son ton reste grave et froid comme il l'est toujours, mais Lena se serre quand même contre lui, et quand il passe un bras autour de ses épaules, elle lui promet tout bas que même si il n'a plus d'âme sœur, il aura toujours une petite sœur.
Lena a douze ans quand elle comprend enfin.
Elle n'avait aucune chance de les découvrir dans aucun dictionnaire ou encyclopédie de langues qui soit, les mots de son âme sœurs, puisqu'ils sont écrit dans une langue étrangère. Dans une langue si étrangère qu'elle n'est même pas terrestre.
Lena le découvre par accident, lors d'une conversation entre son frère et son meilleur ami.
Depuis que Lex est parti de la maison, Lena s'ennuie terriblement de lui, et le manoir Luthor est trop grand, trop froid, trop vide.
Lionel n'a plus le temps pour elle maintenant, et elle est trop grande pour aller s'allonger sous son bureau quand il y travaille. Lilian l'ignore scrupuleusement, et Lena ne s'en plaint ne vit qu'au milieu d'une armée de servants et de domestiques qui s'intéressent plus à elle que ceux qui sont censés être de sa famille, et son frère, qui était la seule portion normale de sa vie, n'est plus là, et il lui manque atrocement.
Alors quand Lex est à la maison pour les congés de Noel, Lena en profite le plus possible, et passe le plus clair de son temps avec lui.
Et un jour que Clark est à la maison, alors que Lena est allongée sur le lit de Lex à lire un énorme bouquin, les deux garçons sont penchés sur l'ordinateur de son frère, en train de discuter d'aliens et d'extra terrestre d'un ton enthousiaste.
Lena lève les yeux vers l'écran pour regarder ce qui créer un débat si enflammé, et d'un coup, son cœur s'arrête.
Le texte que lit actuellement son frère ressemble en tout point aux symboles qui recouvrent son ventre.
Lena demande d'un ton faussement détaché aux garçons ce qu'ils recherchent, et c'est Clark qui répond. Ils comparent des différents langages extraterrestres.
Lena hoche de la tête, et ne rajoute rien, attendant d'être revenue dans sa chambre pour pousser un cri dans son oreiller.
Lena a quinze ans, et son père est mort.
Les portes du pensionnat se sont refermées sur elles dans un grincement, et Lena ne s'est pas retournée pour voir son chauffeur repartir vers le manoir Luthor.
Sa mère ne l'a pas accompagnée, et lui à peine dit au revoir, l'expédiant le plus vite et le plus loin possible de chez elle comme un paquet de linge sale, à peine son mari enterré.
Lena adorait son père, et il lui manque atrocement. Elle voudrait être tranquille pour faire son deuil, mais personne ne lui en donne la satisfaction.
Elle est riche, elle est connue, et surtout elle est mystérieuse. Lena ne se laisse approcher par personne, et se mure dans le silence, et le travail.
Les autres filles la regardent comme un monstre de foire, et la pointent du doigt quand elles croient qu'elle ne le voit pas. Lena est au centre de toutes les discussions et la source de toutes les rumeurs.
Et pourtant elle n'a jamais été aussi seule.
Lena a dix-sept ans, et elle se découvre.
Des garçons l'invitent à sortir de plus en plus souvent, sans doute attirés par la gloire et la fortune accrochés au nom de Luthor, mais elle les repousse tous loin d'elle.
La seule personne avec qui elle accepte de sortir est sa camarade de chambre, une certaine Jamie.
Jamie est la seule qui l'appelle par son prénom et non par son nom de famille, la seule à blaguer avec elle et à l'encourager à sortir de la bibliothèque où Lena passe sa vie.
Lena accepte d'aller boire une bière avec Jamie, puis deux, puis cinq, et sans qu'elle sache trop comment elles en arrivent là, Jamie l'attire à elle et l'embrasse doucement. Ça ne dure pas plus de deux secondes, et Jamie est complètement ivre et ne se rappellera de rien le lendemain matin, mais Lena se découvre des attirances qu'elle ne se connaissait pas.
Lena n'en parle pas à personne, mais elle n'a jamais autant voulu que les mots qui lui couvrent le ventre dévoilent qui se cache derrière.
Lena a dix-huit ans, et Superman vole fièrement dans le ciel de Metropolis.
Tout le monde ne parle que de lui, et cherche à tout moyen à le voir en vrai, et Lena aussi, mais pas pour les mêmes raisons que les autres.
Le symbole que Superman porte fièrement sur sa poitrine, et que tout le monde appelle le S, Lena le porte aussi sur son ventre. Le symbole de l'Homme d'Acier est le même que les siens, il n'y aucun doute.
Les symboles de son âme soeur sont écrits en Kryptonien. Mais Superman ne peut pas être l'âme sœur de Lena, si ?
Lena imaginait son âme sœur comme un garçon doux et attentionné, un être fragile et fort à la fois, pas la montagne de muscle qu'est l'homme qu'elle voit à la télévision.
Les mots de Lex résonnent dans sa tête, mais elle ne peut s'empêcher de penser que quelque chose parait déformé quand elle s'imagine avec Superman. Ce n'est pas ce qu'un âme sœur est censé faire ressentir.
Lena voudrait demander conseil à son père, mais il n'est plus là. Elle voudrait parler à Lex, mais il est submergé de travail, et a de moins en moins de temps pour elle. Elle voudrait même parler à sa mère, mais celle-ci la déteste.
Lena n'a personne. Et Lena est perdue. Les mots Kryptoniens de son ventre lui paraissent étrangers, maintenant.
Lena a dix-neuf ans, et Jack l'aime.
Il n'est pas son âme sœur, elle le sait parfaitement, mais elle est bien dans ses bras, et pour la première fois de sa vie, elle se laisse faire, elle laisse tomber le masque Luthor.
Jack la fait rire et la distrait, quand Lex devient de plus en plus fermé sur lui-même, et ne veut pas entendre raison. Son frère est en train de glisser sur une pente dangereuse, et ne veut pas lui expliquer pourquoi il coupe les ponts avec tout le monde.
Lena en souffre, mais Jack est là, toujours.
Il est là la première fois que Lex lui raccroche à la figure, et que Lena pleure toute la nuit.
Il est là quand Lilian lui annonce d'un ton froid que cela ne servira à rien pour elle de rentrer à Metropolis pendant les vacances puisque personne ne sera là pour l'accueillir, sa mère ayant convenablement posé une conférence à l'autre bout du pays au même moment.
Il ne dit rien la première fois qu'il voit le ventre de Lena, et se contente de parcourir du doigt les symboles Kryptoniens d'un air que Lena n'arrive pas à déchiffrer. Elle est persuadée qu'il va partir, qu'il va la laisser comme tous les autres, mais il reste.
Il est une des meilleures choses qu'il lui soit arrivée depuis longtemps, c'est vrai.
Mais quand Jack lui dit je t'aime pour la première fois, Lena ne peut pas se résoudre à le regarder dans les yeux. Elle ne lui dit rien en retour.
Lena a vingt ans, et son monde tombe en poussière.
Lex est en train de devenir fou, elle le voit. Il part des rages inexpliquées que Lilian encourage toujours gaiement, et refuse d'entendre raison.
Lena sait que ça ne peut pas bien finir. Elle ne peut rien faire pour sauver son frère.
Elle rompt avec Jack sans lui donner d'explications, sans lui donner une chance de la retenir, et s'enferme plus que jamais sur elle-même.
Les professeurs du MIT l'encensent tous les uns les autres, et ça ne fait rien pour freiner les chuchotements qu'elle entend sur son passage. Un esprit brillant, disent-il. Une bête curieuse, elle entend.
Les écritures sur son ventre sont toujours là, mais elles lui donnent l'impression d'avoir été forgées au fer rouge, de l'insulter elle aussi.
Lena ferme les yeux quand elle se change maintenant. Elle ne veut plus voir les symboles, elle ne veut plus y croire.
Il n'y a personne pour elle.
Lena a vingt-et-un ans, et elle veut mourir.
Lex est arrêté devant toutes les caméras de télévision du pays, et passera le reste de sa vie en prison.
Sa mère échangerait la place de son fils contre celle de Lena sans hésiter, elles le savent toutes les deux.
Jack l'appelle en boucle, et Lena finit par jeter son portable par la fenêtre pour ne plus l'entendre sonner.
Sa vie n'était qu'une illusion, qu'un château de cartes que la folie de Lex a balayé du revers de la main. Et maintenant son père est mort, son frère est en prison et sa mère ne veut pas entendre parler d'elle – le cercle est bouclé.
Le monde entier la hait, et elle se déteste.
Mais quand elle remonte le pan de sa chemise pour ajouter une nouvelle ligne rouge à la collection de zébrures qui recouvrent ses hanches, les symboles blancs lui sautent aux yeux, et elle se repose la lame d'un geste rageur.
Elle se demande si sur la peau de quelqu'un d'autre, à des kilomètres de là où elle est, le tatouage qui lui est destiné est en train de virer au rouge.
Lena hait son âme-sœur aussi, pour l'empêcher d'en finir. Pour lui donner de l'espoir.
Lena a vingt-deux ans, et elle décide de reprendre sa vie en main.
Elle travaille deux fois plus fort et deux fois plus dur, et ne sort plus de son dortoir que pour aller en cours. Les insultes sont maintenant quotidiennes, mais elle se forge une carapace d'acier pour les contrer, et elle apprend à ignorer ce qui la blesse.
Elle ne pense plus à Superman, et ne se pose plus de questions sans réponses.
Ses yeux évitent toujours son ventre, mais plus aucune ligne rouge ne rejoint les autres.
Lena a vingt-trois ans, et Luthor-Corp change de nom pour devenir L-Corp.
Elle a son diplôme en poche, et son avenir tout tracé quand elle décide partir de Metropolis. Elle veut reprendre ce qu'a laissé son frère derrière, pour en faire quelque chose de bien. Jack veut la retenir, mais sa décision est prise.
Elle ne laissera plus personne diriger sa vie, et encore moins son cœur. Elle est puissante, et elle est maîtresse de son destin.
Pour la première fois depuis des années, Lena regarde à nouveau les symboles sur son ventre sans se maudire.
Lena a vingt-quatre ans quand elle rencontre Kara Danvers.
Kara est douce, et aimante, et dévouée, et tout ce que Lena ne mérite pas. Kara croit en elle plus que n'importe qui d'autre, et la pousse chaque jour un peu plus vers l'avant, et Supergirl a beau être l'héroïne de National City, elle est l'héroïne de Lena. Kara lui offre une place dans sa vie, et prend résidence dans son cœur, sans que Lena ne puisse rien contrôler.
Si bien que Lena en panique.
Quand Supergirl apparaît sur son balcon, sa cape rouge flottant derrière elle et son costume fièrement mis en avant par les poings sur ses hanches, Lena tremble presque en voyant pour la première fois le même symbole que son cousin sur sa poitrine. Le S qui depuis vingt ans est dessiné sur sa peau. Mais Lena ne flanche pas, et ne laisse rien paraître.
Si Supergirl est son âme soeur, elle ne le lui dira jamais. Le destin lui a peut-être imposé la Kryptonienne comme âme soeur, mais son coeur a choisit quelqu'un d'autre.
Malgré sa résistance et ses barrières, Lena se sent tomber de plus en plus amoureuse de sa meilleure amie. Mais elle a laissé passer sa chance depuis longtemps. Qui voudrait de la petite sœur d'un psychopathe ?
Alors Lena ne dit rien, se contentant de regarder Kara en secret.
Les symboles sur son ventre la brûlent.
Lena a vingt-cinq ans, et Kara Danvers et Supergirl ne sont qu'une personne.
Elle veut poser des questions, elle veut hurler, elle veut crier à Kara qu'elle la déteste pour lui avoir menti, mais la seule chose à laquelle elle pense quand Kara lui montre dans un regard suppliant ses propres marques blanches qui sont en tout point identiques aux siennes, c'est qu'elle a enfin trouvé celle qu'elle attendait.
El mayarah. C'est ce que signifie le S.
Kara passe le reste de la nuit à expliquer à Lena la signification de chacun des symboles qui recouvrent leurs corps.
Lena a vingt-six ans, et elle dit oui.
Kara la serre contre elle, et elle l'embrasse, et ne cesse de rire, et Lena n'a jamais été si heureuse. Elle a trouvé les réponses à toutes les questions qu'elle se posait depuis toujours.
Elle porte les symboles sur son ventre comme sa plus grande fierté.
Lena a vingt-huit ans, et elle tombe amoureuse une deuxième fois.
Elle est épuisée, et sa femme à ses côtés a perdu le combat contre le sommeil depuis longtemps, mais Lena ne peut pas se résoudre à aller se coucher. Doucement, pour ne pas réveiller Kara qui s'est endormie contre son épaule, Lena se dégage, et se met à tourner doucement en rond dans la pièce.
Le bébé dans ses bras a les yeux bleus et des cheveux noirs corbeaux parfaitement assortis au sien, et sur son épaule, un petit symbole dans une langue étrangère qu'elle parcoure du bout du doigt, fascinée. Il est rare de naitre avec sa marque, mais Lena et Kara ont déjoué le destin tant de fois qu'il n'est étonnant pour personne que leur enfant ne fasse de même.
Lena jure de l'aimer quoi qu'il arrive.
